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C’était une belle nuit étoilée et le Vicomte Atrax savourait tranquillement un verre de Clavok de sa réserve personnelle avec d’autant plus de plaisir que cette boisson devenait semblait-il, assez rare en ce monde.
Une première alerte le sorti pourtant de cet instant de quiétude et de bonheur simple.
Un messager fit irruption pour signaler une embuscade d’envergure aux alentours du « Rucher », son humble capitale. Les dégâts étaient jusque-là minimes, mais l’opération semblait pourtant de grande importance.
« Vous dites ? … plus de 10 000 cavaliers ?? … Au couleurs de Lady Summer ? … Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Ça n’a aucun sens ? … »
Le plus rapide de ses coursiers fut envoyé en direction de l’assaillante porteur d’une missive exprimant une certaine incompréhension quant à cette étrange manœuvre. Et des hommes discrets et fidèles parcouraient déjà les routes en quête de plus d’informations …
Rien … Aucunes réponse … et les cavaliers semblaient avoir disparu …
...
Le calme fut pourtant de courte durée. Les coursiers, messagers et hommes de gardes étaient à nouveau en effervescence !
« Une troupe est en approche Mon Seigneur !! Toujours aux couleurs de Summer ! Pas loin de 50 000 hommes … »
« Pardon ?? … Vous délirez mon ami, pourquoi une telle attaque ? … Cette femme est folle sans aucun doute ! »
« Nous ne tiendrons jamais le choc Mon Seigneur et voici un rapport qui confirme que l’embuscade des cavaliers est rentrée chez Summer en Ulios, nous pouvons facilement évacuer vers un fiefs tout proche »
« Fuir ? Vous avez perdu la tête mon ami. Ce n’est pas parce qu’une bataille semble perdue d’avance qu’il faut se comporter comme un lâche ! Reprenez vous et faisons face avec bravoure à cette bande de gueux. Aux armes mes amis et prestement !!
Il n’existait hélas aucunes chances, même avec toute la bravoure dont ils firent preuve, de contenir un tel nombre d’assaillants …
Aucun d’eux pourtant n’oubliera l’image de ce petit millier d’hommes, Chevaliers et Cavaliers, charger sans tressaillir en direction d’une troupe montée d’au moins 16 000 hommes … Les ignares y verront un suicide ridicule mais les vrais soldats et les Hommes d’honneurs savent tous ce qu’il en est en réalité.
La bataille fit rage … Sanglante et clairement sans merci !
Une fois disparu le fracas des armes et retombée la poussière des gravas qui autrefois formaient des murs, le Vicomte Atrax fit rapidement rédiger une seconde missive tout aussi interrogative que la première et demandant à la soi-disant « Princesse » si elle était satisfaite d’une telle action ?
Ce fut en tant que vulgaire détenu qu’il reçut une laconique réponse :
En effet, tout ceci me fut fort agréable, merci à vous Vicomte !
Il était songeur …
Bien qu’il n’ignorât rien des habitudes de Lady Summer et de sa triste réputation, il avait pourtant encore souvent du mal à comprendre les actes souvent lamentables de ses contemporains …
Plus tard, il séjourna un moment dans un lieu dont il ignore la situation exacte. Et fut conduit dans une cellule en traversant ce qui ressemblait aux salles d’un château étrangement décoré d’une grande quantité de fioritures qui évoquaient pour lui le summum de la pacotille et du mauvais gout, Lady Summer dans toute sa grandeur.
Il ne put d’ailleurs s’empêcher d’en faire part à son « hôtesse » dans une courte missive où il fit, avec un peu de malice il faut le reconnaitre, le lien entre cette décoration inutilement chargée et la lourdeur des déplacements militaire de la Dame.
Le but de la missive étant bien sûr d’obtenir des informations sur sa prochaine libération. Et comme précédemment, la réponse fut plutôt minimaliste et se résumait plus ou moins à :
Avez-vous quelque chose à offrir en échange de votre liberté ?
Il laissa tomber le parchemin … s’assit un instant … hésitant en la colère et la résignation face à autant d’infamie ?!
Il fallait pourtant répondre et bien qu’il aurait aimé dire toute son indignation et tenter de faire prendre conscience de ses actes à cette pauvre illuminée il se contenta d’un message assez court :
Bien sûr que non chère Madame !
Une attaque ridicule, disproportionnée et sans aucun sens commun sur une Maison solitaire, sans chaine vassalique et d’Estybril de surcroit, je me vois assez mal financer vos étranges pulsions guerrières pour couronner le tout ?!
Estimez-vous déjà heureuse que je sois resté pour faire face plutôt que de vous laisser des murs à détruire.
La réponse ne se fit pas trop attendre :
Oui, c'était courageux de votre part, je l'admets bien volontiers. Et cela me conduit à considérer votre libération prochainement.
A l'avenir modérez vos propos et vous aurez moins de chances de vous trouver dans une geôle...
La libération prit encore quelque temps, mais fut bien effective dès le lendemain.
…
…
De retour en ses terres, le Vicomte Atrax, bien que las de toutes ces histoires, fut pourtant assez satisfait de découvrir de nombreuses missives à son attention.
De toute provenance, Estybril ou Okord, elles exprimaient toutes l’indignation quant aux « manières » de Lady Summer à son encontre.
Il s’occupa de traiter comme il se doit toutes ces lettres et de répondre à ces courriers plutôt encourageants.
Le hasard lui fit d’ailleurs durant cette période, échanger quelques pensées avec un Seigneur qu’il n’avait jamais eu le plaisir de rencontrer jusqu’alors et qui résumait avec beaucoup de finesse la situation dans laquelle il se trouvait :
… Je croyais que vous étiez parti de ce monde ! Vous avez été attaqué par le duché d'Arald et il n'attaque jamais quand cela peut s'avérer dangereux, lorsqu'il peut y avoir un retour de bâton. …
Atrax avait souri en lisant ces lignes …
Mais il lui restait pourtant une missive à écrire … Car il aimait qu’en toute circonstances les choses soient claires !
Il envoya donc un coursier en direction des terres d’Arald pour obtenir des informations concernant cette petite phrase écrite par Summer : « A l'avenir modérez vos propos et vous aurez moins de chances de vous trouver dans une geôle... »
Il estimait normal de connaitre des raisons plus précises que cette simple petite phrase pour justifier un tel déferlement guerrier sur ses terres ?
Un pli cacheté aux armoiries de Lady Summer fini par arriver chez le Vicomte :
Disons que j'ai eu vent de certaines impolitesses vous concernant vis-à-vis de mes frères d'Arald... mais qu'importe maintenant, vous avez prouvé votre courage.
Son sang ne fit qu’un tour !! Il projeta à terre d’un revers de main tout ce qui se trouvait sur la table à laquelle il s’était installé et déchira la missive avec rage …
« Cette femme est folle !!... »
« Vous avez prouvé votre courage ? … Et à quoi s’attendait-elle ? Que je la supplie ? Cette sorcière s’imagine qu’elle fait peur à quelqu’un avec ses manières de barbares sans honneur ? … »
« Et j’ai fait preuve d’impolitesse ?! … Non mais dans quel monde vivons-nous ? »
Pas vraiment calmé, il décida de répondre à cette ridicule missive !
C’est donc cela Madame ! J’ai fait preuve d’impolitesse ?!
Il est vrai que je n’ai pas pour habitude de tergiverser ou de faire des courbettes ! Je dis ce que je pense, une vérité étant toujours bonne à dire qu’il s’agisse d’un faible ou d’un puissant !
Toutefois, si je suis parfois sévère et que je juge sans ménagement des comportements ou des discours qui me désolent, je ne suis pas responsable de « qui » adopte ces comportements ou tiens ces discours !
Il est ridicule de se plaindre d’impolitesse quand quelqu’un nomme les choses par leur nom ! De surcroit, je n’ai jamais reçu aucunes précisions, aucunes missives, aucun avertissement ni demande d’éclaircissement concernant ces soi-disant impolitesses dont je ne sais toujours rien ?Ce monde est vaste et pourtant les réputations y sont bien ancrées ! Si vous deviez emprisonner tous ceux qui ont un jour jugé négativement les actes ou les discours d’Arald, j’aurais passé quelques jours chez vous en très nombreuse compagnie. Tellement nombreuse que vous devriez dès maintenant vous mettre à construire des geôles pour en couvrir toutes vos terres.
Vous avez osé initier une révolte contre un Roi que vous accusiez d’être un tyran mais vous vous conduisez exactement comme un tyran, voire de façon bien pire encore !
Vous avez revendiqué votre indépendance et venté la grandeur d’Estybril face à Okord que vous décrivez comme des barbares mais vous agissez pourtant comme les plus décadents des barbares !
Vous déshonorez tout simplement la crédibilité Estybril par vos actes délirants !!
Mettez donc en balance les « raisons » que vous évoquez, (une impolitesse ?) et « l’action » qui en a découlé et que vous avez mené à mon encontre (un carnage sanglant sans aucunes sommations) ?
Peut-être réaliserez-vous alors qu’en terme de réputation, de commentaires désobligeants et d’impolitesse à votre égard, … on récolte en ce monde tout simplement ce que l’on sème … Rien d’autre.
Et vous rêvez si vous pensez faire taire les gens en usant et en abusant de votre force militaire !
Je pense juste que vous-êtes prête à guerroyer contre n’importe qui pourvu qu’il soit dans l’incapacité de riposter et que vous puissiez en tirer du profit et vous rapprocher de cette obsession du pouvoir absolu qui vous ronge de l’intérieur !
Vous souhaitez vraiment justifier vos actes en attaquant de la sorte des Estybriliens pour « impolitesse » ??
Faites donc je vous en prie, mettez donc ce monde à feu et à sang en dissimulant vos ambitions derrière l’excuse ridicule d’une croisade pour la sauvegarde de la politesse ?!
Pour ma part, je vous confirme que vous êtes lâche, sans honneur et que vous laisserez dans l’histoire le souvenir d’une sorcière malfaisante et cupide !
Je ne vous salue pas Madame.
Vicomte Atrax.
Ceci fait, Atrax entreprit de reconstruire ce qui fut perdu, avec détermination et courage.
Désolé de devoir supporter autant de folies, mais confiant malgré tout dans l’avenir …
De nombreux Seigneurs de grande valeur peuplent encore ce monde, il en était convaincu et les choses finiraient par changer … d’abord de façon presque imperceptible, … mais ensuite ? …
…
Plus tard, travaillant au côté de ses gens pour redonner un peu d’allure à son fief, il se laissa aller à penser tout haut :
« Saleté d’engeance maléfique que tous ces poltrons qui se prennent pour des Seigneurs et ravagent ce monde par cupidité ou folie … »
Puis regardant ses hommes autour de lui tout en prenant un air ahuri :
« Tudieu, j’espère que personne ne m’a entendu, c’est clairement contraire à la politesse ça, … un coup à débuter une guerre mondiale ! … »
…
Encore tout couvert de la poussière des gravats qu’il dégageait avec ses gens dans sa pauvre capitale aux airs de carrière abandonnée, le Seigneur Atrax fut interrompu par un coursier porteur d’une nouvelle missive. C’était encore « Elle », cela ne faisait aucuns doutes !
« Non seulement la Bougresse m’a couté cher en Hommes et en maçonnerie, mais si cette correspondance perdure elle va me ruiner aussi en parchemins ! »
Il parcouru rapidement la lettre :
Vous étiez bien moins arrogant avant que je ne vous libère Vicomte. Mais je comprends votre colère aussi je vais passer outre tout ceci.
Affichant un air mi dépité mi agacé, il interpelât son coursier :
« Vous avez de quoi écrire ? Fort bien, notez ce que je vais vous dire et portez-le prestement en Arald »
Madame j’étais moins arrogant car j’espérais encore obtenir une explication un tant soit peu sensée à tout ceci !
Il est évident maintenant que je n’en aurais jamais et que vous profitez simplement de rapines, de petites victoires faciles et qu’une justification un brin crédible vous importe peu !
Et la simple remarque « aussi je vais passer outre tout ceci » montre bien à quel point vous semblez convaincue que vous pouvez intimider en sous entendant une bonté passagère qui vous retiens d’agir … Mais nulle détention, ni destruction ne peut entamer la détermination de ceux qui honnêtement se battent pour une cause juste et honorable !
Vous comprendrez cela un jour, … peut-être ? … ou pas ? …
Ne prenant même pas la peine de signer, il renvoya le porteur de missives d’un geste bref.
Autour de lui, ses hommes rassemblés avaient écouté avec attention et l’un d’eux osa une remarque :
« Vous avez bien raison Mon Seigneur, mais je crains que jamais elle ne comprenne ? … Cette femme n’a pas l’air bien si je puis me permettre ? M’est avis qui a l’eau dans l’donjon et pas dans les douves chez cette donzelle ?! … »
Après quelques rires …
« Sans doute mon Ami, sans doute ? … Qui peut savoir ? Cette pauvre femme périra sans doute un jour comme elle a vécu ? … C’est finalement bien triste un tel gâchis … »
« Estybril se voulait être un exemple de grandeur face à Okord, or cette Principauté ressemble plus à la Horde qu’à une nation digne d’Abrasil avec une telle « Princesses » dans ses rangs, qui confond tyrannie et autorité, soit de pouvoir et grandeur de la nation, vulgaire larcin et combat honorable …»
Après une pause un homme reprit :
« Puisque vous en parler mon Seigneur, la Horde, a-t-on des nouvelles ? sait on si elle approche ? Nous serions bien mal en point si elle se présentait maintenant ? »
« Aucune idée mon brave ? Bien qu’une arrivée dans l’immédiat soit peu probable … nous serions effectivement beaux, fièrement armé de nos pelles au milieu d’un tas de gravats ?! … »
Un soldat un peu en retrait s’exclamât alors :
« Moi je serais quand même curieux de la voir cette Horde ? On dit qu’ils sont brutaux et cruels, de vraies bêtes sauvages !! »
« Et bien mon ami ne cherchez pas midi à quatorze heures, vous voulez un aperçu immédiat de la plus vile barbarie ? Trouvez donc un portait de Lady Summer et accrochez le dans votre chambrée, vous aurez ainsi chaque jour en vous levant une bonne raison d’être de fort mauvaise humeur ! »
« Mais trêve de plaisanterie, rentrons maintenant mes amis, Clavok pour tout le monde, personne ne le mérite plus que vous tous en ces jours sombres où nous disons adieux à tous les braves tombés ici pour défendre une cause juste !! »