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#51 2018-04-05 11:59:55

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Il fallut plusieurs longues secondes à K-lean pour réaliser la proposition qui lui était faite.
"Non... Non non... On ne peut pas faire ça c'est... non.
- Tu voulais un bateau non ?
- Sur un bateau y'a au moins des rames ou une voile ! Qu'est ce que tu veux qu'on fasse de ça ?!"

K-lean resta fixe, les yeux sur ce cimetière flottant.
"Non non, c'est complètement barré comme idée. En plus Aboukar nous a dit que c'était dangereux là où on pouvait traverser pour aller au nord. Comment veux tu manoeuvrer ce truc là ?!
- J'sais pas moi, c'est pas moi qui tient la barre.
- Non, non, c'est pas possible. Sortir les corps serait pure folie et aménager des rames nous prendrait un temps monstre. Demande lui plutôt où est ce qu'ils se font faire les bateaux ? Y'a peut être un cimetière de bateau au pire, ça serait toujours moins lugubre."

Elvane reprit la discussion avec Aboukar et le vieux tonton, toujours aussi agité dans ses explications.
"A priori y'a aucune chance de trouver un batelier dans le coin, d'ailleurs tous les bateaux ou presque dans le coin proviennent de Olgii. Mais Aboukar est clair là dessus, la ville a été quasiment détruite. La situation est pire qu'ici, donc encore moins de chances de trouver un bateau.
- Putain du nord !
- Mais le tonton là il dit que si on veut trouver un truc qui ressemble un tant soit peu à un bateau, il faut longer le fleuve en direction d'Olgii . Il n'y a pas de cimetière de bateau mais il y a un secteur où le fleuve se rétrécit et où le courant fort emporte régulièrement des embarcations se fracasser contre les rochers.
- Donc ils sont complètement éclatés ?
- Va falloir utiliser tes haches pour jouer au bucheron, c'est sûr. Sinon y'a toujours ça.
-répondit Elvane et pointant le doigt de nouveau vers le bateau cimetière.
- Nan. Sans façon non... Bon, s'il y a pas d'autres solutions, on va longer le fleuve jusqu'à ces remous. En espérant qu'on trouvera quelque chose de potable pour faire la traversée.
En attendant, demande lui si on peut s'installer sur son plancher jusqu'à cette nuit ? On partira avant l'aube, j'ai pas envie qu'on vienne nous emmerder demain quand tout le monde saura qui on est."

La discussion reprit longuement, très longuement. Le tonton était persuadé que l'équipage en voulait à son or, malgré la présence de Aboukar.
Il leur accorda de rester jusqu'au début de la nuit, regroupés tous ensemble dans un coin d'une seule pièce pour qu'il puisse les surveiller.
Mais il leur fallait partir à la nuit tombée, le tonton ne voulait pas s'endormir en ayant quelqu'un d'autre dans sa fragile demeure.
Quelques transferts de bateau plus tard pour faire venir le reste de l'équipage, une grosse sieste générale pour anticiper la nuit de marche qui les attendait, un maigre repas que le tonton fit payer à chacun (même Aboukar), et l'équipage repartait de nuit à la recherche de la sortie ouest de cette ville montée sur pilotis.


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#52 2018-04-05 15:58:39

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Partir en pleine nuit à la recherche d’épaves, Elvane aurait donné des claques à K-lean. Cela faisait deux jours qu’ils erraient sur le territoire dévasté de Ponovar sans réel possibilité de traverser le fleuve et cet abruti avait refusé le seul moyen possible.
Marcher sur Olgii, c’était se rapprocher de la partie la plus dangereuse du fleuve. Ce n’est pas pour rien que ce coin était bourré d’épaves. Elle sentait confusément que leur histoire finirait sur un radeau de fortune qui se démantibulerait au milieu du fleuve. Quand elle en avait parlé à Aboukar, ce dernier avait été clair. C’était du suicide. On pouvait quand même faire confiance à un pêcheur dont le métier consistait à vivre du fleuve. Un ponton nécropole, ce n’était peut-être pas ragoutant, mais au moins, on était sûr que ça flottait et que la taille même du truc assurait une sécurité. Après tout, il s’agissait de franchir un bras d’eau d’à peine un quart de lieues. Au lieu de cela, ils allaient rafistoler des barques pourries et tenter d’arriver à l’autre bout au milieu de tourbillons et des rapides en espérant que leur bricolage tiendrait. Qu’est ce qui avait bloqué K-Lean ? Sa peur absurde des esprits ? Sans aucun doute ! Déranger tout un cimetière, c’est sûr que ça fait un paquet d’esprits qui vous en veulent !
Elvane se demandait ce qu’elle faisait avec ces abrutis. Et plus elle se le demandait, et plus elle se disait qu’il était temps peut-être de sauver sa peau et de repartir vers Illun-Bitur.
Ils marchèrent toute la nuit et au petit matin, aperçurent une épave échouée à une encablure de la cote sur un des nombreux bancs de sable qui se le disputaient aux rochers traitres qui éventraient les coques. La plage, sur laquelle, ils s’étaient regroupés était couverte des restes de ce qui avait dû être des bateaux. Beaucoup de ces débris étaient regroupés en tas et des trous emplis de cendres présageaient des feux de joie, que les autochtones, sans doute naufrageurs, devaient faire avec ces trésors rejetés par le fleuve.
L’épave avait l’air récente et elle ne semblait pas avoir top souffert. K-Lean ordonna qu’on fabrique un petit radeau afin d’établir une navette jusqu’au bateau pour l’inspecter plus précisément et savoir s’il pouvait être renfloué.
Mais au moment ou le radeau était prêt à être lancé dans le courant, attaché à une longue corde, un individu surgit de la crète d’une dune.
Il était vêtu d’un genre de toge blanche et parlait un dialecte bizarre.  Il descendit de la dune en vociférant contre les intrus.
Comme K-Lean, ne prêtait aucune attention à cet hurluberlu, c'est Sparr Hoff qui lui tapota l’épaule, car depuis la dune surgissait une foule dense d’hommes vêtus de manière identique. Ils avaient l’air inoffensif dans leur robe flottante de lin, mais ils étaient nombreux. Il en venait de partout et bientôt la troupe de K-Lean fût encerclée par cette foule curieuse.
Seul, celui qui avait descendu la dune le premier, parlait.  Il se lançait dans de longues logorrhées verbales qui se finissaient toujours par des appels que la foule entière reprenait.
Elvane s’était rapproché de K-Lean. Elle ne comprenait pas tout, loin de là, mais quelques mots lui donnaient une idée de ce que recouvrait tout ce discours abscons.
Dieu est grand ! Le prophète est son messager !
Cette phrase revenait régulièrement et ce n’était pas pour rassurer Elvane, car il était clair qu’ils avaient affaire à des illuminés.  Ils avaient l’air sans défense et, en tous cas sans arme, bien qu’il fût difficile d’en juger car leurs longues toges couvrantes pouvaient tout aussi bien les dissimuler, mais ce qui était effrayant c’était leur nombre. A vue de nez, il y en avait plusieurs centaines.

#53 2018-04-09 10:59:24

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Thème musical : Never Back Down

Dos au fleuve, le groupe de huskarls s'était instinctivement regroupé en cercle, accueillant les trois archers en protection.
Sparr Hoff s'était placé devant Elvane et, sans dire un mot, l'avait poussé en arrière à l'arrière du groupe, prêt du radeau.
Le guide Aboukar avait suivi, comprenant naturellement que les hérétiques n'étaient pas venus pour les aider à traverser. Mais guider par son envie de vengeance il se fit remettre un court glaive par un des huskarls.
Le petit Naki Bool n'avait pas attendu non plus de recevoir de consignes, il était déjà prêt à libérer le radeau avec le maximum d'Okordiens possible. Bien entendu tout ce qu'il souhaitait c'était être le premier sur la frêle embarcation.

K-lean s'était avancé calmement tandis que les illuminés approchaient et se trouvaient à présent deux pas devant sa troupe. Il se retourna quelques secondes pour les regarder droit dans les yeux, un à un. Le temps sembla ralentir, presque arrêté. K-lean avait emmené avec lui ses plus vaillants guerriers, des hommes qui iraient jusqu'au bout, qui ne plieraient jamais. Sparr Hoff soutint le regard, il était prêt. Omann Do répondit par un sourire qui en disait long sur son envie de ne pas se laisser capturer par ces fous. Personne n'avait encore sorti ses armes mais il leur faudrait un seul petit geste de K-lean pour que les premiers corps soient découpés et inondent le sol de sang chaud. La tension dans l'air était palpable.

K-lean fit face à ce qui semblait être un prêtre. Il ne doutait pas que celui qui s'approchait encore n'était qu'un des doubles du prophète : il n'avait pas d'aura, pas de prestance. Il ne faisait que répéter un discours appris par coeur comme une messe que l'on récite.
K-lean balaya du regard les personnes alentours. Si le premier rang était garni de visages durs et surement attirés par le sang, il remarqua beaucoup d'hommes de tous âges derrière. Des jeunes presque enfants au visage d'ange qui semblaient suivre un mouvement. Des anciens qui ne semblaient pas franchement convaincus par les propos qu'on les obligeaient à répéter, présent simplement pour rester vivant. Leur toge clair et ample pouvait surement caché des armes, c'était même certain. Mais leurs mouvements seraient gênés et freinés par ces vêtements. Les huskarls ne feraient qu'une bouchée d'une centaine d'entre eux sans même une égratignure. Mais ils étaient bien plus nombreux...

K-lean hésita.
Sa première intention avait été claire de leur rentrer dans le lard, Yggnir saurait déterminer les plus valeureux de cette bataille.
Mais il avait promis de protéger Elvane, il avait promis à son roi Antijaky de parlementer avec l'Empereur Torkson.
La foi ou la raison.
Le chaos ou l'espérance.
Puis comme un flash, les paroles de Rudeguidon lui revinrent en mémoire. La lettre de Hans von Festung... Ciemnota

K-lean regarda fixement dans les yeux l'homme qui lui faisait face puis lui sourit.
"Je suis K-lean les deux haches, je suis Okordien !"
Le prêtre s'arrêta de crier et baragouina quelque chose dans son dialecte qui voulait surement dire qu'il n'avait pas compris.
"Je suis K-lean les deux haches et Ygnnir est mon guide !"
L'instant d'après, une des haches de K-lean s'enfonçait dans le cou du prêtre.


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#54 2018-04-09 16:04:42

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Le problème avec les imbéciles, c’est qu’ils n’imaginent pas tomber sur plus con qu’eux ! A cause de sa supériorité numérique évidente le disciple du prophète pensait en imposer à ces barbares venus d’on ne sait où. Sa surprise fût de courte durée, puisque la hache de K-Lean y mit fin de manière aussi subite que définitive. Elle supprima, par la même occasion, ses convictions spirituelles, ses maux de tête et tout ce qui passe par le cerveau des êtres vivants en général.
Oman Do vit dans le geste de son chef, une autorisation de libérer ses plus bas instincts de barbare destructeur, et avant même que les illuminés comprennent ce qui était en train de leur arriver, il leur rentrait dedans à grand coups de sa lourde épée. Il fût aussitôt imité par les huskarls, qui, bien que n’ayant pas compris un traitre mot de ce qui s’était dit, n’hésitèrent pas une seule seconde, puisqu’il s’agissait de cogner. L’exemple venait d’en haut et allait dans un sens que leur atavisme comprenait fort bien.
Dans tout combat, la victoire appartient souvent à celui qui prend l’initiative.  Les illuminés étaient nombreux, mais peu préparés à se battre. Ils s’étaient regroupés en masse autour des barbares, sans dégainer leurs armes, avec l’idée un peu sotte que leur aura mystique suffirait à elle seule à en imposer à ces mécréants lourdement armées, casqués et bardés de fer, de sorte que les premiers rangs se firent massacrer avant même que de pouvoir réagir.
Bien qu’ils fussent prêts mentalement à rejoindre leur créateur, l’idée de se défendre monta, malgré tout, au cerveau des lignes suivantes. Afin de se donner le temps et l’espace pour se mettre en position, ils tentèrent de reculer, ce que ne comprenaient pas ceux de derrière qui n’assistaient pas à la scène mais n’en avait que les échos sonores. Au contraire, ces derniers, entendant que la bataille était engagée, voulaient avancer pour prêtre main forte à leurs confères. Ce faisant, ils les poussaient vers leurs bourreaux sans que les premiers puissent sortir leurs armes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la supériorité numérique des illuminés devenait leur point faible. Les huskarls se déployaient en avançant, poussant devant eux, à grands coups de boucliers, de hache et d’épée, une foule désorganisée, sans commandant, n’ayant que sa haine des impies et l’amour de son dieu comme seule motivation.
Les plus vindicatifs étaient déjà mort quand les autres réussirent à dégainer leurs armes. Ils étaient équipés de longues épées recourbées très tranchantes, mais mal étudiées pour le corps-à-corps. Quant à leur protection, elle était inexistante. Ils offraient leur tête nue et leur poitrine à peine recouvertes d’une fine étoffe aux armes peut être grossières, mais terriblement efficaces des disciples d’Yggnir. Sans compter que les zélateurs n’avaient pas la carrure des guerriers okordiens ni cette frénésie particulière, cultivée par leurs rites d’initiation, que leur procurait l’odeur du sang frais.
K-Lean avait engagé le combat sans savoir combien il avait d’ennemi en face de lui. Il avait senti que leur seule chance résidait dans une attaque brutale. Parlementer n’aurait fait que donner du temps aux illuminés pour se préparer à un combat somme tout inévitable.
Quand ils virent un si grand nombre des leurs à terre, et que fondaient sur eux des diables hurlants, recouverts de sangs des pieds à la tête en brandissant leurs armes dégoulinantes, les illuminés se mirent à douter du bien fondé de la bataille. Apparemment, tous n’avaient pas la foi chevillée au corps, comme leur chef. De là à penser que leur dieu était peut-être occupé ailleurs, pour laisser ses fidèles se faire massacrer de la sorte, il n’y avait qu’un pas. La peur s’empara de leurs âmes et ils se débandèrent.
Il suffit souvent de quelques fuyards pour déclencher un sauve-qui-peut général. K-Lean et ses hommes, entrainés par l’ardeur du combat, poursuivirent les fuyards. Les illuminés embarrassés par leurs larges tenues se bousculaient pitoyablement en remontant sur la dune. Ils étaient rattrapés et massacrés sans pitié.
L’escarmouche n’avait pas duré dix minutes quand les Huskarls parvinrent sur sa crête. La plage était recouverte de cadavres. Ils avaient dû en tuer deux cents.
Mais le spectacle, de l’autre côté n’avait rien de réjouissant. Certes un petit millier d’illuminés fuyaient devant eux de façon désordonnée en pleurant et criant, mais plus loin sur la plaine, s’avançait une marée blanche. On aurait dit un lac recouvert d’écume. Des dizaines de milliers d’hommes, K-Lean n’osait pas supposer des centaines de milliers, marchaient en soulevant un nuage de poussière long d’une lieue. Ils n’avaient eu affaire qu’à un petit détachement d’avant-garde.

#55 2018-04-11 11:09:36

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

"Putain de putain du nord ..."
K-lean resta bouche bée et immobile devant cette marée humaine jusqu'à ce que le beuglement d'Omann Do qui arrivait derrière lui en courant le sorte de ses rêves. Il se retourna aussitôt :
"L'épave ! Vite !
- Quoi ? Mais ?..."

Omann Do ne voyait pas encore au delà de la cime et ne comprenait donc pas pourquoi il ne pouvait pas éclater encore quelques crânes. Il arrêta sa course et attendit K-lean, pensant qu'il lui expliquerait la raison de son volte face, mais K-lean passa à côté en courant comme un lapin.
"Putain du Nord ! A l'épave je te dis vieux fou !"
Les autres huskarls qui gravissaient la dune ne cherchèrent pas à comprendre et suivirent les gestes de leur chef. Tous se frayaient un chemin parmi les cadavres qui jonchaient le sol. Mais Omann Do, lui, voulait comprendre et continua de gravir les derniers mètres.

Pendant la bataille, Elvane, Aboukar et Naki Bool s'étaient munis de quelques planches pour guider le radeau jusqu'à l'épave. Aboukar et Naki Bool terminaient de la remettre dans le bon sens, toujours bloqué par les rochers. Aboukar remarqua quelques légères infiltrations mais rien de bien alarmant pour faire une rapide traversée. Au pire il faudrait évacuer l'eau du fond au fur et à mesure. Elvane était repartie seule avec le radeau vers la rive et elle faisait maintenant un premier voyage pour ramener les archers et un huskarl blessé jusqu'à leur nouveau moyen de transport.

Omann Do arriva au sommet :
"Qu'est c'qui a bien pu lui fiche une trouille pareille alors qu'on pouvait les fi... Ho bordel de putain du nord !"
Omann Do n'eut pas besoin de compter le nombre de toges ni de rester pantois comme K-lean avant de rebrousser chemin à la hâte.
Il eut juste le temps de constater qu'une partie des illuminés avaient stoppé leur débandade et que, reprenant leurs esprits, ils revenaient au combat.
"Ho putain de putain du nord !"
Omann Do courrait comme un dératé. Tous les Okordiens étaient maintenant arrivés sur la rive, il était le dernier à rejoindre la troupe de fuyards.
Il était presque à la moitié de la dune lorsqu'on entendit les rugissements des illuminés qui revenaient sur le sommet.
K-lean était dans la dernière navette vers le bateau, le radeau était plein, ils ne pouvaient pas attendre Omann Do.

Omann Do se retourna en courant pour voir l'avancée des toges blanches, il se prit les pieds dans une grosse racine et tomba sur deux cadavres. Il se releva sans mal mais son bouclier et sa lourde épée le ralentissait.
"Rhaaa ! Putain du nord ! Vous m'aurez pas, par Ygnnir !"
Omann Do jeta son bouclier, sa lourde épée et son épais manteau de fourrure qui était alourdi par tout le sang des fanatiques. Son allure se fit soudainement bien plus vive et plus légère. Malgré son âge, le vieux Omann Do tenait encore à distance les fanatiques qui arrivaient.

"Putain du Nord ! On n'a pas le temps d'aller le chercher !"
K-lean posait le pied dans l'embarcation et du se rendre à l'évidence qu'ils n'avaient pas le temps de faire un dernier voyage en radeau.
"K-lean ! Là bas !" - Sparr Hoff pointa du doigt vers l'aval du fleuve où la rive de sable s'enfonçait dans le fleuve sur une dizaine de mètre, suivi de gros rochers qui émergeaient de la surface tumultueuse du fleuve.
"Omannnnnnn !!!!"
Omann releva la tête vers K-lean qu'il entendit. Il le vit debout dans l'embarcation que Aboukar libérait des rochers, tendant le bras vers l'aval du fleuve.
Omann Do tourna la tête et compris immédiatement que sa survie dépendrait de sa capacité à atteindre les rochers avant que n'y arrive l'embarcation.
"Rhhhaaaaaaa !!!!" Il bifurqua d'un bon sur sa droite pour passer un cadavre et prendre un accès plus direct. La sueur perlait partout sur son visage et sur ses yeux, il ne voyait plus aussi bien et manqua plusieurs fois de se prendre les pieds dans tout ce qui pouvait trainer au sol. Les hérétiques se rapprochaient mais il ne le savait pas, il n'avait qu'une idée en tête : "Attrape ce putain de bateau !"

Dans l'embarcation, tous étaient concentrés pour éviter les rochers dressés devant eux. Les planches et bouts de bois récupérés ici et là leur servaient de rames et ils luttaient tant bien que mal pour ne pas s'échouer sur les rochers. Tous regardaient successivement la course de leur ami et les gros rochers du rendez vous qui s'approchaient. Personne ne parlait tant ils savaient que le sort de leur ami se jouerait sur le fil. Il était seul, et les fanatiques se rapprochaient dangereusement.

Omann Do arriva sur la rive, il avait mal partout. Ses jambes le tiraillait, il commençait à ne plus avoir de souffle et il sentait la masse grouillante d'illuminés qui s'approchaient derrière lui. "Je vais pas crever comme ça putain !" se disait-il. Il jeta un coup d'oeil à l'embarcation et aux rochers. Il lui restait 20 mètres à parcourir mais il lui fallait accélérer encore pour arriver à temps. "Rhaaaaaaa !!" Omann Do beugla tout ce qu'il pouvait tant il n'en pouvait plus. Seule sa peur de crever sans combattre le guidait désormais. Il sauta sur le premier rocher, puis le second et se jeta sur le dernier gros rocher. Le temps qu'il se redresse ... L'embarcation venait de passer juste devant. Il était arrivé trop tard, il ne pouvait plus sauter à bord.

Il observa ses amis qui tentaient encore de freiner l'embarcation, K-lean qui l'appelait à sauter dans les eaux froides, ... Il se retourna vers le premier illuminé qui sauta sur le premier rocher.
"Nan... J'vais pas crever comme ça."
Et il se jeta à l'eau en direction de l'embarcation.

Dernière modification par K-lean (2018-04-11 11:11:11)


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#56 2018-04-11 17:14:18

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Oman Do ne savait pas nager. C’est par désespoir qu’il s’était jeté à l’eau devant les yeux médusés de ses compagnons. Il battait l’eau de ses énormes mains de manière désordonnée, ce qui le maintenait à la surface, mais il n’avait aucune chance de rattraper le bateau qui dérivait plus vite que lui, malgré les efforts de quatre rameurs de fortune équipés de longues planches de bois, lourdes et mal commodes, pour le ralentir.

C’est alors que Sparr Off s’étant emparé d’un morceau de gréement, le noua autour de sa taille et après en avoir confié l’autre bout à K-Lean, se jeta à l’eau. Lui savait nager comme un poisson.  Malgré le courant, il avançait rapidement vers le géant, qui continuait à percer la surface du fleuve entre deux plongées, grâce à de virulents mouvements des bras. K-Lean laissait filer la corde qui lui parût soudain trop courte.

Trouvez-moi un autre filin, Crénom de putain du Nord ! Gueula -t-il. J’arrive au bout de celui-ci.

Elvane qui avait anticipé le problème était en train de sortir une drisse de son palan. Elle tirait le brin avec précipitation tout en lorgnant sur le bout de K-Lean, qui filait à toute vitesse. Quand elle s’aperçut qu’elle n’aurait pas le temps de tout dégager, elle s’empara de son bout libre et avec une dextérité surprenante et fit un nœud de chaise entre les deux filins.
Sparr Off était déjà à trente brasses du bateau. De là où ils étaient, K-Lean et ses hommes croyaient qu’il avait rejoint Oman Do, mais en réalité il lui manquait encore deux brasses.

Quand il toucha enfin la main de son infortuné compagnon, la corde qui le reliait au bateau se tendit. Elvane n’avait pas vu que la poulie basse du palan était encore attachée au pied du moignon de mat. Elle avait gagné une dizaine de brasses, mais pas plus. La tension fit couler les deux hommes.

K-Lean voulut tirer sur le filin pour remonter ses deux compagnons à bord, mais seul, il n’y arrivait pas. Il appela six hommes en renfort pour que, centimètre après centimètre, la corde remonte enfin à bord. Ils avaient l’impression de trainer une baleine au bout de leur ligne. Oman Do et Sparr Off n’avaient pas reparu, mais ils étaient toujours au bout, c’était certain.
Soudain la tension se fit moins forte et Sparr Off refit surface.
Il était seul.

Quand ils le hissèrent à bord, il avait perdu connaissance, mais après de multiples manœuvres, Elvane arriva à lui faire cracher l’eau du fleuve et il finit par revenir à lui.

On se tenait par la main expliqua-t-il. Mais il était trop lourd, on était entrainés au fond.

L’archer ne pût réprimer un sanglot.

J’ai essayé de regagner la surface, mais il avait compris qu’on ne remonterait pas ! C’est lui qui m’a lâché !

Tous ceux qui assistaient à cette scène, K-Lean en tête, restaient pétrifiés par la perte de leur camarade. Certains, incrédules, regardaient le fleuve avec l’espoir insensé de voir ressurgir Oman Do. D’autres, catastrophés, reniflaient bruyamment et détournaient la tête de peur qu’on aperçoive leurs yeux embués.
C’est Naki Bool qui, sans le faire exprès, ramena tout ce petit monde à la réalité de leur situation. Il était occupé avec une dizaine de gars dans le fond de la cale. Il sortit la tête du panneau principal et, mettant ses mains en porte-voix, cria.

Sauf vot’ respect capitaine, on est en train de couler.

L’épave était un genre de boutre. Un navire ponté d’une vingtaine de mètres de long. Il avait probablement été vidé de sa cargaison et s’il avait été possible de le remettre à flot, cela était, sans aucun doute, dû à la crue du fleuve. En fait le bateau flottait déjà quand Elvane l’avait inspecté. Il était seulement coincé entre deux rochers. Il se serait même peut être libéré tout seul de ce carcan, pour aller dériver et couler un peu plus loin si la troupe n’était pas intervenue.
Mais en le dégageant du rocher sur lequel il était appuyé, les hommes avaient rouvert une brèche de plus de trois coudées dans le bordé.

On avait étayé autant que possible avec des morceaux d’espar et des lambeaux de voile, mais, malgré tous les efforts, l’eau entrait à gros bouillons. Les huskarls qui ne ramaient pas ou n’avaient pas participé à la tentative de sauvetage d’Oman Do, formaient une chaine pour écoper une cale qui se remplissait à vue d’oeil.

K-Lean regarda Naki Bool, l’air hagard, puis le pont du navire démâté et encombré des restes de son gréement, enfin le fleuve. Ils s’étaient à peine écartés de la berge et dérivaient en tournant dans les remous sans que les rameurs n’y puissent rien faire. L’autre rive était encore à plus de cinq cents brasses. Avec leur Knorr c’eut été l’affaire de dix minutes tout au plus, mais avec cette tonne ingouvernable, sans vraie rame, qui prenait l’eau et devenait plus lourde à chaque minute, la traversée semblait impossible.

#57 2018-04-12 15:50:21

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

"Hors de question qu'on retourne sur cette putain de rive sud."
K-lean observait cette rive sablonneuse qui se remplissait à vue d'oeil des fanatiques qui assistaient au spectacle, semblant attendre patiemment de voir le bateau couler ou revenir vers la berge.
"Découpons une partie du pont pour s'en faire un radeau. Une fois allégés de la soute qui prend l'eau nous pourront plus facilement ramer vers l'autre rive."
K-lean descendit rapidement avec Elvane qui traduisait la discussion avec Aboukar. Son expérience de pêche et des bateaux leur permis de définir où ils pouvaient découper le pont à la hache et conserver un radeau déjà assemblé lorsque la boutre sombrerait.

Le bois un peu pourri par endroit n'était pas très difficile à découper. Les poutres avaient été plus difficiles de part leur épaisseur mais ils réussirent à tracer leur radeau avant que l'épave ne coule. Le radeau tenait encore par les poutres pas totalement entaillées. Lorsque le boutre fut entrainé par le fond, la pression de l'eau sous le radeau termina le travail et les poutres craquèrent. Le radeau fut fortement remué et un des hussards se retrouva éjecté du radeau. Les tourbillons de l'épave en plus du fait qu'il ne savait pas nager ne lui laissant aucune chance, ses équipiers ne le virent même pas remonter la tête hors de l'eau, il coula et disparut aussitôt.

Lorsque les remous provoqués par la coulée du boutre s'estompèrent, l'équipage se mit à ramer avec leurs planches de fortunes sur les côtés du radeau. Malgré le bruit permanent que provoquait l'écoulement de l'eau contre les rochers encore présents ici et là, le silence était lourd et oppressant sur le radeau. Chacun honorait à sa façon le souvenir de leurs deux compères disparus.

K-lean était assis à l'arrière du radeau, les yeux contemplant l'eau et ses remous. Ses pensées voyageaient.
Avoir tué des centaines d'hommes sans avoir la moindre égratignure...
Parcourir des centaines de lieux en territoire étranger et inconnu...
Pour mourir ainsi...
"Ciemnota..."
K-lean se redressa et releva la tête pour observer la rive sud de ses yeux embués.
Il s'essuya les yeux et sourit en repensant aux bons moments passés avec Omann Do.
Enfin il se retourna et se posta au centre du radeau puis se mit à entonner un des chants de guerre qu'Omann Do leur avait appris.
Un à un, le reste de l'équipage se mit à reprendre les paroles avec lui.
Chant de Guerre

Dernière modification par K-lean (2018-04-12 15:51:35)


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#58 2018-04-13 15:18:01

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Le centre du fleuve était une bouilloire géante. Dès que le radeau de fortune fût pris dans ses tourbillons, il se mit à tourner comme une toupie folle. Chargé comme il l’était, l’eau le recouvrait pratiquement totalement et les vagues formées par le remous, parfois hautes d’un mètre, le balayaient, emportant tout ce qui n’était pas fermement accroché sur leur passage.
Les hommes qui avaient trouvé des morceaux de corde, s’étaient attachés, les autres s’agrippaient de leur mieux. Les rameurs serraient les épais barreaux entre leurs cuisses et s’appuyaient sur les planches qui leur servaient de rame pour tenir. Ils avaient de l’eau jusqu’à la taille et parfois même jusqu’au cou quand le radeau, chahuté, penchait sur le côté. Tous luttaient pour leur survie. Elvane, Aboukar et Naki Bool se cramponnaient au râtelier central. C’était tout ce qui restait de l’emplanture du mât. K-Lean avait planté un morceau d’espar dans le pont et s’y accrochait comme une bernique à son rocher. Il essayait de rattraper tous ceux que le flot emportait et donnait des ordres illusoires à ses rameurs pour leur donner le sentiment qu’ils servaient à quelque chose.

Au bout d’une demi-heure d’enfer, le radeau rejoignit une zone plus tranquille. Ils avaient dérivé sur plus d’une lieue. K-Lean compta ses hommes. Il en avait perdu cinq de plus. La berge Nord ne devait pas se trouver à plus de cent brasses. Il encouragea ses huskarls fourbus, trempés et tétanisés par la peur en minimisant un peu la distance.

Courage, les amis, la berge est là devant, à un jet de pierre. Encore un effort et nous y sommes.

Au bout d’une heure supplémentaire d’efforts, le radeau abordait une petite crique creusée dans les falaises qui bordaient le fleuve à cet endroit. Ils le quittèrent sans regret en le laissant dériver vers l’aval.
Il fallut grimper sur une dizaine de toises avant que la troupe ne se retrouve sous le couvert d’un bois touffus.
Les survivants de cette épreuve étaient frigorifiés, écorchés de partout, mais surtout, ils avaient perdu leurs provisions et pratiquement toutes leurs armes. Il n’y avait plus aucun bouclier et la plupart des haches et des casques avaient été emportés par le flot tumultueux du fleuve. Il ne leur restait que des poignards et quelques épées que les fourreaux avaient protégées. Sparr Off avait, heureusement conservé son arc, mais la lanière de cuir de son carcan ayant cassé, il n’avait plus aucune flèche. Les autres archers n’étaient pas mieux lotis.
Seul aboukar semblait heureux. Le simple fait d’être encore en vie lui paraissait merveilleux. Il se prosternait, embrassait le sol et priait en remerciant tous les dieux de sa religion, pour l’avoir épargné.
K-Lean ordonna qu’on fasse un grand feu pour se sécher et, tandis qu’il se remettait de ses émotions devant les flammes, il demanda à Aboukar, la meilleure façon de rejoindre Thérunna.

Ça facile ! Partir ce soir avant que patrouille arrive, attirée par le feu ! Marcher à l’Ouest à travers forêt jusqu’à plateau. Grimper plateau et marcher tout le jour vers le nord, puis la nuit vers l’Ouest.
Ensuite descendre de plateau et marcher encore un jour et une nuit à travers forêt, vers Ouest et arriver Thérunna.
Plateau désert ! Seulement broussaille ! Pas soldat Déomul. Forêt difficile mais bonne cachette et beaucoup gibier.

- Et une fois à Thérunna, on traverse comment ?

- Là, pont-levis entre falaises proches.

- Un pont-levis ? S’inquiéta K-Lean. Je suppose qu’il est gardé.

- Oui ! Gardé ! Forteresse Déomul, grosse ! Beaucoup garnison. En face, ennemi Abrasil !

#59 2018-04-16 14:25:50

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

La troupe avait pu se reposer quelques heures et avait passé le temps à fabriquer quelques piques de bois pour se défendre. Les premières avaient été utilisées pour piquer quelques poissons dans le fleuve. Quelques pièges avaient été préparés et posés avec de fines cordes. Ils avaient pu se faire un léger repas avant de reprendre la route.
Les archers avaient tant bien que mal réparé leurs arcs et leurs carcans, puis s'étaient préparés quelques pointes de flèches. Il ne leur manquait plus qu'à trouver quelques plumes pour pouvoir utiliser un minimum leurs compétences.

La troupe avait quitté les lieux bien avant la tombée de la nuit et suivait la direction de l'ouest indiquée par Aboukar.
Ils avaient veillé à brouiller les pistes au départ de leur petit feu. Une simple patrouille perdrait du temps à retrouver la bonne piste, mais un bon trappeur n'aurait aucun mal à pister les Okordiens. K-lean espérait que la nuit tombante retiendrait la plupart des patrouilles qui auraient pu être attirées par le feu.
Quatre huskarls ouvraient la voie dans la riche forêt, équipés des longues épées, des casques et des poignards qu'il leur restait. Ils tournèrent ainsi toutes les heures de sorte que la troupe avança à un bon rythme et sans trop fatiguer de monde. La forêt était dense et difficile comme l'avait annoncé Aboukar, 4 huskarls n'étaient pas de trop pour se frayer un passage. Ils traversèrent nombre de petites clairières sans observer, jusque là, la moindre trace de patrouilles.

"Si on arrive sans encombre jusqu'à la forteresse de Déomul, comment comptes tu passer de l'autre côté K-lean ?
- Aucune idée Sparr Hoff. On a plusieurs jours de marche devant nous. On se posera la question quand on aura traversé le plateau. Si déjà on arrive à la base du plateau cette nuit ce serait bien. On a un ciel bien dégagé, la lune va nous éclairer un peu. J'aimerais bien y faire un petit camp et poser quelques pièges en arrivant comme ça on pourrait repartir le ventre plein demain matin.
- Tu crois vraiment que le plateau sera désert ? Deomul est quand même en alerte avec les fanatiques.
- J'en sais foutre rien. Mais c'est pour ça que je préfèrerais qu'on y arrive demain matin. On pourrait contourner le plateau par le nord si on voit du monde là haut. On a déjà de la chance de croiser personne dans cette forêt, on va quand même pas se faire des copains tous les jours non ?"

K-lean adressa un grand sourire à Sparr Hoff qui était trop sérieux pour lui rendre la pareille. Il se contenta de plisser le coin des lèvres comme pour rassurer K-lean. Mais Sparr Hoff n'était pas serein, il n'aimait pas les lieux comme cette forêt où on pouvait d'un coup déboucher sur une route ou sur un camp hostile. Et il se sentait nu et inutile sans ses flèches.


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#60 2018-04-18 19:40:13

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Pour atténuer les craintes de Sparr Hoff, K-Lean le désigna comme éclaireur de la troupe. Il se disait qu’un anxieux était tout indiqué pour avancer avec précaution et détecter le moindre problème largement à temps pour l’éviter. Ils traversèrent l’épaisse forêt en se fiant à la mousse sur les troncs pour suivre la direction de l’Ouest et parvinrent au plateau dès le soir même. K-Lean insista pour que la troupe escalade la pente dans la foulée. Elle était moins forte que ce qu’il aurait pu craindre et une forêt de résineux laissait un sol exempt de taillis, ce qui facilitait la marche.
Ils s’arrêtèrent à l’orée des pins en face d’une lande pauvre, parsemée de cistes, d’épineux, de genets et de cailloux. De rares arbres chétif et frappés d’anémomorphose, semblaient ramper sur le sol au lieu de s’élever dans les airs. De fait le plateau était battu pas un vent qu’ils n’avaient pas soupçonné pendant l’ascension. Il n’y avait aucune trace de vie à perte de vue. Le sol était incultivable et l’endroit ne présentait aucun intérêt.
Il se remirent en route au petit jour. Comme il faisait beau et que la route était facile et surtout exempt d’ennemi, les hommes se détendirent. Ils se mirent même à plaisanter.  La lande grouillait de lapins. Les Huskarls se lancèrent dans une compétition de chasse au caillou et le soir venu ils avaient de quoi faire bombance.
Le surlendemain, après avoir erré dans une forêt ou alternait les pins, les chênes verts et les arbousiers, ils débouchèrent au bord d’une falaise abrupte.  Une rivière tumultueuse coulait une cinquantaine de mètres en contrebas.  L’autre bord de la gorge était à plus de cent mètres. K-Lean ramassa un caillou et essaya de le lancer de l’autre côté, mais il ne réussit pas. Son projectile heurta la paroi et rebondit plusieurs fois en émettant un son clair que la gorge amplifia.

C’est par où ? demanda-t-il à Aboukar.

Nous suivre gorge sur la gauche et trouver Thérunna. Gorge rétrécit. Nous pas loin.

Et, de fait, après avoir escaladé un petit promontoire qui dominait la falaise, ils découvrirent la ville.
La ou la gorge se rétrécissait pour n’être large que d’une cinquantaine de mètres, se faisaient face une ville fortifiée, étendue et dont les remparts épousaient la forme de la falaise, et une forteresse carrée hérissée de quatre tours impressionnantes.  Entre les deux un pont.  Il s’agissait d’une construction en pierre très ancienne, datant sans doute de l’Empire d’Ohm. Une arche cyclopéenne courait d’une falaise à l’autre en enjambant la rivière. Elle s’appuyait à l’endroit, assez bas, ou les parois étaient le plus proche. Cette arche était coiffée d’un premier niveau sur lequel venait s’appuyer un second niveau constitué de trois arches, lui-même coiffé d’un troisième niveau qui semblait très fin par rapport aux deux autres. Ce troisième niveau était coupé. On avait détruit une partie de la maçonnerie et créé une brèche pour rendre le pont infranchissable. Du côté de Déomul, un ouvrage de poutres avait été construit sur le moignon de pont. Il s’agissait d’une passerelle mobile en bois pouvant être abaissée, au moyen de palans.
Si le pont donnait directement sur la cité de Thérunna en se terminant devant une grosse porte défendue par deux tours puissantes, la forteresse de Déomul était en retrait, si bien que le pont, bien que très proche d’elle était accessible sans en franchir l’entrée. Cependant les cordes alimentant les palans sortaient des meurtrières de la tour la plus proche. Seuls les soldats de la garnison y avaient accès. Vu la taille de la forteresse et sa destination, on pouvait imaginer que cette garnison devait être conséquente.
Un peu en retrait de la forteresse, dans ce qui semblait une clairière, on pouvait distinguer le faîte de nombreux toits de chaume, ce qui présageait un village.
K-Lean regardait le spectacle grandiose du canyon que la rivière avait creusé dans la roche et qui s’étendait à perte de vue d’un côté comme de l’autre.  On avait l’impression de deux continents séparés par une faille sans fin et que ne reliait qu’une frêle arche de pierre.
Il soupira profondément. C’était plus compliqué que ce qu’il avait imaginé.

#61 2018-04-20 09:42:49

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

"Si on n'était pas obligé de traverser ce pont, j'irais simplement admiré sa construction et je passerais mon chemin. Les mecs qu'on fait ça se sont bien démerdés. Qu'est ce que t'en penses Naki Bool ?
- Bof, c'est même pas assez large pour passer plusieurs chariots. Je suis sûr qu'y'a des mules et leurs cargaisons qui tombent dans la rivière.
- Ce serait pas aussi parce que t'as le vertige qu'il te plait pas ce pont Naki ?- charia Sparr Hoff.
- gnagnagna... - répondit Naki Bool en tirant la langue.
- A part ça Sparr Hoff, comment tu voies ça toi ?
- Je pense que ça doit grouiller de soldats là dedans - dit il en pointant la forteresse - et vu notre état actuel on n'y ferait pas les mêmes dégâts que contre les fanatiques. L'idéal serait que le pont levis soit baissé, qu'on contourne la forteresse et qu'on traverse simplement. Mais ça m'étonnerait que le pont-levis se soit abaissé depuis un moment. Sinon on pourrait toujours contourner la forteresse, descendre jusqu'au deuxième niveau du pont puis remonter de l'autre côté. Ca a surement déjà été tenté.
- Ouais, mais c'est pas Aboukar qui va pouvoir nous en dire plus là dessus. Va falloir qu'on aille au village essayer d'obtenir des informations discrètement sur la meilleure façon de passer.
- Même avec nos petites piques on risque de pas passer inaperçus vu notre nombre K-lean. - souleva Sparr Hoff.
- C'est aussi ce que je me disais. Je crois qu'on devrait n'envoyer qu'une petite équipe. Genre toi, Naki, Elvane et Aboukar. Vous ne devriez pas attirer l'attention, qu'est ce que t'en dis ?
- C'est sûr qu'on nous prendrait pas pour une bande de mercenaires là. Mais quel motif on aurait à vouloir traverser ?
- Moi je sais ! - s'exclama Naki - J'ai toujours entendu dire qu'il y avait des mines de saphir à l'est d'Abrasil. On pourrait être des marchands Okordiens en quête de ces mines pour réaliser une route commerciale ! On les achète une somme folle aux fournaises ces pierres !
- Et tu crois que Deomul nous laisserait passer tranquille parce qu'on irait acheter des cailloux chez Abrasil ?
- On voit bien que t'y connais rien dans le commerce toi l'archer. Tout le monde souhaite quelque chose. Faut juste savoir ce que les gens du coin n'ont pas, et on leur propose un marché triangulaire. On se balade pas avec des sacs d'or sur le dos mon vieux.
- J'y crois pas trop à ton plan le "grognon". - répondit Sparr Hoff
- T'as autre chose à proposer Sparr Hoff ? - demanda K-lean

Sparr Hoff haussa les épaules.
- Alors on fait comme ça. Nous on va se trouver un coin plus éloigné où il n'y a pas de passage. On vous laisse jusqu'à demain début d'après midi ? Avec une nuit et plusieurs repas vous devriez avoir noué pas mal d'infos non ?
- Tu vas voir K-lean, demain la forteresse abaissera le pont levis pour nous laisser passer !"

Naki Bool se retourna tout sourire pour aller préparer son sac.
"T'es sûr de ton coup K-lean ? - demanda Sparr Hoff inquiet.
- Personne ne s'inquiéterait de voir débarquer un type comme Naki Bool. Ha ha. Je compte surtout sur tes talents d'observateurs et de discrétion pour obtenir de bonnes infos. Laisse Naki Bool faire son show auprès des commerçants, tu seras plus tranquille pour enquêter."


Une heure plus tard les quatre compères entrèrent dans le petit village de la clairière. Et comme toute première expédition qui arrivait dans un village  pour la première fois, ils se mirent en quête d'une taverne...


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#62 2018-04-20 14:00:25

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Le soir tombait quand le petit groupe atteignit le village. Ils avaient fait un détour pour rejoindre la route et se muer en voyageurs. Il faisait sombre et seules quelques torches illuminaient de leur clarté incertaine les abords de la rue principale. Il n’y avait pas grand monde. Des ombres furtives se dépêchaient de regagner leurs maisons.
Le village n’était pas très grand. Il ne comptait pas plus d’une cinquantaine de chaumières, mais les tavernes y étaient paradoxalement fort nombreuses. Il y en avait cinq et elles étaient toutes concentrées autour de la place centrale. Elvane traduisit les enseignes. Elle lut tour à tour, « le cochon qui dort », « A la bonne pinte », « Le gobelin farceur », « Aux deux empires » et « Le repos du guerrier ».

Qu’est-ce que t’en penses Naki ? Y’en a une qui t’inspire plus qu’une autre ?

-    J’en sais rien, répondit le marchand.  On n’a qu’à faire plouf-plouf !
-   
-    Moi je préfère le premier,
dit Sparr Hoff !  S’ils ont du cochon c’est qu’on peut manger…
-   
-    Ou pas !
Dit Elvane. Elle demanda son avis à Aboukar. Ce dernier haussa les épaules.
-   
-    Ça tout pareil ! Bordel pour soldat !
-   
-    Bon ! Allons au cochon qui dort pour commencer, on pourra changer, si l’endroit ne nous convient pas.
Conclut Naki Bool.

L’intérieur était vaste et relativement bien éclairé par de nombreux candélabres.  Au fond de la salle, le patron trônait derrière un comptoir fait d’une lourde planche posée sur des tonneaux.  A part lui, il n’y avait personne. Le petit groupe s’avança jusqu’aux tabourets qui agrémentaient le bar. C’est Elvane qui entama la conversation en langue d’Ohm.  Elle traduisait au fur et à mesure à ses camarades.

Il n’y a personne pour le moment, mais ça va venir. Les permissionnaires de la garnison vont arriver. Les filles aussi. Si on cherche à se loger, il peut nous louer des chambres à condition qu’on lui montre l’autorisation délivrée par la forteresse. J’ai l’impression que tous les voyageurs doivent pointer là-bas. Qu’est-ce qu’on fait ?

Demande-z-y s’il y a moyen de passer le pont ! Dit Sparr Hoff.

Tu dis qu’on est des marchands ! Insista Naki Bool. Qu’on est Okordiens et qu’on veut acheter des saphirs à Abrasil.

Elvane traduisit, mais elle dût manquer de conviction, car le tavernier se mit à rire.

Il dit que c’est la blague la plus pourri qu’il a entendu depuis des lustres ! Commenta Elvane. Que si on veut passer de l’autre côté, il vaut mieux pas rencontrer les soldats de la garnison et surtout pas leur raconter des bobards pareils !  Il dit encore que si on a de l’or, il a peut-être une solution.

Naki Bool s’exclama qu’il avait de l’or et pour le prouver sortit une bourse et montra une poignée d’écus Okordiens.
Abandonnant ses bocks et ses cruches, le tavernier invita le petit groupe à le rejoindre de l’autre côté du comptoir. Là il ouvrit une trappe dans le sol et leur dit de descendre avant que les soldats n’arrivent. Il viendrait les chercher au milieu de la nuit.
Alors que Naki Bool se précipitait, Sparr Hoff l’attrapa par le col.

Et si c’était un piège ? Dit-il. Un moyen de nous égorger et de nous voler !

Au même moment, des bruits de voix leur parvint du dehors. Une troupe égrillarde se préparait à entrer dans la taverne.

#63 2018-04-20 22:06:19

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Sparr Hoff commença à se tourner instinctivement vers l'entrée mais il eut le réflexe de se tourner de nouveau pour observer le visage du tavernier.
L'homme jouflue avait lui aussi tourné la tête vers l'entrée puis avait encore hâté la quatuor à descendre.
Sparr Hoff lu dans son regard que le tavernier ne mentait pas, il cherchait vraiment à cacher la fine équipe des troupes Lumoédiennes.
Les grands yeux qu'il fit et la force qu'il mit en tirant le bras de Sparr Hoff vers le petit escalier de bois finirent de le convaincre.
Ce tavernier se rendait complice et passeur en échange de quelques pièces d'or, et il ne voulait pas être découvert.
Sparr Hoff balança Naki Bool devant lui et sauta directement dans la petite cave. Il entendit juste au dessus de lui la trappe se refermer tandis que la troupe égrillarde entrait dans la taverne.

Il fallut quelques minutes au quatre compères pour s'habituer à leur environnement. Dans la hâte ils n'avaient pas récupéré de quoi éclairer la pièce.
Ils tâtonnaient pour repérer ce qu'il y avait autour d'eux. Cela fut rapide car il y avait juste deux étagères de chaque côté de l'escalier, remplies de petits tonneaux et autres conserves. Sparr Hoff devait se tenir courbé sous la voute, il s'assit au bout de la petite cavité sur un tonnelet et le dos au mur.
" Bon, ben y'a plus qu'à attendre. - chuchota Naki Bool
- En silence... - répondit Sparr Hoff
- Et en gardant vos mains contre vous... - suggéra Elvane
- C'est pas moi, j'ai ..."

Alors que Naki Bool tentait de justifier ses mains baladeuses, la trappe s'ouvrit et le tavernier descendit rapidement les marches.
Il posa son index sur ses lèvres, pris quelques liqueurs sous son bras et remonta aussitôt.
Au dessus, les clameurs s'amplifiaient, les femmes avaient du faire leur entrée alors que le nombre de soldats avait surement augmenté.
"Il aurait pu nous laisser une bougie quand même. - grogna Naki Bool.
- Pour qu'on te voit retirer tes mains ?
- gnagnagna"

Assez rapidement, Naki Bool et Sparr Hoff sentirent qu'Elvane et Aboukar écoutaient les conversations au dessus, dans l'espoir d'obtenir des informations intéressantes et gratuites.

Le silence s'installa et dura jusqu'à tard dans la nuit, lorsque les derniers soldats furent raccompagnés jusqu'à la sortie par le tavernier.
Avec l'ouverture de la trappe, la lumière revint dans la petite cave.
"Allez montez, y'a plus personne."
Quelques secondes plus tard, assis autour d'une table, la négociation commença et Elvane traduisait aussi bien qu'elle le pouvait.
"Je peux vous héberger pour la nuit dans la grange, mais attention ça va vous couter quelques pièces supplémentaires car vous êtes ici illégalement. Et si vous vous faites chopper vous direz bien qu'on se connait pas hein ?
Mais surtout, je peux vous faire passer de l'autre côté discrètement..."

Avant de passer à la suite de son histoire, le tavernier demanda à Naki Bool de lui présenter le contenu de sa bourse.
Le tavernier fit une petite moue à la découverte de celle-ci mais elle était suffisamment garnie pour qu'il passe à la suite :
"Voilà comment ça va se passer ..."


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#64 2018-04-22 09:43:24

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Tous les soirs une partie de la garnison est de sortie, comme vous avez pu vous en rendre compte. Les permissionnaires sont une cinquantaine à chaque fois. Ils doivent faire des roulements car je vois rarement les mêmes têtes. Ils se répartissent dans les auberges pour y dépenser leur solde. Les filles arrivent peu après….

Le tavernier eut un grand sourire avant de dévoiler le plus beau.

….Et elles viennent d’en face.

Quand il vit l’expression étonnée d’Elvane, il eut un sursaut d’amour-propre.

Vous ne croyez tout de même pas que ces soudards besognent nos filles ! Il n’y a ici que d’honnêtes paysans, artisans et commerçants. Dès que le soir tombe, tout le monde rentre chez soi et s’enferme à double tour.

- Ceux de Thérunna ont le droit de passer le pont ? S’étonna Elvanne

Pas vraiment ! Il s’agit d’une dérogation spéciale. Les filles qui arrivent sont de vraies professionnelles. Elles passent le pont dans cinq grands chariots à la nuit tombée et repartent quand les bourses de ces messieurs de la garnison sont vides. Il y a un accord entre les mères maquerelles des bordeaux de Thérunna et le commandant de la forteresse. Les putains gagnent leur argent, la bière coule à flots, les tavernes en profitent et le moral des troupes est entretenu…Tout le monde y trouve son compte.
A l’aller, le contrôle est sévère. Les chariots sont inspectés. Tout ce qui vient de Thérunna est suspect. Mais au retour, les gardes sont beaucoup moins zélés. Une fille de plus ou de moins, ils ne comptent pas.
Pour vous, ce sera facile. Le jeune homme n’aura pas non plus de mal à donner le change avec une perruque. Pour votre petit copain, ce sera plus dur, quant à celui-là….

Le tavernier désigne Aboukar.

...Faudra le planquer au fond d’un des chariots. ça arrive parfois qu’une fille soit saoule, ou qu’un soldat ait été un peu violent. La mère maquerelle, qui accompagne ses brebis, à l’habitude. Elle touche sa commission, c’est normal. Elle va rechigner un peu, parce que quatre d’un coup, ça fait beaucoup, mais je suis un bon client. Pour les frais, vous n’avez pas tout à fait le compte pour quatre, mais vous avez de bonnes têtes, je vous fais un prix. Vous avez eu de la chance de traiter avec moi. On vous prêtera des vêtements de femmes pour l’occasion. On nous les rapportera le lendemain soir.

Elvane n’avait pas traduit au fur et à mesure et attendait la fin pour faire un résumé. Quand le tavernier acheva son explication et tendit la main pour sceller le pacte, elle lui fit un sourire crispé et lui avoua qu’elle n’était pas décisionnaire en la matière. Elle fit un résumé pour Naki Bool et Sparr Hoff.

Il croit que le passage ne concerne que nous quatre. Je ne lui ai pas dit qu’on avait encore dix autres camarades.

-20 pièces d’or, et tu dis que c’est à peine suffisant pour quatre ! S’exclama Naki Bool. Ce type est un voleur!

-Je payerai ça rien que pour te voir déguisé en fille ! Plaisanta Sparr Hoff.

Qu’est-ce qu’on fait, alors ? Demanda Elvane

Rien ! Faut d’abord en parler à K-Lean.

-D’accord mais qu’est-ce qu’on dit au tavernier ? Il attend une réponse. J’ai peur de lui avouer qu’on est quatorze. Surtout que tu n’as pas l’or pour un tel nombre, si tant est qu’il accepte de prendre ce risque supplémentaire. Déjà que quatre ça lui semble beaucoup. Et puis Je n’imagine même pas les Huskarls déguisés en fille.

-Putain du nord! Pourquoi c’est pas K-Lean qu’est venu ici, au lieu de cet abruti de pêcheur ! Bon ! T’as qu’à dire que c’est d’accord, mais qu’on doit récupérer des affaires dans la forêt et qu’on n’en a pas pour longtemps.

-Il dit qu’il faut payer d’avance !

-Putain du nord de putain du nord. Grinça Naki Bool, entre ses dents

#65 2018-04-23 16:42:15

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Bon. Paie-le Naki. Sparr Hoff venait de faire le tour de la question.
Ils avaient une solution pour passer quatre personnes de l'autre côté. K-lean pouvait remplacer Aboukar numériquement et une fois de l'autre côté il pourrait trouver une solution avec Abrasil.
De toute façon, s'ils refusaient cette proposition ils devraient surement quitter la taverne et ils n'auraient nulle part où aller. De plus, dans leur dos, le tavernier pouvait très bien aller les dénoncer.

Elvane, demande lui s'il a une chambre au calme pour cette nuit avec cette même somme ? On lui donnera bien entendu le tout demain soir.

-Il veut l'or tout de suite! Il n'a pas confiance! Dit Elvane après avoir fait la demande.

Pas question! S'exclama Naki Bool. Une avance à la rigueur!

Après une négociation laborieuse, Elvane annonça:

Il accepte la moitié maintenant et le reste demain juste avant le passage.

Sparr Hoff adressa un grand sourire au tavernier et demanda à Naki de lui serrer la main pour conclure le pacte.

Putain du nord, 20 pièces d'or Sparr, c'est du vol !

- Souris, sers-lui la main et paie-le, par Yggnir !

- Groumph !!

Le tavernier serra la main de Naki puis encaissa les dix pièces d'or avec un air gourmand. Il guida ensuite ses nouveaux clients jusqu'à une chambre au bout de l'étage.


La pièce était exiguë, une petite ouverture laissait passer la lumière de la lune juste à la base du mur sous  le toit de chaume.
Il n'y avait pas grand chose à voir hormis deux lits superposés de chaque côté de la pièce, alignés contre chaque mur.
Sparr Hoff offrit encore un grand sourire au tavernier qui referma la porte derrière eux.

Tu crois vraiment qu'on peut lui faire confiance Sparr ? demanda Naki Bool

Ouais. T'as vu la mine ravie qu'il avait quand tu lui a serré la main ? Il est trop content de gagner cet or là pour nous faire un coup dans le dos.
Allez au lit, il faudra être parti avant l'aube.

- Tu prends quel lit Elvane ?

- A l'opposé de là où tu seras mon cher.

Et voyant qu'Aboukar s'allongeait déjà sur un lit du bas, elle grimpa tout de suite sur celui du haut.
Une fois allongée elle adressa un baiser sur sa main et l'envoya vers Naki.

Je demandais ça par politesse, franchement, qu'est ce que tu t'imaginais hein ?

- Allez grognon, au lit. - Sparr Hoff le poussa vers l'autre lit du bas et monta sur celui du dessus.


Après une nuit sans bruit et sans aucune alerte, les quatre compères étaient repartis avant que le soleil ne se soit levé.
Ils avaient tout de même croisé le tavernier qui, à la mine gonflée qu'il présentait, n'était réveillé que depuis quelques minutes.
Surpris par un départ aussi matinal, il leur adressa quand même un salut qu'il voulu le plus amical possible.
Avec sa mine bouffie, cela lui fit faire plutôt une sorte de grimace comme s'il faisait la commission.


La petite équipe repris la route par où elle était arrivée et, prenant soin de veiller à ne pas être suivie, bifurqua et fit un grand tour pour revenir là où ils avaient rendez vous avec le reste du groupe...


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#66 2018-04-24 19:02:43

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

... et donc on a payé la moitié de ce que le tavernier nous a demandé. Le reste devrait lui être donné ce soir si on y va. termina d'expliquer Sparr Hoff à K-lean et au reste de la troupe.

C'était donc ça ces chariots qui traversaient. Charlie et Lulu les ont vu repartir vers Abrasil durant leur tour de guet cette nuit.

- Ouais. Des putes d'abrasil. C'est comme ça qu'y faut se déguiser pour passer.

- Naki, t'oublies que le deal ne concerne que quatre personnes.

- C'est suffisant pour te faire passer K-lean.

- Et après Sparr ? Comment on fait passer les dix derniers ? On va pas faire ça trois jours de suite non plus.

- Non, mais une fois de l'autre côté, t'aurais peut être d'autres solutions avec les armées abrasiliennes. Autant c'est pas logique qu'on demande à Déomul de quitter leur territoire, autant t'es un émissaire Okordiens mandaté par le Roi pour rencontrer Torkson. Ils ont sûrement des règles pour protéger des ambassadeurs étrangers.

- Les ambassadeurs étrangers peut être, mais pas leurs troupes s'ils en sont séparés. Faut pas rêver. Ils vont pas aller chatouiller Deomul pour une dizaine de haches Okordiennes
.
- Alors dans ce cas on doit passer par nos propres moyens.

- Y'a peut être une solution avec les chars quand ils repartent en fait. Charlie me disait que quand les chars étaient arrivés du village, les gardes avaient fait baisser le pont levis et avaient tous quitté leur poste ou leur ronde pour attendre l'arrivée des chars, laissant sans surveillance le passage du pont.
On sait pas vraiment ce qu'ils foutaient là mais ça se marrait. S'ils font ça à chaque retour on aurait une plage de dix quinze minutes pour que les huit se faufilent sur le pont jusqu'au versant opposé.

- Humm. C'est jouable si on n'a pas affaire à un garde qui fait du zèle. - répondit Sparr Hoff.

Et côté Abrasil, y'a personne ? la remarque de Naki Bool fit mouche.

Charlie, Lulu ?

- Ben... à part que les portes se sont ouvertes à l'arrivée des chars et refermées aussitôt, on n'a rien vu non.

- Ouais... donc on pourrait tout aussi bien se faire tirer comme des lapins par Abrasil une fois sur le pont. rétorqua Naki Bool.

Les ennemis de mes ennemis sont mes amis.

- Mais encore l'archer ? grogna Naki.

C'est pas dans l'intérêt d'Abrasil de tirer sur des mecs qui fuient Deomul. Sans compter les alliés qu'ils peuvent devenir, ils peuvent apporter des informations importantes.

- Ouais... bah c'est pas moi qui traverseraient le pont sans savoir ce qui m'attend. Je préfère encore me déguiser en gonzesse.

- Même si y'avait aucune forteresse tu traverserais pas de toute façon vu que t'as le vertige ! ha ha

- C'est ça moque toi.

- Bon les gars. reprit K-lean Sparr Hoff a raison. On va tenter le coup en deux vagues cette nuit.
Sparr, Elvane, Naki et moi on se déguisera et on prendra les chariots. Et les hommes restants traverseront et se planqueront dans l'ombre en attendant les chariots. Avec mon statut d'émissaire je pourrais expliquer directement la situation à la référente des putains d'Abrasil dans la soirée à la taverne. Si le plan est foireux on aura toujours le temps de revenir vous prévenir.

- Par contre, si vous devez revenir... coupa Lulu

He ben, quoi ?

- Bah ce serait bien que ce soit déguisés en putains d'Abrasil, qu'on rigole aussi !

- Putain du nord que t'es con Ha ha ha !"[

Le soir venu, K-lean, Elvane, Sparr Hoff et Naki Bool entraient dans la taverne alors que les habitants fermaient leurs maisons...


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#67 2018-04-25 17:07:55

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Le reste de la troupe, guidé par Aboukar, Charlie et Lulu, progressait prudemment vers le pont en effectuant de courts trajets entre buissons et taillis.  Ils s’étaient badigeonnés le visage et les bras avec de la boue noire pour l’occasion et avaient coupé des rameaux bien feuillus qu’ils avaient glissé dans leurs ceintures afin d’apparaître le plus végétal possible
.
Le tavernier tiqua un peu en apercevant K-Lean. Il détestait les changements de dernière heure.  Elvane réussit à le calmer en prétextant que le pêcheur s’étant dégonflé, ils l’avaient pris pour justifier le prix du passage.

Si vous ne le prenez pas, on ne sera que trois, mais vous n’aurez que quinze écus.

L’homme, finalement accepta, mais il y mit ses conditions.
 
C’est d’accord, mais il faut qu’il se rase barbe et moustache. C’est aussi valable pour le nab…. Votre petit copain. Allez dans la chambre, vous y trouverez des vêtements. Il y a un peu toutes les tailles. Ma femme vous conseillera. Elle vous aidera aussi pour le maquillage. Pas question que vous tranchiez dans le lot. Heureusement pour vous, les putains de Thérunna ne sont pas toutes de première fraîcheur. Quand les chariots seront sur la place pour ramener ces dames, on viendra vous chercher. Vous monterez chacun dans un chariot différent, ça noiera le poisson.

Il s’adressa spécifiquement à Sparr Hoff, alors qu’Elvane traduisait au fur et à mesure.

Puisque c’est vous le chef, vous monterez avec la mère maquerelle dans le premier chariot. En attendant, dites à votre copain de me donner le solde.

Naki Bool compta les dix écus en soupirant comme si on lui enlevait des amis chers, et les remit avec regrets au tavernier.
Ce dernier, satisfait, les fit tomber un à un dans son escarcelle pour en apprécier le tintement.

Tachez d’être discret et de vous faire plus petits que vous êtes. Je parle surtout aux deux grandes bringues.

La séance de déguisement dura une bonne partie de la nuit.
Pendant ce temps le reste de la troupe, allongée sur le sol et ayant adopté la formation en bosquet, guettait l’arrivée des chariots depuis un petit promontoire qui dominait le pont à une centaine de pas. Ils virent cinq gardes sortir de la forteresse et s’approcher du pont, alors que la porte s’ouvrait côté Thérunna. Ils débloquèrent ce qui ressemblait à des cales et firent des gestes en direction de la tour. Les cordes mollirent et les gardes poussèrent sur le pont pour le faire basculer. Deux grosses cordes attachées à l’extrémité de la partie mobile, l’empêchaient de tomber trop vite car elles étaient reliées, par l’entremise de poulies à des contre-poids qui montaient au fur et à mesure que le pont s’abaissait. Une fois posé, les gardes le traversèrent pour la caler sur la chaussée en pierre, avant que le premier chariot ne passe.
Quand le convoi des cinq chariots eut traversé le pont, il stoppa pour que les gardes l’inspectent. Le contrôle dura dix bonnes minutes, à la suite de quoi, les gardes firent la manœuvre inverse. Deux des leurs retirèrent les cales de la chaussée et retraversèrent le pont, puis leurs camarades firent signe à la tour. Les cordes se tendirent et le pont remonta. Une fois en place, les gardes replacèrent les cales et s’en allèrent.

Quand est-ce qu’on traverse ? Demanda un des Huskarls.

Au retour ! Pendant le contrôle! Dit Charlie. Quand il fera bien noir et que les gardes seront fatigués et moins vigilants. Il va falloir se planquer quelque part tout près du pont et surgir au bon moment pour le traverser sans se faire voir quand les gardes inspecteront les chariots. K-Lean a dit qu’ils feront diversion si nécessaire.

Quand le calme revint du côté de la forteresse, la troupe se faufila à pas de loup en direction du pont pour y trouver la planque idéale, juste un peu en contrebas de l’ouvrage.

Vers trois heures du matin, les permissionnaires quittaient leurs lieux de débauche et de beuverie en chantant. Le tavernier retrouva K-Lean et ses compères dans la chambre. Il était accompagné de la mère maquerelle. Une grosse femme outrageusement maquillée, qui faisait tomber les mouches avec le puissant parfum dont elle était aspergée et qui cachait mal sa forte odeur de sueur. Elle balada une bougie devant chaque visage pour contempler le résultat du maquillage.

Toi, c’est très bien ! Dit-elle à Elvane. Je t'engagerais volontiers! En voyant Sparr Hoff, elle dit : Ça peut aller ! Pour les deux autres, elle fit la grimace.
Faudra vous planquer, vous deux ! Même bourré, vous faites pas envie ! Bon ! C’est le moment. Surtout pas un mot pendant le contrôle! Allez et que les dieux nous aident.

#68 2018-05-03 11:18:04

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Répartis parmi les chariots, les Okordiens ne pouvaient pas savoir si leurs compères seraient en difficulté durant le contrôle qui approchait. Chacun se préparait à sa façon.
K-lean se planquait allongé contre le sol du chariot, sur lequel il avait au préalable étendu un peu de déjections bucale récupérée devant la taverne. Celui qui viendrait vérifier son état devrait d'abord décoller de son visage les cheveux de la perruque et du liquide visqueux étendu là.
Naki Bool était simplement assis sur le petit banc entre deux grosses femmes, un seau entre les mains. Il avait prévu d'y planter la tête et de simuler bruyamment un abus de boisson, même s'il n'avait pas poussé la mascarade au point de K-lean et d'en mettre réellement dans le fond.
Elvane était presque comme un poisson dans l'eau car elle avait enfin l'occasion de discuter avec des femmes, et surtout des femmes d'Abrasil. Elle voulu tout savoir des modes actuelles d'Abrasil, mais finit par se taire à l'approche des gardes.
Dans le premier chariot, Sparr Hoff se tenait simplement assis au fond du chariot, assis à côté de la grosse femme dirigeante et face à une femme qu'il avait eut le temps de dévisager. Il avait cru au départ qu'il faisait face à un autre homme qui tentait de passer la frontière, outrageusement maquillé et à peine habillé. Mais face aux sourires édentés et aux battements frénétiques que faisaient ses paupières lorsqu'il le regardait, Sparr Hoff se rendit à l'évidence qu'il avait face à lui une autre catégorie de marchandise...
Des exclamations se firent entendre à l'avant du chariot, ils arrivaient au point de contrôle. Sparr Hoff releva la tête vers la forteresse et constata grâce à l'ombre projetée par la lune que le pont levis était en train d'être abaissé.



"Ils baissent le pont levis ! Préparez vous !"
Lulu se préparait à donner le signal, attendant que les derniers gardes soient retournés dans la forteresse. Contrairement à leurs observations, ils avaient seulement commencé à baisser le pont levis alors que les chariots arrivaient au contrôle. Si les gardes tardaient à retourner dans leur forteresse ou si le contrôle était raccourci, ils seraient  découverts durant la traversée.
"On y va !" Le dernier garde n'avait pas encore fermé la porte que les Huskarls sortaient des fourrés en courant vers le pont. Ils avaient préparé cette traversée pour se donner le plus de chance de réussite, courant à la file indienne en mettant les plus rapides au devant. S'ils se faisaient repérés, ils espéraient qu'au moins une partie d'entre eux pourraient traverser. Alors qu'ils arrivaient sur le pont, un léger nuage passa devant la lune.
"Ygnnir est avec les braves !" Se dit Lulu.


Rires, allusions douteuses et gestes déplacés, voici le résumé que se fit Elvane lorsque les gardes arrivèrent au second chariot où elle patientait. Alors qu'aucun garde n'était monté dans le chariot de la patronne, un jeune garde sauta dans celui d'Elvane et pris un malin plaisir à caresser les cuisses des plus jeunes, semblant chercher si elles ne cachaient rien sous leurs jambes. Lorsqu'il arriva au dessus d'Elvane, il resta quelques secondes à fixer la poitrine de l'Okordienne  gonflée par sa robe un peu trop serrée.
"On se voit demain soir ma mignonne" Se targua le jeune garde.
Elvane répondit par un faux sourire et un léger mouvement de tête en signe d'acceptation.
T'es pas près de me revoir gamin. Pensait Elvane.
Le garde redescendit et parla d'Elvane à un de ses compagnons qui rigola et pencha la tête pour l'observer à son tour.
Un garde plus ancien les rappela à l'ordre et ils passèrent au convoi suivant, celui de K-lean...


A mi-chemin de leur traversée, le nuage s'effaça et libéra la lune. Lulu n'entendait rien d'autre que son souffle et les pas de ses camarades. Devant lui, Charlie courait certainement d'une façon aussi particulière que lui. Ils voulaient avancer vite mais sans faire de bruit, chacun tenait donc contre le corps chaque élément métallique pouvant tinter en heurtant le sol. Jusqu'à présent, ils n'avaient pas entendu de corne ou de signal d'alarme. Ils s'approchaient du versant Abrasilien qui les masqueraient de la lune, lorsqu'il toucherait cette pierre, ils seraient quasiment sauvés.
Lulu releva la tête vers la porte fortifiée de Thérunna et remarqua une silhouette s'agiter dans la clarté d'une torche...


"Pouah ! Mais c'est dégueulasse !"
Elvane entendait les propos du jeune garde qui, à coup sûr, venait de découvrir le déguisement de K-lean.
"Il va pas le plotter celui-là." lui souria la femme assise en face d'elle.
Elvane sourit en réponse, espérant que la contemplation de son décolleté lui ai suffit.
"Nan mais comment elles font pour se mettre dans des états pareils ?!
- On voit bien que t'es pas souvent de permission toi hein ? ha ha
- Nan, mais celle de demain je vais pas la passer à boire comme ça, je te le garantis.
- Bon alors ? Tu vas pas voir si elle a du balcon celle-là alors ?
- Non merci. Je vais rester avec les souvenirs de l'autre chariot si ...
- C'est pas un peu fini les gamins là ?! Finissez le boulot."


Charlie se retourna dans sa course une petite seconde. Les huskarls avançaient bien même si leur rythme les avaient distancés les uns des autres. Aboukar était par contre terriblement à la traine. Le premier huskarl était déjà de l'autre côté, tous avaient passé la moitié du pont, mais Aboukar était encore au quart de la traversée et semblait donner des signes de fatigue. Lorsqu'il regarda de nouveau devant lui, il vit l'ombre de plusieurs soldats se découper dans la clarté des meurtrières des tours gardant la porte fortifiée...


Le dernier chariot... Naki Bool, se demandait pourquoi les dieux s'amusaient à lui jouer ainsi des tours et à jouer avec ses nerfs. Jusque là personne n'avait été démasqué, les gardes ayant même fui le chariot puant de K-lean. Naki Bool contemplait le fond de son seau vide, il n'avait même pas eu le courage de mettre un peu de vomi dans le fond. Sa peur commença à le faire trembler, à commencer par ses cuisses. Son ventre se noua alors que les deux gardes s'approchaient de l'arrière du char. L'un des deux monta, parla quelques mots aux premières femmes tandis qu'il les fouillait. Naki Bool tenait plus fermement son seau et enfonça un peu plus la tête dedans. Sa peur ne lui donnait même pas le courage de simuler des vomissements. Il tenait un seau vide et ne faisait aucun son, seule sa jambe tremblotante montrait qu'il ne dormait pas.
Le garde lui tapa sur l'épaule et prononça quelques mots. Naki Bool se figea, pris de panique il n'osait même plus bouger, attendant un signe des dieux. Son ventre se noua encore plus fermement.
Le garde le bouscula un peu plus et haussa le ton. Les tremblements se firent plus intenses.
Le garde appela et le second garde monta dans le chariot à son tour en sortant son arme.
C'en était trop pour Naki Bool et son estomac qui libéra dans le fond du seau tout ce qu'il avait pu ingérer durant la soirée.


Lulu rejoignit Charlie contre le gros rocher adossé à la porte fortifiée de la ville.
"Tu crois qu'ils nous ont vu ?
- Bien sûr qu'ils nous ont vu Lulu.
- Mais alors pourquoi ils nous tirent pas dessus ?
- Parce qu'ils savent pas qui ont est, mais ça se voit qu'on n'est pas des soldats de Deomul.
- Mais alors pourquoi ils nous ouvrent pas ?
- J'en sais rien Lulu putain du nord ! On devait se retrouver là, on y est. C'est tout ce que je sais !
- Ouais ouais c'est bon...
- ...
- Putain mais il va jamais arriver Aboukar..."


C'en avait été de trop pour le jeune garde qui ressorti aussitôt pour vomir à son tour au pied du chariot.
"Bordel des Fournaises, il tient pas le gamin ! Ha ha ha !"
Le vieux garde s'amusa de la scène et donna l'ordre de lever le contrôle.
Alors que le premier chariot se mettait en branle, Sparr Hoff souffla de satisfaction et releva le buste pour observer le passage entre les forteresses.
Les murs de Thérunna étaient dans l'ombre de la lune et on n'y voyait rien que de petites lumières émises par les torches des gardes.
Mais Sparr Hoff remarqua tout de suite la petite silhouette qui déambulait difficilement au milieu du passage.
"Putain du nord..."


"C'est bon, les chars repartent, regarde Charlie !"
Les cinq chars étaient effectivement repartis et s'approchaient du pont levis. Mais ce qui inquiétait Lulu, c'était qu'Aboukar était toujours sur le pont, seul.
"On va le chercher ?
- Non Charlie. Nous sommes dans l'ombre, restons cachés.
- Mais ils vont le voir !"

Exténué, Aboukar s'arrêta et posa ses mains sur ses genoux pour reprendre son souffle.
Une corne sonna l'alerte du côté de Deomul...


"Putain du nord, il va nous faire griller !"
Sparr Hoff n'avait pas quitté des yeux Aboukar qui s'était retourné en entendant la corne retentir.
Des gardes sortaient de la forteresse, une partie stoppa les chariots et l'autre partie courrait vers le fugitif.
Sparr Hoff ne pouvait pas voir de là les Huskarls de l'autre côté, mais il se demandait si les gardes ne les verraient pas en s'approchant d'Aboukar.
Et comme s'il l'avait entendu, Aboukar avança les bras levés vers les gardes.
Les gardes Lumoediens stoppèrent leur course et se mirent en position de combat, comme pour se défendre d'une plus grande menace que ce simple pêcheur.


"Les portes s'ouvrent ! Les portes s'ouvrent !"
Charlie tapait sur l'épaule de Lulu qui suivait la scène du pont. Il se tourna vers la forteresse de Déomul qui venait d'ouvrir ses portes, des gardes en sortirent et coururent vers Aboukar à leur tour. Ils ne s'occupèrent pas une seconde des Okordiens à quelques pas des portes.
"Bordel de peau de Wigmar, c'est quoi leur bordel là ?!
- C'est la frontière mon Charlie. Déomul va pas vouloir laisser passer Aboukar, et Abrasil va le vouloir..."


L'air était lourd et silencieux, les deux petites troupes s'étaient positionnées face à face de leur côté et attendait qu'Aboukar choisisse un camp. Les chars étaient toujours à l'arrêt et ils étaient encerclés par l'armée de Deomul. Sparr Hoff regardait Aboukar qui hésitait, il regardait de chaque côté sans savoir ce qu'il devait faire pour que la situation ne s'enflamme pas. Chaque camp attendait qu'il se décide, se renforçant de quelques hommes durant cette attente.
Et puis Sparr Hoff décela chez Aboukar un changement, il s'approcha du bord et se pencha pour observer l'eau couler en contrebas. Il n'avait aucune chance de s'en tirer en sautant. Alors il sorti le "contrat" que lui avait donné l'ambassadeur, il le tendit bien haut au dessus de sa tête et se tournant vers les chars des Okordiens déguisés. Sparr Hoff discerna le sourire d'Aboukar qui tendit une dernière fois le parchemin dans sa main, avant qu'il ne se jette dans le vide...


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#69 2018-05-04 16:20:15

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Les témoins de la scène assistèrent à la chute sans un mot.
Puis comme si cette tragédie concluait l’épisode, les gardes refluèrent de part et d’autre, ceux de Déomul donnant l’autorisation au convoi de chars de poursuivre sa route. L’incident était clos.

K-Lean respira en passant la porte de la ville de Thérunna. Mais il constata bientôt que la rue principale était bordée de chaque côté par des hommes en arme et quand les Huskarls entrèrent à la suite des chars, croyant qu’ils ne risquaient plus rien, ils furent aussitôt entourés par une forêt de piques. Le convoi fût stoppé et un abrasilien gradé ordonna aux filles de descendre. Elles furent guidées entre deux rangées de gardes et il les inspecta une à une, quand elles défilèrent devant lui. K-Lean, Sparr Hoff et Naki Bool furent extraits du troupeau des prostituées. Elvane pensait pouvoir passer au travers, mais la mère maquerelle la dénonça aussi à l’officier.

Les soldats riaient beaucoup aux déguisements des hommes. Ce devait être un spectacle assez récurrent car ils faisaient des comparatifs. Elvane attirait d’autres remarques plus élogieuses, mais aussi très salaces. Les Huskarls furent désarmés et rassemblés avec les quatre déguisés. La troupe ainsi constituée marcha, encadré par une bonne vingtaine de gardes, l’épée au clair, au travers d’une foule curieuse que l’esclandre avait réveillée, vers un gros bâtiment austère, hérissé de meurtrières, de créneaux et de machicoulis et qui ressemblait fort à une bastille.

Dès l’entrée, on sépara Elvane du reste de la troupe, malgré les protestations des hommes, à commencer par K-Lean qui beuglait sans arrêt « Legatione Regnum Okordum» , les trois mots que lui avait appris son guide. Les hommes se retrouvèrent bientôt entassés dans un cachot, mais comme K-Lean continuait à manifester bruyamment, il finit par attirer l’attention des gardiens qui en déduisirent qu’il était le chef de la bande. On revint le chercher. D’abord il voulut que ses hommes l’accompagnent, mais cela lui fût refusé et comme il insistait, on lui fit comprendre, avec un grand coup de gourdin dans le sternum, qu’il n’avait pas le choix.

Il fut conduit à travers les boyaux, vaguement éclairés par des torches suffocantes, de la citadelle, jusqu’à une salle dont le mobilier trahissait malheureusement la destination. Il y avait là tous l’assortiment des machines propres à détruire un corps humain. On pouvait l’écarteler, l’éviscérer, le bruler, l’ébouillanter, le découper, l’écorcher et lui broyer les os du corps un par un.
Devant l’officier qui lui demandait qui il était et pourquoi il avait passé le pont, il ne pût répondre que Legatione regnum Okordum. Et comme l’officier s’énervait, il s’énerva aussi et finit par éclater.

Mais bordel de nom d’un Wigmar ! Vous allez m’écouter oui ou non ? Je vous dis que je suis ambassadeur d’Okord ! J’ai des lettres de créances qui le prouvent ! Elles sont dans les vêtements que vous avez confisqués ! Il suffirait que vous les regardiez ! Je dois rencontrer l’Empereur Torkson au nom de mon roi Antijaky !

Cette diatribe, auquel il ne comprenait rien, n’impressionna pas l'officier qui gueula encore plus fort. Il lui désigna les engins de torture et K-Lean comprit qu’il devait lui dire un truc du genre : « Nous avons les moyens de vous faire parler ! ».

K-Lean essaya de lui parler petit nègre, en faisant des gestes avec les mains. Mais le spectacle de ce type déguisé en femme qui gesticulait de manière grotesque, finit par taper sur les nerfs de l’officier. Comme lassé, il fit un geste à l’adresse du bourreau. Aussitôt ses aides attrapèrent K-Lean, le plaquèrent contre le mur et lui entravèrent bras et jambes dans des anneaux de fer. Ils déchirèrent la robe pour mettre son torse nu.

Nunc te vere dicam* !  Dit l’officier, alors que le bourreau s’avançait avec un fer rouge à la main.

* Maintenant tu vas dire la vérité

#70 2018-05-14 17:39:47

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

"Yyyaaaaaaaaaaaarrrrrghhhhhhh !!"

Le corps dégoulinant de sueur et marqué pour la troisième fois par le fer rouge de son bourreau, K-lean marmonnait toujours les mêmes mots entre deux hurlements :

"Légation ... Regnum ... Okordum ...

Vis ad te ? ... Tunc loquitur, puer stupri !      (T'en veux encore ? ... Alors parle, enfant de putain !)

Légation ! Regnum ! Okordum !"

L'officier secouait la tête et soufflait d'incompréhension.

"Tu dura, huh ? Tunc puteus adepto usque ad gravis que.    (T'es un dur toi hein ? Alors on va passer aux choses sérieuses.)

Légation ... Regnum ... Okordum ..."

K-lean répétait inlassablement  ces quelques mots tandis que l'officier faisait signe au bourreau de changer d'outil.
Ce dernier reposa le fer rouge dans le petit brasier et se dirigea vers la petite table à deux pas de K-lean.
Il passa sa main quelques secondes au dessus des nombreux ustensiles et saisi finalement une sorte de petite pince à épiler, mais plus large et épaisse.
Le choix fit sourire l'officier. K-lean releva doucement la tête et observa l'outil.

"Tu comptes me faire le maillot maintenant ?..."

Le bourreau s'approcha de K-lean, lui retira la main gauche de son anneau et la serra sur un reposoir en bois. Il fit trois tour avec une ceinture en cuir pour bien maintenir l'avant bras de K-lean sur le reposoir.

"Qu'est ce que tu vas me faire enfant de putain ?..."

Le bourreau releva les yeux vers K-lean et lui sourit, laissant apparaitre ses dernières dents pourries, comme s'il avait compris la question.
Puis il prit le petit doigt fermement de sa main gauche et saisit l'ongle avec sa pince.

"Non non non non ! Pas ça !

- Placet loqui ergo ?           (Tu te décides à parler alors ?)

- Putain du nord mais qu'est ce que tu veux ?

- Loqui !                (Parle !)

- Je t'ai déjà tout dit abruti. Je suis l'ambassadeur K-lean, envoyé par le Roi Antijaky pour rencontrer l'empereur Torkson. Les lettres de créances sont dans mes affaires, espèce d'enfant de putain... Légation Regnum Okordum !

- Vos servo vestri version ergo ? Vae vobis, non sicut mendacium hic.    (Tu maintiens ta version alors ? Tant pis pour toi, on n'aime pas les menteurs ici.)

L'officier fit signe de la tête au bourreau pour qu'il débute le supplice. Le bourreau releva de nouveau les yeux vers K-lean et lui refit son sourire.

"Je te plais habillé comme ça hein ? ... Arrache moi un ongle et je t'arrache les yeux ..."

Le bourreau rabaissa la tête et allait arracher l'ongle lorsque la porte s'ouvrit d'un coup.

Siste ligula !      (Arrêtez vos conneries !)   

L'homme qui avait prit la parole jeta des regards noirs à l'officier et au bourreau et leur fit signe de quitter la pièce.
Puis il s'approcha de K-lean à petit pas et se posta juste devant lui.

"Ambassadeur K-lean ! Quelle surprise de vous voir ici."

Malgré l'épuisement, K-lean releva les yeux vers l'Abrasilien devant lui et sourit.

"Je ne pensais pas vous dire ça un jour... mais je suis ravi de vous revoir Emissaire Estun Dodrio..."

puis K-lean s'évanouit.

Dernière modification par K-lean (2018-05-18 10:24:34)


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#71 2018-05-18 12:15:07

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

La première chose que vit K-Lean en se réveillant, était un plafond richement décoré. Il tourna la tête pour découvrir la pièce dans laquelle il se trouvait et fût aveuglé par la lumière intense, qui traversait de grandes baies ouvertes sur une large terrasse pour l’inonder de sa clarté. K-Lean était allongé. Ses souvenirs étaient confus, mais il avait encore dans le nez le souvenir de l’odeur de sa chair brulée et sur sa peau, les séquelles de la morsure du fer incandescent. Il se dressa sur les coudes, un peu désorienté, son regard balayant la pièce et découvrant un mobilier précieux et des tentures d’une grande finesse représentant de jeunes femmes, légèrement vêtues, en train de se baigner dans une nature luxuriante.

Une personne, sans doute une servante, se leva de son siège et disparut comme si elle avait vu le diable. L’esprit encore embrumé et les membres douloureux, K-Lean ne réagit pas. Il restait étendu en essayant de rassembler ses souvenirs.
Quand Estun Dorio fit son entrée, la mémoire lui revint.

Comment vous portez-vous, Messire K-Lean ? Mes médecins m’ont dit que vous étiez bâti à chaux et à sable et que cette petite séance dans les sous-sols de ce palais, ne vous laisserait qu’une simple marque de l’hospitalité Abrasilienne.
Un jour vous m’expliquerez comment vous en êtes arrivé à forcer la frontière de l’Empire déguisé en femme, mais je sais au moins le pourquoi.

- Messire Dorio, je vous dois sans doute la vie. Je ne sais comment vous avez été informé de ma présence dans les geôles d’une ville aussi éloignée de votre capitale et par quel miracle vous avez pu m’y rejoindre, mais je n’en remercierais jamais assez les dieux pour cela. Quant à vos sbires, je les retiens !

Oh les dieux n’ont que peu de part dans cette affaire. Tel que vous me voyez, je suis en mission diplomatique. Je dois rencontrer les émissaires de Déomul sur le pont que vous avez traversé. Un certain prophète menaçant nos frontières force les frères ennemis à se concerter.
Thérunna a toujours été le lieu des négociations entre les deux empires. Il était donc normal que je m’y rende.  J’ai été averti par les cris d’une jeune personne que le capitaine des gardes avait entrainé dans ses quartiers pour un interrogatoire un peu particulier. Cette Elvane a la voix qui porte ! Comme, dans ses hurlements, elle évoquait des documents diplomatiques entre deux insultes, cela a éveillé ma curiosité. J’ai pu mettre la main dessus et découvrir qui vous étiez. Les gardes de l’Empire sont un peu violents, mais vous n’imaginez pas ce que les clandestins, qui viennent de Déomul pour nous espionner, sont capables d’imaginer pour leur échapper.

Enfin ce mal entendu fait maintenant partie du passé. Vos hommes sont libres, vous êtes sauf et la jeune femme, n’étant pas vierge avant son interrogatoire, n’a presque rien perdu.
Si j'ai bien compris, vous voulez rencontrer l'empereur au nom de votre roi. C'est intéressant! Je ne suis pas sûr qu'il apprécie ce genre d'humour, mais au moins êtes-vous maintenant protégé par l'immunité diplomatique, si tant est qu'on puisse parler de diplomatie entre un empire et sa province.... Mais ce n'est pas à moi d'en juger!

#72 2018-05-18 19:56:44

K-tåås Trøf
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Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

K-lean senti la colère monter en lui lorsqu'il imagina les sévices qui avaient été imposés à Elvane.
Il tenta de se redresser mais la faiblesse de son corps le fit retomber sur le flanc, mais toujours appuyé contre les oreillers.
Il reprit sa respiration et gémit légèrement en sentant les brulures sur son torse. Il mit quelques secondes avant de répondre à l'émissaire.

"Je n'ai pas parcouru des lieues et perdu de vaillants combattants pour vous laisser croire que nous venons insulter l'Empereur.
J'ai vu l'armée du prophète et nous en avons combattu plusieurs centaines. Je peux vous apporter quelques renseignements sur eux, tout du moins ceux que les Lumoediens vous auraient caché. Cette armée est importante mais vous n'aurez aucun mal à l'annihiler.
La raison de ma venue est que nous devons préparer une défense contre la Horde.

- La Horde ? Que pouvez vous m'apprendre sur la Horde ?

- Aujourd'hui rien. Mais nous avons envoyé une mission à l'est avant que je quitte Okord, j'espère que nous en saurons plus à mon retour.

- Donc vous voulez qu'Abrasil vous aide à vous défendre contre la Horde... mais vous ne savez absolument rien de cette armée légendaire ?

- hin hin hin ... C'est bien cela mon cher Dodrio. Mon roi Antijaky peut paraitre malavisé dans certaines de ses décisions prises parfois hâtivement. Mais il est un grand homme de guerre qui n'agit que pour la défense d'Okord.

- Je suis toujours méfiant quand un Okordiens m'en décrit un autre comme "Grand Homme"...
quoi qu'il en soit, j'en ai pour plusieurs jours de discussions ici, vous repartirez avec moi lorsque j'irais rendre compte de tout cela à l'Empereur Torkson. Lui seul décidera. D'ici là, essayez de vous remettre de vos petits ... bobos."

Et alors qu'il allait quitter la pièce, Estun Dodrio reprit :
"Ha j'oubliais, nous vous avons fais nettoyer vos vêtements. Et nous avons envoyé au supplice toute votre équipe : on leur a donné ... un bain !"


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#73 2018-05-22 20:14:37

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Quelques temps après, alors que la mission d'Estun Dorio tirait à sa fin et qu'il se préparait à repartir pour la capitale, il invita K-Lean à se joindre à sa caravane.
L'ambassadeur d'Okord insista pour être accompagné d'Elvane, sa traductrice, de Sparr Off et de ses deux archers, comme gardes du corps et enfin de Naki Bool parce qu'il ne prenait pas beaucoup de place et voulait absolument faire partie de l'aventure.
Les Huskarls n'étant pas des cavaliers furent jugés inutiles. Ils furent donc abandonnés à leur sort, ou plutôt confiés à la garde du légat commandant la légion stationnée non loin de Thérunna. Ils patienteraient là-bas en attendant le retour de leur chef et en profiteraient pour gouter aux joies de la vie saine des légionnaires, faite d'exercice et de vie au grand air.

Estun Dorio voyageait dans un tombereau assez lourd car très luxueusement aménagé, tiré par six chevaux de traits. Son escorte était composée de cavaliers coiffés de casques à plumes aux larges jugulaires, revêtus de cotes de maille luisantes qui descendaient jusqu'à leurs braies de cuir, et armés d'une grande lance, en plus de l'épée qui leur battait le flan.

Ils traversèrent le pays sur plus de 300 lieues en passant par des paysages très divers et en faisant étapes dans des villes toutes plus étonnantes les unes que les autres. Elvane faisait office de guide pour expliquer les monuments, les aqueducs, les temples et la technique du cloaque qui évacue les eaux usées sous terre. Ils firent connaissance des thermes et prirent des bains chauds. Ils découvrirent une gastronomie raffinée et des mets qu'ils n'auraient jamais eu l'idée de manger un jour, ils découvrirent les théâtres dans lesquels des acteurs masqués déclamaient des vers.

Un beau matin, la caravane arriva en vue de Ohm, la capitale d'Abrasil, et l'ancienne capitale du vieil empire.
Les Okordiens croyaient avoir tout vu, mais ils restèrent sans voix de longues minutes lorsque, le tombereau s'étant arrêté sur une éminence qui dominait la ville, ils étaient descendu, à l'invitation d'Estun Dorio, pour contempler le point de vue.

#74 2018-05-24 12:06:01

K-tåås Trøf
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Messages : 1 393

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

"Putain du nord..."
K-lean était ébahi par l'immensité de la capitale d'Abrasil.
C'était comme si les plus puissants seigneurs d''Okord avaient décidé d'installer leurs plus grandes forteresses au même endroit.
Des rues à pertes de vue où grouillait une foule de piétons, de cavaliers et de chars. De grandes artères surplombées de hautes maisons de pierres. Le tout entouré de plusieurs rangs de murailles devant lesquelles était installé une jungle de cabanes de toile et de bois, sorte de ville devant LA ville qui devait abriter les pauvres, attirés par l'opulence de la citée. 
K-lean parvenait à discerner quelques donjons plus haut que les maisons à de multiples carrefours.
Mais surtout, ce qui lui permettait de comprendre à quel point la capitale était peuplée, c'était le nombre d'édifice religieux dont il arrêta de compter les dômes au delà de la vingtaine.
"Putain du nord. Mais combien êtes vous là dedans ?
- Je n'ai pas connaissance du dernier recensement. D'ailleurs il est presque impossible à réaliser. Mais sans compter les légions prétoriennes qui garde l'Empereur, la ville compterait plus d'un million d'habitants.
- Un ... Un million ? Par Yggnir mais c'est ahurissant !
- Vous comprenez surement mieux pourquoi vos villages ne nous impressionnent guère ?"

s'amusa Estin Dodrio avant d'expliquer les derniers moments de leur route.

"Nous en avons encore pour un peu plus d'une heure de char avant d'arriver au palais.
J'irai présenter mon rapport à l'empereur tandis que je vous déposerai à proximité pour que vous fassiez un dernier brin de toilette et que vous trouviez des vêtements plus décents que ces frusques de voyageurs.
Je reviendrai vous chercher dans l'après midi où je vous dirai sous quelles conditions l'empereur est prêt à vous recevoir.
- Je vous remercie Emissaire.
- Ne me remerciez pas, ce n'est pas un traitement de faveur."

K-lean observa l'émissaire rejoindre le char. Il se remémora tous les moments où Estun Dodrio avait complété les explications d'Elvane concernant la description de leurs coutumes, leurs monuments. Malgré tout l'intérêt qu'ils avaient porté à apprendre et connaitre ces détails, l'émissaire les avaient toujours considérés comme des barbares. Et même après avoir réalisé tant de route ensemble, il était toujours autant fermé et distant avec les Okordiens. Il jeta un dernier regard sur cette mer de constructions impressionnantes et se dit que l'émissaire devait toujours s'arrêter à cet endroit pour faire contempler la citée à ses visiteurs et les écraser par sa taille et sa munificence. Si ça se trouve, il mentait pour le nombre d'habitant.

"Espérons que l'Empereur sera plus loquace..." se dit-il.

Dernière modification par K-lean (2018-05-24 12:06:58)


Lignée des Trofs, et autres successeurs

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#75 2018-05-25 00:30:10

Eugénée Anet

Re : Ambassade d'Okord - K-lean [Empire d'Abrasil]

Estun Dorio avait déposé les Okordiens dans sa "modeste demeure", où une foule d'esclaves s'étaient empressés pour les accueillir et les servir au mieux.
Le palais, K-lean ne trouvait pas d'autre mot pour qualifier la "modeste demeure", était un vaste bâtiment sur trois étages encadrant un jardin privé, rafraichi par une fontaine qui jaillissait en son centre.  Il donnait sur le palais impérial d'un côté et sur le fleuve qui traversait la ville, de l'autre.
On leur fit prendre des bains chauds dans d'étranges cuves en cuivre, en forme de cygnes. On les parfuma et on les habilla de chainses et de culottes de coton, puis d'un curieux manteau de soie, aux larges manches échancrées. Il était tenu à la taille par une ceinture de même matière savamment enroulée par les mains expertes des esclaves. Des bottines de cuir souple, complétaient leur trousseau.
Le soir venu, Estun Dorio, rentra et constata, avec un certain plaisir que ses invités étaient plus présentables.

J'ai parlé de votre ambassade à l'Empereur. Il a salué le courage qu'il vous a fallu pour entreprendre un voyage aussi long et périlleux. Il ne m'a pas donné de réponse, mais n'a pas non plus ordonné votre arrestation, ce qui est très positif.  Il a d'autres préoccupations pour le moment, mais il est possible qu'il vous reçoive un jour ou l'autre. En attendant, bien sûr, ma maison est la vôtre.
Nous allons diner, si vous le voulez bien, je vais dire à mes musiciens de nous accompagner pendant le repas. Le soir, l'air est plus doux, nous monterons sur la terrasse qui domine le fleuve. C'est un endroit paisible, éloigné des bruits de la rue et la vue est superbe.

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