Vous n'êtes pas identifié(e).

#1 2017-12-20 16:22:54

Vashem Greznik

Ordalie

Vashem Greznik retira son lorgnon et se massa les ailes du nez. La lecture du Pokusa, à la flamme vacillante de la bougie abimait sa vue et le fatiguait. Il avait cherché en vain le passage mentionnant la contamination démoniaque au sein d'une même famille. Le Diakon de Kobolsk n'était pas un familier du quatrième tome du Podreznik. Il ne l'enseignait pas et n'avait que de vague souvenirs de son contenu. Plus exactement, il en connaissait la plupart des axiomes, mais n'était pas capable, comme un spécialiste, de dire quel verset traitait de tel ou tel sujet. Or il fallait être précis en la matière. Le livre était le seul élément auquel se raccrocher. Il ne suffisait pas d'un souvenir diffus, réminiscence d'anciennes années d'études, encore fallait-il retrouver l'origine du texte dont la précision seule pouvait éclairer l'officiant. 
La mort de Liam Rochester, ou de Karan, suivant qu'on garde le nom matrimonial ou non, avait éteint la procédure d'excommunication entamée à son encontre. D'ailleurs, cette démarche n'avait pas beaucoup de sens. Son reniement de Podeszwa l'avait plaçé de facto en dehors de l'Eglise.
Aujourd'hui, le problème se posait avec son frère Samaël. Il demandait son ordination au sein de l'Eglise comme si ce terrible évènement ne l'avait jamais concerné. D'ou la recherche du Diakon de Kobolsk au sujet de la contamination démoniaque au sein d'une même famille. Comment s'assurer que le démon n'avait pas changé d'enveloppe? Il lui était tellement facile d'imprégner l'entourage de celui qu'il possédait.

Il finit par prendre une plume et un morceau de parchemin, et écrivit.

A l'attention de frère Konrad de Marbourg, Moine exorciste du Preskoleny d'Oriennenburg.

Cher confrère, je vous sollicite dans le cadre d'une inquisition nécessaire à l'établissement de la vérité s'agissant d'un cas de possession potentielle. J'ai besoin de votre expertise en la matière. Pouvez-vous vous rendre au fief de Chwala Podeszwa situé dans la province de la vicomtesse As'gryf et qui s'appelle, cela ne s'invente pas, un petit coin de résistance.

Vashem Greznik, Diakon de Kobolsk et grand auditeur de la foi.

Il prit une seconde feuille à la suite et continua à écrire.

A l'attention de Samaël de Karan.

Jeune Impétrant, Vous avez indiqué votre désir d'intégrer notre Eglise et je vous ai répondu de vive voix, que cette démarche devait faire l'objet d'une procédure particulière. Après une étude plus approfondie de votre situation, si votre désir n'a pas changé et que votre foi vous y pousse, je vous exposerai, avec l'aide d'un confrère, les démarches à effectuer pour rejoindre le sein de notre Eglise. C'est pourquoi, je vous attends dans mon fief de Chwala Podeszwa. Le plus tôt vous effectuerez cette formalité, le mieux cela sera pour vous comme pour l'Eglise.

Vashem Greznik, Diakon de Kobolsk et grand auditeur de la foi.

Quoi fait, il roula les parchemins, y apposa son sceau et sonna de la clochette qui reposait à côté de l'écritoire, pour qu'on les confie à de rapides coursiers.

Dernière modification par Vashem Greznik (2017-12-23 19:06:55)

#2 2017-12-21 12:14:41

Samael de Karan

Re : Ordalie

Samael avait passé toute la journée à la forêt, ses hommes et lui chassaient depuis l’aube jusqu’à l’aube du lendemain. En rentrant dans ses appartements, il remarqua une lettre scellée par le sceau de l’église posée sur l’un des chevets en bois de son lit.

Il enleva ses gants en cuir. Il regarda bien le sceau d’église avant de l’ouvrir.

    ⁃    Félix ! Cria Le Brun. Faites coulez un bain !

Alors que Félix faisait couler le bain, le Karanien se présenta devant le balcon de sa chambre. Le soleil se levait tout doucement. Samael lut la lettre une deuxième fois, quelque chose n’allait pas dans cette histoire.
Liam lui avait causé énormément de problèmes, la Maison Rochesterienne est aujourd’hui obligée de porter des secrets et des devoirs plus grands qu’elle.

Liam et Samael étaient très différents l’un de l’autre. Le premier était l’aîné, fils de Maure Rochester et d’Arcadio, deux parents croyants et investis dans leur religion. Élevé à San Augustin, il dut porté le nom de sa mère pour récupérer la régence sur la Maison alors que Maure était à la cour de Baldir. Le second est un batard, le dernier né de Maure, il est un De Karan car son père était Liétald de Karan. Il est donc le petit-fils d'Aldegrin de Karan. Il a été élevé par sa mère et par sa grande sœur Victoire à Mohdenia. L’un a été élevé dans la chevalerie et l’honneur, l’autre dans la ruse et la fourberie. Mais il partageaient deux choses, une même mère et le même amour pour la Foi.

Une demi-heure plus tard, Samael sortit de son bain, Félix était assit sur son lit avec des vêtements d’un blanc parfait, cousus avec des files dorés.

    ⁃    Maître, c’est une entrevue religieuse je crois ... vous ne croyez pas qu’y aller habillé en or soit inapproprié ? Demanda Félix inquiet pour son maître
    ⁃    Vous savez quel est le péché qui caractérise tant notre Maison, Félix ?
    ⁃    L’orgueil. Répondit Félix
    ⁃    Et je me dois d’être digne de ce nom.
    ⁃    Dans ce cas commençons.

Samael se retourna et laissa Félix l’aider à s’habiller. Un peu plus tard il était déjà en route avec cinq cent cavaliers vers le lieu de rendez-vous.

Une fois arrivé, Samael demanda à ses hommes de ne pas rentrer à l’intérieur même s’il était en danger, car quelqu’un d’autre assurait sa sécurité à l’intérieur.

En entrant à l’intérieur, le Karanien fit exprès de claquer ses talons à chaque pas, les semelles de ses bottes étaient en argent, il portait des habits et un mantel d’un blanc immaculé, orné de décorations brodées de fils d’or.

L’église était très sobre et modeste, ce que Samael portait aurait suffi à construire un Katadra immense à sa place .

Il s’assit sur une chaise près du frère Vashem.

    ⁃    Bonjour mon frère.

#3 2017-12-21 19:01:29

Vashem Greznik

Re : Ordalie

Bien que très modeste, l’Eglise du fief de Chwala Podeszwa répondait aux normes des bâtiments religieux, propres au culte de Podeszwa. Outre l’allée aux douze piliers, elle possédait une rotonde coiffée d’une coupole percée, de façon à faire descendre une tache de lumière en son centre. Le Diakon de Kobolsk était agenouillé sur son prie-Dieu, noyé dans cette lumière supposée divine.  Il portait son éternelle robe de bure, qu’il ne lavait que rarement, et qui gardait certaines traces de ses agapes. Malgré l’aspect austère de sa tenue, elle était faite d’une laine épaisse et soyeuse, au tissage très serré, qui lui offrait chaleur et confort. L’odeur un peu aigre, qu’elle dégageait était même rassurante pour le vieil ecclésiastique.

Le pas sonore de Samaël l’avait tiré de sa méditation. Le jeune Karanien semblait prendre plaisir à troubler la quiétude du lieu. Vashem Greznik écouta, sans se retourner le pas vif se rapprocher. La très courte entrevue qu’il avait eu avec le jeune homme, dans le vestibule de l’Eglise Podeszwienne d’Okord, lui avait laissé le souvenir d’un impulsif sachant maitriser ses emportements. Les mains jointes sous le menton, le visage inexpressif du serviteur zélé de Podeszwa, détaché des contingences du monde, Il attendit sereinement que son hôte arrive à sa hauteur.
Avec une nonchalance à la limite de la provocation, le jeune homme prit une chaise, la traina devant le Diakon jusqu’à la lumière, et s’y installa à califourchon.

Vashem Greznik leva un œil et détailla son invité. Certes, il ne s’attendait pas à voir un pénitent éperdu d’humilité, mais il fût malgré tout saisi par cette toilette au luxe indécent. La beauté du jeune homme le troubla aussi mais pour d’autres raisons. Bien que Samaël fût trop vieux à son goût, Vashem imagina l’enfant qu’il avait dû être et en ressenti un léger pincement au cœur. Sans plus le regarder, il répondit à son bonjour de sa voix la plus suave.

Bonjour, jeune Samaël !  Je salue en vous, la famille pieuse, pilier de l’Eglise Podeszwienne d’Okord et voudrais tout de suite dissiper un malentendu. Personne ne vous empêche d’intégrer la sainte Eglise de Podeszwa. Si cette ordination a connu un retard, la cause en est que la conduite de votre frère nous a fait craindre un problème de possession démoniaque. Mais il ne m’appartient pas de vous expliquer les détours du malin par lesquels il s’empare de âmes. Seul un spécialiste, rompu à l’étude de ces phénomènes, sera capable de le faire. C’est pourquoi, j’ai demandé l’assistance de Konrad de Marbourg. Il a répondu favorablement à mon appel et ne devrait plus tarder.

Dernière modification par Vashem Greznik (2017-12-21 19:03:50)

#4 2017-12-21 20:07:51

Samael de Karan

Re : Ordalie

Le brun avait beau être un croyant, il n’arrivait pas à comprendre ces gens qui se prétendaient meilleurs serviteurs de Dieu que les autres. Il n’avait pas confiance en ce genre de personne qui paraissait si pur et détenteur d’un cachet pour un aller simple vers le paradis.
Samael était assis sur une chaise alors que Vashem, lui, était agenouillé devant lui. Il sourit à l’idée de lui être supérieur.

Il scruta l’intérieur de l’église tandis que son interlocuteur lui parlait de l’arrivée d’un spécialiste pour une question de possession démoniaque. Samael haussa un sourcil et pivota doucement son regard vers le Frère Vashem, tout en souriant.
Ses yeux, pareil à deux pierres noires, criblaient de flèches négatives ceux de Vashem, comme si le regard du Karanien pouvait profaner la pensée de tout ceux qui le soutenaient.

Il fit avancer sa chaise un peu plus près du prie-Dieu, ce qui produit un bruit strident, amplifié par la résonance des lieux.

    ⁃    Frère Vashem ... mon frère Liam, ma chair et mon sang, avait abjuré sa religion mais pas Dieu ... Cette soi-disant cérémonie n’a pas lieu d’être car aucun démon ne se permettrait d’habiter un Rochesterien, ils n’en ont pas le courage.

Il se pencha vers le Frère Vashem pour lui murmurer à l’oreille. Son sourire ne l’avait pas quitté

    ⁃    La Maison Rochesterienne n’oubliera pas cette offense. Puis, en se redressant: Bien ! Attendons le donc.

#5 2017-12-22 02:09:59

Vashem Greznik

Re : Ordalie

Vashem Greznik poussa un soupir. Il avait trop vécu pour être impressionné par les menaces de ce gamin qui s'amusait à jouer au prince du mal.

Mon jeune ami, j'ai le sentiment que vous vous fourvoyez. Je croyais que vous aviez accepté cette entrevue pour entrer dans le sein de notre Eglise. Nous parlons bien de religion et plus particulièrement de celle de Podeszwa, n'est-ce pas? Que votre frère Liam n'ait pas renoncé à l'existence d'un dieu est une chose, mais en abjurant sa foi dans l'Eglise, il a renié Podeszwa. Je ne répèterai jamais assez que de tous les péchés envers notre seigneur, celui-là est le plus terrible, car il est le fait d'un initié. Il y a une différence fondamentale entre le fait de pécher par ignorance et celui de le faire en toute connaissance de cause.
Du point de vue de l'Eglise, votre frère était devenu adepte de Ciemnota.
Elle considère en effet, et le frère Konrad vous l'expliquera mieux que moi, que la décision de votre frère est consubstantielle d'un acte démoniaque.
Soit vous acceptez la position de l'Eglise et vous vous pliez à l'épreuve qu'elle vous soumettra pour en faire partie.
Soit vous refusez. Auquel cas, il était inutile de vous déplacer.

Podeszwa est seul capable de lire dans les coeurs. Ses voies sont impénétrables et je ne me permettrais pas de juger à sa place. Ainsi votre accoutrement peut manquer d'humilité à mes yeux bien qu'il mette en valeur l'admirable création de Podeszwa qu'est votre personne. Si je vous refusais l'accès à l'Eglise sur le seul critère de votre habit, je ne serais pas un loyal serviteur de Dieu. J'abuserai de ma position en décidant à sa place, de qui est un coeur pur et sincère.
C'est pourquoi j'ai demandé l'aide de frère Konrad dans votre cas.

Je vous le répète, c'est vous qui êtes demandeur, et non moi.

#6 2017-12-23 12:12:16

Samael de Karan

Re : Ordalie

Il était joueur l’enfant. Samael avait bien conscience que seul ce vieux homme pouvait lui permettre de réintégrer l’église de Podeswa. Il haïssait tout ceux qui ne lui disait pas « Oui, monseigneur » ou encore « tout de suite monseigneur ». Mais il savait où se trouvait son interêt. Étant dans une telle situation, il devrait se comporter avec moi d’arrogance, mais son caractère était plus fort que lui. Cependant la soif de pouvoir l’était encore plus.

    ⁃    Oui, évidemment que c’est moi qui a demandé à réintégrer l’église ... mais pas au prix de faire passer mon frère pour un possédé. Se lève pour s’approcher de frère Vashem en s’appuyant de ses deux mains sur le prie-Dieu. Je ne veux pas que ma Famille soit associée à une telle affaire... si vous ne pouvez pas le faire pour moi, faites le pour la Maison Rochesterienne qui avait soutenu l’église en temps de paix mais surtout en temps de guerre.

Il se redressa en lâchant un soupire

    ⁃    Mais pour Dieu et Dieu seul, j’attendrai votre ami et j’accepte cette soi-disant ordination. En levant ses yeux au plafond. Et par pitié lavez-vous et changez de vêtements ... Dieu n’a jamais demandé à sa création de vivre dans un tel état

Sur ces mots Samael alla faire un tour dans l’église, et le bruit des semelles d’argent résonnèrent à nouveau.

#7 2017-12-23 17:07:58

Konrad de Marbourg

Re : Ordalie

Alors qu’il déambulait dans la rotonde, Samaël fût attiré par une ombre tapie dans une alcôve. Quand il s’approcha, la présence fantomatique s’extirpa lentement de l’obscurité. Le jeune homme découvrit d’abord le bas une robe d’une blancheur immaculée, d’où jaillissait deux poulaines de cuir fin. Il ne s’agissait pas de bure, mais plutôt de soie. Au fur et à mesure que l’apparition s’avançait, il put détailler le reste du vêtement et notamment une chasuble d’un noir éclatant et profond, largement échancrée en son milieu pour mieux trancher sur le blanc de la robe qu’elle laissait voir.  La ceinture avait l’aspect d’une simple corde, mais elle était en fils d’or tressés.

Enfin la figure apparut. Un masque plutôt, d’où toute humanité semblait absente. L’homme avait le regard perçant, la bouche crispée dans un rictus de perpétuelle colère et le visage grêlé de cicatrices, vestige d’une petite vérole.

Che zuis Konrad de Marbourg ! Dit l’inconnu en se présentant. Sa voix était aussi dure que son regard et son fort accent osterlichois n’était pas là pour l’adoucir.

Mon éminent Kollégueu, le Diakon de Kobolsk, m’a demandé de fenir bour étudier fotre kas ! Et ze que che fois, ne meu zatisvait bas ! Leu Vrère Fachem a raizon de z’inguiéter à fotre zuchet ! Depuis que che fous obzerfe, ch’ai déjà noté drois des Zinc karactères qui dévinizent un démon. Fanité ! Luxureu und baresse !
Zependant, zi tous zeux qui kumulent zes drois karactères étaient des démons, il n’y aurait blus grand mondeu zur terre ! Auzi nous z’allons brozéder à une Aurdalie, zi bien sûreu, fous zêtes d’akord !
Ch’ai aborder le nézézaire bour la zérémonie. Doute est prêt dans la crypte ! Leu Vrère Fachem zera mein azistant et fous zerez zeul ! Fous pouffez enkore renoncer ! Che ne fous gache pas que zeuls les goeurs purs ze zortent de l’ébreuve zans tommache.

Dernière modification par Vashem Greznik (2017-12-23 19:07:37)

#8 2017-12-24 17:33:17

Samael de Karan

Re : Ordalie

Quand la silhouette qui était tapie dans l'obscurité se dévoila à Samaël, celui-ci ne sursauta pas ni ne montra la moindre émotion comme s'il avait deviné ce qui allait se passer.
Mais en réalité, il était inquiet. C'est à peine si cette personne était humaine. Son visage, figé comme un masque de cire lui cachait ce qu'il voulait voir. Il avait besoin de lire sur les traits des autres afin de prédire leurs réactions ou leurs ressentiments. Mais c'était impossible ici.

Il n’aimait pas prendre de risque, voilà encore une différence entre son frère et lui. Alors que Liam pouvait aisément risquer sa vie, pour ce qu’il entreprenait. Samael, lui, avait toujours voulu s’en sortir sans égratignures, et sans prendre de risques inutiles.

Il détailla l’Osterlichois de haut en bas, quand celui-ci lui parlait, expliquant le pourquoi de sa venue. Puisqu’il ne l’aurait pas par la provocation ni par la ruse, Samael pensa qu’il était temps de jouer le jeu.

    ⁃    Oui un cœur pur, c’est cela ... après tout on en voit tous les jours des cœurs purs. On marche un peu ?

Tout en marchant Samael en profita pour enfiler ses gants de velours.

    ⁃    Franchement, c’est quoi cette accoutrement, hein ? Dieu ne veut certainement pas de malades comme serviteurs de son église. Surtout des incompétents. Vous parlez de trois caractères, la paresse, la vanité et la luxure... c’est bien ça ?

Il s’arrêta pour admirer les vitraux, simple, sobre mais très beaux, avant de regarder l’étrange homme droit dans les yeux.

    ⁃    La paresse d’abord. Je me bats chaque jour pour que la parole de Dieu entre en Carovar. Le mot d’ordre est « plus loin » La parole du créateur doit toujours aller plus loin, et cela sans prendre en compte mes autres activités. Puis vient la vanité! Dieu créa l’or, nous l’a-t-il interdit ? Non! Il créa aussi la soie, les pierres précieuses d’une beauté inégalée. Dieu ne nous empêche pas d’être raffiné ou beau. Vanité est quand vous me voyez étaler ma richesse ? Et bien Dieu me l’a cédée. Ce que je porte, ce que je mange Dieu me l’a donné. Et ce que Dieu m’a donné, Dieu seul peut me l’enlever. Enfin vient la luxure, sur ces trois péchés, c’est le plus absurde. Savez-vous au moins ce que cela veut dire ou utilisez-vous ces mots à tort et à travers ? À la différence de certains, je n’ai pas encore goûté aux plaisirs charnels.

Et tout en souriant Samael conclût

    ⁃    Regardez-vous, vous et vos collègues! Sérieusement, on ne dirait pas l’élite de l’église mais la cour des miracles.

Continuant de marcher

    ⁃    Ah oui autre chose ... Je suis armé! Cela pose-t-il un problème pour la suite ?

Dernière modification par Rochester (2017-12-24 19:14:53)

#9 2017-12-25 17:24:42

Vashem Greznik

Re : Ordalie

Vashem Greznik se leva de son prie-Dieu et s’avança vers les promeneurs.

Il faut excuser le frère Konrad, messire de Karan. Il n’est pas familier de votre langue. Je suppose qu’il faisait référence au luxe que vous montrez de façon si ostentatoire. Mais, comme je vous l’ai dit, Podeszwa ne s’attache pas à ce genre de détail vestimentaire. Ce n’est pas à son enveloppe qu’on apprécie un fruit. Quant à la luxure, ce n’est pas tant l’acte de chair lui-même que la perversité qui le sous-tend. J’entends par perversité une pulsion qui ne serait pas guidée par l’Amour de Podeszwa et de sa création, mais par des instincts animaux inspirés par Ciemnota.

Il regarda le jeune homme avec l’aplomb de celui à qui on ne la fait pas, puis il tendit la main dans sa direction.

Je ne peux pas vous interdire de garder une arme, si ce hochet peut vous rassurer. Mais je puis vous assurer que vous n’en aurez pas besoin et qu’elle ne vous sera d’aucune utilité. Si vous voulez bien me la remettre, jeune homme. Vous pouvez aussi bien la laisser ici, si vous préférez. Vous la récupérerez à votre retour.

Dernière modification par Vashem Greznik (2017-12-25 17:27:07)

#10 2017-12-28 20:57:42

Samael de Karan

Re : Ordalie

Souriant à Vashem, Samael l’avait complètement oublié.

    ⁃    L’arme en question ne peut m’être amputée. Je suis armé de ma Foi.

Il savait bien à quoi s’attendre, mais il était aussi conscient que s’il laissait tomber cette ordination, il ne pourrait plus jamais réintégrer l’église, sans compter les conséquences d’un tel malheur.

    ⁃    La perversité ?

Il s’approcha de l’oreille du frère Vashem avec un sourire moqueur aux lèvres, puis il murmura « Vous êtes mal placé pour parler de perversité ».

    ⁃    Je suppose que nous devons commencer, non ?

Il aurait bien voulu continuer à débattre sur le luxe, la luxure. Montrer, démontrer, prouver que Dieu n’est que lumière et que, par conséquent, ses créatures devaient paraîtres dignes de ce nom, en arborant tout ce que Dieu avait créé de beau et de raffiné, mais il ne voulait pas irriter davantage les deux religieux.

#11 2017-12-29 11:43:06

Vashem Greznik

Re : Ordalie

Vashem Greznik haussa les épaules. Ce gamin était irritant. Il faisait montre d'un manque total de maturité en brandissait sa foi devant les édiles de l'Eglise, comme un exhibitionniste, son sexe devant les dames. Cette tartufferie l'exaspérait, et, n'eût été le besoin de remplumer une Eglise qui se vidait, il aurait renvoyé ce bellâtre à ses chères études. Mais les de Karans étaient une puissante famille, renommée et influente.....Et puis un miracle est toujours bon à prendre.
Bien que Vashem fût convaincu que, seul le message du Zwiastun pouvait toucher le coeur des adeptes et leur montrer la véritable nature de Podeszwa, il n'était pas naïf au point d'ignorer que les gens simples ont besoin de manifestations plus palpables pour se mettre à croire.
Il désigna une tenture brodée, suspendue au mur entre deux piliers au fond de la rotonde. Il s'agissait d'une édifiante allégorie de la justice divine. Elle représentait un soleil dont les rayons se terminaient en fer de lance et transperçaient les infidèles, alors que les justes, eux, baignaient dans un halo protecteur.

L'accès à la crypte est derrière cette tapisserie. Si vous voulez bien suivre frère Konrad, il vous montrera le chemin.

La tenture cachait un couloir sombre qu'ils empruntèrent et qui les mena, au bout d'une vingtaine de pas, à un escalier.
Les trois hommes descendirent de mauvaises marches entre deux murs étroits, couverts de salpêtre. La crypte était éclairée par une dizaine de torches dont la fumée noircissait le plafond. C'était une pièce étonnamment vaste, comme le constata Samaël, bien que sa vue soit gênée par les larges piliers en pierre de taille, qui soutenaient sa voute. Elle était bien plus grande que l'Eglise sur laquelle elle était bâti. Le sol était en terre battue, les murs nus et percés d'alcôves emplies d'ossements. Le fond de la crypte était plongé dans le noir à part un mince filet de lumière irréelle, descendant du plafond.

Sur un geste de Vashem Greznik, les torches se déplacèrent. Samaël eût un geste de surprise avant de s'apercevoir qu'elles étaient tenues par des moines en soutane noire et capuche rabattue. Ces derniers suivirent les contre-allées alors que les trois hommes s'avançaient dans une sorte de travée centrale qui les mena au fond de la crypte.
L'endroit reprenait la forme circulaire de la rotonde qui devait, sans doute, se trouver juste au dessus.
Un autel occupait le centre de l'espace, baignée dans un halo venu du plafond. C'était un grosse pierre nue grossièrement taillée.
Les moines défilèrent en silence et vinrent se plaquer le long du mur pour finalement former un cercle de torches.
Samaël inspecta le plafond vouté pour s'apercevoir qu'il était percé d'un trou qu'il n'avait pas remarqué quand, à l'étage supérieur, il avait foulé le sol de la rotonde.
La lumière éclairait l'autel et plus précisément une boite en bois clair qui s'y trouvait.
Il n'y avait rien d'autre.
Rien de ce qu'il avait imaginé
Ni foyer rougeoyant, emplis de braises, ni râteliers garnis d'instruments barbares, ni cuve ou piscine d'eau glacée.
il n'y avait que cette boite, juste assez grande pour contenir une paire de cothurnes.

Dernière modification par Vashem Greznik (2017-12-29 11:56:01)

#12 2017-12-29 20:53:14

Konrad de Marbourg

Re : Ordalie

Konrad de Marbourg fit le tour de l'autel et sortit un sablier de sa poche qu'il posa sur la pierre.

MeZZire de Karan, foici la l'ébreufe que fous defez réuZZir bour endrer dans l'Eglisse!

Il posa la main sur la boite en bois et ses doigts longèrent le bord de sa partie supérieure jusqu'à trouver une sorte de clé qu'il déclencha, car le petit coté du parallélépipède s'ouvrit à deux battants, découvrant un trou, gros comme une balle de pelote.

Il y a un opchet zacré dans zette poite! Vous devez enfiler fotre main dedans bour le saizzir et le karder bendant la durée de ze zablier. Zi vous lâjez l'opchet bour retirez fotre main de la poite afant gue le zable ne ze zoit écoulé, fous aurez échoué.
Zi fous afez la voi! Une voi féritable! Alors, fous garderez la main dans la poite guoi gu'il arrife!
Fous m'afez bien gompris? Zinon Vrére Fashem beut fous expliquer mieux!

Ternier tédail! Fous deffez fous mettre à chenoux devant l'autel bour la zérémonie.

Tes guestions?

Dernière modification par Vashem Greznik (2017-12-29 20:56:55)

#13 2018-01-03 15:30:02

Samael de Karan

Re : Ordalie

S’approchant de l’autel, guettant la boîte en bois d’un œil suspicieux. Samael n’avait confiance qu’en Dieu et lui-même. Donner sa propre main en gage de bonne foi, c’était inconcevable pour lui.

Il tourna la regard vers Vashem ignorant l’inquisiteur et ses explications. Quand ce dernier termina de parler, Samael leva sa main pour la montrer à Vashem

    ⁃    Donc si j’ai bien compris, je dois mettre cette main à l’intérieur de cette boîte et de tenir le plus longtemps possible ... aussi longtemps que le sables s’écoulera dans le sablier.

Il pivota vers l’autel et s’avança vers la boîte en question, conscient qu’il pouvait perdre sa main à cause de la folie de deux religieux persuadés que l’amour et la Foi ne sont que douleur, et que pour expier des péchés nous devons souffrir.

Ses pierres noires fixées sur la boîte.

    ⁃    ... mais pas cette fois

D’un coup furtif il retourna le sablier avant d’enfoncer sa main dans le trou à rat. Plus le temps s’écoulait, plus son cœur accélérait, sa peau transpirait, on pouvait lire sur son visage de la peur. Son souffle devint lourd et lent. Le temps était comme ralenti. Plus que quelques grain de sables.
L’attente était insupportable. Et subitement Samael se mit à crier à quelques secondes avant la fin du sablier, la peur avait pris le dessus, il espérait que ses cris pourraient lui donner la force de continuer

    ⁃    Ahhh !

3... 2... 1...

#14 2018-01-04 16:19:26

Vashem Greznik

Re : Ordalie

Malgré son appréhension, Samael enfourna sa main dans la boite. Il avait pris une grande respiration, fermé les yeux et fait confiance à sa foi. L’épreuve devait être possible, même si les étranges coutumes de l’Osterlich ne le rassuraient pas.
Le fameux objet sacré qu’il était supposé prendre en main était lisse et froid. Cela ressemblait à un galet. Le premier contact passé, Samael se détendit un peu. Il scruta le sablier pour s’apercevoir que le sable ne s’écoulait pas très vite.
L’épreuve ne pouvait pas être aussi facile. On lui avait dit de garder la main dans la boite quoiqu’il arrive et il n’était rien arrivé. Mais peut-être était-ce à venir.

C’est alors qu’il ressentit comme une démangeaison, comme si le dos de sa main avait été effleurée par des orties. La peur refit surface. Bien que cette sensation désagréable fût supportable, elle annonçait peut-être quelque chose de plus douloureux. L’angoisse était d’autant plus forte que le sablier était encore loin de se vider.
La démangeaison fit place à des picotements. Des milliers d’aiguilles s’enfonçaient dans sa peau. La douleur remplaçait le simple désagrément. Samael fût tenté de retirer sa main, mais il se remémora la phrase du frère Konrad. Il fallait avoir la foi.  Le temps était à moitié écoulé. Ce ne serait plus très long maintenant.

Mais c’est une sensation de brulure qui suivit les picotements. Samael avait l’impression que sa main était placée au-dessus d’un feu et que les flammes léchaient ses doigts. La douleur devenait intense. Plus que la douleur, le sentiment d’être en train de perdre sa main s’empara de son esprit et il commença à paniquer.

Il chercha le regard des ecclésiastiques pour se rassurer. Y trouver l’encouragement ou de la compassion, quoi que ce fût, qui l’aiderait à supporter l’épreuve, mais les deux hommes attendaient la fin du supplice sans montrer la moindre émotion.
Le sablier était presque vide. Retirer sa main maintenant ne signifiait plus rien. Elle était perdue. Il regardait les derniers grains de sable s’écouler en grinçant des dents. La douleur était insoutenable. Il se mit à crier comme un damné, l’œil rivé sur le sablier. C’était un cri bestial, de douleur mêlée de rage. Un cri qu’on pousse pour concentrer son énergie et dominer sa peur, mêlé à celui, désespéré, d’un supplicié.
Quand le dernier grain de sable tomba, Samael lâcha l’objet et retira sa main brulée qu’il plaça contre son ventre sans oser la regarder. Tout en soufflant puissamment, le visage couvert de sueur, à la limite de l’évanouissement, il lança à ses bourreaux un regard chargé de haine.

Le frère Konrad avait assisté à la scène sans broncher. Sa moue dédaigneuse ne présageait rien de bon. Mais le frère Vashem , tout sourire, félicita l’impétrant.

Vous avez passé l’épreuve, Frère Samael ! Bienvenue dans le sein de l’Eglise. Je vais prendre les mesures nécessaires à votre intronisation.  Vous pouvez quitter ces lieux, maintenant. Merci de vous être plié à cette formalité.

Formalité ! Si sa main n’était pas carbonisée, Samael se serait bien jeté sur le Diakon pour l’étrangler.
La douleur s’estompait. Le jeune homme prit sur lui pour regarder dans quel triste état l'épreuve l'avait laissé.

Elle était intacte.

Dernière modification par Vashem Greznik (2018-01-04 16:22:17)

#15 2018-01-09 22:06:00

Samael de Karan

Re : Ordalie

⁃    Ja raouhi !

Samael enlaça sa main très fort, comme une mère qui aurait perdu son fils depuis des années et qu’elle aurait enfin retrouvé. Il avait reprit rapidement le contrôle de sa respiration. Soulagé d’avoir toujours ses deux mains et d’avoir réintégrer l’église au passage.
Il secoua sa tête pour balayer la peur qui l’avait prit quelques instants plutôt. Il était enfin admis à l’église, avec ses frères et sœurs.
Puis en se tournant vers l’Osterlichois, un sourire suffisant apparaissait sur les lèvres de Samael.

    ⁃    Monsieur !

Inclinant légèrement la tête.

    ⁃    Merci pour votre dévouement. Et petit conseil, entre nous, arrêtez de vous cacher dans l’ombre. Si Dieu vous a fait laid, alors soyez fier de cela.

Puis il se dirigea vers la sortie, en passant devant frère Vashem. Samael lui prit la main en la tapotant gentiment.

    ⁃    Merci mon frère, j’espère que je n’aurai plus jamais à refaire ceci ...

Regardant la boîte avec intérêt, comme s’il voulait l’avoir pour lui seul. Pour lui tout avait un prix, même le prix.

    ⁃    C’est un bel objet.

#16 2018-01-10 00:41:49

Vashem Greznik

Re : Ordalie

Ce n'est qu'une boite en bois, frère Samael.

Vashem Greznik prit la boite dans une main et la pencha pour recueillir son contenu dans l'autre.

Et ceci est un galet comme on en trouve dans toutes les rivières.  Dit-il en montrant l'objet.

Les démons sont impressionnables et crédules. Ils ne croient pas en la beauté du monde ni en la bonté des hommes. Ils sont veules et imbus d'eux-mêmes. Ils sont incapables de sacrifice. Les justes, eux, ne craignent pas d'affronter les épreuves car ils savent que Podeszwa est avec eux et qu'ils peuvent marcher dans la vallée de la mort sans crainte. Votre foi est votre bouclier qui vous protège du mal. Ne l'oubliez jamais. Et maintenant allez en paix.

Il montra au jeune homme, l'escalier qui menait à l'étage supérieur.
Samael ne se fit pas prier et s'y engouffra pour fuir ce lieu au plus vite.

Eh bien nous avons un nouvel adepte! Constata Vashem Vashem en regardant son collègue.

Le moine exorciste eut une moue dédaigneuse.

Il a crié! Dit il.


FIN?

Dernière modification par Vashem Greznik (2018-01-10 00:42:41)

Pied de page des forums

Propulsé par FluxBB