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#1 2017-11-27 08:04:08

Hans Von Festung

Nous écrivons des histoires

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  Lunor, 27e phase de l'hiver de l'an XI de l'ère 17

Il neige.

- Nous n’avons pas trouvé Maël, semble s’excuser un lieutenant à la cuirasse couverte d’un mucus de combat : sang, terre, boue séchée. C’est pas faute d’avoir secoué tous nos informateurs.

- C’est dommage, soupire Hans Von Festung. Espérons que la princesse Lady Summer saura s’occuper de son cas. Il revoit l’image du petit, captée les rares fois où il accompagnait sa mère à la tribune ou au conseil du Duché d’Arald, sage dans ses beaux habits. Bien propre. Il sentait vraiment bon. Maël Morgan d’Arald. Tu vas me détester, songea Hans. Que cette haine te permette toi aussi d’entendre leurs voix en grandissant. Celle des monstres vicieux qui tirent les ficelles, ces Parques qui tissent et coupent ta vie comme la mienne. Des milliers d’oiseaux, furieux, volent dans la direction inverse à la marche de sa petite troupe. Les beuglements nerveux secouent les sapins saupoudrés de blancs : tout ce qui vit va à l’opposé de Hans et des siens. Entre les sabots des chevaux coulent des ruisseaux de rats nerveux. Un signe effrayant.

Mais ce que j’ai fait était nécessaire. Le chaos doit éclater. De l’effondrement de ces voix narratives naîtra leur conscience à tous.

Il saisit du regard la frontière entre Okord et l’Österlich. Il l’avait atteinte en quittant rapidement Aeglos par la mer après en avoir fait le sac. Arrivé à chaque étape, l’attendaient des chevaux neufs qu’il avait fait prédisposer sur son itinéraire. Ce n’était pas loin, mais il ne cessait jamais le galop. Il devait être recherché partout en Okord, c’est pourquoi il avait délégué le commandement de sa maison à Nürtic de la Plaine du Dragon et Rudeguidon de Foutrecuisse, et fait partir dans toutes les directions des « faux Hans » à cheval. Sa grande armée serait vite licenciée, ses fiefs abandonnés, ses serfs redistribués entre ses vassaux. Ses possessions diluées.
Mais son Nom… Gravé en lettres de flammes dans les cauchemars des rois. Une idée ignoble qui chatouillera les vassaux aux dents longues, et corrompra d’une paranoïa pathologique les Grands de ce monde.
Von Festung. Hans Von Festung.

Les plus professionnels de ses soldats étaient timidement regroupés en quelques petites centaines, vétérans de guerre, reliquats de reliquats de survivants. Les meilleurs absolus, parlant tous au moins l’österlichois vulgaire. Le souvenir de Nürtic et Rudeguidon, ses deux compagnons arracha un regret à son cœur. Ses vassaux aussi. Peste qu’il avait éduqué comme son propre fils. Sa chère Anastasia,  Duscia d’Epervine, sacrifié en Österlich… Il tremble.

- Merde…

Wellan de Rubis et son insatiable soif d’or. L’énigmatique Dracan, Jeyangel Drak’O Neir.

- Non, je ne peux pas faire demi-tour maintenant…

L’insolent Froderin, Baragor le géologue surnommé « le roi des mines », et même Torivak défoncé du matin au soir.

Il couvre son visage de ses deux mains.

Hans changea tellement, et ce en si peu d’années... D’un impitoyable seigneur des orgies mangeant sans arrêts, avait émergé le filtre prophétique des illusions qui l’animait désormais. Cette division se manifestait si terriblement aujourd’hui. La frontière en était la matérialisation. Il quittait les limites de ce qu’il appelait « simulation des esprits ». Tremblant soudain d’un frisson existentiel, il se sentit fou.

Il espérait l’être.

Il savait qu’ « elles » ne racontaient pas d’histoires dans ce pays, qu’ « elles » ne « jouaient » pas en Österlich, car là-bas il ne les entendait que très peu, voire pas du tout. Les voix narratives sont arrivées dès qu’il a quitté ce royaume à l’Est d’Okord. Ce sont elles qui l’ont fait s’échapper de sa geôle, elles qui commencèrent à « raconter » son histoire, et fait faire tout le reste. Mais aujourd’hui, il va à leur encontre, il s’en libère. Il marche contre la Providence, contre le Destin, contre les oiseaux et les loups qui quittent les forêts et courent, volent, rampent avec un acharnement inhabituel vers l’opposé. Scène surnaturelle d’hommes affrontant Ciemnota. Cette frontière est la limite. Tout a été prévu afin que ses plus loyaux serviteurs, soldats et pages le rejoignent petit à petit de l’autre côté, selon leurs arrangements. Du moins s’il réussit sa mission. Sa mission. Oui, il se reprend, et lève un visage déterminé.

- Chacun a l’équipement qui lui sied le plus ? Chacun a un cheval parfaitement neuf ? Chacun a correctement mangé ? Bien. Nous sommes des mercenaires maintenant. Soyez sur vos gardes, et surtout obéissez-moi au doigt et à l’œil. Allons-y.

Et ces roses noires sur lesquelles sèchent les larmes d’Aeglos, ces guerriers de Kül et de Torva prirent la direction de Kamdaus selon des plans mémorisés depuis la première expédition du Marquis. A l’encontre du Burgmeister du premier village, afin de sceller la quête.

Alors ils franchirent la frontière. De Feu et d’Acier étaient leurs griffes.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-11-27 08:12:22)

#2 2017-11-28 00:04:41

Eugénée Anet

Re : Nous écrivons des histoires

Ce topic est un dialogue narré par Hans von Festung et 
ponctué d'interventions d'Eugénée Anet pour enrichir les aventures. 

Il neige.


Après quelques lieues en terre Osterlichoise, les vétérans trouvèrent une petite clairière pour établir leur premier campement. Leur piétinement transformant la blanche couverture en une boue collante, ils finirent par établir plusieurs feux, dont les fumées épaisses et stagnantes remplirent l'endroit en quelques instants.


Il neige encore.


Et ce linceul recouvre le monde environnant, taisant tous les bruits. On entend quelques craquements de branche dans le feu, parfois ponctués de gerbes d'étincelles qui illuminent l'espace. Le silence pesant qui englobe la clairière fait prendre conscience à tous que l'irréversible a été commis...


Il neige toujours.

Par les couilles d'Yggnir, je me les gèle ici ! braille alors un soudard, avant d'éternuer, un projectile glaireux souillant l'immaculée.


Les blancs flocons ne cessent de tomber alors qu'un épais manteau ténébreux s'installe, la première nuit de la seconde vie d'Hans. Attention. On ne vit que deux fois, Seigneur Von Festung.




HRP: Pour les plus curieux, une belle histoire est disponible ici, afin de mieux comprendre le personnage de Hans.

#3 2017-12-01 23:38:32

Rudeguidon Defoutrecuisse

Re : Nous écrivons des histoires

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Ses seins embrassaient langoureusement la chaleur des flammes. Le foyer moirait le buste féminin d’ondes ardentes alors qu’elle reposait son corps et sa volupté sur l’homme, l’écrasant presque sous ses hanches. Lui ? Il entortillait rêveusement les mèches bouclées qui tombaient de la femme. En regardant les flammes se lever et s’assoir au ralenti dans un banquet divin, un fantasme de semi-conscience où le sommeil immiscé dans la perception noyait la raison et faisait voir les myriades mythologiques. Des monstres, des géants, des nains, des batailles épiques, des dieux fous, Ciemnota. C’était là qu’il lui avait semblé avoir entre-aperçu son visage pour la première fois : un lendemain de bataille, Anastasia blottie contre lui, entre les fourrures qui les cloitraient sous les arcs sortis des neiges de Grünerhering.

- Tu es un véritable enfant… Anastasia bailla. Dormant presque, elle empoigna doucement le menton de Hans d’un air didactique et supérieur. Elle bailla encore : Qu’est-ce que tu vas faire, tout seul là-bas ?

- Toi, qu’est-ce que feras quand je serai mort ? Hans avait articulé tout-à-fait normalement malgré les doigts qui immobilisaient sa mâchoire. Il demeurait insensible au petit numéro de son amante favorite. Avec qui t’amuseras-tu ?

Elle se redressa alors. Ses cuisses luisantes tombaient de chaque côté. Si l’on avait pu physiquement superposer les combinaisons de leurs esprits dans un plan en 3D, l’unité, la compréhension, le sentiment commun qui écrase l’altérité et rend son concept même stérile, n’aurait pas été plus évident ni plus puissamment exprimé qu’au travers des flots enragés d’un simple regard. Regard incroyable qu’elle lui lance tristement : un fleuve mortel qui descend des yeux d’Anastasia et tombe dans les orbites sombres de Hans. La violence de cette unité les jette alors dans les bras l’un de l’autres, et ils s’embrassent comme des hyènes affamés dévorent une charogne, lapant avidement chaque étincelle d’amour que peut dégager le corps de l’autre. Comme des noyés luttant pour absorber le moindre volume d’air.

- Reviens-moi…

***

Österlich

Les trois cavaliers descendirent de leur monture calmement. Ils prirent soin d’attacher leurs chevaux aux souches qui saillaient de la neige. Sans se délester de leur équipement, ils mirent tous trois les pieds dans la boue froide qui bordait le fleuve, avec silence.
Ils marchent, s’enfoncent jusqu’aux genoux. Le courant les emporte déjà quand leurs têtes, côtoyant les plaques de verglas flottantes, disparaissent dans les trombes glacées.

Hans fit compter ses hommes. Cette halte en plein jour était imprévue. Cela le gênait beaucoup, premièrement parce que les conditions n’étaient pas propices au combat : la neige recouvrait tout. Même les hypothétiques corps. D’autre part et surtout, parce que cela ralentissait le convoi entier.  Car il restait sans doute une nuit et un jour entiers de voyage vers Bürgel, peut-être plus puisque le premier voyage était en automne.

- Trois hommes ont disparu messires. Ce sont ceux que vous avez envoyé en éclaireurs et qui étaient revenu normalement. Apparemment ils ont décidé de repartir et on ne les a plus revus. Putain j’ai froid. Le Second se frotte les doigts. C’est une troupe de mitaines et de fourrures qui stationne derrière lui.

Hans réfléchit. Il scrute les horizons à la recherche d’une décision. Et puis…
Et puis les voilà. Il les a retrouvés. Mais si, là-bas. Trois corps flottent dans le fleuve avoisinant la troupe. Tout le monde cesse de parler. Chacun suit le regard de Hans. Silence du ralenti : les têtes des cavaliers suivent du regard les trois corps qui descendent la vallée blanche dans le sens inverse. Hans vient de comprendre que ses hommes quittent son cortège pour aller se tuer, tranquillement.

- Merde ! Restez rapprochés les uns des autres ! On reprend la marche immédiatement !

Des maux de têtes bourgeonnaient partout. Hans en était certain à présent. Il avait pu les compter car elles avaient des voix différentes : deux déclinaisons de Ciemnota suivaient ses traces. Et désormais, il osait se le murmurer, juste comme un enfant terrifié qui ne veut pas regarder sous son lit, face au salut macabre des noyés :

- Elles peuvent attaquer notre santé mentale.

#4 2017-12-03 18:01:25

Eugénée Anet

Re : Nous écrivons des histoires

Le groupe traversa le dernier rideau d'arbre accompagné du lourd martèlement des chevaux sur la terre gelée. En arrivant dans la plaine, Hans fit le tour de son équipage, constatant avec plaisir qu'aucun autre ne manquait à l'appel. Continuant sa chevauchée à un train d'enfer, le cortège se dirigea vers la petite bâtisse qui se dressait, non loin de la rivière.


Un bac.


Point de lumière par la fenêtre. Point de feu dans la cheminée. Pourtant, d'un bon coup d'épaule, la porte fut enfoncée et les hommes prirent possession de l'endroit pour la nuit. Le foyer fut garni, le cellier pillé et un peu de repos fut accordé aux soldats. Demain, l'installation permettrait de traverser la rivière et de rejoindre la première ville, qui ne devait plus être loin désormais.


La nuit.


Passant par les interstices des murs, une brise s'engouffra dans la maisonnée, alors que la nuit venait de tomber sur Osterlich. Si ce vent pouvait agiter les cheveux, titiller les moustaches et geler les nez, il était aussi glaçant que la mort elle-même pour les esprits. Dans les têtes, insinueuses, ténébreuses, les pensées tourbillonnaient. Les regards se firent lointains, prenant peut-être conscience de la perte de leur foyer, de leurs familles, du départ pour un voyage sans retour, les soldats de Hans furent pris d'une intense mélancolie.


Le matin.


Le grincement de la porte avait plusieurs fois résonné dans l'endroit au cours de la nuit. Une fois...
Deux fois...
Trois fois...
Au petit matin, il y avait autant de portions de nourriture excédentaires autour du premier repas de la journée. Plus en aval, d'aucuns auraient pu apercevoir trois corps flottant, comme s'ils cherchaient à rejoindre leurs  compagnons de la veille.

#5 2017-12-09 22:34:06

Rudeguidon Defoutrecuisse

Re : Nous écrivons des histoires

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Six hommes en tout. En soi, rien comparé au gros du corps, composé de plus de cent vétérans. Mais c’était six yeux percés dans la voûte polaire, qui contemplaient en bavant le reste de la troupe. On se sentait agneaux devant un prédateur immense et invisible. En sortant de la bâtisse providentielle, cabane modeste qui devait servir de pavillon à quelque guilde de pêcheurs österlichois, Hans fit recompter ses hommes. Les dents pointues avaient encore broyé l’esprit de trois cavaliers : il s’agissait de se magner le cul, avant que tout le monde perde pied et ne chute dans les limbes. « Elles » voulaient les empêcher d’y arriver. Cette idée remuait des peurs primitives dans le Marquis déchu. Nuées d’insectes dessinant un Dieu dans les champs. Images furtives et insensées de rêves bordant l’avènement de la conscience.

Alors la troupe se remit au pas. L’aube peignait un paysage blanc. Uniforme.
Le soleil levant était un iris immense qui écartait des nuages de feu au travers les cieux, et qui suivait les gaillards de Torva.

Vers midi on s’arrête. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Quelqu’un a disparu, quelqu’un d’autre ? Une rumeur fit monter crescendo l’inquiétude des expéditionnaires. Hans maintint la discipline avec le silence ostensible de son épée. Berger faisant le tour de son troupeau. Il galope sur les flancs du convoi. Et soudain il le voit. S’enfuyant à toute allure, le « disparu ». Un petit point noir qui file vers une colline boisée.

- Güldav ! Tu as le commandement ! Je rattrape cet homme avant qu’il ne se noie volontairement comme les autres, ou nous révèle aux premiers österlichois venus !Ces directives sommairement hurlées, il claque ses rennes contre son cheval et se jette à la poursuite du fuyard. Ledit Güldav manque de peu de rattraper son maître, et dans une plainte :

- Hans ! gémit-il. Il est déjà trop loin ! Revenez !

Trop tard.

Le galop se poursuit sous l’obscurité des sapins. Le soleil hivernal imprime une mosaïque blanche là où les branches n’interdisent pas sa lumière. Le cheval fatigue, Hans passe au pas… Il observe. Le voilà bien enfoncé dans la forêt. Il se dit qu’il n’aura cas suivre ses traces laissées dans la neige pour le retour. Il cherche plusieurs minute On n’entend même pas un oiseau. Ah. Suivant son instinct et un bruit de ruissèlement, il parvient devant un cheval sans cavalier, attaché aux bords d’une rivière qui coupe la forêt. Le cavalier n’est pas très loin : il gît silencieusement à la surface. Hans se mouille jusqu’aux cuisses et le ramène péniblement sur les bords. Il pose son septième mort sur la selle du cheval sans maître et attèle ce dernier au sien. La forêt ne projette plus de bruit dans la scène : c’est devenu un décor qui s’efface doucement. Pendant qu’il attèle son cheval à celui de feu le fuyard, Hans entend un bruit. Il se retourne. Le corps n’est plus sur la selle. Hans se jette précipitamment sur le cheval calme, pour constater que le corps est à une dizaine de mètres, dans la neige, sans trace entre les deux.

- Tu as dû cabrer sacrément fort toi, souffle-t-il au destrier.

Hans a un petit temps d’attente méfiante, de terreur sommeillant d’un œil, en regardant ce corps. Puis il s’avance, le soulève, le hisse sur la selle, et se remet au travail. Il va faire un nœud avec les rennes, et chacun de ses mouvements semble raisonner comme dans une cathédrale. Nouveau bruit : Il fait volte-face. Horreur. Le corps n’est plus sur la selle, mais à une vingtaine de mètres, là-bas dans la neige.

- Q-Q-Q…Qu’est-ce que… Il saisit sa propre tête entre des mains crispées, balbutiant. Q-Qu’est-ce que tu fous là ? Non… P-Pas possible. Il murmure doucement en tentant de se contenir. Le corps reste étalé dans la neige, immobile. L’image d’un cauchemar réel incarné dans le mort-vivant glace son esprit. Aussitôt que Hans ose jeter un regard vers ce qui semble le lui rendre, il s’étrangle d’un magistral cri de terreur, soulevant quelques oiseaux des sapins :

- QU’EST-CE QUE TU FOUS LA ! T’ES MORT NON ? T’ES MORT !

Son épée lui tombe dans les mains et sans s’en rendre compte, il martèle le corps de coups du tranchant. Jusqu’à ce qu’une gradation de grognements bestiaux ne pétrifie son échine. Des loups l’entouraient, une dizaine. Alors il comprit, et le soulagement fit flotter dans la forêt le picotement aigüe de son rire, un rire d’hyène.

- Des loups… Hihihihi… Juste des loups… Tout s’explique… Vous avez traîné ce corps quand j’avais le dos tourné, coquins…

Hérissée, la meute l’encercle comme une nuée de couteaux. Un premier animal le cloue sur le sol mais se cloue également sur son épée. Hans se relève, dépassé, en projetant une gerbe de sang dans la neige : le reste des loups s’est encore rapproché malgré la mort soudaine d’un des leurs. Dans ton dos Hans. Joli réflexe, la jugulaire tranchée d’un coup vif. Deux loups au tapis, mais quand t’auront-ils ? Je m’amuse. Alors qu’il faisait de grands mouvements en projetant sa voix là où elle pourrait faire frémir la nature, un prédateur sans peur agrippe entre ses mâchoires le flanc de l’homme. Rencontre avec la cotte de maille. Le reste des carnivores se rue dans la faille, et puis finalement se dissout dans tous les sens comme un banc de poissons fuyant : Hans couvert de morsures multiples, se relève encore, une ultime fois surement, alors que gît un nouveau loup à ses pieds, et court, se rue en semant des pétales de sang derrière lui et sur le chemin blanc, vers son cheval pour disparaître au galop.

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Il chevauche des heures. Où est son armée ? Il ne la retrouve plus. Les aurores de la nuit naissante chantent dans sa tête la douce mélodie d’une harpe. Son cheval ne peut plus avancer, trop froid et épuisé. Les étoiles luisent. Seul dans des bois. Il crit. Güldav ? Guldäv ? Il délire. Silence. Güldav ? Rudeguidon ? Nürtic ? Efisc ? Eugénie ? Anastasia ? Silence.

Des flocons.

Une silhouette.

- Qu’est-ce qu’il fout là le gamin ?
La remarque de Mazër de Karan, uniquement vêtu d’un rideau arraché, trônant tel un César dans son pourpre, fut solidaire d’un soupir long puis d’une gorgée de vin.

- Je le reconnais, sourit Chacha « Cœur de Diamant », jeune homme de quinze ans, c’est le fils de Gerhard ! Il a dû se perdre le pauvre…

Hans écarquille les yeux. Une longue table déroule son verre richement ciselé face à lui. Une multiplication de mets et de boissons s’y côtoient dans un désordre prolifique. Les individus sont assis de part et d’autres. Comment ne pas oublier l’étendard représentant un Dragon, qui tombait sur cette scène en pleine forêt ?

- C-Comment ? bredouille-t-il.

- C’est vrai que c’est le fils du chevalier huskarl ! Hyacinthe des Cavallères vient d’entrer dans la salle. Il ramasse l’une des nombreuses pièces d’or étalées sur le marbre du sol. Mes seigneurs, quoi de neuf à l’ordre du jour ?

- Où est le sire Mempaspeur ? tonne une voix grave, familière et éloignée. Je dois le remercier pour toute la bouffe qu’il m’a envoyée sur Festunberg ! Mais… Hans ? Qu’est-ce que ça signifie ?

Hans se retourne.

- Père ?

Gerhard Von Festung.
La barbe, la fourrure, le mètre quatre-vingt-dix, le collier de vertèbres.

- Tu vas te prendre la baffe de ta vie. Tu rentres immédiatement dans tes quartiers !

- Père ? Hans reste pétrifié devant le patriarche gigantesque. Interdit de surprise.

- Il cherche sûrement quelque chose, s’inquiète Chacha.

- S’il cherche de l’or il n’y a cas se baisser, s’amuse Hyacinthe. Je pourrais me prendre une épée dans le dos pour de l’or !

- Je… J’ai perdu mon armée… Hans se sent tout honteux. Je ne la retrouve plus.

- Tu as regardé dans tes poches ? Le ton de Mazër était clairement ironique. Gerhard, allez éduquer votre embryon loin d’ici.

Hans fouilla dans ses poches, et sentit quelque chose. Il ouvrit la main droite, puis se sentit mieux. Il l’avait retrouvée. Il faut toujours chercher dans ses poches en premier.

- Elle est là regardez ! Je l’ai retrouvée !

Et c’était vrai. Dans le creux de la main, son armée avec ses chevaux et ses hommes portant des torches, le regardait en faisant de grands signes. Güldav criait quelque chose, mais il était trop petit pour qu’on l’entende. Alors Hans apaisé remit son armée dans sa poche, taisant son anxiété.

- Regarde comme tu es sale ! Couvert de boue et de sang de bête !

- Pardon père.

- Tu vois ce fleuve ? Et bien tu vas te débarbouiller dedans, va.

- Oui père.

Alors Hans marcha. Une sérénité surnaturelle écrasait l’entièreté de son conscient. Il marcha vers le fleuve véhément de la forêt, vers ces trombes d’eau où les nymphes polaires compactent le gel, pour s’y baigner entièrement.

La lune dont les flocons diffusaient la clarté, était notre œil à nous tous, qui le regardions plonger vers notre néant.

#6 2017-12-16 16:15:58

Eugénée Anet

Re : Nous écrivons des histoires

Avançant lentement dans l'onde pure, statue glacée au milieu du courant, Hans sourit. La courbure de ses lèvres formait un croissant qui n'a d'égal que l'astre qui illumine cette nuit et éclaire sa silhouette, enfoncée jusqu'à la taille dans la rivière. Il est difficile de dire qui est le plus tumultueux, des pensées ou de l'eau, mais le chaos ambiant semble avoir pris possession de l'esprit de l'Okordien.


Un sifflement se fait entendre et un lasso, serpent insidieux, attrape l'homme par la taille, l'entrainant vers des contrées moins humides. Fidèle comme un chien, Güldav est là pour sauver son maitre et seigneur.

Il faudra plusieurs minutes à Hans pour se reprendre ses esprits, le corps congelé par le froid ambiant et son bain dans l'eau, guère plus chaude.

Saisissant alors la main tendue de son second, il sauta en croupe derrière lui pour rejoindre le campement, non loin de là. Autour d'un feu, hâtivement bâti, les hommes se regardent en silence, les pensées monopolisées par les récents évènements. Demain... Demain, ils seront en ville.

#7 2017-12-29 14:19:21

Rudeguidon Defoutrecuisse

Re : Nous écrivons des histoires

Ils ont hésité à se débarrasser de moi.

J’ai de plus en plus le sentiment que même en échappant à leur contrôle, ils déterminent encore mes actes. L’un d’ « eux » a une façon originale de me conserver vivant.

Hans songe doucement. Un feu brûle entre son visage et ceux de ses lieutenants : ces faces sont des aquarelles oranges qui brillent dans la nuit. Hans, mouillé et grelottant même, emmailloté dans cinq peaux alors que s’écrase sur ses cheveux glacés la courbe de la lune, saisit une  des très nombreuses cartes déposées sur les couvertures. Puis il regarde son second dans les yeux.

- Güldav, j’espère que tu te rends compte de ce que tu as fait en me sauvant. Il sourit. Merci. Tu te débrouilles pas mal au lasso.

Le régicide fait flotter la carte par-dessus les flammes en tenant cette dernière par l’un des coins. Geste d’un enfant fatigué qui s’ennuie. Sans attendre, un nuage d’étincelles consume le papier jaunis.

- Bientôt fini tout ça.

Les hommes réunis autour du feu ne reconnaissent pas vraiment leur maître. Ils observent, paralysés par un mutisme respectueux et craintif, mais par cette compréhension et cet amour dans leur reflet, dans leur chair, dans la seule incarnation de leur sang de karaniens bâtards qui ait pu les emmener au-delà de leur entendement, des insectes pensants, ils observent Hans Von Festung sortir des flammes les contours rougis de ce qu’il reste désormais de la carte : le coin par lequel il l’avait prise entre ses doigts.

- Hans, s’avance Güldav. Aucun d’entre nous ne vous abandonnera. On ira jusqu’au bout.

Hans reste un temps immobile, scrutant le vide, abruti par la fatigue et lacéré par les morsures des loups. Il éternue et lâche alors la carte qu’une rafale polaire emporte immédiatement au loin, dans les airs ténébreux. Au-dessus du camp de fortune vole le reste incandescent de la carte d’Okord, où tout a brulé sauf le coin par lequel il la tenait. Une province du Nord Est. Un œil de papier où était inscrit « Pays de Karan ».

***

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Les murs de Endlostadt saillaient des nappes matinales. Le carrefour qui faisait la fortune des bourgeois n'était rien d'autre qu’une immense araignée de pierre plantant ses tours aux quatre coins d’un nuage hivernal. Hans qui ouvrait la marche, vit le premier la colline caractéristique d’où les minerais étaient extraits par les österlichois. Le fleuve qui descendait vers Okord, quoiqu’il fût gelé en cette saison, était tout de même investi par un port brouillé par la condensation polaire. Une grande place de commerce, riche et efficacement défendue. Le Burgmeister était devenu Meister. Une ascension témoignant sans doute de la réussite, de l’ambition et du superbe, les rares fois où une conscience-personnage ne l’étouffe pas avec son humilité timide, songea Hans.

Il y avait un écho. Un écho d’esprit dans cette scène. Les membres de l’arachnide étaient un labyrinthe conceptuel. De haut, Endlostadt se muait en un cerveau dont le centre était l’hôtel de ville.
La fin de cette course. Hans éternua.

La barbe rustique, la boue sèche, les subtilités du patois local et les habits miteux permirent à la troupe d’entrer comme n’importe quelle compagnie de mercenaires descendant de Kamdaus, ou de trappeurs revenus des montagnes. On s’établit dans une auberge, et tandis que les chevaux fatigués recevaient avoines et soins, les soldats, parce qu’ils avaient été l’élite de toutes les guerres, n’eurent pas le comportement pathologique auquel mène l'excès de boisson, mais se reposèrent silencieusement. Des hyènes sages et discrètes. Un prolongement conscient de leur maître.


***

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- Faites-le entrer. Le Meister avait parlé distinctement. Hans l’avait entendu même derrière la grande porte du hall de l’hôtel de ville de Endlostadt. Aux côtés du seigneur se tient un strolatz : LE strolatz qui avait cédé la quête.

La salle s’ouvrit. Acte ultime. Les Ciemnotas s’entortillent autour des personnages. Nous sommes des murènes. Ils lisent des lignes, lisent et tuent en lisant. Lire ce code est leur interface de perception qui mène à l’interprétation. Si nous arrêtions maintenant, nous pourrions éviter de tuer : Hans serait surement figé à jamais, écrasé par son destin. Mais vivant. Figé dans une grande chambre au sol de marbre, dont les torches majestueuses éclairent un plafond sculpté et dont les multiples tapisseries lient les esprits avec des souvenirs de bataille. Horde du grand Khan marchant sur l’Österlich, croisade de Baldir marchant sur Okord.

N’attendons plus.

Hans s’avance accompagné de gardes. Son visage a recueilli quelques coups d’épée depuis leur première rencontre à Bürgel, mais il a en plus des crocs de loups dessinés en sang sur les joues. Il n’est pas lavé, ni même changé.

- Six ans, annonce simplement Hans en regardant le strolatz, dans un österlichois littéraire.

Le Meister se lève pour voir le visage de l’homme. Le moine-soldat qui donne les directives se place devant le Meister, comme en bouclier.

- Six ans, reprend-t-il. Il y a six ans, un certain Ulrich Von Steffenberk est venu vous voir à Bürgel. Vous lui avez demandé de raviver les tensions entre Déomul et Abrasil. De tenir Okord isolé. Vous le mèneriez à Baldir.
Et vous le ferez.

L’hyène s’avance encore. Malgré eux, les gardes ont un mouvement de recul, et se reprenant, posent mains sur leurs pommeaux.

- Je n’étais pas plus Ulrich Von Steffenberk, un nom mensonger inventé pour séduire vos ambitions, que Hans Von Festung, l’identité du noble de sang Okordien que j’ai toujours porté.

Il continue de marcher doucement vers le Meister. Les gardes tirent leurs épées, mais avant qu’ils ne l’invectivent seulement, Hans hausse une voix impérieuse.

- Provoquer l’embuscade d’une délégation impériale Abrasilienne par des tiers de Déomul. Charger seul une cavalerie d’österlichois, et survivre. Contribuer au rapprochement des frontières entre Déomul et Abrasil en conquérant des provinces de Carovar et en se les faisant reprendre par Déomul, motif de litiges territoriaux en plus des nombreux espions créés par Déomul.

Les épées tirées le pointent de tout côté, mais personne n’agit. Une paralysie presque surnaturelle flotte dans la pièce.

Capturer et mettre à mort la Polémarque du rapprochement avec Torkson au nom de Déomul, laissant la voie du trône à des indépendantistes qui à n’en pas douter, détruiront toute l’œuvre diplomatique de Morgan.

Un nouveau pas vers l’avant pose la pointe d’une épée sur sa gorge. Comment cela pourrait-il avoir la moindre importance ?

Raviver les tensions entre Abrasil et Déomul. Isoler Okord. Rêver de son incendie.
Dans mes poches se trouvent en preuves les multiples rapports de bataille, la copie du pacte que nous avons gravé sur une stèle vous et moi, des chroniques retraçant la délégation Okordienne et confirmant l’ambiguïté de mes agissements, un sceau ramené d’Aeglos…

Sous sa glotte perle un sang de prédateur. Il se sent fleur du mal auréolée de lames : des pétales d’acier épanouissant leurs reflets autour de lui. Il est lui-même, peut-être pour la première fois. Quelle main cruelle pourrait cueillir cette rose ? Il cesse d’avancer et ferme les yeux. Tout se joue maintenant dans la réaction du Meister et du strolatz. L’une des voix narratives qui le contrôle va faire un choix. Il retient son souffle. Le temps s’allonge en une éternité dans laquelle le voilà piégé.


- Essaye ce casque pour voir, clame un de ses souvenirs. C’est la voix d’une jeune fille. On dit que je suis une Polémarque d’Abrasil et toi tu seras mon soldat !

Le petit Hans joue avec d’autres enfants, et trouve le casque bien trop grand pour lui. Comment en abaisser la visière sans se coincer ses petites mains dans les fentes de la marmite de fer ?

- Regarde je vais t’aider, propose la fille. Prend cette épée en bois. Tu peux abaisser ta visière avec la pointe. Tu as vu ?

Le Von Festung de dix ans reste bouche bée devant pareille technique. Il ouvre et ferme la visière plusieurs fois avec la pointe de l’épée en bois. Puis il observe la fille rêveusement et décide de l’attaquer :

- Yaaah !

- Traître, rie-t-elle.

Alors ils s’embrassent au milieu des autres enfants. Nous l’observons et certains comprennent.

- Des lèvres de Polémarque…

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-12-29 15:15:35)

#8 2017-12-31 14:15:19

Eugénée Anet

Re : Nous écrivons des histoires

Un silence pesant s'abat sur la pièce, troublé par le seul le crépitement du feu dans la cheminée. Le temps semble s'être ralenti, comme suspendu. Glissant le long de sa tempe, une goutte de sueur vient mourir à l'angle de son menton, mais Hans von Festung ne fait toujours pas le moindre geste. Statues de sel, les témoins de l'instant sont figés de stupeur, tant les propos énoncés de la voix claire de l'Okordien, résonnent encore.

Le Meister prend alors conscience que l'homme qui se tient devant lui, n'en est plus un. Être piégé par la vilénie de ses actes, fantôme de sa noblesse d'antan, l'individu n'en dégage pas moins un sentiment de puissance qui écrase les auras des autres protagonistes. 

Le premier à oser bouger est le Strolatz, qui lentement, ôte son épée de la gorge de Ulrich Von Steffenberk. La pointe, touchant presque le sol, est souillée par une goutte de liquide pourpre, preuve du drame qui s'est joué un instant plus tôt. La tension est encore palpable, quand un immense éclat de rire fait sursauter tout le monde. Le Meister, renversé sur son siège, hurle sa joie dans une succession d'onomatopées.

AH AH AH !
Ho Ho Ho !

Aaaah achchhhhh kof kof kof

Une étrange couleur violette envahit le visage de l'Osterlichois, ses yeux roulent dans leurs orbites et une violente quinte de toux lui arrache la poitrine. Autour de lui, deux pages s'affairent à débouter sa redingote, sans doute pour le faire respirer. Quand, basculant vers l'avant, le Meister s'écroule sur son bureau, la face boursouflée, la respiration absente.

Mort.
Raide.
Couic.


Hans ne peut retenir un fin sourire, l'esprit encore embrumé par ses Voix. Le Strolatz, lui, regarde avec mépris ce qui est désormais le cadavre du Meister. Il use du chapeau ridicule qui ornait sa tête pour essuyer son épée, la range avec lenteur dans son fourreau et fait signe aux gardes de sortir. Plongeant un regard bleu nuit dans celui de l'Okordien, il prit la parole, de sa voix claire et inchangée malgré les six années écoulées.

Mercenaire Ulrich, les nouvelles que vous apportez sont riches et pour le moins surprenantes ! Je ne m'attendais pas à ce que vous réussissiez !

Il va de soi que je vais honorer ma parole et vous conduire à Baldir.

S'emparant d'une coupe de vin, il la tend à Hans, avant de se servir lui-même largement. Il se tourne ensuite vers l'âtre où gémissent de grosses bûches flamboyantes, et se met à déguster le nectar. Un murmure s'échappe alors de ses lèvres, porté par l'ambiance feutrée de la pièce.

Nous partirons dès demain vers l'Est. Baldir s'est mis en route avec son armée pour aller à la rencontre de la Horde. Saviez-vous qu'elle a déjà quitté les plaines d'Ytésen, ravagé l'enclave Valésianne du continent et largement pénétré sur les territoires d'Osterlich ?

Pourvu que le Grand Khan honore sa parole, sans quoi, nous sommes perdus !

Le reste de ses paroles, louanges à Podeszwa et considérations politiques, se perdent dans les craquements des bûches qui se consument.

A quelques pas de lui, Hans remet son casque et retourne à l'assaut, sa petite épée de bois fermement serrée dans sa pogne.

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#9 2017-12-31 16:34:22

Rudeguidon Defoutrecuisse

Re : Nous écrivons des histoires

Mort.
Raide.
Couic.

Alors c’est ça votre choix ?

Ce n’est pas autre chose que le sourire du prisonnier qui voit la lumière du jour depuis des années, qui s’impose sur les lèvres de l’Okordien. Il avait aussi envie de rire. Un rire franc, un rire d’abandon qui aurait pu signifier « je laisse tomber, de toute façon rien n’a le moindre foutu sens », et par lequel il s’était laissé conquérir, impressionné et dépassé par le ridicule de sa situation. Alors il avait gloussé avec l’assistance. Il avait compris que, loin de lutter contre Ciemnota, il avait depuis le début permis à ses déclinaisons d’écrire aussi des histoires sur l’österlich.

Tandis qu’il saisissait la coupe de vin que le strolatz lui tendait, il prêta attention aux paroles qui s’échappaient du soldat. Il imaginait mille manigances inutiles et tristes pour survivre, détruire Okord, contrôler le monde… Avant que la vague du désintérêt ne le noie et ne lui fasse ressentir l’enjeu réel de sa vie : construire un ordre imaginaire fort, un concept supérieur guidant une civilisation viable, berceau d’une conscience. Autour des empires métastasés de décadences, autour des croyances et tendances nourries d’anarchie naîtrait peut-être quelque chose qui ait du sens, pour faire face à l’emprise des voix, après que le chaos nécessaire de la Horde ait tout rasé, ait purgé ce monde malade.

Il but.

Ou peut-être pas.
Peut-être que tout cela ne serait à jamais que… Niquer, boire, manger, chier, imposer par la force et le nombre une légitimité pour vivre mieux et au-dessus des autres, espérer follement qu’on s’en souviendrait, et qu’il y ait quelque chose après.

- J’ai failli y laisser ma peau quelques fois. Vous retiendrez qu’on peut me faire confiance pour ce genre de travail, dit-il au strolatz. Ne vous inquiétez pas trop pour le Grand Khan, il y a toujours un moyen de maîtriser les choses pour protéger ses intérêts et sa vie, surtout sous la lumière de Podeswa.

Hans sentit une transition en lui. L’une des voix s’en était allée. Qu’importe, demain il irait voir Baldir.

A l’aube, ses hommes rasés et lavés partaient en compagnie des soldats du strolatz d’Endlostadt, avec un nouvel équipement et des chevaux reposés. C’était la fin d’un long processus de métamorphose pour leur maître et pour eux-mêmes.

Nous écrivons des histoires.

Güldav, avant de monter sur son cheval, regarda un instant vers Okord, puis haussa les épaules et cracha par terre.

Dernière modification par Sanglant Von Festung (2017-12-31 16:39:08)

#10 2018-01-01 22:06:04

Eugénée Anet

Re : Nous écrivons des histoires

Quelques semaines de voyage avaient amené la troupe à l'extrémité Est d'Osterlich, aux frontières avec les royaumes barbares d'Ytésen, à la limite de ce qui était l'enclave de Valesia sur le continent d'Ohm. C'était un petit matin comme il y en avait eu des dizaines depuis le départ de la cité en compagnie du Strolatz, pourtant, celui-ci avait le parfum d'un jour nouveau.

Le voyage vers Baldir touchait à sa fin, le Roi-Guerrier n'était plus loin désormais. La veille, les éclaireurs de l'armée Osterlichoise avait campé avec eux avant de retourner au-devant porter la nouvelle de leur arrivée.

Alors que le soleil se levait sur l'horizon, un nuage sombre commença à masquer son aura lumineuse. Voyant en cela un mauvais présage, la troupe marqua le pas. Une certaine tension envahit l'atmosphère, tandis qu'un étau d'inquiétude commençait à broyer les coeurs des soldats. Un lourd grondement provenait du lointain, sourd, puissant, martellement surnaturel.

A l'orée de la plaine, le religieux ordonna une halte et mis pied à terre. Ses mains en visière, il scrutait l'horizon, l'inquiétude peinte sur le visage. L'étendue plane mesurait bien quelques lieues de longueur et il était impossible d'en distinguer clairement l'extrémité, faite de quelques collines.

Le roulement se faisait de plus en plus intense, hypnotisant hommes et montures.

Brusquement, s'arrachant à la poigne de son maitre, une jument hennit et parti au triple galop vers l'Ouest. Deux ou trois autres chevaux partirent dans sa foulée. Mais cela ne fit pas détourner les yeux des soldats de l'horizon... Car par delà la plaine, le nuage gris s'avançait inexorablement dans un vacarme assourdissant...

Petit à petit, ils prirent conscience de ce qu'ils observaient ...

Telle une successions de vagues irrésistibles ...
Flots impétueux ...
Rouleaux d'acier ...

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Un immense merci à Hans pour l'écriture de cette folle aventure ! 
Ce fut un réel plaisir de pouvoir partager cette histoire avec toi.
Et vive Rudeguidon !

#11 2018-01-02 15:35:05

Eugénée Anet

Re : Nous écrivons des histoires

Note aux lecteurs et lectrices:

Aucun personnage, messager, éclaireur n'est revenu d'Osterlich pour conter cette histoire.
Vos personnages ignorent donc ce qu'il a pu arriver à Hans une fois la frontière passée.

Les informations de ce RP seront utilisées par d'autres personnages dans un futur proche.

Okord sait que la Grande Horde arrive, mais quand ... L'avenir nous le dira !

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