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Burgenwald s'élève au dessus d'un éperon rocheux surplombant la chaîne montagneuse de Westfalia. D’importants travaux lancés par le propriétaire donne aujourd’hui un aspect de place forte à ce qui n’était auparavant qu’un castrum de villégiature. Ces deux dernières années, la forteresse a été doté d’une deuxième ligne de remparts jusqu'à l'ancien châtelet, lui même fut équipé d’un pont levis, l’ajout de mâchicoulis et une élévation générales des tours et créneaux finissaient l'ouvrage. Aucune place est imprenable, mais celle là à coups sûr, était devenue périlleuse à faire tomber.
Un messager impérial traversa le pont puis il abandonna sa monture aux palefreniers de la forteresse. Il rejoignit alors le logis et un garde lui ouvrit la lourde porte.
- Une missive du polémarque !
Quelques minutes plus tard, le Mestre traversa en courant la grande salle, un pli à la main, il emprunta la coursive extérieure afin de n'y croiser personne. Il grimpa deux à deux les 128 marches de l'escalier à vis de la tour nord puis il entra dans les appartements des châtelains. Il agrippa une dame de chambre :
- Où est Hector ?
- Il est descendu dans la grande salle, monsieur.
Le Mestre grommela puis partit en courant, dans l'autre sens. Il descendit l'escalier, remonta la coursive puis déboula dans la grande salle. Personne.
- Ah non ! Hector !? Hector !?
Un jeune homme d'une vingtaines d'années arriva à son tour, l'air intrigué par les cris.
- Et bien mon ami, que t'arrive t-il ?
- Ah... Hector !
Le Mestre, exténué, tendit la missive du bout des doigts.
- Dites moi, Mestre, n'êtes vous pas le garant de l'étiquette à Burgenwald ?
- Excusez…. Moi… Sire… je vous ai… cherché partout…
- Reprend ton souffle, mon ami, et ne t'inquiète pas, je me moque de l'étiquette, tu peux m'appeler par mon prénom. Évite juste de le faire devant lui. Alors, que m'apporte tu si prestement ?
Hector retourna le pli puis aperçu le sceau. Il fit de grands yeux et la décacheta.
- Etes vous certain de pouvoir... Sire ?
Le jeune homme referma le pli et lança un grand sourire au Mestre.
- Légat ! Prépare lui un petit rafraîchissement ! Va chercher les autres ! Dans le grand salon !
La course reprit, Hector partit à son tour à toute vitesse vers le donjon. Il monta les... 427 marches l'amenant au fumoir de son père.
- La voici père, la missive du polémarque.
Le jeune homme déposa sur le bureau le pli portant le sceau de la Province d’Estybril. Le vieil homme restait impassible, assis sur un banc aménagé dans l’embrasure de la fenêtre, les yeux perdus dans le paysage montagneux de Westfalia qui s’offrait à sa vue.
- Père ? Ils ont accepté votre candidature !
Il tira une dernière bouffée de sa pipe avant de pousser un profond soupir. Il pris soin de vider cette dernière par dessus la cornière avant de la glisser dans sa poche.
- Père, les autres vous attendent dans le grand salon. Ils sont impatients de vous féliciter.
Ser Roddrick Mayer s'approcha alors du bureau sans jeter un regard à son fils. Il empoigna alors la bouteille de Calvok posée là, et rempli le verre qui accompagnait toujours cette dernière. Il porta alors le verre à ses lèvres avant de se raviser, de le reposer sur le bureau, et de le pousser en direction d’Hector.
- Quelque chose ne va pas ?
Prenant la bouteille à la main, le seigneur des lieux se décida à répondre :
- Bois !
Le père pris une grande gorgée de la bouteille. Malgré l'épaisse barbe, son fils devina la grimace qui accompagnait l’ingestion de Calvok. Le fils bu à son tour le verre.
Vois, fils, comme les dieux se jouent de nous. Il m'a fallu 30 années de chevauchées, d’escarmouches et de basses besognes pour enfin me fixer à un territoire et devenir chevalier. Et me voici Archonte…
- Et si les dieux avaient volontairement attendus tout ce temps pour vous donner une opportunité, et s'ils attendaient dans le but de faire mûrir en vous une volonté de vieil homme tellement forte qu'elle surpasse vos jambes endolories ? Cessez de remettre tout en question, père. Vos rêves de voyages et de reconnaissances n'ont jamais été si proches d'aboutir !
- J'aime ta positivité, mon fils, même si elle est ridicule.
Le sourire était revenu sur le visage de Roddrick.
- Tiens, prend un autre verre ! C'est le Légat d’Estybril qui te le demande !
- J'attend beaucoup de toi, reprit-il, ton frère est un valeureux guerrier mais il n'a définitivement pas la vigueur d'esprit ni la rigueur d'un bon gestionnaire. Si d'aventure je devais m'absenter, je voudrais que tu garde un œil sur les terres et les affaires. Tu sauras faire les bons choix, j'en suis certain.
- Quel va être votre tâche exactement, en tant que Légat ?
- Un légat est un émissaire, un messager, un représentant de son souverain. Je vais être amené à essayer de nouer des liens avec les peuples d'au delà de nos frontières au nom du Polémarque.
- Les peuples qui nous prennent pour des sauvages ?!
- Car c'est le cas, oui. Mais nous sommes Abrasilliens désormais.
- Et par quoi commencez vous ?
Le légat se retourna et actionna un mécanisme dans le cabinet d'apparat qui lui faisait face. Le magnifique meuble qui lui avait été offert par d'anciennes connaissances d’Okord était remarquablement décoré de plaquettes d'os et de bois exotique. Un tiroir s'ouvrit alors dans lequel il piocha une lettre avant de la tendre à son fils.
- Estun Dodrio ?!
Avant qu'Hector est eu le temps de lire plus que le nom de l'expéditeur, le légat lui ôta des yeux et la rangea dans le meuble.
- Descendons, fils, je t'en ai déjà trop dit.
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-09-24 22:24:01)
Roddrick s'arrêta net dans les escalier manquant tout juste de faire tomber son fils, qui lui emboitait le pas fermement.
- Hector… Que voulez tu dire par... “les autres” ?
- Et bien… les autres, quoi. Mes frères, plusieurs de nos capitaines, le mestre et des gens du domaine.
- Hmmm.
- Et peut être d’autres.
- D’autres ? s’interrogea le Légat en fronçant les sourcils
- Oui… père... peut être des autres… seigneurs…
Il plaqua alors son fils d’un geste sec contre le mur puis il le fixa profondément dans les yeux.
- Ne me dis pas que tu as envoyé des “invitations” à des seigneurs d’Estybril sans ma permission ?
- Père je…
- Hector ! Que vais-je dire à ces seigneurs ? Que mon fils les a invité à fêter ma nomination ? Etre nommé Archonte ce n’est pas gagner à une loterie, c’est prendre une responsabilité devant la province entière, devant le Polémarque et l’Empereur lui-même.
- Père je…
- D’Estybril, n’est ce pas Hector ?! Uniquement d’Estybril ?!
- Oui.
- Plus de surprise, Hector ! Il va me falloir rattraper tes sottises.
Il reprit alors la descente de l’escalier en bougonnant. Arrivant au bas du donjon, il emprunta un couloir sans attendre son fils qui semblait encore sonné par ce qu’il venait de se passer. Roddrick marchait d’un pas ferme, les poings fermés, visiblement agacé par la situation.
Arrivant dans le grand hall, il s'arrêta avant de prendre une grande bouffée d’air.
- Bien. Allons y.
L'entrée du grand salon se situait au fond du hall. Un brouhaha émanait de la double porte.
Le mestre y avait fait monter quelques tables sur lesquels étaient disposés bon nombre de mets et amuses gueules. Plusieurs tonneaux et quelques bouteilles avaient été remontées des caves. Des échansons et des gens de maison servaient les convives, amis, capitaines et famille qui étaient déjà arrivés.
Les gardes ont eu comme consignes de laisser rentrer tout ce qui "ne représentait pas un danger imminent".
Si vous le désirez, venez partager un truc à manger et à boire.
Dernière modification par HernfeltMayer (2018-09-27 15:35:08)
Haaaaa !!! Roddrick !! Enfin vous voilà !!
K-lean venait de passer la grande porte et s'engouffrait dans le Hall avec ses plus proches hommes :
L'archer Sparr Hoff, fidèle garde du corps du polémarque.
L'intendant Roux-Sel, enlacé par deux sacoches dont dépassaient quelques parchemins.
Le marchand Naki Bool, déjà en train de jeter un oeil à ce qui était disposé sur les tables.
Les bras levés vers Roddrick, il marcha dans sa direction et s'exprima à haute voix alors que plusieurs dizaines de pas les séparaient :
J'étais plutôt étonné de cette invitation, qui ne semblait pas avoir de réelle intention.
Mais finalement nous voilà ! Car avec vos nouvelles fonctions, j'ignore si nous aurons souvent l'occasion de nous retrouver ici autour d'un festin.
Et puis, avec tout ce que vous approvisionnez à chacun de nos tournois, je voulais observer votre organisation de mes propres yeux...
Et je ne suis pas déçu ! Vous avez bâti une belle place forte et vos hommes semblent connaitre le rôle qui leur est attribué sur le bout des doigts !
Lignée des Trofs, et autres successeurs
Hors ligne
Roddrick tendit les bras vers le Polémarque, les paumes ouvertes.
- K-Lean, mon très cher Polémarque !
Il cacha maladroitement la salive qu'il venait d’avaler… son crétin de fils avait même fait déplacer le souverain d’Estybril… Il tenta de reprendre le dessus sur ses émotions :
- Vous êtes perspicace ! Ce petit banquet est en effet organisé en l’honneur d’Estybril ! Et je l'ai organisé, avouons le, rapidement et sans les formes habituelles car je prévois effectivement de quitter la Province incessamment sous peu. Je suis en train de préparer mon premier voyage de Légat, celui… dont nous avions parlé. J'espère partir rapidement.
Il fit quelques pas en avant en scrutant les hommes qui entouraient son suzerain.
- N'est ce pas là l'équipe qui vous a accompagné jusqu'à notre Empereur ?!
Roddrick s'arrêta et s’adressa à eux :
- Messieurs, merci. Merci d’avoir permis à votre seigneur d'atteindre Ohm, merci d’avoir été acteurs de ce qui a fait notre Polémarque d'aujourd'hui. J’ai entendu maintes histoires sur votre pérégrination. Vous êtes ici chez vous.
En guise de réponse, l'archer Sparr Hoff inclina légèrement la tête vers l'Archonte.
Le marchand Naki Bool avait à peine écouté :
Hein ? Ha oui oui, c'était un très long voyage. Semer d'embûches et ...
le marchand, qui n'avait pas quitté des yeux le festin sur les tables, s'arrêta et changea de sujet
C'est du Calvok que vous servez ?! Nous avons fait longue route pour venir...
Polémarque K-lean, je vais vous chercher un verre.
- Faites donc. lui répondit K-lean avec le sourire et le regardant allez réquisitionner un pichet et quelques gobelets à un des serviteurs
- C'est pas la politesse qui l'étouffera celui-là...
- Allons allons Sparr Hoff, nous sommes chez notre ami Ser Roddrick, n'allez pas vous chamailler pour quelques règles de bonne tenue. Ha ha !
Messire Roddrick Mayer, pour répondre à votre impatience, je vous ai apporté plusieurs parchemins signés de ma main pour votre premier voyage en temps que Légat...
Il se tourna vers l'intendant Roux-sel qui ouvrit la sacoche et tendit deux parchemins à l'intention du Légat d'Estybril.
Voici les deux parchemins évoqués. Le moment venu, je ne doute pas que vous saurez lequel offrir à la Dame...
Mais allez, nous ne sommes pas venu ici pour pavasser ! Allons nous rafraichir !
Lignée des Trofs, et autres successeurs
Hors ligne
Roddrick rejoignit finalement ces convives après avoir pris soin de ranger soigneusement les parchemins du Polémarque.
Ce soir là, la haute court de la forteresse de Burgenwald fut transformé en une salle de bal à ciel ouvert.
Les pichets de vin, de Calvok et même de Saint-Goben coulèrent à flot.
De mémoire de Burgenwaldien on avait vu si grand épanchement de soif.