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#1 2018-01-28 22:52:19

Brezekiel

Drapeau blanc souillé, flotte encore.

continuation solo du RP "L'ambassadeur Brezekiel en mission vers
les Marches des Fournaises.
Dicton de Brezekiel : "lorsque la partenaire n'en peut plus,
il faut prendre les choses en main".

Il avait choisi la mort, cela était fort dommage, en le regardant de dos, Brezekiel se disait qu'il avait une belle carrure ce roturier, ou ce pirate. Il n'avait pas encore décidé ce qu'il était à proprement parler. A n'en pas douter cet homme s'y connaissait en donzelles. Sur le long chemin des Marches des Fournaises ils auraient pu s'encanailler et sans doute devenir bons amis.

-Baaaaah... Baraneg laissons tomber, qu'il fut de valeur ou non, cet homme n'a pas saisit la main tendue du destin. Retournons voir les gardes de la Duchesse Alania, je leur transmettrais un pli pour notre bon roi Antijaky. Tant pis pour l'avis de recherche, il a dû voir à ta trogne que tu dessinais comme un manche de hallebarde, il était fort à ce jeu là. La mission sera simplement plus longue que prévue, mais j'irais voir les barons marchiens, je ne laisserais pas cet épilogue gâcher mon moral. Nous trouverons un moyen de rallier les marchiens à notre cause, nous trouverons des soutiens fiables et reviendrons en héros, ou bien nous ne reviendrons jamais.

Baraneg lui transmit une série de signes dont seuls eux, et quelques membres privilégiés, avaient la connaissance. Il ne semblait pas abattu et avait presque le sourire aux lèvres -derrière son immense barbe-.

-Oui tu n'as pas tort, je préférerais revenir moi aussi, si j'ai le choix. Allons, en route.

Dernière modification par Brezekiel (2018-01-28 22:53:35)

#2 2018-01-29 00:20:25

Brezekiel

Re : Drapeau blanc souillé, flotte encore.

-Héla ! Je cherche un navire est-ce que vous...

Brezekiel venait de trouver un -soi-disant- capitaine de navire valésian. Ivre et fortement intéressé par les dames qui livraient leurs attributs supérieurs avec fort peu de mystère sur le balcon au dessus de la maison de passes. Mais le marin lui lança un regard mou, vitreux et aviné. On devinait que son pantalon ne tenait plus grâce à sa ceinture trouée et pleine de boue, mais grâce à de subtiles pensées d'un avenir plus horizontale.

-Moui... ne fais pas la moue, je vais trouver mieux tu as raison, Bara.

Ils commençaient à s'éloigner du tintamarre incessant de l'orchestre déomulien qui jouait plus pour faire du bruit qu'une réelle symphonie organisée. Lorsqu'une voix rauque mais suave les appela d'une fenêtre sur le bâtiment à côté.

-Vous cherchez un navire, bellâtre, y parait ?
-Ma dame, je vous salue répondit adroitement Brezekiel, ne sachant pas s'il parlait à une grande dame, ou à une petite dame, n'ont pas que sa taille changeait la donne, mais plutôt celle de sa vertu. Le plus tôt sera le mieux, j'ai à faire dans le sud et mon passeur vient de se faire piquer par une mouche "gné-gné" qui l'a rendu peu enclin à la raison. Vous êtes capitaine vous-mêmes ? lança le noble en s'accoudant au pilier qui faisant l'angle dessous le balcon de la maison de passes. L'air séducteur de sa question n'était pas feint, ni même masqué d'ailleurs. Brezekiel venait de décider qu'aucune dame de haut rang ne se serait tenu à une fenêtre en corset.

-Un comique ? C'est bien ma veine, répondit-elle en tirant une bouffée de... était-ce une pipe ou un petit bâton-de-feu dont raffolaient les dames du Sudor. Elle souffla sa fumée en l'air, du coin de la bouche, presque avec dédain. J'en connais un bon, il peut lever l'ancre rapidement, mais il peut tout aussi bien lever le coude à la place si vous ne proposez pas un prix à sa convenance. Et là... il ne sera plus bon à rien pendant des jours..
-Le prix, j'en fais mon affaire, mon passeur devait être payé à l'arrivée, je suppose que la bourse promise irait dans la main de n'importe qui... ayant une main assez grande pour la tenir.

A l'idée de la récompense, la dame ne put s'empêcher de rouler des yeux et de sourire en coin. Elle leva la main une seconde pour leur indiquer d'attendre là et disparut dans l'encadrure de la fenêtre. L'ambassadeur regarda son acolyte en haussant les épaules, bras ouverts. L'autre souleva un sourcil interrogateur, tout en retirant la main avinée d'un consommateur du bordel, de son épaule. L'homme tomba aussitôt à terre, et respira bruyamment dans la poussière, il semblait dormir.

-Attrapez-moi ! s'écria la femme qui venait de passer un semblant de robe à jupons, d'un goût un peu trop criard au goût de l'ancien militaire. Elle bascula habilement par dessus le rebord de sa fenêtre et se laissa doucement rouler pour mettre ses pieds dehors, Elle se fit glisser jusqu'au ventre, coinçant malencontreusement sa robe entre son ventre et la menuiserie. Brezekiel leva les mains malgré lui, tout en essayant de baisser les yeux pour ne pas voir les dessous fortement apparents de la dame. Impossible, s'il baissait les yeux, il la manquerait. Elle se tenait presque à bout de bras et lâcha, ses pieds étaient à deux mètres du sol.

Baraneg pensa un instant venir en aide à son maître, mais se dit que c'était assez comique ainsi et ne bougea pas d'un cil, prêt à se plier de rire. La dame lâcha, Brezekiel était presque parvenu à toucher le bout de ses chausses à talonnettes lorsqu'elle chuta. Elle tomba sur lui, qui résista une seconde en la prenant dans ses bras, avant de tomber assis par terre, les jupons par dessus la tête.

Deux hommes qui passaient dans la ruelle entourant la dizaine de bâtiments -ce n'était pas un village à proprement parler- se retournèrent et poussèrent un juron "peuv' pas faire ça dans z'une chambre ?!" et s'en détournèrent. On entendait Brezekiel d'une voix étouffée demander à sa complice de s'ôter de là, ce qu'elle fit lentement, manifestement ravie de l'embarras qu'elle lui causait.

-Une manière comme une autre d'apprendre à se connaître je suppose... marmonna-t-il un peu mécontent, en epoustant sa redingote bleu. Il n'y a point d'escaliers chez vous ?.
-Trop long, rabat-joie, vite ! le presse-t-elle en lui attrapant le poignet de sa fine main. Elle le tira sans surprise dans le bordel.

L'air y était pesant, des fumées s'échappaient de diverses fioles de liquide chauffé, apparemment la mode du coin était d'inhaler ces fumées pour délier les mœurs. Notre personnage n'en avait pas réellement coutume et en inhala quelque peu. Baraneg les suivit, et s'installa à une table de l'auberge -ce bâtiment en avait après tout l'apparence avec son comptoir, ses tables, ses piliers de bois-. Un homme commença à lui interdire de s'asseoir, mais notre silencieux ami lui écrasa doucement le visage de sa grosse main, jusqu'à poser précautionneusement -selon lui, sûrement- la tête de l'homme vers la table. Il appuya avec son petit doigt sur un point de la gorge de l'ivrogne. Lorsque barbu ôta sa main, l'homme dormait déjà. Aussi, notre ami attrapa la chope posée devant eux, en but une rasade et regarda distraitement autour si quelqu'un d'autre voulait lui interdire des choses, ce ne fut pas le cas.

-Il n'est pas en bas, et mer...
-Ah non, ne jurez pas ma dame, cela ne sied guère aux Da...
-S'en fout... si tu l'veux ton bateau faut pas traîner, la marée est descendante, dans deux heures il faudra attendre six heures avant de partir et personne ne prendra la mer aux basses eaux. Les rochers suintent encore des cadavres des fous à s'y être essayé. Et si Spareau est ivre ou avec une gueuse, tu n'iras nul part pendant plusieurs jours !
-Et mer... je veux dire... je comprends ! Décrivez-moi le bonhomme ?

Il commença à scruter la pièce assombrie. Non pas que la lumière y était mauvaise, mais on avait volontairement disposé les bougies de façon très éclatée dans l'immense auberge -on pouvait y faire tenir une centaine d'hommes attablés-. Il était évident que les clients de ce bouge cherchaient la discrétion et l'obscurité des recoins pour mener leurs ébats à termes. Au fond à droite on pouvait distinguer des salons privés, ils étaient privés car entourés de petits rideaux en baldaquins avec des parois en vélin, aussi fins que peu intimes. Au fond à gauche, des banquettes en cuir rougi par l'ébouillantage, sur lesquelles des donzelles prenaient des positions lascives à souhait. Disons que si elles avaient été un présent, leurs emballages auraient fort mal joué leur rôle de cache-présent. On devinait bien la forme du cadeau, on l'occurrence des formes généreuses, une peau laiteuse, ou ébène pour certaines. L'une d'elle avait une magnifique peau safran, Brezekiel ne put s'empêcher de remarquer qu'elle venait forcément de l'Est, peut-être même était-elle apparentée au peuple de la Horde ? Une enquête approfondie eut été de rigueur s'il n'était pas déjà impliqué dans une quête décisive, trouver un navire pour le sud.

-...Compris ? C'est à ça qu'il ressemble, on se divise pour le trouver !
-Que... hmm ? Fort bien ! acquiesça le vicomte, qui n'avait pas écouté un mot de la description.

De plus, la charmeuse aux yeux bridés et aux longs cheveux noirs avaient une amie qui lui ressemblaient mais avec un chignon percé d'une baguette colorée, en nacre sûrement. Elle portait une tunique verte brodée de soie rose, qui avait deux trous à l'emplacement de sa poitrine. On pouvait voir que ses tétons étaient percés d'une savante façon et reliés entre eux par une chainette en argent... non sans doute pas de l'argent, du cuivre poli peut-être ? Si elles étaient deux, cela justifiait une double enquête, le Roi comprendrait-il ? Brezekiel ignorait tout de ses mœurs nocturnes. Dans le doute, s'abstenir. Après tout les généraux abrasiliens décrivaient les initiatives comme des "décisions unilatérales stupides vouées à l'échec". Et merd... jura-t-il pour lui-même. Il décida d'interpeler une servante, elle portait un plateau de bois avec trois godets en bois à moitié plein d'un liquide jaunâtre et mousseux.

-De la bière, ou de la pisse... lâcha-t-il en s'approchant d'elle. Dîtes-moi jeune fille, je cherche le capitaine... Barreau ? Je n'ai pas trop la mémoire des noms, j'en ai encore fait les frais il y a peu.
-Des capitaines qui ont l'barreau ? Vous en trouverez plein ici messire... s'cusez mais on m'attend, l'éluda-t-elle en le contournant doucement, avec un franc sourire.
-Mouais... Barreau... Carreau... Rooohh, qu'en sais-je encore ?

Trop tard, les deux demoiselles à la peau safran venaient de partir au bras d'un guerrier grand comme une encadrure de porte, large comme telle. "J'aurais pris la paire aussi"... marmonna Brezekiel en abandonnant la potentialité de son enquête. La fumée lui montait à la tête, il ne parvenait pas à se concentrer. La musique était encore plus assourdissante de l'intérieur. Il y avait un flutiau sur-aigu dont le propriétaire violait irrespectueusement le biseau. Un homme petit et lourd tapait sourdement sur un tambour immense, battant une mesure qui variait aléatoirement sans règles apparentes. Derrière un vieillard à demi-endormi tournait la manivelle d'une vieille à roue pour en tirer une mélodie lancinante. Était-ce la tristesse du musicien d'être bloqué ici qu'elle exprimait, ou bien la lente agonie de l'instrument d'être aussi mal utilisé ? Une femme entre deux âges, les cheveux en tas de foin et la robe tâchée et trouée, couinait des paroles indistinctes, ou bien pleurait-elle, il ne saurait le dire. Il poursuivait sa recherche visuelle, ses yeux étant à présent presque habitués à la demi-pénombre.

-Cigaro ? Nougaro ? Fichu nom... fichu lieu, fichu capitaine... Si Baraneg flottait mieux que ça, j'irais à "dos d'homme" mais bon. Où est passé la donzelle aux bas volants ?...

Dernière modification par Brezekiel (2018-01-29 00:33:31)

#3 2018-01-31 02:57:03

Brezekiel

Re : Drapeau blanc souillé, flotte encore.

Cela prit quelques heures pour fouiller les chambres et les différents petits salons.
Y entrer n'était pas un problème, mais y entrer sans avoir l'air louche, ou sans se faire poignarder, ou sans se faire taper dessus au mieux, ou sans être immédiatement invité à ce qui semblait être une tradition locale, le "Plan-atroa, mais Brezekiel ne comprit pas vraiment l'accent des marins, ils venaient de Deomul et personne ne comprenait vraiment quand ils étaient ivres. Tant pis, il essayerait ce jeu une autre fois, se dit-il.

Enfin, lui et celle qui l'aidait à trouver le capitaine... qui rimait en eau, mirent la main sur notre homme.
Et quel homme, non seulement avait-il l'argent nécessaire pour se payer une chambre immense où il pouvait courir après les femmes qui étaient en sa compagnie, mais au surplus avait-il la santé nécessaire pour être avec trois dames en même temps. Bien qu'il n'était pas de Deomul, il parlait d'un nouveau jeu avec un accent difficile à comprendre, un "Plan-akat". Brezekiel comprit cette fois-ci que, peu importe les règles de ce jeu étrange, il n'était pas invité. Le marin n'avait que faire de ses questions, et lorgnaient copieusement dans le décolleté de la robe à corset de la lavandière -c'était le métier qu'elle avait prétendu faire, après tout elle vivait dans le bâtiment d'à côté, et non au Petit Trou Perdu-. Ivre, bientôt couché -endormi ou non-, il éluda le Vicomte qui s'en alla hors de lui.

-Je vous remonterais bien le moral, si vous vouliez venir dans mes appartements. Ce n'est pas grand mais c'est confortable ! proposa la femme en minaudant de ses yeux de biche.
-Ma dame, je vous suis gré de votre invitation, mon moral aurait très certainement besoin de votre compagnie. Pourtant, je suis un missi dominici du Roi Antijaky, je ne peux mêler les affaires et le plaisir... de votre compagnie je veux dire. Et puis, mon drapeau est en berne, je viens de perdre une sérieuse bataille, sans navire impossible d'atteindre les Marches des Fournaises.
-Bon... si vous changez d'avis, 'savez où est ma fenêtre, lâcha-t-elle avec sa voix suave en éclatant d'un rire, ni vulgaire ni classieux, c'était un rire franc et non feint.

Elle passa près du vicomte, assez près pour qu'il sentit et reconnût des notes de vanille dans son parfum. C'était là une odeur qui lui plaisait particulièrement. Son serviteur, le presque chauve mais tout aussi imposant Baraneg, se leva de sa table qu'il n'avait pas quitté de l'après-midi, observant le petit manège des serveuses qui, chaque fois qu'un client lui glissait une pièce dans le décolleté, revenait avec un vêtement de moins. Le bougon ascète s'était demandé combien de fessées il faudrait mettre aux serveuses afin qu'elles remettent leurs vêtements. Puis, il avait vu un client mettre des fessées à une serveuse qui, au lieu de se revêtir, avait retiré encore plus de vêtements. Sa méthode pour les aider à retrouver un peu de vertu ayant échouée, il se contenta de prier Podezwa afin qu'il redonne leur raison à tous ces pêcheurs. L'ancien militaire lui fit un signe de tête lorsque leur regard se croisèrent.

L'odeur de la lavandière s'était déjà dissipé dans l'air, lorsqu'ils sortirent de l'établissement, avec un regret pour l'un d'y être resté aussi longtemps, et pour l'autre de ne pas avoir pu rester d'avantage.

La suite du texte a été co-rédigée par K-Lean et Brezekiel, un RP semi-roman et semi-dialogue (en direct), qui sera publié à la fois ici et dans le RP de "L'ambassadeur K-lean... Empire d'Abrasil".
L'inovation des cross-over au service du RP d'Okord 

Déçu et agacé, Brezekiel sortit de ce lieu de débauche... bien malgré lui. La nuit était déjà tombée, sans faire de mal à personne hormis à un curieux bonhomme qui, courtaud et d'avantage lourdaud, avait à charge d'allumer les lampes de foie de baleine qui trônaient sur les piliers soutenant le balcon. Trop petit pour réellement atteindre les lampes, situés au dessus de tête d'homme, il avait un petit tabouret qui, en s'enfonçant dans le sol boueux et mal entretenu de la rue, lui faisait perdre autant qu'il lui faisait gagner. De plus, il tenait un boute-feu trop court pour la tâche et manquait de se renverser les lampes sur lui en s'agrippant à elles pour se hisser.

Par pitié, Baraneg s'approcha de lui et le souleva de ces deux mains puissantes, sous les aisselles et hop, une lampe allumée en quelques secondes. De son côté, Brezekiel s'habituait à l'obscurité et... vit tout de suite qu'un nouvel occupant était arrivé sur l'espèce de quais -un amas de rondins pourris en vérité-.
-"Bara, un bateau vient de s'amarrer, laisse ce brave homme à ses corvées, voilà notre chance !"

L'autre le suivit sans égard pour son fardeau, qu'il reposa au sol dans une absence flagrante de douceur. Le costaud fit un signe de ses mains, imitant un objet plat, une table sûrement.
-"Oui, c'est un navire du nord, le climat y est rude et les eaux déchaînées, regarde comme il est long pour mieux tenir dans le creux des vagues, plat et léger, il file droit sur les flots et ne s'enfonce presque pas. Un navire de course pour sûr. Avec ça, nous pourrions rattraper notre retard".

Son acolyte lui mima une série de gestes et termina en cognant son poing droit dans sa paume gauche.
-"Non, oublie ce maudit pirate, il sera pendu tôt ou tard vu son comportement, ce n'est plus notre problème. Prends ton air le plus poli, j'aperçois de sacrées silhouettes sur le pont, comme toi. Vous pourriez vous entendre ? Ou vous taper dessus qu'en sais-je ?"

Ils arrivèrent à portée de voix, mais s'approcher trop près aurait été inutile -et dangereux-.
-''Héla du bateau ! Lança le diplomate à un homme en train de rouler des cordages, d'un âge certain mais à la carrure indéniable de combattant".

Le vieux Omånn Dø entendit quelqu'un appeler mais ne s'en préoccupa pas, ne pensant pas que cela lui était adressé. Il était face au bateau, dos à la rive et poursuivait ses attaches.
Ne se laissant pas démonter, Brezekiel s'avança d'un pas assuré, en regardant par dessus son épaule si Baraneg avait pris son plus beau sourire -ou s'il était bien derrière lui-. Il était là, immobile et calme.

-Hého messire ! Oui vous sur le drakkar ! Puis-je vous entretenir un moment ?

Omånn Dø comprit cette fois-ci que c'était pour lui. Toujours agenouillé il tourna juste la tête pour voir qui arrivait vers lui. Il ne distingua que deux silhouettes dans la nuit plus sombre. Comme il n'avait pas terminé il héla simplement K-lean.
-K-lean ! Du monde pour toi !
-K-lean vous dîtes ?" s'étonna le militaire. "Je connais un K-lean ! Seriez-vous le comte qui a été appointé par le Roi pour partir à l'ouest par hasard ?
-'Et vous lui voulez quoi ? suspecta l'intéressé.
-Ah oui, navré. Je manque à tous mes devoirs. Vicomte Brezekiel, ambassadeur du Roi pour les terres du sud, cher Comte. Nous sommes collègues ! Quelle coïncidence de vous trouver sur cette petite île, je ne la savais pas si réputée ?

A ces mots, le comte se détend et va se poser juste devant Brezekiel. Derrière lui, les hommes descendent du drakkar et s'approchent :
-Ah ! Enchanté ! Je me demandais qui pouvait bien m'avoir espionné pour savoir que nous venions ici. Mais ne devriez vous pas être déjà partis d'ici ? J'ai ouïe dire qu'un navire vous attendais en partance pour ... vous allez où déjà vous ?
-Espionné ? Ah oui je vois, j'arrive, je vous connais, au milieu de nul part... J'aurais également été soupçonneux. Et bien figurez vous que je suis tombé sur un être peu conciliant. J'avais convenu avec le Roi qu'utiliser une grosse escorte serait criard et coûteux. J'ai même vu un ambassadeur proposer de partir avec une petite armée. Aussi me suis-je dit qu'un seul homme pour m'accompagner ne serait pas de trop. Mais apparemment mon pirate, je pense qu'il en était, a refusé. Croyant qu'un vicomte d'Okord allait se promener vêtu d'un sac à denrées et sans personne. Quand je vous vois, en mission avec votre vingtaine de camarades, quelle chance ! Bref, il est partit comme il est venu et je ne suis toujours pas sûr d'avoir bien compris son nom. C'est un peu pour ça que je me suis approché... Je ... comment dire... je suis à pinces pour me rendre dans le détroit des Fournaises, je pensais que vous pourriez me prendre... Mais je sais que vous n'allez pas au sud, loin de là. Loin tout court d'ailleurs, einh ?''

A mesure qu'il parlait, K-lean le regardait bizarrement, levant même un sourcil interrogateur.
-J'ai pas bien pigé ce qui vous est arrivé mon brave. Mais laisser filer son guide c'est une sacrée belle boulette que vous avez fait là ! Bon, c'est pas tout ça mais pourrait-on aller cause de tout ça à l'intérieur ? Y'a bien une petite taverne où on peut se rafraîchir ?
-Laisser partir mon guide vous dîte ? Ma foi, hormis le retenir par la force et débuter fort mal ma mission de diplomate, je ne vois pas comment j'aurais pu faire autrement. Il n'était pas intéressé par l'argent, sinon il serait resté, et puis je crois qu'il n'avait pas compris les impératifs de ma mission. Peu importe. Vous cherchez une taverne ?! Malheureux, oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les tavernes mon ami. Je vais vous présenter le meilleur lieu pour oublier ses tracas, votre long voyage ou mes soucis de guide. Je vais vous amener au "Petit Trou perdu" vous m'en direz des nouvelles !
-Haha !! Rien que le nom me donne envie d'y aller ! En disant cela, il se retourna vers l'équipage pour leur donner quartier libre jusqu'au petit matin. Aussitôt les solides gaillards se séparèrent dans toutes les directions. Le plus rapide étant Nåki Bøøl qui partit en courant, le sourire aux lèvres ... pour une fois. Puis le comte se tourna vers Brezekiel, et commença à avancer. ''Bon alors, c'est où votre ... "pain perdu" là ?''.
-Cette île est toute petite, tout est à deux pas c'est son principal avantage. Mon verrez mon bon Comte, elle fait de bons amis. A ce propos, je vous présente Baraneg, c'est mon serviteur, dirons-nous. S'il vous faut quelque chose, surtout ne lui demandez pas, j'ai déjà du mal à ce qu'il m'obéisse à moi. Mais en cas de grabuge, comptez sur lui. Ah... il ne parle pas, ne vous tracassez pas à engager la discussion, filons directement manger de bonnes tartines dans l'établissement dont je vous ai parlé !

A peine eurent-ils échangé quelques anecdotes sur leur mission respectives, qu'ils furent déjà rendu devant l'établissement L'île était réellement un fond de poche. Un petit patio tenait lieu de salon extérieur, son toit n'étant que les balcons des filles travaillant en chambres privées, à l'étage. Tenant le couloir couvert qui faisait le tour du bâtiment pour accéder aux petites chambres, les piliers de bois servait aux filles qui n'étaient pas de service pour s'y frotter et ainsi appâter le chaland.
-"Nous y voilà !" lâcha Brezekiel avec un sourire entendu. "Faîtes attention à vos tartines, le beurre coûte cher par ici".

Du sang coulait d'une narine de K-lean, bouche bée à observer les demoiselles. Omånn Dø, le seul à avoir accompagné K-lean, prit la parole.
-Et vous êtes sûr qu'on peut bouffer là dedans ? Faudrait pas nous présenter le dessert alors qu'on mangerait bien un bout de steak !
-Mon bon ami, manger n'est pas la première chose qui me viendrait à l'esprit ici. Pensez que si votre voyage ne fait que débuter, il a déjà été bien long, et le sera encore plus. Pensez à la nourriture du corps, et tant pis pour celle de l'esprit. Quoi que, certaines vous feraient la lecture en même temps, pour peu qu'elles sachent lire ! Toutefois, si vous êtes comme Baraneg, désintéressé des matières physiques, la matière culinaire devrait vous combler suffisamment... A condition que tout ce que vous ayez mangé ces derniers jours sott du poisson salé accompagné de soupe de poisson salé. J'y ai vu quelques victuailles plus tôt dans la journée, je m'y suis rendu pour affaire mais le marin que je cherchais... était tout à son affaire.
-Ça nous ira ! Omånn Dø attrapa K-lean, toujours bouche bée, par le col et l'emmena à l'intérieur.

Étrangement, l'orchestre de nuit était moins chaotique que celui de la journée. Il faut dire que bon nombre de marins de passage avait déjà repris la route, ou la mer. Laissant le ''Petit Trou Perdu'' à des clients plus fortunés, plus raffinés. Le groupe d'amis s'était installé à droite en entrant, près d'une zone où deux dames se faisaient des massages sur un tas de coussins de toutes les couleurs. Toutefois, elles n'avaient pas l'air de connaître leur affaire car aucune ne s'occupait du dos de sa partenaire, c'était pourtant la zone qu'il fallait souvent masser chez les gens. En voyant les deux nobles arriver, le patron de l'endroit, un type dodu entre deux âges, avec un chiffon autrefois blanc dans le pantalon, leur avaient donné une excellente table. Ils avaient vu sur les coussins... bien qu'ils aient une sorte d'alcôve privée avec des murs en rideaux, bien évidemment transparents, mais de belles voilures en soie, en satin et en lin. Pas trop près des musiciens pour pouvoir se parler, pas trop loin non plus afin que les trois danseuses perchées sur leurs support en marbre, peut-être à une époque réservés à des statues, puissent se dandiner en rythme.

L'une d'elle portait un voile qui masquait la moitié de son visage, elle venait à n'en pas douter des steppes d'Yselda vu sa couleur de peau. Une peau fort charmante, qu'elle ne se lassait pas de montrer presque dans son intégralité. Une autre danseuse portait un voile... mais autour de la taille. Elle ne devait pas avoir les moyens de se payer un tissu plus conséquent que cela sûrement, car le voile était transparent et ne cachait pas vraiment... sa peau imberbe. Heureusement que le climat de l'île était généreux, sinon elle aurait attrapé froid. La troisième danseuse devait avoir des problèmes de puces dans ses draps, car elle se frottait un peu partout, comme si cela la démangeait. Elle portait une tenue en trois pièces. Une pièce sur son bas-ventre, une pièce sur le sein gauche et la dernière sur le sein droit. Elles étaient reliées entre elles par un savant entremêlement d'étoffes, une tresse à deux brins. Brezekiel ayant une solide connaissance de la marine, savait qu'il fallait trois brins pour cela en temps normal, il était donc subjugué par cette prouesse. Cela et le fait que la danseuse soit d'une souplesse remarquable, elle arrivait à poser l'un de ses pieds sur son épaule en s’arque-boutant vers l'arrière. Cela captiva l'attention de K-lean qui s'en approcha un instant avant de s'asseoir. Elle se pencha vers lui, certainement pour lui montrer les tresses à deux brins, et pour l'en remercier le Comte glissa une petite pièce dans la seule poche qu'elle avait sur elle, sa culotte. Il rejoignit rapidement les trois autres, qui venaient de se commander une bière chacun, afin d'effacer la poussière du voyage pour les uns, et profiter de la soirée pour les autres.

-Je vous vois fort intéressé par les services que proposent cet établissement, j'en suis fort aise. Mais avant d'être soul, ou sous quelqu'un, pourriez-me dire si une promenade en bateau est possible ?
-Hein ? Ha oui, oui bien sûr on peut faire une ballade en knorr. Mais pourquoi ?

Omånn Dø, lui, s'était adossé et ferma les yeux en attendant son plat. Le comte lui, ne perdait pas une miette du spectacle de danse mais également des coussins multicolores.
-Votre navire se nomme Knorr ? J'adore ! Et bien je cherche à rallier le sud, dans les deux sens du terme. Il me faut me hâter pour me présenter aux barons des fournaises, bien que j'ignore encore tout d'eux. Je trouverais en chemin, abandonner ma mission serait abandonner mon royaume et tous ses habitants, sauf ceux que je pille régulièrement bien sûr.
-Hey ben on y est dans le sud... Il regarde à nouveau une demoiselle déambuler et rouler des hanches. ''Clac clac !'' fit Baraneg de ses doigts, il n'avait pas perdu une miette de la conversation. ''Oui pardon. Euh ben on peut vous emmener chez Pouet Poue... Euh, chez la Duchesse Alania. Un petit peu plus au sud, elle y a la forteresse Miramare, juste à côté j'ai un fief Abraktec. Je vous fais une missive où je demande à mes ébénistes de vous rafraîchir barque et voilà."

A peine eut-il finit sa phrase qu'il s'était déjà retourné de nouveau vers une autre demoiselle. Son autre narine se mit à saigner.
-Comte K-lean, ce serait un plaisir de naviguer avec un de vos navires, et un honneur de partager le votre pendant quelques ! Mais par les dieux anciens, faîtes donc attention à votre sang, je gage que ce soir il serait bien plus utile ailleurs que sur le sol !
-Hein ?! Ouais ouais c'est ça... répondit-il alors que son attention se portait plutôt sur les plats en train d'arriver.
-Haaaaaa !!! A bouffer !! Omånn Dø se redressa d'un bond et fixa l'arrivée des plats, et de sa porteuse en petite tenue. Les deux hommes se jetèrent dessus -sur les plats-. K-lean engloutit de gros morceaux à peine coupés et parla à Brezekiel la bouche pleine.
-Bon ben *schcroumpf schroumpf* on se voit demain matin ici même hein ? Faut qu'on se repose nous .... hu hu hu, il sautillait sur place.
-Le fameux repos du guerrier, le tança Brezekiel en regardant la serveuse repartir, vêtue simplement d'un tablier et... de rien d'autre en dessous. "J'hésite à prendre un chambre ici, dormir ou ne pas dormir, telle est la question. Je me demande bien ce que vous allez choisir vous, Comte ?

La bouche ouverte, encore en train de mâchouiller ce qui semblait être du porc, K-lean avait les yeux fixés sur le postérieur de la serveuse. Son mâchouillage ralentit, peut être que son cœur aussi...
-J'crois qu'on va rester là, répondit Omånn Dø qui venait déjà de finir son assiette.
-J'sais pas si on va dormir *clin d'oeil à Brez* mais on va rester là cette nuit c'est sûr. Il prit son assiette et la lécha pour en finir la sauce.
-Quitte à ne pas dormir, je vais aller tenter ma chance chez une lavandière entreprenante que j'ai croisé plus tôt dans la journée. Elle a essayé de me trouver un navire, même si elle aurait sûrement réclamé une récompense pour se faire, mais bon. Par rapport à toutes ces dames, elle à l'avantage de ne pas travailler ici. J'aurais mauvaise conscience de payer pour du bon temps, je ne l'ai encore jamais fait. Et puis, j'aime les dames délaissées, celles qui ont trop de succès ne se donnent pas le mal que j'attends d'elle. Cher Comte, je sais reconnaître lorsque ma compagnie est de trop, aussi sûrement qu'une table à cinq pieds ou un navire en cale avec trois béquilles. Aussi, ne me reste plus qu'à vous souhaiter la bonne nuit ! Il lui adressa un clin d’œil entendu en inclinant légèrement le buste.

Le vicomte s'était relevé de la table, cachant la vue de K-lean.
-Mhhhh ! Mais poussez-vous de là vicomte ! Qu'est ce que... Oui oui, on verra ça demain !! Il se leva et poussa Brezekiel sur le côté pour pouvoir admirer une autre serveuse qui n'avait attaché que la taille de son tablier, laissant se balancer à l'air libre une poitrine plus que généreuse.
-Hey les garçons, et si on passait au dessert ?...

(Fin du RP co-rédigé)

Brezekiel s'éloignait avec regrets, accompagné de Baraneg, toujours silencieux. Il sourit en entendant le vicomte appeler les trois danseuses à sa table, il criait déjà qu'il leur donnerait cinq pièces de cuivre chacune si elles arrivaient à y tenir toutes les trois. Impossible bien sûr, à moins de se serrer... très serré ! C'était sûrement le but de la manœuvre. Et ça pour manœuvrer, il avait l'air de savoir sacrément bien manœuvrer. Le vicomte expliquait à renforts de gestes comment Baraneg allait le lancer pour qu'il puisse attraper le rebord de la fenêtre et se hisser élégamment en haut. L'autre lui rétorqua par gestes interposés et rapides qu'il serait tout aussi bien de trouver les escaliers, et que lui irait dormir dans la paille propre d'une écurie qu'il avait repérée.
-Oui et non mon cher. Je ne pense pas qu'elle soit du genre à ouvrir sa porte au premier venu, et elle ne s'attendra certainement pas à ce que je rentre par la fenêtre ! Il faut soigner ses entrées mon vieux, c'est une méthode éculée de générations de séducteurs à une autre.

Baraneg arrivé dehors le premier, sourit en voyant que la fenêtre de la donzelle avait astucieusement été laissée entrouverte, une chandelle brûlant lentement sur son rebord intérieur. Il pensa pour lui même : "elle ne s'y attendra certainement pas..." ; tandis qu'il posait une main sur une menuiserie décorative saillante afin que son maître y pose son pied d'appuis.

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