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#1 2020-04-09 22:43:31

Loric de La Noue

Vertus chevaleresques, politique, et raison

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Eudes avait guerroyé pendant deux longues saisons en terres éloignées, entouré des vassaux et vavassaux de la maison de La Nouë. La traversée du Grand Canal avait été éprouvante, les combats décevants : à dire vrai, Eudes s’attendait à pouvoir manœuvrer contre un ost, et n’avait trouvé qu’une garnison réduite du seigneur Cynomric, raison pour laquelle il avait fait se replier les trois quarts des troupes présentes. Esprit chevaleresque selon certains, folie stratégique selon d’autres. Mais en tant que maître de guerre de la maisonnée, la décision lui revenait, aussi avait-on procédé ainsi.

Le Neir’a’than était cependant resté attentif à la situation, et aux rapports fournis par les coursiers de ses vassaux, et avait donc traversé à nouveau le Canal lorsque leur adversaire avait rapatrié le gros de ses troupes de nuit, forçant le siège malgré la surveillance des guetteurs. La suite s’était transformée en victoire douce-amère, tant de pertes pour un gain si ridicule, voilà qui n’était finalement guère rentable dirait son oncle, assurément. Mais Eudes savait avoir allégé la charge d’alliés aux prises ou sur le point de l’être avec les saxons, en redirigeant l’attention sur le Tour Couronnée, ce qui lui apparaissait crucial. En ce sens, il avait donc accompli son but, et se sentait satisfait. Mais à nouveau, tant de morts…

Le trajet de retour avait été morose, mais un événement étrange avait interpelé le noble : des rumeurs insistantes sur la sécession d’un jeune saxon. Et pas des moindres, puisqu’il s’agissait d’un jeune seigneur avec lequel le jeune homme avait par le passé eu l’occasion de s’entretenir et de discourir sur la chevalerie, les valeurs associées, la droiture, l’honneur… Un jeune nouvellement anobli mais très certainement prometteur, assurément. Eudes avait profité des repos vespéraux de l’armée sur le retour pour adresser une lettre à ce seigneur, afin de s’enquérir de sa situation. Et lui proposer aide le cas échéant afin de pouvoir poser les solides fondations d’une nouvelle puissance en émergence. Il lui avait pour ce faire proposer de lui rendre visite à La Malnouë, le fief familial fondé par son aïeul, et de pouvoir y discuter à bâtons rompus sur l’orientation qu’il envisageait. De lui présenter si tel était son désir son oncle, Loric, qui avait durablement pris la tête de la maisonnée, puisqu’Eudes pour sa part avait décidé de se détacher des manœuvres politiques, qu’il ne goûtait guère, pour se concentrer sur la Res Bellica, et sur les valeurs de la chevalerie.

C’est donc passablement fourbu qu’il regagna finalement le domaine familial, et tout juste arrivé on lui apprit que son invité l’avait finalement précédé, ayant eu chemin plus court, et assurément voyagé plus légèrement que le maître de guerre et les vestiges de son armée. Toujours en tenue de voyage, à peine départi de son armure, le chevalier se rendit donc dans la bibliothèque, où l’attendait son hôte.

« Vous n’avez assurément pas tardé à répondre à mon invitation, messire. Soyez le bienvenue en La Malnouë »

Dernière modification par Foulques de La Noue (2020-04-09 22:46:08)

#2 2020-04-10 21:41:31

Raoul de la Trimouille

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Le seigneur Raoul de la Trimouille sursauta au son de la voix du maître des lieux. En effet, absorbé par la lecture d'un ouvrage posé sur un pupitre devant lui, le jeune noble ne l'avait pas entendu pénétrer dans la pièce.

"Messire, je vous remercie de votre hospitalité."

Raoul s'inclina avec déférence mais sans grâce, d'une manière qui trahissait en toutes circonstances ses origines roturières.

"J'espère que vous me pardonnerez ma curiosité mais vous avez là de magnifiques ouvrages et la tentation était trop grande.  Pour quelqu'un comme moi qui ait appris à lire dans des livres de compte, un tel endroit regorge de trésors! Ces chroniques royales par exemple..."

Raoul s'arrêta net et son visage s'empourpra alors qu'il venait de détailler son interlocuteur de pied en cap.

"Hmm... Peut-être en ce moment désirez-vous quelque chose davantage que d'entendre l'analyse que 3 années de noblesse peuvent porter sur des siècles d'histoire... comme par exemple un peu de repos ?"

Le sourire aimable du Trémoïlien s'accentua lorsqu'il ajouta non sans malice "Cela me permettrait de relire cette page que je m'apprêtais à critiquer, afin de m'assurer que votre nom n'y apparaît pas."

Dernière modification par Alaviv (2020-04-10 21:46:05)

#3 2020-04-12 00:24:30

Loric de La Noue

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

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Eudes épousseta brièvement ses épaules, puis s’affala dans un fauteuil, non loin du discret âtre de la pièce, suffisamment à distance des étagères et des pupitres. Harassé par le trajet, il tenait à grand peine sur ses jambes, et avait préféré ainsi s’asseoir sans respect pour le moindre protocole, faisant ainsi passer l’épuisement pour de la nonchalance. Déjà un serviteur s’avançait pour apporter deux coupes ouvragées et un pichet de vin, se servant du dernier pour remplir les deux et les tendre à chacun des seigneurs présents dans la pièce. Le maître de guerre dégrafa la boucle d’argent parée d’un cygne de sa cape pourpre, puis s’enfila une grande gorgée d’Altevin, soupirant ensuite d’aise. Il n’accueillait certainement pas son hôte dans les meilleures conditions, mais il n’était après tout plus le dirigeant de la maison de La Nouë, et pouvait désormais se permettre quelques infractions au protocole. Il ne souhaitait pas pour autant passer pour un cuistre, cependant, ayant lui-même lancé cette invitation, et se reprit donc, répondant aux premières questions de son hôte.

« Je vous en prie, j’eus espéré vous accueillir plus frais et dispo, néanmoins cette longue campagne dont vous aurez certainement eu vent a prélevé son dû sur ma vigueur. Pour en revenir sur l’ouvrage que vous parcourez, effectivement frère Esalion est connu en ces lieux pour sa tenue de chroniques exhaustives des dernières décennies. Et le tome présenté ici compulse les nombreuses campagnes que mena notre regretté Roy Antijaki. Un grand monarque, à ce que m’en a compté mon père. Fin stratège aussi, Père m’a maintes fois narré les campagnes auxquelles il prit part à ses côtés. Ainsi donc mon nom n’y apparaîtra pas. Celui de mon père, en revanche…»

Le noble leva sa coupe afin de saluer la remarque suivante du comte.

« Le repos viendra en temps voulu, messire. Il eût été malvenu que je laisse simplement nos serviteurs vous accueillir alors que j’étais présent. Et pour tout dire, nos échanges de missives remontent à plusieurs années déjà, mais nous n’avions jusqu’alors pas eu le temps de nous rencontrer officiellement, aussi m’étais-je fais une idée de votre tempérament et de votre allure, sans pour autant être sûr de ne pas m’être fourvoyé. »

Eudes but une nouvelle gorgée du rafraîchissant nectar avant de continuer.

« Je dois vous avouer que votre dernière missive a éveillé ma curiosité. La noblesse de vos propos y était louable, et la preuve manifeste que la noblesse de caractère d’une lignée n’est pas forcément corrélée à son ancienneté. Pour tout vous dire, la maison de La Nouë est une noblesse d’épée, fondée par mon grand-père après qu’il fût armé chevalier. Point de longue lignée sur laquelle discourir des heures durant, donc. »

L’okordien poussa un léger soupir, mêlant aise et fatigue à la fois.

« Toujours est-il, donc, que je ne puis que saluer la droiture avec laquelle vous cherchez à établir la lignée de la Trimouille. Assurément cela me semble prometteur concernant son avenir. J’ai un temps moi-même pris la tête de notre maison, et je sais quel poids cela peut représenter. Pour tout vous dire, notre famille a même occupé une fonction au sein de l’Administration Royale, et même de l’Administration Impériale auparavant. Néanmoins toutes ces manœuvres politiques fines me dépassent, ont eu raison de ma patience, et failli avoir raison de ma santé. C’est pourquoi lorsque mon père a préféré laisser mon oncle reprendre la main, j’ai décidé de faire de même. Loric est bien plus apte pour évoluer à la cour, parmi la noblesse de robe. Je désapprouve formellement certaines de ses conduites, et non des moindres, mais si mon père a trouvé la force de le pardonner, il est important que je fasse de même. Après tout, s’il considère que l’exil pendant plus d’une décennie est un Juste Châtiment, ce n’est pas à moi de remettre en question son jugement. Et si mon oncle a usé par le passé de certains moyens que je trouve peu chevaleresques, force est de constater qu’il met désormais toute son énergie au service de la Maison. »

Eudes s’absorba quelques instants dans les flammes dansante dans l’âtre, ravivées quelques temps plus tôt par un serviteur.

« Mais il n’est que peu correct de ma part de vous dépeindre un tableau si partial, délayé dans une telle quantité d’affects paradoxaux. Le plus simple sera certainement pour vous de le rencontrer demain matin, n’est-ce pas ? »

#4 2020-04-12 20:21:52

Raoul de la Trimouille

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Le visage de Raoul s'assombrit quelques instants à l'évocation de cette campagne, avant de retrouver son expression initiale.

" Funeste campagne que celle qui m'a contraint à dénoncer ce serment auquel j'étais fidèle depuis mon adoubement, et qui m'avait permis de côtoyer nombre d'estimables seigneurs.
J'en ignore probablement l'origine fondamentale ; les éléments portés à ma connaissance, qui sont par essence entachés de partialité, semblent incriminer l'impudence de l'un de vos vavassaux et ses prétentions sur les terres saxonnes. Ce que j'en sais pour sûr c'est que notre chef, acculé à une défaite certaine malgré une défense valeureuse face à des troupes supérieures en nombre, usa d'un subterfuge pour éviter une perte territoriale.
Serait-il légitime de critiquer les agissements d'un chef dont la seule préoccupation était de protéger son peuple ? Je me garderai bien de le faire mais pourtant c'est bien ce choix en total opposition avec mes valeurs qui m'obligea à rompre mon serment.
"

Raoul s'arrêta quelques instants, au prétexte de prendre quelques gorgées de l'Altevin offert par son hôte. Toujours debout derrière le pupitre, son regard se posa sur le livre ouvert devant lui ; il en tourna précautionneusement quelques unes en arrière.

" J'imagine que le jugement du Roi Antijaky dans l'affaire du tournoi de Hall ne vous est pas inconnu. Son préambule est édifiant. "

Était-ce le support de l'ouvrage ou de la boisson, mais le jeune seigneur paraissait avoir gagné en assurance depuis le début de l'entretien.

" Se prononce-t-il sur la raison du conflit entre les deux factions ou sur la fin poursuivie par les assaillants ? Non, seul le moyen utilisé fait l'objet de son jugement (et en l'occurrence de sa condamnation). C'est exactement ce qui différencie un noble d'un bourgeois : pour ce dernier la fin justifie les moyens, pour nous seul le moyen compte.
Quel souvenir les rois usurpateurs ont-ils laissé? Et ces nobles qui jamais ne vendraient leur honneur, sauf contre bon prix? Quels bénéfices ces seigneurs tirent-ils de ces provinces mal acquises? Sont-ce des chevaliers ou des promoteurs ceux qui, pour un petit lopin, oublient le respect qu'ils doivent aux autres et à eux-mêmes?
"

Se rendant compte qu'il s'était laissé entraîner à parler avec un peu trop de fougue, Raoul s'interrompit pour porter à nouveau la coupe à ses lèvres mais, ajouta, avant de terminer son geste : " de ce que vous me décrivez de lui, je pense que cela ferait un excellent sujet de discussion avec votre oncle ; qu'en dites-vous ? "

Dernière modification par Alaviv (2020-04-12 20:23:22)

#5 2020-04-13 17:41:32

Loric de La Noue

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

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Eudes haussa un sourcil intrigué lorsque Raoul lui révéla ce dont il avait eu connaissance concernant la campagne outre-Canal, qui avait entre autres concerné Himmelsdorf. Mais le comte semblait conscient du caractère partial de ce dont on avait pu le tenir informé. Et possiblement partiel, donc. Intéressant, bien qu’issu de la bourgeoisie -ou peut-être justement parce qu’il était issu du monde impitoyable qu’était le commerce- il n’était donc pas du genre à s’arrêter aux premières apparences avant de porter ses conclusions. Un homme réfléchi, donc.

Le voici d’ailleurs qui s’emportait dans d’autres considérations, revenant sur les événements qu’il avait eu le temps de lire sur le pupitre avant l’arrivée du combattant, cherchant à discerner le sens d’événements survenus des décennies auparavant. Des questions qui passaient à mille lieux des certitudes qu’Eudes tirait de sa Foi, assurément. Mais qui, aussi finement que venait de le formuler son invité, auraient sûrement traversé l’esprit de son oncle, bien plus à l’aise pour évoluer dans les hautes sphères du pouvoir que lui-même. Ce que ne manqua pas de relevé son décidément avisé hôte.

Et alors que Eudes allait formuler sa réponse, cette dernière vint d’une toute autre personne, appuyée nonchalamment dans l’encadrure de la porte, que le dernier serviteur n’avait manifestement pas refermée.

« Le moyen est tout aussi important que la fin, assurément. Néanmoins il conviendra de ne pas en écarter hâtivement sous prétexte de bienséance malavisée. Un même moyen, selon les formes que l’on lui associera, dans lesquelles ont l’enrobera, pourra dans un cas paraître horriblement obséquieux ou insultant, dans l’autre pondéré et sage. Ce n’est finalement pas le moyen qui change, du bourgeois au noble, mais les formes qui l’accompagnent… »

***

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L’homme semble sur le point de passer la quarantaine, bien préservé des ans malgré tout, et portait une mise soignée, son pourpoint à maheutre mariant délicatement le pourpre et le sable de La Nouë à des coutures d’or, de sobres chausses sable venant compléter sa tenue. L’anneau sigilaire porté à sa main gauche ne trompait cependant. Le seigneur des lieux venait d’entrer dans la bibliothèque.   

« L’on ne m’avait pas averti que nous hébergions ce jour un hôte de marque, mon neveu. Vous eussiez peu me prévenir par coursier que je puisse en préparer la réception, dans le même temps que vous rentriez avec nos armées. Me voici confus de vous accueillir chichement ainsi, seigneur… de la Trémouille, c’est bien cela ? »

Loric faisait mine de découvrir l’identité de son interlocuteur, par convenance, mais avait évidemment été informé par les serviteurs de la maison dès son arrivée.

« Nombre de sujets passionnants pourraient se poursuivre des heures durant, néanmoins je m’interroge : vous a-t-on même montré vos appartements, que vous ne soyez pas  surpris par la nuit à errer dans les couloirs ? Hum ? L’on réparera cette erreur à la première occasion, de même qu’il serait malvenu de ne pas vous convier à souper en la Grand Salle dès que les préparatifs seront terminés ! Votre première question, néanmoins, n’aurait assurément pas sa place en public, puisque nous parlons bien de renseignement militaire au sein d’une chaîne vassalique, n’est-ce pas ? »

Le Duc de La Nouë but une gorgée de vin dans la coupe que venait de lui apporter un serviteur qui s'effaça sans un mot dans l'instant suivant.

« Je note que votre ancien suzerain se sera montré plus que parcimonieux dans ce qu’il vous aura révélé. Sans rentrer dans le détail, je m’étonne qu’il ne vous ait pas évoqué l’ost que son suzerain d’alors était en train de monter, ni des possibles cibles dudit ost. Vous a-t-il évoqué le conflit qui opposait le chef de votre chaîne vassalique à un ancien roi, puis à son frère, lorsqu’il abdiquât ? Conflit basé sur l’usage répété du subterfuge décrié ? Cette noble lignée ayant su accueillir et guider comme il se doit la maison de La Nouë lors de ses premiers pas, il semblait impensable à qui que ce fût ici de ne pas intervenir, Eudes en conviendra.

Quant à parler de terres saxonnes concernant la mal renommée forteresse d’Himmelsdorf, il ne faudrait pas oublier que Burlocks second du nom s’était emparé tout à fait opportunément des lieux, profitant de la disparition du séculaire possesseur de ces terres. Dès lors difficile serait de supposer que la populace ait eu ne serait-ce que le temps d’appréhender la culture saxonne, encore moins l’embrasser… Quant au comportement de mon vavassal, s’il est certain que son impétuosité est tout à fait criante, il faudrait voir à ne pas oublier qu’il était reste toujours le principal occupant des lieux. J’ose donc croise que le saxon veillait plus à protéger le cordon de sa bourse qu’un peuple pour qui il restait étranger, en un lieu où il ne dispose toujours à l’heure actuelle d’aucun fief, d’aucun pied-à-terre… d’aucune attache.

Assurément s’il s’était agi de défendre son peuple, vaillamment, ce comportement n’eût pu lui être reproché. Loué même, il l’aurait été par certains. Mais fanfaronner face au petit vassal et sa jeune suzeraine, en déployant son armée complète pour les forcer à se replier, perd tout son sens lorsque l’on fuit la queue entre les jambes sans chercher à défendre ses terres dès lors qu’un adversaire à sa portée se présente à sa porte, sans coup férir, refusant dès lors. Et c’est bien ainsi que cela s’est passé.»

Loric soupira légèrement après tel discours, finit sa coupe d’Altevin d’une traite, puis recomposa un sourire amène avant d’inviter l’hôte de la maisonnée à le suivre, Eudes sur ses pas.

« Pour le reste, nous pourrons discourir à loisir une fois dans la Grand Salle, si vous le permettez. Car il ne sera pas dit que la maison de La Nouë aura laissé s’affamer un invité sans faire preuve de la plus élémentaire des hospitalités. »

Sur ces mots, il se dirigea donc vers ladite salle, Eudes s’excusant alors puis s’éclipsant momentanément pour aller se départir de ses vêtements de voyage et en passer d’autres plus adaptés.

#6 2020-04-18 07:47:54

Raoul de la Trimouille

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Raoul sursauta à nouveau, surpris que la réponse à son intervention proviennent de la porte, et non du fauteuil dont il fixait l'occupant. Décidément les membres de cette famille semblaient cultiver une sorte de talent particulier à se mouvoir en silence !
Il écouta attentivement le Duc, le saluant comme l'exigeait leur différence de rang dès que celui-ci lui en laissa l'occasion par un bref silence intercalé dans ses propos.
Le Duc de  la Nouë était assurément un homme d'expérience dont les connaissances ne souffraient aucune comparaison avec celles du jeune Comte.
Bien sûr, la famille de la Nouë ayant été impliqué dans ces évènements, la description qu'il venait d'en faire n'était pas forcément moins subjective que celle que Raoul avait pu entendre de la partie adverse (non pas malhonnête, simplement subjective).
Quoi qu'il en soit, il n'était probablement pas pertinent ni bienséant de s'attarder sur cette campagne ; aussi Raoul tenterait-il d'orienter la discussion sur un terrain plus idéologique que géopolitique, davantage convenable au contexte du repas auquel l'invitait son hôte.
Raoul remercia le Duc pour son invitation et se dirigea à sa suite vers la Grande Salle.

"Vous connaissez assurément mieux que moi l'histoire de cette province. Pourtant ce dirigeant séculaire de la province l'avait sûrement acquise au détriment d'un autre seigneur, qui l'avait peut-être dirigé plus longtemps, et ainsi de suite jusqu'au premier seigneur dont nous ayons gardé le souvenir (mais qui n'en est pas pour autant le premier dirigeant).
Quel est alors le critère de légitimité? L'antériorité? La durée du règne?
Je ne parle bien évidemment pas ici de cette province en particulier, mais de la notion de légitimité en général. Que nous pouvons également appliquer à la royauté  : pourquoi un roi est-il légitime? Parce qu'il est issue d'une dynastie installée de longue date ? D'un trône légué par un aïeul sans l'avoir mérité ?
Mais dans la négative, comment le mérite-t-on ? Est-ce par la façon dont on l'acquiert ou par celle dont on l'occupe ?
"

#7 2020-04-22 00:40:49

Loric de La Noue

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Loric hocha la tête aux propos de Raoul alors qu’ils prenaient place dans la Grand Salle, l’invité étant dirigé vers une place d’honneur à proximité immédiate du seigneur des lieux. Déjà les premiers plats étaient déposés sur la table, et chacun commença à se servir avec entrain afin d’imiter le Duc dès que celui-ci se saisit d’une part de gibier fraîchement tué.

« De mémoire d’hommes, ledit dirigeant séculaire et ses ancêtres avaient toujours dirigé cette province dès lors qu’elle fût conquise par le royaume au détriment d’Osterlich. Difficile donc d’argumenter sur ce point.

Ce qui est certain, c’est que le critère de légitimité okordien, le seul qui soit unanimement reconnu par un okordien de souche, c’est la bravoure. La conquête de terres face à un adversaire, sur le champ de bataille, voilà ce qui fait la légitimité pour tout Okordien. L’antériorité, la durée, s’effacent devant la ferveur guerrière du vainqueur.

C’est de tout temps ce concept qui a forgé les seigneurs okordiens, bien que la diplomatie conserve son importance afin de rattraper l’inévitable gourmandise expansionniste exagérée de certains. Mais il est certain que depuis des temps immémoriaux, les grand Rois ont été de formidables guerriers et stratèges sans égaux. Cela n’a jamais empêché leurs détracteurs d’élever la voix, et de prendre les armes.

La dernière ligne de diplomatie de l’okordien a toujours été la lame. La dynastie, à l’exception peut-être de celles de Valyria et des Morgan, a rarement eu cours. Peut-être que la dynastie des Trof me fera mentir, mais j’ai bien peur que ce temps ne soit révolu. »

Loric mastiqua avec entrain une large portion de viande, puis poursuivit.

« Oui, j’ai peur que nous ne nous soyions égaré quelque peu, tel un suzerain de la lointaine Mérovie, et qu’il ne faille nous recentrer sur l’acte guerrier qui a forgé la dure race des okordiens, et la mêler pleinement à la diplomatie. Que l’une ne sursoie plus l’autre, comme cela semble le cas depuis nombre d’années, malheureusement.

Quant à la question de mériter la couronne, j’aurais tendance à vous répondre : les deux. Car l’obtention par diplomatie simple éloigne fortement le seigneur Okordien de ses origines. Et il me répugnerait que nous devenions tous des gratte-papiers valésiens conspuant les autres et prônant une égalité ultime de toute chose. Pour avoir pu discourir avec certains des représentants de cette… « République », leur savoir est grand, mais leurs principes aberrants.
Mais une fois sur le trône, un souverain se devra de chercher toujours à faire prospérer et grandir son royaume. Et ne doit pas se montrer inactif, ni se reposer sur ces lauriers. Okord doit grandir, afin de ne pas connaître de nouvelle Estybril, cela est certain. Savoir coiffer le heaume et partir guerroyer lorsque le besoin s’en fera sentir, également. Ou tout du moins savoir envoyer ses hommes, y compris la chair de sa chair, protéger son royaume, lorsqu’il ne sera pas lui-même en capacité de le faire. »

Sur ces mots, le Duc étancha sa soif d'une grande rasade d'Altevin, souriant d'aise immédiatement après.

#8 2020-05-02 12:35:11

Raoul de la Trimouille

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Assis à côté du Duc, Raoul écoutait attentivement son hôte, portant davantage d'intérêt à ses propos qu'à ses mets, qu'il avalait par politesse plutôt que par appétit. D'ailleurs sa faible corpulence trahissait aisément un attrait limité pour la bonne chaire.
A l'évocation du passé d'Himmelsdorf, un demi sourire malicieux remonta brièvement le coin gauche de la bouche du Comte, alors qu'il tentait de dissimuler l'excitation qui le gagnait, tel l'élève pensant avoir trouvé une faille dans le raisonnement du précepteur, sans en avoir la certitude absolue.
Alors qu'un serviteur venait de lui remplir son verre, il le retint discrètement par la manche puis lui murmura à l'oreille. Le serviteur regarda l'invité, visiblement surpris par sa requête, puis se pencha à nouveau vers lui pour être certain de l'avoir correctement comprise ; cherchant des yeux son maître pour obtenir son assentiment, il ne put que constater que celui-ci était en plein discours ; après que ses yeux eurent accomplis quelques allers-retours entre les deux seigneurs, il se décida à quitter la pièce.
Raoul continuait à écouter son hôte, lorsque celui-ci s'interrompit pour boire quelques gorgées d'altevin. Il en profita alors pour reprendre ses propos.

"Autres temps, autres moeurs : autrefois le Roi s'imposait par les armes ; le seul qui dérogea à cette règle fut le Roi Zedicus. Ce mode d'accession au pouvoir était tellement inhabituel que les annales insistent sur ce point. Au demeurant il semble qu'il ait rapidement confondu diplomatie et clientélisme, ce qui n'est sans doute pas étranger au surnom dont il fut affubler pour passer à la postérité.
Doit-on pour autant être nostalgique de cette époque où le Roi gravissait les marches menant à son trône en foulant le tapis rouge du sang de ses ennemis ?
Un tel qui critique la mollesse d'un roi diplomate attend-il qu'un roi brutal hisse sa tête en haut d'une pique pour qu'enfin un souverain trouve grâce à ses yeux ?
"

Le serviteur était de retour, portant avec précaution un ouvrage qu'il présenta à Raoul. Celui-ci était satisfait de constater que, à défaut de savoir lire, il avait au moins réussi à compter jusqu'à dix et à distinguer dextre et senestre. Par égard pour le précieux document et pour lui éviter la disgrâce d'une tache de gras de viande sur sa reliure, le Comte se leva tandis que le serviteur tenait le livre tel un pupitre vivant.
Il poursuivit tout en compulsant l'ouvrage :
"Vous aurez reconnu là le premier tome de la chronique du frère Esalion. On y trouve justement un passage intéressant sur le règne de Zedicus : il me semble que cette province d'Himmelsdorf, qui changea plusieurs fois de noms, fut effectivement conquise sur les barbares il y a 5 ères de cela, mais pas par celui que beaucoup de nos contemporains considéraient comme son possesseur légitime. C'est le Prince Jacquouille qui s'en empara et le légua à sa mort à l'un de ses fidèles. Mais le Seigneur Enguerrand prétendit s'en saisir, appuyé en cela par un jugement du Roi en faveur de son client."

Raoul referma le livre et repris sa place. La suite des événements n'étant pas documentée dans ce tome, il tâcha de les résumer de mémoire.

"Finalement, la suzeraine du seigneur lésé parvint à reprendre la province et la conserva durant plusieurs décennies avant que le Seigneur Enguerrand ne profitât de sa disparition (une sorte de coutume visiblement) pour s'en emparer. Un mode d'acquisition légitime qui ressemble à s'y méprendre au procédé illégitime employé par d'autres plus récemment !"

Il avait hésité à s'engager sur ce périlleux terrain mais après tout, Loric préférait probablement la richesse du débat contradictoire à la stérilité de l'acquiescement servile.

Dernière modification par Alaviv (2020-05-02 16:01:53)

#9 2020-05-04 00:21:02

Loric de La Noue

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Le maître des lieux haussa un sourcil interrogateur en voyant le page s’éloigner, qui retomba en laissant esquisser un bref sourire lorsqu’il le vit revenir les bras chargés, alors qu’à leurs côtés Eudes ouvrait de grands yeux écarquillés, fort étonné de voir un ouvrage si précieux apporté en ces lieux. Loric pour sa part, écoutait la répartie du seigneur trémoïlien, et prit un temps afin de peser ses mots et construire délicatement la trame de sa réponse, sentant que son interlocuteur ne souffrait point approximations et omissions.

« Ma foi, je n’étais bien sûr pas né en ces temps, peut-être notre père aurait-il pu en discourir, mais je ne suis même pas certain qu’il ait eu à se soucier des frasques du légendaire « Roi Fou ». Et j’aurais tendance à vous avertir de ne pas vous contenter d’un auteur lors de vos lectures, messire. Si vous compulsez le difficile d’accès « Dérangé ou Dérangeant » du certes controversé Mestre Houdemont, vous verrez que ce dernier retranscrit plus une manœuvre de l’Osterlitch pour diviser le royaume juste avant son invasion, et la vague de conversion forcée de nombreux seigneurs et dames par les Osterlichois à leur foi monothéiste, reniant leurs propres dieux ancestraux. Houdemont y décrit un Zedicus particulièrement pieu qui ne supporta pas ces événements et en vint à douter de tout et de tous.  Je vous accorde cependant que si l’on en revient à la vision communément admise,  son isolement signa sa fin. Car il est certainement illusoire de considérer pouvoir régner seul durablement. A l’inverse, il conviendra de savoir correctement s’entourer, afin d’éviter d’être dupé ou de se fourvoyer, et de prendre décisions regrettables pour le royaume.

Ne me faites cependant pas dire ce que je n’ai pas dit. J’énonce guerrier et non barbare. J’énonce stratège et non boucher.  Un Roi, pour moi se doit d’être tout à la fois : meneur d’hommes, stratège, diplomate, et… »

Eudes interrompit son oncle pour compléter entre deux bouchées de gibier.

« Juste.

- Hum, j’allais dire visionnaire. Mais certes, juste, autant que possible, et je sais combien ce principe vous tient à cœur mon neveu. Meneur d’hommes, car un chef ne sachant mener ses propres vassaux ne saura mener une nation. Stratège, car Okord reste un royaume entouré de multiples nations qui pourraient aisément nous écraser sous leur botte, si les seigneurs et dames okordiens n’étaient élevés dans une stricte éducation leur permettant de devenir génération après génération d’habiles chefs de guerre, habitués à manœuvrer sur nos terres, et à repousser un ennemi bien supérieur en nombre. Ceci lorsque ses talents de diplomate n’auront pas suffit.

Tenez, l’on conspue souvent feu Rhaegar de Valyria. L’homme qui vendit père et mère, et Okord à l’Empereur Torkson d’Abrasil. Il a pourtant fallu huit longues années aux okordiens pour se désolidariser à nouveau d’Abrasil, le temps de rassembler une unité suffisante et faire front commun contre l’Empire. Ce front commun aurait-il pu se voir si les seigneurs avaient été surpris dans leurs querelles intestines usuelles par les troupes abrasiliennes et annihilés ? Rhaegar a-t-il donc « vendu » Okord, ou lui a-t-il laissé le temps de se préparer pour se dresser d’un seul homme contre l’envahisseur ? Tout dépendra du point de vue, et de l’intérêt, de celui avec qui vous en converserez.

Juste, comme l’a judicieusement souligné mon neveu, je dirais : autant qu’il est humainement possible de l’être. Car je n’aurais pas la prétention de ne pas être faillible, contrairement aux plus fervents Neir’a’than dont fait partie Eudes, quoi qu’il leur en coûte. Mais il m’apparaît alors comme raisonné d’envisager la justice pour précepte, tant qu’elle n’est pas auto-destructrice… »

A ces mots, Eudes baissa soudainement la tête et se renfrogna, comme plongé dans de désagréables souvenirs ravivés par la conversation, et se concentra sur le fond de sa coupe.

« Visionnaire, cela me semble cependant indispensable, tant il me semble important qu’un Roy ait une vision globale dans l’espace mais aussi dans le temps de son royaume, et ait la capacité d’entreprendre, pour ne pas laisser Okord végéter, et l’ardente flamme de l’esprit okordien s’éteindre petit à petit. Il lui faudra donc toujours garder en vue sa vision, et s’efforcer d’y arriver par de raisonnables étapes. En cela la difficulté de cette tâche m’apparaitra venir de la complexité à concilier la tradition, durement ancrée dans les mœurs, avec la nécessité absolue du progrès et du développement, l’une mettant parfois bien à mal l’autre. »

Loric pensait-il tout ce qu'il venait d'énoncer ?  Était-il convaincu de chacun des points qu'il avait développé ?  Ou ne s'agissait-il que du développement de la réponse qu'il suspectait attendue et convenable pour son interlocuteur? Difficile à dire. Toujours est-il que le seigneur des lieux se tût après ces propos, et  observa la compulsion de l’ouvrage par son hôte, puis attendit que ce dernier rendît ses conclusions avant d’y répondre.

« Ma foi il est certain qu’Himmelsdorf est bien le dernier parmi une multitude de noms, les autres n’étant resté que dans les mémoires de certains, et dans certains ouvrages. Il est toujours dit que l’histoire est écrite par les vainqueurs, en voici donc une nouvelle fois l’absolue preuve. Et les vainqueurs se succèdent, l’histoire se réécrit, les vieilles archives sont brûlées, préservées avec difficultés. Je vous dirais donc que le Sire Enguerrand a su fort bien faire le ménage suite à sa conquête, et engager romancier zêlé pour l’aider dans cette tâche. A l’exception il est vrai de cette chronique ! L’on pourrait éventuellement débattre de potentielles compromissions du seigneur de la Pétaudière avec l’Osterlich, tant il en avait embrassé le culte. Avec un peu trop de zèle, à ce que l’on dit, et en matière religieuse, j’aurais tendance à penser que trop de ferveur peut obscurcir le jugement habituellement le plus juste et équitable qui soit. »





hrp: quelques libertés historiques ont été prises ici. Il s'agit donc des propos de Loric, et de son interprétation, sur certains points. Rien de strictement faux cependant ^^

Dernière modification par Foulques de La Noue (2020-05-04 00:46:33)

#10 2020-05-15 21:40:57

Raoul de la Trimouille

Re : Vertus chevaleresques, politique, et raison

Raoul fit peu de cas des propos de son interlocuteur concernant sa religion : il ignorait probablement son affiliation et le Comte était d'ailleurs discret sur ce sujet, tant étaient nombreux les détracteurs de Podeszwa.

"Je pense que notre monarque idéal a beaucoup de traits en commun. Tout d'abord il doit être capable de rassembler l'ensemble des seigneurs d'Okord ; pour cette tâche il a assurément besoin de mettre en oeuvre ses talents de diplomate et de meneur d'hommes. Il lui faut écouter les nobles mais, lorsqu'il parle, tous doivent se taire. Pour cela, il doit nécessairement être ferme et prompt à rappeler son statut : quiconque remet en cause son autorité doit en subir les conséquences, militaires s'il le faut. Sinon, un jour, la salle du trône aura des allures de taverne!"

Son ton avait pris une consonance rude, presque martiale, inhabituelle dans son discours. Toutefois son poing se desserra presqu'aussi vite qu'il s'était contracté.

"Stratège est une qualité importante si l'on parle de politique pour la raison que je viens d'exposer. En revanche, pour ce qui est du domaine militaire, il me semble que voici la qualité la moins indispensable au souverain: il peut en effet la trouver parmi ses généraux.
Il paraît important à ce stade de préciser  que selon moi un monarque doit déléguer, et ce pour trois motifs : premièrement parce que la gestion d'un royaume est une tâche trop vaste pour être assumée par un seul ; ensuite parce qu'aucun homme, tout roi soit-il, n'est parfait et infaillible, et qu'il lui est donc profitable de s'entourer de personnes compétentes ; enfin parce qu'exprimer sa confiance par l'attribution de responsabilité est la meilleure façon de s'attacher les nobles lignées et donc de les fédérer.
"

Il reprit après une courte gorgée d'altevin.

"Visionnaire me paraît une évidence car le principal rôle du monarque n'est pas de gérer les affaires courantes tel le premier des intendants, mais bien de préparer le royaume aux défis qu'il lui faudra affronter dans une ou plusieurs décennies. Il doit être capable de déterminer ce qui est bien pour le royaume sur le long terme, même si cela suppose des sacrifices pour le présent. C'est d'ailleurs pour cette raison précisément qu'il fera preuve de fermeté : le Roi doit souvent agir comme ce seigneur qui garde précieusement de quoi ensemencer les champs au printemps contre le gré du laboureur que la faim tenaille à la sortie de l'hiver.
Juste, enfin...
"

Raoul s'interrompit quelques instants, portant alternativement son regard sur le neveu puis sur l'oncle.

"Je pense que ce point n'est pas le plus facile à décréter. Je considère surtout qu'il doit agir rationnellement et dans l'intérêt du royaume. Si le Roi écarte son meilleur conseiller pour installer un courtisan incompétent, sa décision est probablement injuste, mais elle est surtout préjudiciable au royaume. Rend-il un jugement partial, il mettra à mal l'unité du royaume. Mais s'il doit appliquer une décision injuste, et ce dans l'intérêt commun, alors soit ! Il sait ce qui est juste, mais ne le met pas au-dessus de ce qui est bon."

Il scruta à nouveau ses interlocuteurs, cherchant à interpréter leurs réactions.

"Ainsi, voilà pour moi le Roi idéal, celui qui a un cap, parvient à y rallier le plus grand nombre, et s'y tient quoi qu'il en coûte.
Dites-moi, combien de Roi avez-vous connu qui correspondent à ce portrait ?
".



hrp : Pour rappel, ce dîner se tient le 9-IV-20, les convives n'en sont pas à une année passée attablés!

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