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#1 2019-06-19 10:35:21

Charles de La Pétaudière

Les affres de la fin

Quand on pend un espion, c'est parce qu'un seigneur s'ennuie. Quand on en pend une centaine, c'est qu'il se prépare quelque chose. Charles savait fort bien que le plus beau coin d'Osterlich était convoité, depuis que son rang rendait sa province illégitime. Il s'attendait à une attaque. Aussi décida-t-il, ce jour-là d'envoyer toute sa cavalerie et quelques milliers de lanciers et de fantassins renforcer la garnison.
Et puis il passa à autre chose.
Il s'en fût dans sa résidence d'été s'adonner à la chasse. Quand les nouvelles alarmantes parvint à Nidaigle, on dépêcha un courrier, mais il ne trouva le baron qu'au bout d'une semaine.
L'armée avait épuisé les maigres ressources de la forteresse de petit coin du monde, les greniers étaient vides aux alentours et le marché ne disposait plus d'aucune nourriture. La famine faisait rage. Quand enfin des chariots de ravitaillement arrivèrent depuis Terreneuve, la catastrophe était consommée. L'entièreté de la piétaille avait succombé et il ne restait plus qu'un tiers de la cavalerie.
Charles mit cette épreuve sur le compte de sa foi chancelante. Il avait par trop négligé Podeszwa. Il se plongea alors dans la contrition, se couvrant la tête de cendres, se vêtant d'une robe de bure, marchant à genoux jusqu'à l'autel de l'église d'Aguilar où il s'étendit face contre terre, devant la lumière qui tombait de l’oculus. Il resta prostré là, figure vivante du repentir. Il pleurait et demandait pardon à son dieu, jurant qu'il ferait pèlerinage et qu'il édifierait un Katadra en rémission de ses péchés.
Une colombe vint se poser près de lui dans la tache de lumière et il y vit le pardon tant espéré.
Ses capitaines furent soulagés de le voir ressortir de l'église, rasséréné, confiant et lucide.
Il ordonna sur le champ un vaste recrutement de cavaliers dans tous ses fiefs et s'en retourna à Nidaigle.
C'est là que deux jours plus tard on vint lui annoncer que le petit coin du monde était assiégé par une puissante armée dirigée par le marquis Lukwu.

#2 2019-06-21 13:38:57

Charles de La Pétaudière

Re : Les affres de la fin

Podeszwa envoyait une nouvelle épreuve à Charles. L’attaque du petit coin du monde , berceau des deux Preskoleny’s fondés par Enguerrand, était un signe. Les rapports étaient alarmant. La supériorité de l’ennemi était écrasante. Dans un premier temps, le désarroi saisit Charles. Il ne savait quelle parti prendre. Après l’horrible famine qui y avait sévi, la forteresse n’était plus gardée que par 1300 Strolatz.  Fallait-il l'abandonner? Une nouvelle vint éclaircir l’horizon.  Podeszwa avait étendu sa main protectrice en décimant l’armée ennemi.  Une famine ou une épidémie avait dû se répandre dans leurs rangs car les morts se comptaient par milliers.  Si Podeszwa l’aidait ainsi, c’était pour lui montrer qu’il pouvait vaincre.
Au grand Damne de ses généraux qui ne voyaient pas la situation sous le même angle et qui préconisaient de se retirer de la forteresse pour contre attaquer une fois les forces du baron reconstituées, Charles ordonna qu’on fit venir la totalité de son ost à Petit coin du Monde. Il viendrait en personne sur le champ de bataille et se battrait avec ses hommes.
Le premier jour de la bataille vit les troupes ennemies se répandre dans la plaine, tandis que les contingents frappés du P de l’Ordre des Gardiens du sanctuaire marchaient toujours pour rejoindre le lieu de la bataille.  Le marquis Lukwu commandait l’ost ennemi. Il était épaulé par le Vicomte Dragon-Azur et par la baronne Dinah Shama Hamsin’na.
Le second jour, alors que les premières troupes de Charles commençaient à sortir de la forteresse pour faire face à l’ennemi, la puissante cavalerie du Vicomte Dragon-Azur chargea. 15000 cavaliers déferlèrent sur les quelques lanciers, arbalétriers et archers au Sud de la forteresse. Les strolatz et un milliers de chevaliers bien que surclassés en nombre se lancèrent bravement pour briser la charge.
Ce premier choc écrasa 150 arbalétriers qui n’eurent pas le temps de se replier. Mais leur sacrifice permit au archers de se mettre en position. Grâce à l’appui des chevaliers et en subissant quelques pertes, ils mirent à terre plus de 1500 cavaliers adverses.
Au tour suivant, les chevaliers et les strolatz envoyé contre cette immense cavalerie permirent de la contenir. Ils furent écrasés mais près de 6000 cavaliers ennemis y laissèrent la vie. Au soir de cette charge terrible, la cavalerie ennemi reflua. Elle avait perdu plus de la moitié de ses effectifs. Cependant l'ost de Lukwu et de ses vassaux était à peine entamé.
Dans le même temps, les engins de siège bombardèrent la forteresse et abatirent le puissant donjon tout en affaiblissant murs et tours.

#3 2019-06-24 17:12:38

Lukwu

Re : Les affres de la fin

Les jours passaient sur le camp. Lukwu était sur place. Le premier conflit à commander, le premier conflit du Lotus.

Après avoir recu de l'aide de la part de plusieurs seigneurs alliés, les stocks de nourriture étaient pleins. tout avait été envoyé au campement.

Les troupes étaient arrivées en nombre et pourtant, dès le premier jour, un violent conflit s'était engagé entre les hommes des différents seigneurs de l'ost. Des divergences de croyances religieuses... Les hommes de Dragon-azur mettaient clairement Podeswa en avant par de nombreux chants en l'honneur de leur Dieu.
Imbibés par l'alcool, les hommes de Lukwu avaient commencés à parler fort afin d'être entendu par tous et à en rajouter toujours plus sur le fait que les disciples d'Yggnir et de Podeswa n'étaient que des païens avec un mollusque à la place de la cervelle. Le Recteur Gervais de Marillac aurait apprecié, les soldats des vassaux de Lukwu, moins.

Les hommes de Dinah Shama Hamsin'na et Gotthold Von Festung, fidèles serviteurs d'Yggnir, ont eux aussi discréditer les deux autres cultes religieux. De fil en aiguille, bagarre après bagarre, près de 13000 hommes avaient péri au cours de cette tragique nuit oú les fondements du Lotus, notamment le respect d'autrui et l'accueil bienveillant des différentes cultures, avaient souffert autant que la puissance initiale des troupes.

"13000... Ces imbéciles!" Pensa Lukwu encore sous le choc de la nouvelle " S'entretué aux noms des Dieux comme de vulgaires hyènes... Comme si les hommes entre eux ne trouvaient déjà pas assez de prétextes". 

L'avantage du nombre était retombé après les affrontements nocturnes. Les forces de l'Ost étaient maintenant plus ou moins égales à celles du Seigneur de la Pétaudière.
Les assauts entre les deux camps s'étaient succéder depuis cet accident et l'équilibre restait total jusqu'ici.

Bien malin qui pourrait dire qui sera le vainqueur.

Dernière modification par Freemind (2019-06-24 17:14:44)

#4 2019-06-24 22:46:42

Charles de La Pétaudière

Re : Les affres de la fin

Après ces épisodes meurtriers, les deux armées se faisaient face sans oser prendre l'initiative de la bataille. L'équilibre des forces avait refroidi l'enthousiasme de l'armée ennemie. Quant aux Gardiens du sanctuaire, depuis que les lanciers de Charles, trop avancés s'étaient fait cueillir par les archers le Dinah, ils restaient prudemment hors de portée.  Seuls les engins de sièges de l'ennemi, bien protégés derrière leurs troupes achevait leur travail de destruction. Bientôt il ne restait plus rien des fortifications de petit coin du monde.
Devant la passivité de l'ennemi, Charles ordonna un grand mouvement par le Sud.  Il fit avancer ses arbalétriers à porté de tir des Hurkarls et sa cavalerie contourna l'aile droite ennemi.  Pris au dépourvu les Huskarls furent anéantis par les carreaux d'arbalète avant de pouvoir se replier. cette manoeuvre mettait la cavalerie sous la menace des archers de Dinah, mais ces derniers préférèrent lâcher du terrain si bien que la cavalerie se retrouva de l'autre côté de l'armée ennemi sans trop de pertes et chargea les incendiaires. Dans le même temps Charles faisait avancer ses propres archers qui déversèrent leurs flèches mortelles sur la cavalerie de Dragon-Azur, mais surtout sur les fantassins et les archers de Dinah.
Certes ses pertes étaient sévères, environ quatre mille hommes, mais les rangs de l'ennemi étaient enfoncés et eux en perdaient plus de vingt mille.
L'aile gauche qui avait tenu en respect ses adversaires les voyaient s'approcher dangereusement. Ils n'étaient qu'à deux cases de la forteresse, mais les renforts de cavalerie affluaient en provenance de Terreneuve. On recrutait ces troupes rapides dans tous les fiefs de l'Ouest afin qu'elles arrivent à temps pour soutenir l'aile droite qui allait subir une violente offensive.

#5 2019-06-25 17:52:17

Charles de La Pétaudière

Re : Les affres de la fin

Pour l'aile droite des Gardiens du sanctuaire, le choc fût rude. huit cents Strolatz  périrent en affrontant les mille six cents de Dragon-Azur ainsi qu'un millier de lanciers, mais la charge fût stoppée et les troupes ennemie défaites. Au centre les archers de Charles anéantirent plus cinq mille lanciers mais les archers adverse mirent à bas autant de cavalier podeszwites. Cependant la manœuvre avait réussie. La baronne Dinah était isolée au milieu de ses archers face à la cavalerie de Charles.
Tandis que la bataille faisait toujours rage sur l'aile droite, une partie des cavaliers de Charles s'attaquait aux trébuchets tandis que l'autre taillait dans les six mille archers de Dinah déjà copieusement arrosés de traits et de carreaux d'arbalète. Ses derniers carrés réduits au silence, la baronne Dinah jeta à bas ses armes. Elle fût rapidement encerclée et faite prisonnière.
Dès lors le combat changea d'âme.
L'armée ennemie était disloquée. Les archers de Charles étaient en position d'éradiquer les dernières troupes éparses, essentiellement des cavaliers. Sa propre cavalerie était en mesure de détruire les derniers archers aux armes de Lukwu, et il avait de la réserve. Les troupes de Dinah étaient détruites, et bientôt il ne resterait plus rien non plus de la magnifique armée de Dragon-Azur.

Charles décida que le massacre avait assez duré. Il envoya un Hérault négocier la fin de la bataille. Pour Charles, cette tuerie n'avait plus aucun sens. il était évident qu'il l'avait emporté. Il proposait à son ennemi de sauver le restant de son armée et de repartir d'où il était venu.

#6 2019-06-26 09:14:50

Lukwu

Re : Les affres de la fin

Dans la grande tente de commandement, Lukwu était penché sur un bureau, écrivant missives sur missives à destination de différents nobles okordiens. L'un des gardes posté à l'entrée pénétra à l'intérieur et, au garde à vous, s'adressa au marquis:

"Seigneur Lukwu, un messager de l'armée du Seigneur de la Pétaudière aimerait vous voir"

Lukwu leva à peine la tête et répondit avec nonchalance.

"Emmène le voir Shama. Dorénavant c'est elle la générale de nos armées, elle s'occupera de la requête adverse."

Il reprit le cours de ses écrits.
Constatant que le soldat ne bougeait pas, il leva la tête vers ce dernier, agacé d'être interrompu de la sorte.
Le soldat avait l'air hésitant mais sous l'insistance du regard de Lukwu, il finit par cracher le morceau.

"Mon seigneur, à vrai dire.. Et bien... La baronne a été capturée."

Lukwu se leva d'un bond.

"Comment? Et c'est maintenant qu'on me prévient? Oú est l'émissaire de la Pétaudière?"

Le soldat indiqua le chemin à Lukwu.
Le marquis et le messager ennemi parlèrent un certain temps. En revenant dans la tente, Lukwu se tourna vers son homme.

"Fais venir Gotthold et Dragon Azur, il nous faut des renforts.
(Le soldat ne bougea pas, attendant la suite)
MAINTENANT!!!"

Dernière modification par Freemind (2019-06-26 09:29:08)

#7 2019-06-30 20:51:41

Thorion Von Flower

Re : Les affres de la fin

Messire !

Un messager entre dans la pièce faiblement éclairé ou se trouve le Vicomte Thorion.

"Un message pour vous." Il tend la missive à son seigneur et reprend son souffle.

Thorion ouvre le cachet et parcourt le courrier.

"Mmm, mon Frère Charles de la Pétaudière est assiégés par des hérétiques !"

Le Vicomte essaye de se lever, le messager l'aide à sortir de son siège.

"mmm, merci, convoque le capitaine de ma garde."

"Bien messire." Le messager court chercher le Capitaine.

Quelques minutes après, le Capitaine, un homme d'un âge déjà avancé et au physique encore moins athlétique que son Seigneur entre dans la pièce.

"Vous m'avez demandé Messire ?"

"Oui Gontrand, que l'on charge de la nourriture, et que 200 volontaires se tiennent prêt à rejoindre la forteresse du bout du monde ! Que Podeszwa m'entende, je ne laisserai pas un Frère en danger sans lever le petit doigt."

Le Capitaine acquiesça. "Ce sera fait mon Seigneur !"

#8 2019-07-02 13:05:24

Lukwu

Re : Les affres de la fin

Il fallait se résigner, la guerre était perdue, ca ne faisait aucun doute.
Les hommes étaient dépassé par l'impressionante taille de l'armée adverse.
Le seigneur Von Flower faisait encore livré des ressources supplémentaires à l'ennemi. Cet ancien membre de la confrérie avait finalement choisi son camp.

Mais peu importait maintenant, la guerre était perdue.

Etait-ce du aux rixes sanglantes de la première nuit?
Aux richesses sans limite du seigneur de la Pétaudière?
A l'incompétence de Lukwu quand il s'agissait d'établir une stratégie militaire (avant, enfin, de confier cette tâche à Shama)?
Etait-ce encore du à la malchance? Aux dieux?

Mais peu importait maintenant, la guerre était perdue.

Il avait fait porté le message de sa reddition au seigneur Podeswite.
Ce dernier fit preuve d'une grande bonté et avait consenti à laisser partir ses assaillants sans verser de sang supplémentaire.
Les tueries avaient été impitoyables pendant une douzaine de jours et les morts innombrables.
Lukwu était heureux que cela s'arrête, il ne supportait plus les cris de détresse et le désespoir qu'il pouvait lire sur le visage de ceux dont les blessures étaient trop graves pour être soignées.
Il s'était juré de les venger... au début. Il n'avait pas réussi à tenir sa promesse.

Mais peu importait maintenant, car enfin, la guerre était finie.


Le premier assaut du Lotus s'était soldé par un échec cuisant.
Cependant, Lukwu était conscient d'une chose essentielle, l'expérience acquise serait utile pour le futur.

Dernière modification par Freemind (2019-07-02 13:07:01)

#9 2019-07-02 15:56:22

Charles de La Pétaudière

Re : Les affres de la fin

Charles regardait les troupes ennemies se replier.
De part et d'autre, on ramassait les blessés qu'on entassait dans des chariots. La plupart d'entre-eux seraient morts avant une semaine des fièvres malignes, mais qu'importe. On ne laisse pas les mourants aux corbeaux. Des détrousseurs de cadavres avaient envahi la plaine. Il s'agissait de femmes et de gamins espérant trouver quelques pièces dans les escarcelles des morts. peine perdue la plupart du temps, le paiement de la solde ayant été repoussée à la fin de la bataille. Il trouvaient malgré tout quelques bagues, des pendentifs, des amulettes sensées protéger et qui avaient prouvé leur inefficacité.
Les soldats se repliaient vers les Preskolenys de Cabanes ou d'Himmelsdorf. Ils plaisantaient entre eux et se montraient les trophées pris à l'ennemi, gage de leur victoire.
Charles exultait. Podezswa était de son côté.  En lui offrant cette victoire, il confirmait qu'il était bien l'élu, celui qui imposerait le culte du Dieu unique créateur de toute chose dans tout le royaume.
Bien sur il faudrait reconstruire la forteresse, mais rien ne pressait.
L'urgence lui commandait de rentrer à Nidaigle, puis de faire dire une grande messe de Te Deum dans son église d'Aguilar qu'il ferait agrandir. Il ferait aussi un pèlerinage à l'Eglise de Guarida et rendrait un dernier hommage à la duchesse Carmen dont il venait d'apprendre la mort.
Mais avant tout, il visiterait son père, retiré au Preskoleny d'Himmelsdorf.

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