Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

K-tåås Trøf · 2018-05-25 15:01:53

Le soir venu, K-lean et Sparr Hoff avaient eut pu rejoindre la terrasse tandis Elvane restait en compagnie des musiciens sur des airs qui lui rappelait son enfance et Naki Bool lui restait en compagnie d'Elvane pour parfaire sa compréhension de la culture Abrasilienne comme il disait pour mieux cacher son souhait de rester auprès de la seule femme du groupe.

"Je ne comprends toujours pas comment on peut faire attendre plusieurs jours des ambassadeurs qui ont parcouru autant de distance pour venir rencontrer l'empereur.

- Sparr Hoff, regarde un peu ce qui t'entoure. Regarde ces ruelles, ces maisons, ces quartiers à perte de vue. Imagine toi que déjà en Okord le Roi est harcelé de questions et de décisions à prendre. Que chaque mot qu'il prononce est décrypté, analysé, critiqué et remis en cause par ses détracteurs et ceux qui veulent lui prendre sa place. Imagine ici ! Cette capitale est tellement peuplée qu'il doit s'y passer plus de choses en une journée que durant une semaine dans chacune des provinces okordiennes. Et surtout, le gourou a l'air de beaucoup retenir leur attention. Entre un danger à tes portes et un risque à des milliers de lieues de là, il est évident que nous ne sommes pas la priorité de Torchon.

- Tu devrais éviter de le surnommer comme ça ici K-lean.

- C'est pas faux Sparr Hoof. Surtout quand je serais devant lui, ha ha !

- N'empêche que c'est bizarre cette histoire de fanatique, on n'en a quand même éclaté un paquet sans subir de pertes. J'ai du mal à croire que les armées Lumoédiennes et d'Abrasil aient des difficultés contre cette armée de pantins.

- Tu sais, le rassemblement que j'ai pu voir du haut de la dune était véritablement impressionnant. Je n'avais jamais vu autant d'hommes réunis au même endroit.

- D'accord, mais regarde cette capitale, l'armée d'Abrasil doit être tout aussi impressionnante. Nous avons combattu des mecs sans entrainement, sans armure, sans cavalerie. Abrasil doit bien avoir une armée d'archers qui stopperait ces religieux avant même qu'ils lancent un assaut.

- A mon avis il y a autre chose que le simple fait de battre cette armée. Ce gars là, ce prophète, il est parti de rien si j'ai bien compris et il a amassé des foules au fur et à mesure de ses batailles. Je ne serais pas étonné qu'Abrasil et Deomul chercheraient plutôt à limiter le nombre de pertes humaines, l'armée des fanatiques est surement peuplée d'Abrasiliens et de Lumoédiens qui y sont contre leur gré.

- On en saura surement plus en interrogeant Estun.

- Ca tombe bien Sparr, le voilà.

- Ha vous voilà, je ne pensais pas que vous étiez déjà monté. - leur dit l'émissaire Estun Dodrio en arrivant sur la terrasse

- Nous avons demandé notre chemin à quelques serveurs émissaire. Et la vue est tout simplement à couper le souffle !"

Les trois hommes restèrent silencieux quelques minutes en observant la vue.
Le soleil se couchait à l'horizon, les quelques nuages prenaient une teinte rosâtre et se reflétaient dans le fleuve.
De l'autre côté du fleuve, K-lean pouvait apercevoir quelques lampes qui s'allumaient sur les quais.
La foule du soir prenait place à son tour après celle du jour.
Les petits groupes de musique et les badauds qui danseraient jusque tard dans la nuit remplaçaient ceux qui avaient travaillé dans les ruelles.
Les ruelles étaient agitées la nuit, et pourtant de là K-lean n'entendait que légèrement la petite musique du groupe qui jouait encore à l'intérieur au rez de chaussé.
Cette terrasse était effectivement un endroit paisible et calme, une pause dans cette capitale toujours éveillée.

"C'est ici que je viens réfléchir lorsque j'ai besoin de calme."

K-lean dévisagea l'émissaire qui contemplait la vue. Il remarqua une petite lueur dans ses yeux.

"Vous semblez très attaché à ce lieu, Estun.

- Ce n'est qu'une modeste demeure, une simple terrasse qui a l'avantage d'être isolé du bruit mais qui possède une très belle vue.

- Mais vous aimez être ici non ?

- J'aime contempler Ohm. Cette capitale résume toute l'histoire et toute la culture de notre peuple.

- C'est pour cette raison que vous n'aimez pas rester longtemps dans d'autres contrées ?"

Estun Dodrio se tourna vers Sparr Hoof, le dévisagea et lui répondit sèchement.

"Comment pouvez vous vous permettre de juger la façon dont je réalise mes missions ? Grand archer que vous êtes, vous avez de meilleurs yeux pour chasser le lapin que de me dire ce que je dois faire.

- Veuillez l'excuser émissaire, mais ce qu'il voulait dire c'est que nous avons toujours ressenti que vos séjours en Okord ne semblaient pas vous ravir.

- Messire K-lean, j'espère qu'un jour vous aurez assez de recul pour juger du tempérament des Okordiens. Vous n'êtes que des barbares, dès que vous changez de roi ou de polémarque vous changez toutes les règles qui régissent vos gouvernements ou vos dictatures. Regardez !"

Estun Dodrio leur montra d'un large mouvement des bras tendus devant lui, la vue de la capitale.

"Croyez vous que l'on puisse bâtir une telle cité en se faisant la guerre à tout bout de champ ? Nos empereurs se sont succédés, nos villes se sont agrandies, nos marchés ont prospéré, nos routes commerciales vont aux limites du monde connu mais ces murailles qui nous entourent sont intactes depuis des dizaines d'année !

- Faire la guerre c'est ça notre culture mon cher Estun Dodrio. - répondit K-lean en souriant.

- Et c'est pour cela que vos plus grandes citées ne sont qu'un amas de ruelles boueuses. Certains de vos congénères ne respectent même pas la culture ou la simple beauté des choses. Tenez, le meilleur exemple est la destruction de la grande bibliothèque de la princesse Elverid. Comment un tel ouvrage peut-il être détruit ? Par un autre Okordien en plus ? Et sans que le Polémarque ne le sanctionne ?
Vous n'êtes que des barbares. Je vous souhaite de vous en rendre compte le plus tôt possible, peut-être que vous pourriez conseiller le roi différemment."

Les propos de l'Abrasilien touchèrent K-lean, jamais il n'avait exprimé son ressenti à ce point.
K-lean observa la nuit tomber, les rives et les nuages se teindre en sombre.
La cité changea d'apparence, la hauteur des monuments se démarquaient ainsi encore plus de l'horizon, démontrant encore plus leur superbe et leur ancienneté aux yeux de K-lean.

"Vous avez surement raison Estun... - marmonna K-lean dans ses pensées

- Haem ... Emissaire ?

- Oui l'archer ?

- On se demandait, qu'est ce qui fait que vous n'ayez pas encore réussi à détruire l'armée des fanatiques ?"

Eugénée Anet · 2018-05-25 16:33:29

La question fit sourire le diplomate. Comme tout était simple chez ces barbares.

Je pourrais vous répondre que les arcanes de la politique d'Abrasil ne vous regardent pas, messire Sparr Hoff. Mais voyez-vous, je suis en vaine de confidences, ce soir.

Estun Dorio s'accouda à la balustrade et contempla le soleil se coucher tout en parlant, comme s'il se confiait à lui-même.

Dans sa prime jeunesse, l'empire d'Ohm était peu étendu. Il était entouré de voisins belliqueux, un peu comme vous..... Il les traitait donc de la façon dont vous traitez vos voisins.
Dès qu'une occasion se présentait, succession, affront politique, incident de frontière, l'empire rassemblait ses légions et comme il était passé maître dans la technique de la guerre, il écrasait ses ennemis et intégraient leurs terres à l'empire. C'est comme cela qu'il atteint une taille telle qu'il fallait presque un an à une caravane pour le traverser.

Il se mit à regarder Sparr Hoff.

Je ne crois pas qu'Okord devienne un jour un grand empire. Vous n'avez aucune notion d'ordre. L'ordre! Voilà la première vertu pour fabriquer la grandeur.

Il se retourna encore vers le fleuve et continua son monologue

Bien sûr l'empire d'Ohm n'existe plus, ou plus exactement il est scindé en trois empire, Elva, Abrasil et Déomul. Nous partageons beaucoup de choses en réalité à commencer par une culture très raffinée. Nous sommes frères en quelque sorte, mais des frères ennemis.
Ceci dit, rien ne dit que cette désagrégation de l'ancien empire d'Ohm soit terminée.
C'est une règle immuable de ce monde. Aucun arbre ne peut grimper jusqu'au ciel. Un jour ou l'autre la foudre le brule, ou les vers le mangent.

Cette pensée le fait sourire. Peut être pense-t-il à la fin de toute chose et à la sienne en particulier.

Nos empires sont encore très vastes et surtout peuplés d'un grand nombre d'ethnies.
Je vous traite d'Okordiens, car pour moi, tous les barbares qui vivent dans cette province lointaine sont semblables. Mais j'ai sans doute tort de le penser. De même il est faux de prétendre que l'empire d'Abrasil est peuplé d'Abrasiliens.
Il y a des Orronites, des Karmutes, des Kighans, des Mésoriens, des Thermates, des Mérauviens, des Dalmovides et plusieurs dizaines d'autres ethnies ou peuples, certes membres de l"Empire, mais ayant conservé leur langue, leur coutume et même leurs dieux.

Nombreux sont sensibles à la religion du prophète. Je ne dis pas qu'ils pourraient se soulever, mais il n'est pas aussi facile d'envoyer des troupes massacrer ces gens car nous ne serions pas entièrement sûrs de la fidélité de nos propres hommes dans une telle hypothèse. C'est une chose de défendre une frontière, une culture commune, un modèle économique et social que les abrasiliens apprécient.....pour ceux évidemment qui en profitent. C'en est une autre que d'envoyer une armée massacrer ces illuminés qui pourraient être, pour un grand nombre de nos soldats, leurs frères de croyance.
Le prophète dispose d'une armée avec laquelle il met Ponobar et le coeur de cendres à feux et à sang, mais son arme la plus redoutable ce sont ses prêches. C'est pourquoi nous pensons, avec Déomul, qui est confronté au même problème, que la solution passe par son assassinat plutôt qu'à une confrontation militaire.

J'ai cru comprendre, d'ailleurs, lors de ma mission diplomatique à Thérunna, que Déomul avait envoyé des mercenaires Okordiens à la recherche du prophète pour lui prendre sa tête et la ramener au Pas du Géant. Seraient-ce des amis à vous?

K-tåås Trøf · 2018-05-28 10:09:53

Du coin de l'oeil K-lean senti le regard pesant de Sparr Hoff immédiatement après la question posée par Estun Dodrio.
Sparr Hoff avait toujours eut cette vivacité d'esprit qui le faisait réfléchir et décider beaucoup plus rapidement que les autres.
Son meilleur archer voulait certainement lui signifier de ne pas répondre à cette question, ou d'y répondre par un mensonge.
K-lean décida de détourner la question mais sans mentir, pour tenter de savoir si Estun Dodrio connaissait déjà la réponse à cette question et ce qu'il pensait de leur mensonge envers Deomul.
" Je ne connais pas d'autre mission Okordienne que la nôtre qui ait été envoyée dans cette région. Et je connais encore moins les agissements des mercenaires qui n'agissent que pour leur propre compte.
Mais au travers de notre périple, nous avons appris qu'il y avait eut plusieurs missions d'assassins envoyés par Deomul et que toutes s'étaient soldées par des échecs.
Nous avons dû faire face à un régiment de cette armée d'ailleurs, Yggnir était de notre côté et nous avons pu fuir même si nous avons perdu plusieurs frères d'armes.
Qu'en est-il d'Abrasil ? Avez vous employé les mêmes méthodes ? "

Eugénée Anet · 2018-05-28 17:01:40

Estun Dorio était trop fin pour ne pas deviner que derrière la réponse sibylline de K-lean se cachait ce dont il se doutait depuis qu'il l'avait récupéré à Thérunna.
Ainsi sa troupe avait fait la connaissance des illuminés. C'est donc qu'ils s'étaient baladés de l'autre côté du "Flumine Deomulis".
Sans doute à Ponobar. Et si K-Lean savait que Déomul avait envoyé des assassins, c'est qu'il avait pris langue avec un responsable assez élevé pour être lui-même au courant. De là à penser qu'ils avaient été engagés comme mercenaire, le pas était facile à franchir. Le tout était de savoir s'il s'agissait du but de leur mission ou bien d'un simple aléa du grand périple qu'ils avaient effectué.

En tous cas, ces mercenaires ont échoué. Le prophète est toujours bien vivant. Nous n'avons pas envoyé d'assassin pour le tuer mais un espion qui fait maintenant partie de son entourage proche et qui nous tient au courant de ses moindres faits et gestes. Si ces Okordiens avaient respecté le contrat, nous le saurions.
Heureusement d’ailleurs car si l’élimination du prophète est une priorité pour nous, nous divergeons sur la méthode. Un assassinat au vu et su de tous, le transformerait en martyr. L’empereur Torkson préférerait qu’il lui arrive un accident malencontreux, comme une mauvaise chute dans les escaliers.

Estun Dorio se tut, le regard dans le vague, un sourire aux lèvres, comme s'il se représentait le prophète en train de dévaler un énorme escalier de marbre en se brisant les os un à un.

Malheureusement le prophète vit au ras du sol. Conclut-il

Un empoisonnement serait évidemment la solution idéale....

Là aussi, l'idée resta comme en suspens, le temps d'en éprouver la validité.

Malheureusement le prophète ne boit ni ne mange rien qui n’ait été gouté au préalable.....

...Ou alors utiliser de l’extrait de digitale pourpre, et la verser à petite dose dans sa boisson jusqu’à la dose léthale, mais cela demande d’avoir accès aux boissons, or le prophète n’utilise qu’un seul échanson qui se trouve être son frère.

Estun Dorio soupira.

Enfin tout cela n’est pas votre problème.
Vous êtes venus en ambassade pour rencontrer l'Empereur.
Et lui apporter la bonne nouvelle, je suppose, que votre roi est revenu à des sentiments plus raisonnables et qu'il renonce à quitter le giron de l'empire.

K-tåås Trøf · 2018-05-28 18:22:59

Estun Dodrio, d'habitude si secret, avait tout déballé d'une traite.
K-lean fut surpris d'obtenir autant d'informations, aussi délicates, aussi rapidement.
Il ne sut pas tout de suite comment interpréter sa réponse.
Etait-ce un test pour simplement obtenir des aveux de sa part sur le contrat de mercenaire ?
Etait-ce un test pour savoir s'ils pouvaient tenir leur langue et être de fiables alliés ?
Etait-ce tout simplement que l'émissaire leur faisait assez confiance pour leur annoncer tout cela ?
Ou bien était-ce une erreur commise par un émissaire fatigué de sa journée ?
K-lean observa encore quelques secondes le visage d'Estun Dodrio qui contemplait la vue.
K-lean n'avait pas été missionné pour mentir face à de futurs alliés, il ne pouvait pas prendre le risque de se faire renvoyer chez lui parce qu'il avait caché des choses à ceux dont il venait clamer une aide future. Il ne pouvait avoir envoyé plusieurs de ses hommes à trépas pour revenir les mains vides à cause d'une mauvaise réponse.

"Tout comme le prophète n'est pas le problème des Okordiens du fait de la distance, la Horde n'est pas non plus votre problème aujourd'hui. Votre empire, votre histoire et vos traditions s'écrivent sur des milliers d'années.
Nous ne sommes que des fourmis qui circulons parmi des branches séparées, mais les branches que nous parcourons s'étendent dans la même direction : le ciel et le soleil.
Vous souhaitez conserver la paix en Abrasil contre ces fanatiques, je veux aider mon royaume à se prévenir d'un danger futur de la Horde.
C'est deux dangers pour nos terres sont différents mais ils peuvent devenir celui de l'autre. Il y a déjà des fanatiques sur l’ile de Maravorgues, ils ne sont pas si loin d'Okord.

- Vous êtes passés par l'ile de Maravorgues ? - demanda Estun Dodrio avec une petite lueur dans l'oeil.

- Oui Emissaire Estun Dodrio.répondit K-lean avec un léger sourire Et vous saviez déjà que c'est bien nous qui sommes ensuite passés par le pas du Géant, n'est ce pas ? - Sparr Hoff souffla du nez comme s'il avait retenu sa respiration jusque là.
Nous n'avions pas trouvé d'autres solutions que de nous faire passer pour des mercenaires plutôt que des ambassadeurs Okordiens en route pour Abrasil, connaissant nos rapports relatifs...

- Hum... Je comprends.

- Notre objectif a toujours été de rencontrer l'empereur Torkson, nous n'avions jamais entendu parlé de cet illuminé avant de franchir la frontière. Ce contrat n'était pour nous qu'un moyen de passer le pas du Géant et de se rapprocher d'Abrasil.

- Je vous crois Messire K-lean.

- Surtout que le contrat a été signé par notre frère Omann Do et qu'il s'est noyé.
Maintenant... Nous ne sommes pas des assassins tel que Déomul en a recruté et notre relative discrétion ne nous permettrait pas de jouer aux espions d'Abrasil, mais peut être que nous pourrions tout de même vous apporter notre aide en gage de notre bonne foi Emissaire ?"
L'émissaire haussa les épaules et se tourna de nouveau dans l'observation du rivage.
K-lean fit de même.
Starr Hoff regardait les deux hommes accoudés et enfoncés dans leurs pensées durant quelques minutes.
"Il y a peut être une solution ..."

Dernière modification par K-lean (2018-05-28 18:25:58)

Eugénée Anet · 2018-05-29 18:49:58

Estun Dorio ne releva pas la dernière réflexion de Sparr Hoff. Il était encore en train de réfléchir à ce qu'avait dit l'émissaire du roi autoproclamé d'Okord.

De quelle aide parlez-vous, Messire K-Lean? Et que viens faire la bonne foi des vôtres dans cette affaire?
Est-ce un marché que vous êtes venu proposer à l'Empereur?
Mais qu'est-ce qu'Okord pourrait apporter à l'Empire d'Abrasil qu'il n'aurait pas?
A part bien sûr de contenir la horde et de l'empêcher de ravager l'Est du monde?
Mais ce faisant il travaillerait d'abord pour Déomul qui se trouve être en première ligne après vos territoires.
D'ailleurs il serait paradoxal que votre roi, qui a rejeté notre souveraineté sur ce que nous considérons toujours comme une de nos provinces, se dresse contre la horde au nom de la défense de notre empire, ne trouvez-vous pas?

K-tåås Trøf · 2018-05-30 16:18:01

Estun Dodrio avait repris possession de son corps et de ses mots, se dit K-lean.
L'épisode de confidences mutuelles était passé, le ton hautain était de retour.

"Mon Roy Antijaky s'est autoproclamé roi du Royaume d'Okord, certes.
Mais en aucun cas ce n'était de la défiance envers l'empire d'Abrasil ni l'empereur Torkson lui-même.
Souvenez vous que vous avez rencontré beaucoup de nos seigneurs Okordiens, et que vous leur avez demandé de prendre position uniquement pour qu'Okord reste une province impériale, ou qu'Okord devienne un royaume considéré rebelle par l'empire. Vous êtes revenu auprès de l'empereur avec le bilan que la majorité des Okordiens avaient choisi la seconde option et depuis... plus rien ! Nous n'avons plus eut aucune nouvelle d'Abrasil.

- Comprenez bien qu'une petite province comme Okord n'est pas le centre du monde et que nous avons bien d'autres sujets de préoccupations.

- Je ne dis pas le contraire, vous avez parcouru le monde connu bien plus que moi pour juger de la taille des régions du monde.
Mais ce que je veux vous dire c'est qu'il y a toujours eut une troisième option.
Que la princesse Elverid n'aura eut de cesse de vous faire entendre : celle qui fait d'Okord un royaume vassal ou allié de l'Empire d'Abrasil.
Et c'est bien dans ce rôle là que mon Roy Antijaky m'envoie :
Pour le maintien des routes commerciales et pour l'établissement d'une alliance militaire.

- Du commerce et des armées... Je réitère ma question, qu'est ce qu'Okord pourrait apporter à l'Empire d'Abrasil qu'il n'aurait pas ?

- Des routes commerciales plus sûres à l'est, la considération d'un royaume allié plutôt qu'une province rebelle... En tout cas cette entrevue nous permettrait de clarifier les positions de chacun car vous nous considérez encore une province tandis que nous nous considérons désormais royaume.

- Hum, vous verrez ça avec l'empereur. Mais tout de même, vous êtes venu pour qu'Abrasil vous aide à vous défendre de la menace de la Horde ?
Pourquoi n'êtes vous pas allez demander l'aide de Déomul qui est à votre frontière ?

- Nous avons plus de liens avec vous qu'avec Déomul, et ce n'est pas du rejet, d'où notre présence ici. Il n'y a pas eut d'ambassade vers Déomul à ma connaissance, preuve que c'est à Abrasil que nous avons spontanément pensé !
Et pour répondre à l'une de vos premières questions, Déomul et Abrasil savent s'unir contre le prophète, vous sauriez vous unir de la même manière avec Okord, contre la Horde non ?
Okord représente un rétrécissement naturel entre la mer des Fournaises et les montagnes du Gundor. Si une invasion de la Horde arrive de l'est, elle passerait presque à coup sûr par Okord, il serait donc plus simple d'y installer une ligne de défense qu'aux frontières du royaume d'Abrasil ou de Deomul non ?"

L'émissaire Estun Dodrio fixa K-lean et sourit en coin :
"Vous faites dans la stratégie militaire maintenant ?"

Eugénée Anet · 2018-05-31 13:48:56

Je vous conseille de châtier votre langage quand vous rencontrerez l'Empereur.
Je suis un diplomate. Je suis donc imperméable à la colère. J'analyse froidement chaque argument et me contente de voir ce qui est bon ou néfaste pour l'empire. Mais l'Empereur est un dieu et les dieux sont imprévisibles et leurs colères dévastatrices.
Il est un peu manichéen aussi. soit on fait partie de l'Empire, soit on n'en fait pas partie. Il n'y a pas 50 nuances de gris entre ces deux assertions.
Vous devez comprendre la différence qu'il y a entre un royaume libre allié et une province.
Les alliances, ça va, ça vient. On est dans un camp un jour, mais, quand on est un royaume indépendant, on peut choisir l'autre le lendemain en fonction d'intérêts qui ne sont pas ceux de l'Empire.
Vous me dites que votre royaume n'a aucun lien avec Déomul, mais nous ne sommes pas obligés de vous croire. Votre roi aura même pu vous cacher ces pourparlers pour préserver la sincérité de votre ambassade.
Une province, au contraire, est dirigée par un polémarque qui y applique la politique de l'Empire.
C'est le prix à payer pour bénéficier de la protection qu'il accorde à ses provinces.

Faites allégeance à l'Empereur et il défendra vos frontières. Ne le faites pas et il ne se sentira aucune obligation envers vous.
Au contraire, il appréciera avec une certaine délectation que la horde déferle sur vos terres et les ravage entièrement.
Ce sera même un bon exemple à mettre en avant pour remettre au pas quelques provinces séditieuses.

K-tåås Trøf · 2018-06-01 10:09:51

Cet entrevue était une aubaine pour K-lean, il pouvait ainsi préparer la rencontre avec l'Empereur en sachant déjà les arguments et le point de vue qu'il aurait.
L'absence de réponse de la part d'Abrasil après le départ de l'émissaire avait provoqué quelque peu de confusion parmi les Okordiens.
Certains seigneurs avaient pensé que les armées d'Abrasil allaient se préparer pour raser cette province rebelle, d'autres avaient été persuadés d'avoir été entendu et qu'ils étaient désormais libéré de l'empire.
Mais les mots d'Estun Dodrio le frappèrent en pleine figure. Il comprenait que l'Empereur n'avait finalement rien décidé, laissant la situation dans le même état qu'avant la déclaration du Roi Antijaky, préoccupé par d'autres sujets plus important comme l'armée des fanatiques guidés par le prophète.
La missive signée par le Roi Antijaky pouvait encore accentuer le trouble et la confusion puisqu'elle plaçait Okord comme un royaume libre, demandant une alliance avec Abrasil. Sa seule lecture pouvait donc déclencher la colère de l'Empereur.

Seriez vous en train de me suggerer de retourner en Okord pour parfaire mon titre de mission ? Afin qu'il soit plus clair sur notre position envers Abrasil ?
Je n'ai pas traversé toutes ces contrées pour faire demi-tour aux portes du palais de l'Empereur Torkson mon cher Estun Dodrio.
Quitte à me faire renvoyer sur mes terres, j'aimerais autant que cela soit des mots de l'Empereur directement.
Mais même si je repars sans une réponse claire de la position de l'Empereur envers Okord, je reste persuadé que mon Roi Antijaky accepterait qu'Okord soit un royaume vassal d'Abrasil, comme bon nombre de seigneurs Okordiens.
Ce serait la meilleure façon de vous confirmer que nous ne sommes pas des rebelles attachés à combattre Abrasil, et ce serait aussi notre façon de conserver nos traditions, nos habitudes et le titre de Roy.

Je n'ai pas votre expérience de diplomate, Estun Dodrio.
Que me conseillez vous ? Comment devrais-je aborder la discussion ?
Je n'aimerais pas paraitre provocateur ni insultant une fois devant l'Empereur.
Devrions nous faire demi-tour sans avoir rencontrer l'Empereur ?

Eugénée Anet · 2018-06-01 15:50:42

Mon cher, je suis mal placé pour vous donner des leçons de diplomatie. Ce serait inconvenant de ma part.
Retourner à Okord sans prendre langue avec l'empereur me paraît, pour le moins, étrange. On ne fait pas un voyage de 4000 lieues pour se raviser dans les cent derniers pas.
Maintenant je ne connais pas la marge de manœuvre que vous a laissé votre roi.
Vous me parlez de royaume vassal, voilà une expression bien différente de celle d'allié.
Nous savons bien ce que la vassalité représente.... Notamment en terme de devoirs réciproques.
Un royaume vassal n'est pas libre.
Ce n'est pas une province gouvernée directement par l'empereur par le truchement d'un polémarque, mais l'empire y dépêche quand même des troupes et un procurateur dont la mission est de s'assurer que le roi respecte ses engagements vis-à-vis de l'empire.
La question est de savoir si votre roi vous a permis d'aller jusqu'à la vassalité, pour obtenir l'aide d'Abrasil, avec ce que cela comporte de perte d'autonomie, notamment en matière de politique extérieure.

Je vous ai dit le sentiment dans lequel se trouve l'empereur.
Pour ce qui est de l'étiquette, je vous donnerai tous les codes.
Pour le reste....Ma foi. Soyez honnête. Ne faites aucune promesse que vous ne sauriez tenir. Et surtout n'insistez pas si l'empereur vous dit non. Ne cherchez pas à gagner quelque chose.
Votre ambassade peut être un échec. Elle le sera sûrement si vous finissez sur l'échafaud où dans une marmite d'eau bouillante. Elle ne sera qu'un demi-échec si vous rentrez chez vous en bonne santé et avec une meilleure compréhension de ce qui se passe à l'Ouest de vos territoires.

K-tåås Trøf · 2018-06-02 17:02:39

Merci pour vos conseils émissaire Estun Dodrio.
Le courage nécessaire pour aller au combat est bien différent que le courage qu'il faut pour se présenter devant l'empereur.
Je dois bien vous avouer que jusque là je ne m'étais pas posé la question mais plus cette rencontre approche et plus... elle m'inquiète.
Je serais honnête et franc, par ma voix s'exprimera mon roi.
Nous avons suffisamment discuté ensemble pour que je connaisse ses positions et la latitude qu'il m'a laissé.
Merci encore.

Comme pour conclure là cet échange, K-lean se tourna vers la vue et s'accouda sur la barrière en silence.
Il ne voulait pas plus discuter de la latitude que lui avait laissé le Roi Antijaky : il n'y en avait aucune ou presque.

Il repensait à toutes les conversations houleuses qu'il avait eut avec le Roi.
Bien sûr que la vassalité d'Okord envers Abrasil aurait dû être une option, peut être la dernière, mais au moins elle aurait contenté toutes les parties.
Tout le monde y aurait trouvé son compte et cette ambassade se serait soldée à coup sûr par la réussite.
Mais le roi était fier et convaincu.

" Tant que je serais sur le trône, Okord est et sera toujours indépendant. "

Cette phrase concluait toujours leurs discussions, quelque soit la façon dont K-lean tournait ses mots, quelque soit la personne qui apportait son point de vue, quelque soit son rang.
Le roi était certes le plus grand stratège et meneur d'hommes que K-lean ait rencontré, mais il était surtout l'Okordien le plus têtu qu'il connaissait.
Il pouvait laisser des décisions très importantes à la discussion d'autres Templiers, sans même s'en occuper.
Et il pouvait prendre d'autres décisions seul et sans même en parler aux Templiers.
Le sujet de la vassalité d'Okord était le seul sujet de discorde entre K-lean et Antijaky, mais sa loyauté avait tout de même amené K-lean jusque là, à 4000 lieues de ses terres. Il défendrait la déclaration d'Indépendance et il défendrait la mission que son roi lui avait confié, même si ses propres choix n'étaient pas aussi tranchés.

Les paroles de l'émissaire tournoyaient dans son esprit, K-lean préparait son entrevue avec l'Empereur à partir des remarques qu'Estun Dodrio avait soulevé.
Les mots du Roi qui avaient scellé son départ lui avaient pourtant paru si simple :
" Reviens nous avec la carte de votre voyage à l'ouest pour Eugénée Anet,
Reviens nous avec une alliance militaire avec Abrasil contre la Horde,
Reviens nous avec un maintien des routes commerciales avec Abrasil,
Reviens nous vivant."

Dernière modification par K-lean (2018-06-02 17:10:25)

Eugénée Anet · 2018-06-07 00:04:42

Après deux semaines d'attente, Estun Dorio rentra un soir avec la bonne nouvelle tant espérée.

L’empereur vous recevra en audience demain matin. Cependant il y a un petit détail qui peut vous chagriner.

- Quel petit détail, Emissaire Dorio ?

- La rencontre ne sera pas officielle.

- Et pourquoi donc ?

- Pour l’Empereur, la province d’Estybril fait toujours partie de l’Empire. Il se déjugerait en recevant officiellement un ambassadeur du roi d’un royaume libre d’Okord. Ce serait admettre votre indépendance et lui donner une reconnaissance politique.
Vous n’irez donc pas au palais.
C’est le roi qui viendra ici. Il vous recevra dans la grande salle d’apparat. J’ai déjà pris des dispositions pour éloigner mes esclaves. Ils seront remplacés par des gardes de l’Empereur.
Voici comment se déroulera l’audience. Vous resterez debout devant l’empereur à une dizaine de pas de son trône qu’on aura placé là. Vous serez seul et uniquement accompagné d’un interprète. Vos camarades et moi attendront sur la terrasse. Ne saluez pas l’Empereur, ne le regardez pas dans les yeux, n’avancez pas vers lui sous aucun prétexte. Quand il jugera l'audience terminée, l'Empereur vous congédiera et vous partirez comme vous serez venu.
Je viendrai vous chercher demain. Est-ce bien compris ?

K-Lean acquiesça d’un mouvement de tête. Il ne pouvait que se plier aux exigences de l’Empereur.

Il passa une très mauvaise nuit, essayant de trouver des formules élégantes pour présenter sa requête. Il regrettait de n’être pas doué pour la rhétorique. Si Antijaky l’avait bien choisi pour sa témérité qui lui avait permis de triompher de tous les obstacles, il sentait qu’il n’était pas l’homme de la situation pour le dernier et le plus important.
Au petit matin, il fût réveillé par le bruit des sandales cloutées et les tintements des épées sur les cnémides de bronze des légionnaires. Dans un brouhaha fait de piétinement et d’ordres gueulés par les capitaines, la garde impériale prenait possession des lieux.

K-Lean s’habillait quand Estun Dorio vint le chercher. Ils montèrent sur la terrasse ou ils purent prendre une collation. K-Lean n’avait pas faim mais terriblement soif. Il bût une grande coupe de jus de fruit en regardant le soleil se lever.
Un homme vint le chercher. C’était l’interprète. Il le conduisit à travers un dédale de pièces jusqu’à la grande salle d’apparat. Elle était encore fraîche de la nuit, mais la lumière rasante commençait à l’illuminer. L’Empereur attendait, assis sur un trône qui avait été surélevé d’une bonne toise, pour l’occasion.

Les deux hommes avancèrent jusqu’au bord d’un tapis qui marquait la limite des dix pas. Ils étaient bordés par deux gardes, la main sur le pommeau de leur épée. Derrière l’Empereur, deux archers, arc en main, une flèche encochée, guettaient le moindre signe suspect.
K-lean resta planté comme un piquet, sans un mot, attendant que l’Empereur lui adresse la parole. Il se concentrait sur les pieds chaussés de pantoufles entièrement couvertes de fils d’or, de l’illustre monarque pour ne pas être tenté de le regarder en face.

Nota: Pour des raisons de simplification, afin d'alléger le récit, les propos de l'Empereur sont traduits directement.

Vous avez fait un long voyage pour me voir ! J’espère que c’est pour m’apporter de bonnes nouvelles ! Parlez ! Je vous écoute !

K-tåås Trøf · 2018-06-07 13:03:15

Ne le salue pas,
ne le regarde pas dans les yeux,
n’avance pas vers lui.

Rencontrer l'Empereur était une épreuve pour K-lean, peu coutumier des protocoles et des particularités de bonne conduite.
Heureusement pour lui, cette rencontre se faisait chez Estun Dodrio, avec pour seuls spectateurs les gardes de l'Empereur et son interprète.
Il s'était senti tout de suite plus rassuré en entrant dans cette grande salle presque vide...

Mais les premiers mots de l'Empereur le firent paniquer, il pensa à toute vitesse :
"Putain du nord, des bonnes nouvelles ?!
Se pourrait-il qu'Estun Dodrio ne l'ait pas informé du but de ma mission ?!
Je ne peux pas lui demander comme ça une alliance avec Okord !
Merde ! J'aurais mieux fait d'envoyer Sparr Hoff, lui il aurait su quoi dire !"

"He bien ? Allons !

- Euh... oui... je... euh...

- Si vous n'avez plus de langue, faites donc lire votre missive à mon interprète, allons !

- Ha oui, la missive.

-K-lean sortit la missive qui avait été validée du sceau du Roi Antijaky et la relu rapidement avant de la lire à voix haute.
"Bordel du Sudord... je vais me faire jeter aux cachots... j'peux pas lui lire comme ça... ho pis merde..."

"- Haem ...
Empereur Torkson 1er, Moi, Roi Antijaky d'Okord, m'en remet à votre sagesse pour accueillir dignement mon émissaire, l'ambassadeur K-lean."

K-lean s'arrêta quelques secondes pour laisser le temps à l'interprète de traduire. Il fut tenter d'observer le visage et la réaction de l'Empereur lorsqu'il cru reconnaitre les mots "Roi Antijaky" mais il se retint immédiatement et se re-concentra sur la missive.

"Je lui confie les deux missions suivantes pour traiter entre nos territoires.
Tout d'abord le maintien des routes commerciales."

K-lean choisit de faire une nouvelle coupure à cet endroit pour l'interprète.
Car la façon dont serait traduite la suite, et surtout la réaction qu'en aurait l'Empereur, informerait K-lean s'il aurait la possibilité d'en discuter avec l'Empereur, ou bien s'il resterait totalement hermétique.

"Et surtout, l'établissement d'une alliance militaire.
Car je suis persuadé que l'avenir réserve à nos peuples des aventures communes et unies.
Signé, Roi Antijaky d'Okord"

Tandis que l'interprète traduisait ces derniers mots, K-lean enroula la missive sur elle-même et la tendit vers l'Empereur en baissant la tête et le haut du corps dans sa direction.

Dernière modification par K-lean (2018-06-07 13:03:48)

Eugénée Anet · 2018-06-08 13:52:14

Un des gardes lâcha son épée pour prendre la missive des mains de K-Lean et aller la porter à l’empereur. Ce dernier la prit, la déroula, un peu intrigué, pour constater effectivement le peu de lignes du document. Ce n’était pas un résumé qu’on lui avait traduit, mais bien l’entièreté du message.

Ainsi vous êtes là pour traiter !

L'empereur inspecta K-Lean de la tête aux pieds, avec un moue un peu méprisante.

Tout d’abord les routes commerciales ! Votre maître parle de leur maintien ! Serait-il dans l’intention de celui qui se prétend votre roi de les supprimer si nous ne trouvions pas d'accord? J’aimerais des éclaircissements à ce sujet. L’empire n’a jamais empêché le commerce, même avec les peuples qui nous sont hostiles. Il ferait beau voir que vous interdisiez à nos marchands l’accès à vos ressources. Nous faire un cadeau en conservant ce qui a toujours été, est une idée curieuse qui confine à la menace.

Quant à l’idée d’alliance militaire, elle est encore plus curieuse. Le terme est vague. L’est-il à dessein pour masquer une vérité que vous n’osez pas dire ? J’aimerais, là aussi, que vous m’expliquiez clairement ce que vous entendez par alliance militaire.

K-tåås Trøf · 2018-06-08 15:47:40

K-lean avait toujours sa tête sur les épaules, et l'Empereur était prêt à discuter...
"Ouf ! Les dieux sont avec moi."

"Votre Eminence, ni ma présence ici, ni les demandes de mon Roi ne sont des menaces.
Simplement, la déclaration d'Indépendance du Roi d'Okord puis le sondage des Okordiens réalisé par l'émissaire Estun Dodrio, et enfin l'absence de retour d'Abrasil envers ces évènements ont soulevé beaucoup de rumeurs, de questions et d'inquiétude. Cela a donc eut un impact évident sur les routes commerciales où le trafic s'est vu diminué et certaines denrées raréfiées.

La demande qui est faite ici, ce n'est pas seulement de rassurer nos marchands sur la situation, mais c'est d'aller encore plus loin. C'est de développer ces routes commerciales entre nos peuples que mon Roi veut voir toujours unis. J'ai vu tant de choses sur les étals des villages que nous avons traversé, tant de choses inconnues chez nous. Je suis sûr que vos marchands seraient ravis de troquer ces objets communs contre nos ressources qui sont plus rares à l'est.
"

K-lean pris quelques secondes pour reprendre sa respiration. Le trac s'estompait, mais il avait toujours autant soif. Il était convaincu par ce qu'il annonçait, son marchand Naky Bool l'avait suffisamment harcelé durant toute la traversée d'Abrasil, pour qu'il soit convaincu que le commerce pouvait s'intensifier en volume mais surtout sur la diversité des produits.
La suite, concernant l'alliance militaire, K-lean le récita simplement. Il avait passé tant d'heures à préparer cela depuis l'échange avec Estun Dodrio.

"Le Royaume d'Okord a toujours désigné son régent vis à vis de ses faits d'armes.
Toujours contre d'autres Okordiens, jamais dans une politique d'expansion envers les contrées voisines.
Nous ne sommes pas une menace pour Abrasil, que l'on soit un royaume vassal, un royaume allié, ou un royaume ennemi envers Abrasil.
Et si nous étions ennemi, la puissance de votre armée raserait Okord en quelques jours.
Le Roi Antijaky n'est pas votre ennemi. S'il n'est pas votre ennemi, il est votre allié.

K-lean respira quelques secondes et reprit.

Okord est à l'Est d'Abrasil, et encore plus à l'Est, il y a la Horde.
Nous ne connaissons ni sa taille ni sa position, mais la légende raconte qu'elle dévastera tout vers l'Ouest... vers Okord, puis vers Abrasil .
Aujourd'hui, mon Roi Antijaky vous propose une alliance contre la Horde, parce que défendre Okord contre la Horde, c'est protéger Abrasil contre la Horde."

Tandis que l'interprète traduisait ses mots, K-lean sentait le poids du regard de l'Empereur sur lui.
K-lean sentait aussi de grosses gouttes perler sur son front...

Eugénée Anet · 2018-06-08 20:32:36

Je suis sûr que le voyage, qui vous a mené ici, vous a donné une idée plus juste de la taille des grands empires de l’Ouest. Je vois avec plaisir que vous avez compris qu’ Estybril était une chiure de mouche sur la carte du monde.

L’empire d’Abrasil n’a rien à faire de vous. Vous êtes non seulement petit, mais aussi très éloignés. Mais les évènements ont fait que l’Estybril a retrouvé il y a peu le giron de l’Empire et que des polémarques y faisaient régner sinon la loi de l'Empire, tout du moins son esprit. Mais votre maître a renié la parole donnée. S’il y a une chose que je déteste par-dessus tout, c’est qu’on méprise mon autorité. Déclarer l’indépendance est un affront fait à ma personne. N’allez pas croire que cet affront a été lavé parce que je n’ai pas encore réagi.

Celui qui se prétend roi d’Okord n’est pas mon ennemi au sens où vous l’entendez. Il faudrait pour cela qu’il en ait la carure. Je ne donne pas ce titre élogieux à n’importe qui. Mais c’est un aventurier qui a pris un titre qui ne lui revenait pas et qui, ce faisant, m’a insulté à la face du monde.

Mais, vous pouvez rassurer vos marchands. Si nos armées devaient déferler sur la province pour la ramener à de meilleurs sentiments, ils ne craindraient rien. Mon courroux ne s’abattrait que sur les seigneurs félons.

Vous me parlez d’une horde et vous avez tellement d’informations à son sujet que vous faites appel aux légendes pour vous en faire une idée, mais vous faites une erreur volontaire en prétendant qu’après Estybril, ces envahisseurs déferleraient sur Abrasil. Vous ne pouvez pas ignorer l’Empire de Déomul que vous avez traversé.

Votre maître propose une alliance contre la horde car il craint que votre ridicule province soit balayée comme un fétu de paille par une brise d’automne.

Que cherche-t-il ? Que les armées d’Abrasil empêchent la horde de déferler sur Déomul ? Pourquoi le ferions-nous ?

S’il y a bien un problème qui ne m’empêche pas de dormir la nuit, c’est bien cette horde de l’Est. Et si elle peut devenir le cauchemar de Théodophane, c’est encore mieux.
Je pensais que votre maître vous avait envoyer faire ce long voyage pour m’apporter la seule nouvelle qui m’importe. Sa complète soumission.

Je suis déçu.

Mais comme je suis ennemi de la violence gratuite, je vous laisse retourner auprès de lui en un seul morceau.
Vous aurez l’occasion de lui faire part de ma façon de penser.

Sur cette dernière parole, l'Empereur fit un geste qui signifiait que l'audience était terminée.

K-tåås Trøf · 2018-06-11 12:07:57

- Quand il jugera l'audience terminée, l'Empereur vous congédiera et vous partirez comme vous serez venu.
...
- Reviens nous avec une alliance militaire avec Abrasil contre la Horde.
Rentrer en silence, ou réagir une dernière fois...

" Votre Eminence ..."
K-lean pencha le buste et la tête en avant tandis qu'il prenait la parole une dernière fois avant de s'en retourner.
" La horde de l'Est ne vous empêche pas de dormir, mais je sais qu'une autre horde, celle du prophète, pose des difficultés aux régions de l'Ouest.
J'ignore sous quelles conditions, mais si mes hommes et moi pouvons vous être d'une quelconque aide, peut être pourriez vous reconsidérer la valeur des Okordiens."

L'empereur avait fait un geste de la main alors que K-lean n'avait pas terminé sa phrase, les gardes auprès de K-lean le prirent par les épaules et le raccompagnèrent jusqu'à l'entrée. Mais le traducteur débutait tout de même sa traduction.
K-lean entendait toujours le traducteur lorsqu'il fut expulsé hors de la salle.

Dernière modification par K-lean (2018-06-11 12:08:07)

Eugénée Anet · 2018-06-12 10:32:55

Décidément, mon cher, vous avez l’âme d’un mercenaire. Après avoir offert vos services à Déomul, voilà que vous les offrez à Abrasil. Que vous a donc fait ce prophète, que vous vous acharniez à aller le tuer ?

Estun Dorio, était allongé sur une banquette moelleuse, quand K-Lean le rejoignit.

Les nouvelles vont vite. Je viens à peine de quitter l’empereur. Maugréa K-Lean

Je suis chez moi, ne l’oubliez pas, Messire K-Lean, et j’aime bien savoir ce qui s’y passe. Quant à l’Empereur, le quitter n’est pas le vocable approprié en la circonstance. Il vous a congédié et je vous avais prévenu de ne pas insister. Enfin, il n’y aura pas de suite. J’entends les gardes qui désertent ma maison.

En effet, le palais d’Estun résonnait du piétinement des cohortes qui s’en allaient au pas cadencé.

Il était inutile de parler de la secte des illuminés.

- J’espérais que cela pouvait constituer une monnaie d’échange.

- Ah oui ! Je vois ! Vous pensez que l’assassinat d’un homme pèse le même poids que la mort de dizaines de milliers des nôtres sur une frontière qui n’est même plus, d’après vous, celle de l’Empire. Certes le prophète est un problème, mais vous devez comparer ce qui est comparable. Contrairement à la Horde de l’Est, les illuminés sont à pied. Ils ne représentent pas un danger militaire et ne franchiront pas le Flumen Déomulis. Je vous l’ai dit ! Le danger est d’ordre cultuel. Les hommes ne sont pas raisonnables. Ils s’inventent des dieux pour avoir raisons sur leurs voisins. Pourtant nous sommes très tolérants à Abrasil. Nous acceptons toutes les formes de cultes, tant que l’Empereur est considéré comme un dieu supérieur à tous les autres, évidemment.

Estun Dorio tendit des petits rouleaux de parchemin à K-Lean.

Bien ! Votre mission s'achève donc ici. Ne soyez pas déçu. Le métier de diplomate est ingrat, vous en faites l'amer expérience aujourd'hui, mais il y aura d'autres jours. Voici des sauf-conduits qui vous permettront à vous et vos amis de rejoindre le reste de votre troupe. De là Je vous conseille de trouver un embarquement sur un navire marchand pour rejoindre vos terres. Dans ce sens, avec le courant, le voyage est moins long.

K-tåås Trøf · 2018-06-12 18:51:50

"Merci pour vos précieux conseils sur la mission d'ambassadeur. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir et de pouvoir discuter encore.
Je vous remercie aussi pour tous les enseignements que vous nous avez apporté sur votre empire, votre culture et votre histoire.
Nous rentrons riches de connaissances.

- Peuh ! Pour ce que vous en ferez."

K-lean retrouva Sparr Hoff, Elvane et Naki Bool et partirent le soir même sous escorte militaire jusqu'à la frontière où les attendaient toujours les huskarls.
Le chemin fut aussi long qu'à l'aller, dans un char pourtant moins lourd à déplacer, mais l'escorte ne trimballait plus un membre important de l'empire.

Naki Bool profita des escales pour vendre ses produits okordiens, même s'il n'en avait pas sur lui, et négocier des échanges avec des fabrications abrasiliennes. Motivant ainsi l'accroissement des routes commerciales avec Okord. Au fur et à mesure qu'ils s'approchaient de la frontière, Naki Bool dût un peu plus expliquer la situation entre Okord car ces marchands là avaient un peu plus de rumeurs de l'est. Il n'expliqua cependant à aucun moment, surtout grâce au tact utilisé par sa traductrice Elvane, que le polémarque était devenu Roi suite à son auto proclamation. Heureux d'avoir toujours la tête sur les épaules, il réussissait à faire passer les Okordiens pour d'agréables marchands soudainement intéressés par les pierres rares, les aliments fins et tissus délicats que l'on trouvait à l'ouest.

A force de discussions, alors qu'ils étaient à quelques lieues de Thérunna et de leurs camarades huskarls, un marchand leur proposa d'embarquer à bord de son bateau un peu au sud de Thérunna. Il comptait y embarquer ses produits Abrasiliens pour tenter d'aller les vendre en Okord. Espérant ainsi être le premier à présenter certains produits et donc augmenter leur prix de vente. Naki Bool négocia que l'embarquement ne couterait rien aux okordiens, ils assureraient la sécurité du navire et le guiderait jusqu'en Okord.

K-lean et Sparr Hoff avaient été muets les premiers jours, convaincus d'avoir échoué dans leur mission. Mais la bonne humeur inhabituelle de Naki Bool et son impensable bonne entente avec Elvane eurent raison de ce silence. Ils relevèrent peu à peu la tête et prirent de nouveau plaisir à découvrir ou redécouvrirent les terres et les coutumes d'Abrasil. K-lean finit par se convaincre que rien n'aurait pu lui permettre de revenir avec une alliance puisque la déclaration même du Roi Antijaky était vu comme une provocation et une révolte contre l'Empereur Torkson. Peu à peu, il se rendit compte que désormais le héros de ce périple, celui sur qui reposait toute la réussite de cette mission, c'était son marchand Naki Bool. Jusque là, ce petit homme grognon et ventripotent n'avait rien apporté à l'équipage pour rejoindre la capitale d'Ohm. Mais sur le retour K-lean avait bien observé sa transformation, surement conscient que désormais lui seul pouvait dessiner les cartes pour Eugénée Anet, que seule son association avec Elvane pourrait leur permettre de faire intensifier les voies commerciales.

La veille de leur arrivée à Thérunna, ils se séparèrent du marchand qui bifurqua vers le sud est. La soirée se termina comme les derniers soirs : par un souper, quelques longues minutes de discussion et un lit dans une auberge calme d'un petit village Abrasillien.

Eugénée Anet · 2018-06-19 18:06:12

Le lecteur, intrigué, pourrait se demander comment Naki Bool avait fait pour négocier de la marchandise, lui qui n’avait plus un écu vaillant en poche. Mais c’est justement tout l’art du commerçant que d’acheter à vil prix et à crédit, ce qu’il va revendre cher et au comptant.
La nouvelle s’était répandue, de ces voyageurs venus des lointaines contrées de l’Est, qui avaient remonté le fleuve en bravant mille périls. Les marchands les plus aventureux, s’étaient pressés pour rencontrer les intrépides voyageurs. Il se disait que l’un d’eux était un des plus grands marchands de là-bas et qu’il dirigeait même une puissante guilde. Naki Bool n’était pas à l’origine de ces rumeurs, mais il n’avait pas démenti. Il minimisait en minaudant la qualité qu’on lui prêtait, et cette modestie le grandissait encore plus aux yeux des marchands, si bien qu’il n’eut aucun mal à trouver un associé.
L’homme possédait un bateau et ses entrepôts étaient remplis. Naki Bool traita avec lui, non seulement le retour vers Okord, mais aussi l’emprunt de la moitié de la cargaison, dont il avait négocié le prix à l’avance, avec la promesse de la lui payer rubis sur l’ongle dès l’arrivée dans le premier port Okordien. En contrepartie, il offrait un équipage aguerri et un savoir inestimable de la route, de ses embûches, et des moyens de les éviter.
C’est ainsi que nos héros embarquèrent, un beau matin et laissèrent derrière eux la rive abrasilienne pour se lancer à nouveau dans les remous du grand Flumen Déomulis.
La seule question qui hantait l’esprit de K-Lean, concernait son bateau. Le petit Knorr qui les avait si bien servis sur les quatre cinquièmes du voyage. Allait-il le laisser pourrir au fond du bras mort du Pas du Géant, ou bien tenter de la récupérer ?
Il repensait aussi à l’île de Graetz. Le navire marchand lourdement chargé ne sèmerait jamais les galères de guerre des Osterlichois. Mais peut-être pourraient-ils monnayer leur passage moyennant une partie de la cargaison, les routes commerciales étant rarement gratuites et le paiement d'octroi, une pratique répandue.

K-tåås Trøf · 2018-06-20 11:51:22

...
- Tu sais, on pourrait s'en tirer un bon prix en le revendant ce Knorr. Faudrait l'emmener jusqu'à un port plus proche d'Okord mais ça se ferait bien vu qu'on est dans le sens du courant.

- Naki, va falloir que tu penses à autre chose qu'au volume de ta bourse. - Lui répondit aussitôt Sparr Hoff - On est reparti du pas du Géant avec un contrat sur la tête du prophète, on va surement pas y revenir les mains vides. Déjà que tu nous as collé un crédit sur le dos...

- Un crédit ?! Mais ... ! Mais ... ! Regarde tout ce que cette cargaison va nous rapporter une fois arrivé en Okord l'archer !

- Moi ce que je vois c'est tout ce bazar va bien nous ralentir et qu'on pourra jamais esquiver les trières de guerre ! Tu seras toujours fier de ton affaire quand tout ça sera au fond de l'eau, coulé par leur boule de feu ?!

- Ouais bah ...

- Vos gueules ! Fermez là les gars ! On dirait un vieux couple qui se chamaille sur le marché !

K-lean avait quitté la proue du navire pour les rejoindre au centre du pont.

- Putain du nord on n'entend que vous sur le pont. Fermez là un peu et faites ce pour quoi on est là : Eviter les embûches à ce navire.

- Ouais ouais ouais... Mais t'en penses quoi finalement de mon idée de revendre le draknorr ?

- J'en penses qu'on s'en fout de ce navire, c'est que du bois après tout. Moi aussi j'y tiens à ce rafiot, mais je préfère le laisser pourrir là que de pourrir comme Omann Do au fond de l'eau.

Citez Omann Do provoquait toujours le silence au sein des membres de l'expédition. Le souvenir de leur vieil ami était encore présent et difficile.

- Notre priorité c'est de protéger l'équipage de ce navire, de nous protéger, et de protéger la cargaison. Dans cet ordre là.

- Bon... on oublie le draknorr alors...

- Oui Naki Bool, il faut s'y résigner.

- Et pour les trières de guerre ? Comment on les esquive ?

- Allons voir ça avec le marchand, Sparr Hoff, peut être qu'il a des connaissances dans le coin. Je pense qu'on devrait s'arrêter dans un port avant de passer les zones sensibles. On pourrait surement négocier le passage de la route commerciale, un laisser passer ou quelque chose du genre.

- C'est comme ça que ça se passe généralement. - répondit Naki Bool - Sinon on peut demander à Elvane comment font les contrebandiers ? On pourrait peut être économiser un peu la marchandise négociée ?

Eugénée Anet · 2018-06-21 14:01:21

Comment? Vous ne savez pas si on peut aller jusqu'à votre royaume sans encombre?
Mais votre chef, Messire Naki Bool, m'a assuré que vous étiez quasiment les propriétaires du fleuve et que vous vous y promeniez comme dans votre jardin!
Le marchand abrasilien était rouge comme une tomate bien mûre, au bord de la crise d'apoplexie.
Bien sûr que je ne sais pas s'il faut payer un octroi ou même si on nous laisserait passer! Est-ce que j'aurais fait affaire avec vous si je le savais?

Elvane traduisit, un peu gênée. Elle aurait dû réfléchir avant de poser cette question idiote.
K-Lean dévisagea Sparr Hoff avec un brin d'amertume dans le regard. Il se sentait tout aussi fautif d'avoir fait cette demande en suivant l'inspiration de son archer favori.

Dis-lui qu'on sait très bien ce qu'on fait, et qu'on demandait ça à tout hasard pour savoir s'il avait déjà fait le voyage. mais qu'il ne s'inquiète pas.

Pour ce qui était d'inquiéter le marchand Abrasilien, c'était trop tard! Le mal était fait. Restait à savoir ce qu'on ferait pour passer Graetz!

L'idéal serait de filer un pot de vin au capitaine de la trière qui sera de garde le soir où nous passerons. Ce sont des choses qui se font, et qui marchent plutôt bien! Dit Elvane, en contrebandière affranchie.
Le problème, c'est qu'il faut le connaître et pouvoir l'approcher! Ce qui suppose d'être dans la place, ou d'y avoir un complice. Mais ça fait un bout de temps que je ne suis plus dans le circuit.

K-Lean se renfrogna. Certes le courant était avec eux. Depuis qu'ils étaient partis, ils n'avaient qu'à se laisser porter. Il pouvaient même naviguer de nuit quand la lune se levait. Le jour ils aidaient avec quelques coups de rame ou hissaient la voile dès que le vent était favorable, mais même sans cela, ils filaient leurs deux nœuds sans se fatiguer.
Mais ce n'était pas suffisant pour semer une trière de guerre résolue à vous arrêter.

A moins que....

- A moins que quoi?

- On pourrait demander à Rudeguidon.De toute façon, on sera obligé de s'arrêter à Illun Bitur, ne serait-ce que pour refaire de l'eau. S'il y a un gars qui pourrait nous aider, c'est bien lui. Il doit avoir gardé des contacts à Graetz!
Une escale de quelques jours là-bas ne pourra pas faire de mal à l'équipage!
T'en dis quoi?

K-tåås Trøf · 2018-06-26 09:22:05

K-lean observa avec attention la carte qu'avait formidablement détaillé Naki Bool.
S'ils s'attachaient à suivre les habitudes des marchands et à longer la rive nord, ils arriveraient surement sans encombre jusqu'à Illun Bitur. Il était peu probable que les armées du prophète aient traversé.
Les remous du pas du géant ne seraient pas un problème pour la lourde embarcation et l'ile de Maravorgues pouvait encore servir d'escale s'ils rencontraient quelques mésaventures.

Oui, faisons cela. On file jusqu'à Illun Bitur.

Et... c'est tout ? - répondit Naki Bool

Ben... oui, c'est tout. Qu'est ce qu'il y a ?

Nan rien... C'est juste qu'on a vu à quoi ressemblait la rive sud, on pourrait s'arrêter un peu sur la rive nord. Je pourrais détailler encore plus la carte et parfaire ma ...

Non - coupa K-lean - on va a Illun Bitur. Tu découvriras la rive nord à partir du pont, comme tout le monde. Plus on fera d'escales et plus on se met en danger.

Ouais m'enfin...

T'es pas pressé de troquer toute cette marchandise en de belles pièces sonnantes ?

Ha bah si bien sûr !

Alors pourquoi voudrais tu t'arrêter Naki ?

Bah, tu sais, j'y ai passé du temps sur cette carte. Je suis content de pouvoir la rapporter à Eugénée Anet mais j'aurais aimé qu'elle soit complète, que l'on indique bien tous les dangers. J'aimerais bien que nos marchands puissent l'utiliser pour quitter Okord et commercer plus à l'ouest.

Tu repartiras si ça te chante. Mais là il est grand temps de les éviter les dangers et de ramener tout le monde à la maison mon cher Naki.
- K-lean tapa l'épaule de Naki et conclu -
Allez, direction Illun Bitur !

K-tåås Trøf · 2018-07-06 15:20:45

- La guerre l'a rendu fou.
- La guerre ?! Mais quelle guerre ?!
- Toutes messire K-lean, toutes, les unes après les autres.
- Mais par Ygnnir expliquez moi Rudeguidon !

Des semaines durant, K-lean avait essayé d'imaginer ce qu'il s'était passé en Okord durant leur absence.
Les autres ambassadeurs avaient-ils réussi à s'allier d'autres royaumes ?
Le Roi Antijaky était-il toujours Roi ou bien avait-il été renversé ?
Son guerrier Taas Trof était-il parvenu à conserver les terres et le titre de noblesse que K-lean avait acquis ?
Tant de questions auxquelles personnes ne pouvaient répondre avant d'arriver chez Rudeguidon Defoutrecuisse à Illun Bitur.
Et encore il n'était pas certain qu'il puisse y répondre.

Le trajet du retour paraissait plus long aux Okordiens que l'aller. Aucun des quelques petits navires de pirates croisés ici et là n'avaient tenté d'aborder le bateau de marchandise, les têtes barbus et les épaules massives des huskarls suffisaient à faire dévier leurs frêles embarcations. Les soldats avaient passé leur temps à leurs exercices de musculation et à jouer aux osselets mais l'ennui les avaient rapidement gagné.
Seuls les remous du Pas du Géant leur avait procuré quelques frissons, mais la lourde embarcation avait filé droit. Même Sparr Hoff et Elvane avaient suggéré une halte sur l'ile de Maravorgues. Lui pour pouvoir utiliser son arc sur autre chose qu'une cible fixe, elle pour peut être pouvoir enquêter sur la présence de son frère quelque part.
Mais finalement la raison les rappela à l'ordre lorsqu'ils passèrent à proximité de l'ile, en pleine journée. Les habitations toujours abandonnées qu'ils pouvaient voir commençaient à être reprise par la nature. Les pontons des petits ports s'effondraient dans le fleuve, le capitaine du navire refusa de s'y atteler.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ?! Répondez moi Rudeguidon !
- Calmez vous messire K-lean. Relâchez mon veston et venez vous assoir au calme dans mon bureau.

K-lean relâcha ses poings et son emprise sur le col du ventripotent proxénète.
Je vous prie de m'excuser ... je ne voulais pas ...
- Je sais bien Messire - coupa Rudeguidon - je sais bien. Envoyez vos hommes profiter de la terre ferme et de ce que propose mon auberge. Suivez moi.
- Elvane, Sparr Hoff, quartiers libres pour ceux ne gardent pas le navire.
- K-lean - répondit Sparr Hoff - je voudrais aussi savoir ce qu'il en est.
- Pas moi ! Je vais me dégourdir les jambes K-lean.
- Très bien Elvane, fais attention à toi. - K-lean fixa ensuite Sparr Hoff pendant qu'Elvane tournait les talons - J'espère que c'est plus pour en apprendre sur Okord que pour savoir ce qu'il est arrivé à Taas Trof ?
- K-lean...
- Bien. Allons y.

A peine arrivé sur le port d'Illun Bitur, le marchand Abrasilien avait fait une mine déconfite :
" C'est ça votre paradis du commerce ? Plus on se rapproche d'Okord et plus les taudis s'agrandissent.
- Attendez d'y vendre quelques marchandises messire." - lui rétorqua Naki Bool, content d'arriver pour pouvoir commercer de nouveau.
Comme à l'aller, les ponts furent envahis par une multitude de marchands du port.
La moitié des huskarls protégeaient la cargaison tandis que le marchand et Naki Bool exercèrent leur talent immédiatement.
L'Abrasilien se rendit compte très très vite que sa simple cargaison était une mine d'or aussi loin de ses terres.
L'autre moitié des huskarls avaient suivi K-lean, Elvane et Sparr Hoff vers l'auberge de Rudeguidon.

Il est devenu fou, tout simplement. On raconte que la raison l'a quittée, qu'il mène vos armées combattre au travers du royaume, sans motif particulier.
- Comment c'est arrivé, je ne comprends pas. Taas trof a toujours été attiré par le sang et la baston oui, mais qu'est-il arrivé ?
- Je l'ignore messire, mes informations du royaume sont rares et peu fournies. Je me suis intéressé à votre successeur puisque nous nous étions croisés. Mais hormis le fait qu'il ait obtenu une distinction de l'Intendant Suprême Guyard Phauqes, je n'ai pas beaucoup d'éléments.
- Une distinction ? Taas trof a eut une distinction ? Vraiment ? Hahaha
- Oui messire Sparr Hoff. Il a été nommé GAPTO ... BITPO ... TIPBO ... zut, j'ai oublié !
- Et ça consiste en quoi cette distinction ?
- Des camps barbares ont envahi le royaume et s'en sont pris aux routes commerciales. Le seigneur Taas trof a foncé tête baissée et les routes ont pu être rouvertes.
- Ha ça, je le reconnais bien là. ha ha ha
- Sparr Hoff...
- Haem, pardon K-lean.
- Mais c'est pas ça qui l'a rendu fou quand même ?
- ça puis les autres guerres surement. Il y a eut la guerre Perdiglas-Gundor, où des Okordiens se sont engagés pour chaque clan en tant que mercenaire. Les attaques contre le roi aussi ont surement laissé des traces.
- Le roi a été attaqué ?!

K-tåås Trøf · 2018-07-09 10:05:37

- Antijaky est toujours le roi, K-lean. Mais il a été attaqué de toute part. Et la rébellion dure depuis plus d'un an.

- Une rébellion ?!

- Oui, les seigneurs Lady Summer et Arkeon se sont rebellés contre le roi. Je n'ai pas les détails et pour en savoir plus, il faudra demander à vos sujets une fois de retour en Okord.

- Alors nous repartons ce soir. Nous devons rentrer au plus vite !

- Vous ne voulez pas rester cette nuit ? Cela vous permettrait de vous reposer. Même si, comme je le disais à l'Emissaire, il vaut mieux passer l'ile de Graetz de nuit.

- L'émissaire ?... - K-lean fixa Rudeguidon en fronçant les sourcils - Quel émissaire ?!

- Estun Dodrio, l'émissaire de l'empereur Torkson.

- Estun Dodrio est ici ?! - K-lean se leva du banc - Que fait-il ici ?!

- Non non, K-lean, rasseyez vous, il est parti il y a quelques jours déjà.

- Mais où allait-il ?!

- Il suivait le fleuve en direction d'Okord, mais ce n'est pas le genre à évoquer ses missions.

- J'ai un mauvais pressentiment. Nous devons repartir sur le champ Rudeguidon.

- Je ne saisi pas bien ce qui vous inquiète... Et c'est bien dommage, je ...

- Rudeguidon, je vous promets de revenir pour discuter de notre périple et de beaucoup plus de choses encore. Mais là nous devons retourner auprès du Roi au plus vite. Nous devons savoir comment passer l'ile de Graetz sans encombre ? et les navires de contrôle ?

- Très bien K-lean, je vais vous aider... si Elvane reste avec moi.

- Moi ? Mais pourquoi ?

- Pour que tu me racontes ce qu'il se passe pardi ! Il me manque des informations dans votre histoire ! Et puis ce sera l'occasion de reparler du bon vieux temps.
Elvane se tourna vers K-lean.

- Cela ne me dérange pas K-lean, c'est honnête. Naki Bool se fait maintenant bien comprendre par le marchand. Vous n'aurez plus besoin de moi jusqu'en Okord de toute manière.

- Elvane, j'ai juré de te ramener saine et sauve chez Staras.

- T'en fais pas pour ça, j'irais bientôt. Et puis cela vous évitera de faire une escale pour rien. Retourne auprès du roi au plus vite.

- Très bien alors. On fait comme ça Rudeguidon.

Les deux hommes se serrèrent fermement la main.

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