Vous n'êtes pas identifié(e).
Le vicomte Aydrox se dirigea vers un cheval dont il avait tué le propriétaire au cours de la fuite. Ce dernier était à peine visible, dissimuler par le crépuscule et le cheval qui faisait barrage...
Quelques instants plus tard, il revînt, tenant dans sa main un parchemin gauche, de l'autre il fît donner l'ordre à un de ses hommes d'allumer le feu et approcha le parchemin du feu.
"Emissaire, je pense que ceci pourrait vous intéresser.
Je pourrais vous le donner directement, cependant, j'ai quelques conditions... Pour commencer, je souhaite la réhabilitation de Merlin ainsi que de sa garde au haut conseil, il n'y aura non plus aucun rapport sur ces menaces. Deuxièmement, Eugénie est reconnue comme Reine donc je vous prierai de changer votre comportement de péteux. Troisièmement, l'escorte de chaque seigneurs d'Okord pénètreront dans les villes et avec leurs équipements, je vous jure qu'aucun d'entre eux ne provoquera d'incident et se seront eux qui assurons la sécurité, sauf ceux dans l'incapacité qui eux recevront des soins au frais de l'Empire . Et bien sûr, notre petit marché doit rester secret, je vous ai remis le parchemin sans un mot.
Qu'en dites vous? Marché conclu Emissaire ou préférez vous voir ce document partir en fumée?"
Aydrox resta là, le parchemin a proximité de la flamme en fixant l'Emissaire.
Dernière modification par Tac-Tic (2017-09-08 18:27:49)
-Majesté, il faut que nous parlions.
Chose qu'Aldegrin de Karan s'était refusé à faire depuis le début du voyage. Ni pendant les premières journées du voyage, ni autour du feu de camp, ni même quand il avait fallu choisir entre le fleuve et les épées. A la vérité, il n'aimait pas beaucoup ses compagnons de voyage. Estun Dodrio lui paraissait être un petit homme terne, qui ne tenait son pouvoir que grâce au bon vouloir de son maître. La Matriarche du Clan du Hibou ne lui semblait bonne qu'à contrarier ses interlocuteurs en tournant et retournant des mots qu'elle vomissait sans fin. Le Seigneur Aymar était pour Aldegrin la personnification de tout ce qui pouvait mal tourner dans une contrée d'Okord lorsque le pouvoir du souverain faiblissait. Quant à Hans Von Festung, il incarnait à ses yeux la survivance d'un héritage qu'il aurait aimé voir détruit.
Pourtant il se tenait là, devant une monarque qu'il n'appréciait guère. Krein Vadir s'était assis sur une souche, accompagné des autres soldats karaniens. Il avait déposé son épée sur ses cuissards cabossés et s'employait à la nettoyer du sang qui la maculait ; un pauvre fou qui avait chèrement payé le vol du coffre attaché au char.
-Majesté, reprit Aldegrin, un peu plus sèchement cette fois-ci. Eugénie semblait plongée dans de profondes pensées. Cette attaque m'intrigue. A qui profite-t-elle ?
Seigneur de Ténare ; Marquis de Falcastre
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L'Emissaire, plongé dans ses pensées, regardait le feu danser. Les paroles du vicomte dansèrent dans l'air un instant, titillant la curiosité d'Estun Dodrio.
Et vous êtes ? Quoique soit ce parchemin, me dicter une conduite à tenir n'est pas de votre ressort. Donnez moi ce parchemin et taisez vous !
MJ d'Okord.
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Eugénie sentit à peine les mains d'Elverid s'occuper de sa joue, les paroles de la matriarche ressemblaient à un léger fond sonore dont elle ne comprit pas le sens. Elle balbutia quelques mots de remerciements, sans même lever son regard vers Elverid.
Un peu plus tard, Aldegrin de Karan s'y reprit à deux fois pour attirer son attention et s'entretenir avec elle. Le ton très sec employé au deuxième essai eu l'effet escompté et la Polémarque sortit subitement de sa torpeur, s'apercevant que de chaudes flammes flamboyaient dans le foyer, juste devant elle.
" On avait dit pas de feu, s'écria-t-elle, surprise qu'en dépit de toute prudence, le feu ait été allumé ! Autant aller directement à la rencontre des soldats de Déomul ! Avec ce feu nous allons être repérés très facilement !"
Visiblement hors d'elle, Eugénie se leva et éteignit le feu en envoyant dessus de la terre puis en le piétinant frénétiquement. Puis elle se tourna vers Aldegrin de Karan qui demeurait stoïque, étonné de la réaction de la Polémarque. Eugénie plongea ses yeux déterminés dans ceux du Vicomte :
" Vous me demandiez quelque chose Vicomte De Karan ? "
Dernière modification par Eugenie Morgan (2017-09-08 23:08:34)
-Oui : réfléchir.
Aldegrin jeta un regard de dédain à Dodrio ainsi qu'à Peldro avant de se poser une main sur l'épaule de sa souveraine.
-Nous sommes au spectacle, Majesté, murmura-t-il à l'oreille d'Eugénie. Et je n'avale pas ce que l'on nous propose. Si vous désirez comprendre rejoignez-moi dans mon char.
Le Seigneur de Karan rejeta sa cape rouge sur son épaule puis remonta dans son char. Les persiennes étaient recouvertes de tentures sombres, lorsqu'il en ouvrit la porte la lueur de quelques chandelles illumina la nuit un court instant.
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"Oh vous n'êtes pas très coopératif et qui suis-je? Quelqu'un qui détient peut être votre avenir entre ses mains donc un peu de respect sinon..."
Aydrox approcha le parchemin au près du feu, celui ci commença à se consumer doucement laissant une légère fumée s'en dégager
"et puis tant pis pour vous... Mais notez que j'aurai pu être bien plus gourmand"
Le parchemin continua de se consumer
Dernière modification par Tac-Tic (2017-09-09 08:02:47)
Sombre crétin ! hurle Estun Dodrio en regardant Aydrox tenant un reste de parchemin à la main Avez-vous la moindre idée de ce qu'il pouvait y avoir sur ce parchemin ? Savez-vous même lire ?
Si la Polémarque a jugé bon de vous voir joindre cette Délégation, elle n'a pas jugé bon de vous assigner un rôle. Vous n'êtes que le plus inutile des Fous que je connaisse !
La violence des mots résonna encore quelques temps dans l'air nocturne et le silence retomba. On entendait quelques insectes dans le lointain, peu dérangés par les considérations humaines. Puis, tendant l'oreille, nos protagonistes entendirent le bruit d'une troupe à cheval. Malgré l'obscurité du début de la nuit, les arrivants menaient un train d'enfer.
Est-ce que les Déomuliens revenaient à la poursuite ?
Hans von Festung dégaina son épée et vint commencer à former une ligne aux côtés de la Polémarque. Peu importe qui arriverait, ils se feraient découper en tranches si leurs intentions s’avéraient hostiles ! La détermination animait le visage des hommes et des femmes présents.
Fort heureusement, malgré la perte de casque et le sang qui maculait une partie de son visage, c'est le Capitaine Ral'Asart qui conduisait les rescapés de l'embuscade. 7 hommes avaient survécu aux combats, les autres avaient péris sous les coups des Déomuliens.
Bondissant à sa rencontre, Estun Dodrio attrapa les rênes du cheval. Puis, une discussion fort animée s'engagea entre les deux hommes.
Un instant plus tard, l'Emissaire revint vers la Délégation et déclara:
Les Aigles ont massacré les soldats qui nous ont attaqué. Nos pertes sont très lourdes, bien hélas. Ces hommes seront honorés pour avoir donné leur vie afin de nous protéger. Leur mission a été un succès qu'il faut pondérer... Sans prisonnier, impossible de prouver qu'ils venaient de Déomul.
Faisant signe aux soldats, Estun Dodrio se dirigea vers son cheval. La Cité-Sainte était proche du lieu du campement, ils feraient la route de nuit, une chambre et un bain chaud les attendraient au Palais au petit matin.
Plusieurs heures plus tard, la troupe de cavalier passa sous une petite porte discrète, fortement gardée par des soldats. Depuis la muraille, un individu contemplait la Délégation entrer dans la ville, sans chercher à masquer une grimace Puis, enfonçant un bonnet sur sa tête, il dévala les escaliers et s'engagea à la suite de la troupe dans les ruelles.
Une auberge de qualité attendait les Okordiens, un des meilleurs établissement de la Cité-Sainte leur avait été réservé. Chacun d'entre eux possédait une vaste chambre pour son usage personnel. Les bains, pour se laver et se reposer, étaient dans le bâtiment voisin.
Voici donc l'Auberge du Pont Brillant, une des plus connues de toute la ville. Les propriétaires sont à votre disposition pour toutes vos demandes. J'ajoute qu'il s'agit d'excellents cuisiniers !
Je vais me rendre au Palais pour annoncer notre arrivée. L'Empereur vous recevra dès demain. Profitez-en pour découvrir la ville, si vous le souhaitez.
MJ d'Okord.
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Tandis qu'Aldegrin de Karan disparaissait dans son char Eugénie demeurait debout devant le foyer maintenant éteint. Elle vit alors les survivants des Aigles d'Abrasil revenir de l'embuscade et s'entretenir avec Estun Dodrio qui rejoignit ensuite les membres de la délégation et déclara leur victoire malgré de lourdes pertes. Il considéra que l'étape au campement avait assez durée et qu'il fallait déjà se remettre en route, pour terminer de nuit le voyage.
Eugénie soupira, elle prépara sa monture mais, au lieu de monter dessus, elle l'attacha au char d'Aldegrin de Karan. Et quand ce dernier se mit en route, elle toqua, la porte s'ouvrit et elle se glissa furtivement à l'intérieur.
L'inventaire de ses documents terminés, Elverid avait assisté à la fin de l'altercation entre le baron Aydrox et l'émissaire. Ce dernier aurait pu facilement arracher le parchemin des mains de son interlocuteur avant qu'il ne se consume totalement, mais il ne l'avait pas fait. Curieux... Que pouvait bien contenir ce parchemin ?
Son attention se porta ensuite sur Aldegrin de Kazan au moment où il apostrophait Eugénie Morgan. Voilà qu'il exortait la polémarque à réfléchir, maintenant. C'était nouveau, ça : Il n'y avait pas si longtemps, il avait pourtant tout fait pour l'en empêcher, aiguillonnant son orgueil de dirigeante piqué au vif et vomissant des incitations à la guerre sans les étayer du moindre argument logique. Ce jour-là, lui et Estun Dodrio avait parlé d'une même voix : celle de la répression aveugle et sourde.
Après le retour des Aigles, l'émissaire avait ordonné le départ sans même prendre le temps de soigner ses soldats survivants. Lorsqu'elle vit la Polémarque rejoindre le seigneur de Karan dans son chariot, l'inquiétude d'Elverid monta d'un cran. Allait-il seulement lui parler de cette étrange attaque des déomuliens et de ce qu'elle pouvait dissimuler, ou tenter de la manipuler et d'orienter ses choix futurs sur l'ensemble des affaires d'Okord ?
Arrivée à l'auberge, Elverid prit une petite heure pour s'installer dans la chambre spacieuse mise à sa disposition et faire un brin de toilette, puis décida d'aller trouver le seigneur Aymar pour discuter de la situation.
Spacieux, c'était ce qui convenait de dire. Le char était à l'origine un poste de commandement mobile. Bélial de Karan en avait fait un bureau, Mazër de Karan l'avait transformé en lupanar. Lorsqu'il avait reprit Ténare, Aldegrin s'était employé à faire plusieurs choses ; d'abord massacrer les familles anciennement fidèles aux Karan qui avaient rejeté sa suzeraineté, ensuite à redonner au char sa fonction première.
Râteliers et cartes recouvraient les murs. Sur une table en ébène, Okord s'étalait de tout son long, maculé d'épingles et de pions en bois. L'un deux, plus menaçant que les autres, représentait la Horde.
-Le temps se couvre, Majesté.
Aldegrin avait délaissé son armure pour une robe de soie noire, rehaussée de somptueux fermoirs d'or. Confortablement installé dans un fauteuil de cuir clouté, il versait deux verres du meilleur hypocras que pouvait offrir la Samarie. Il ne se leva pas, mais désigna d'un geste de la main une méridienne aux délicats motifs de dragons et de lys.
-Abrasil et Déomul, poursuivit-il, mettant ses index côte à côte. Deux lions qui ne se sont pas affrontés depuis des lustres risquent maintenant de s'entredéchirer. Cerise putride sur ce gâteau infect, la Horde menace désormais tous les acteurs de cette vaste mascarade.
Aldegrin éleva son verre et laissa couler entre ses lèvres minces un peu de vin. Ses yeux bleus, fixé sur la Polémarque, ne cillaient pas.
-Cette guerre fera d'Okord le pire des champs de bataille. Des maisons établies depuis des temps immémoriaux s’effondreront, relayées à quelques lignes en bas des livres d'histoire. Les récoltes mettront des années avant d'être aussi généreuses qu'aujourd'hui. La puissance émergente qu'est le Royaume d'Okord sera balayée, renvoyée à ce qu'elle était bien avant Enigral Le Brutal. Le Seigneur de Karan marqua un temps de silence, se demandant si Eugénie avait les épaules suffisamment solides. Pour ces raisons, je pense qu'un Khan et deux empereurs doivent mourir.
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Les yeux rivés dans ceux de son inquiétant interlocuteur, Eugénie ne bronchait pas. Même la folle idée que venait d'énoncé Aldegrin ne provoqua aucun mouvement de surprise. Elle baissa la tête et murmura doucement quelques paroles qu'Aldegrin eut bien du mal à percevoir :
" Si vous saviez combien j'ai pu le souhaiter... "
Un silence s'ensuivit. Les soubresauts de leur véhicule sur une route cabossée les secouaient, tandis que la Dame portait à son tour son verre aux lèvres. Puis Eugénie releva doucement la tête et fixa le Vicome, avec comme un air de défi dans le regard, esquissant un sourire :
" Et comment comptez-vous vous y prendre ? Ce ne sont pas là des cibles faciles... "
Dernière modification par Eugenie Morgan (2017-09-10 00:09:42)
-Ascelin de Cruelle-Emeraude n'en était pas une, asséna-t-il d'une voix si lourde qu'elle aurait pu ancrer un navire.
On disait que l'âme d'Aldegrin était morte avec sa femme. Léonie. Un nom que personne en Okord n'aurait osé prononcé devant lui. Il serait naïf de croire que si la maladie avait épargné son épouse, le Seigneur de Karan aurait été un noble doux, généreux et attentionné. Mais il aurait été certainement différent. Son regard aurait été plus chaud et les morts seraient moins nombreux.
-Personnellement, je ne compte rien faire. Son doigt courrait négligemment sur le rebord de son verre. Trop de variables nous échappent encore sur la politique de Déomul ou d'Abrasil -et je ne parle pas de la Horde, qui est loin d'être composée de barbares stupides. Si ce plan doit aboutir ce ne sera que pour étouffer de l'intérieur trois grandes puissances et les condamner à des guerres de succession aussi destructrices que vaines, en aucun cas pour favoriser un prétendant qui pourrait s'avérer pire pour Okord que ne l'est Torkson.
Aldegrin se leva et déposa sur les genoux de la Polémarque la Carte du Monde Connu.
-Le désordre ne devra pas venir d'Okord, mais de ses alentours. Träkbäläard, Perdiglas, ce qui reste du Gundor, sans oublier l'Österlich. Tous devront devenir d'irréductibles amants de la vérité. Notre vérité. Le karanien se resservit un verre d'hypocras et poursuivit. Je ne suis pas ici pour faire des courbettes à un quelconque "Empereur-Dieu", je suis trop vieux pour cela. Je suis ici pour comprendre. Savoir comment fonctionne cette gigantesque machinerie et, si cela est possible, la briser en mille morceaux.
Le chaos. Un incendie hurlant autour d'Okord. Des armées jetées dans des guerres inutiles. Un cimetière à ciel ouvert. Okord pour seul vainqueur. Okord devant qui les puissants d'hier devraient enfin mettre genou en terre.
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Hans fit couler sur son dos une cape de rechange, rivière noire descendant les mêmes reliefs argentés de son armure de voyage. Il avait pris soin de faire astiquer très minutieusement le métal, en arrachant chaque poussière, si bien qu'il reflétait son visage déformé lorsqu'il le passait au dessus. Il se demandait souvent si ce grand piège à loup congestionné d'où saillaient des orbites noires n'était finalement pas son vrai visage.
Il pensait encore à Ciemnota. L'attaque de la veille trottait dans son esprit.
Il se rasa, encore. Ecrivit, beaucoup. Tandis que ses pièces de tissus qu'il porterait devant l'Empereur séchaient dans sa chambre, assis à une étude de l'Auberge, il planifiait. Nürtic, logé dans une antichambre directement reliée à la suite de son maître, ressortait d'une fièvre poignante. Bientôt on entrerait sur la scène du théâtre. Hans écrivait. Alors que les flux du destin traversaient ses veines, il se senti aussi auteur que comédien.
Mais peut-être serait-ce finalement une pitoyable tragédie.
La suite était magnifique. Eugénie se demandait si chaque membre de la délégation bénéficiait du même luxe ou s'il s'agissait du privilège de la Polémarque. Par-dessus une robe de cérémonie, elle enfilait doucement son armure donc chaque pan brillait, bien astiqué durant la matinée par ses valets. Elle songeait beaucoup aux paroles échangées avec Aldegrin, ce Vicomte serait-il vraiment capable de ce qu'il avance de comprendre le fonctionnement des Empires immémoriaux ? Comment allait-il s'y prendre ? En aurait-il seulement l'occasion ? Les entrevues avec les Empereurs sont parfois si brèves...
C'est en proie à toutes ces interrogations qu'Eugénie couvrit son armure de sa cape d'apparât aux couleurs d'Arald et quitta sa chambre, à la rencontre d'Estun Dodrio.
-Voulez-vous que nous vous accompagnons ?
Aldegrin avait revêtu son armure d'apparat. Les lions d'or resplendissaient sur ses épaules, contrastant avec le sombre éclat de l'acier recouvrant sa cuirasse. Il délaissa son casque, dont il avait horreur.
-Non, répondit-il à Vadir en rejetant sur son épaule gauche l'étoffe de soie précieuse. Ultime héritage du Royaume Barbare de Karan d'autrefois, il portait sa cape en diagonale. Grâce à mes manœuvres Torkson va faire un profit considérable en prévision d'une guerre qui lui coûtera cher, je doute sérieusement qu'une escorte soit utile.
Que les choses tournent bien ou non, pensa-t-il pour lui-même. Le Seigneur de Karan accrocha à sa ceinture "L'Effroi d'Adhémar." L'épée des Karan avait été forgée et reforgée si souvent durant les siècles qu'elle ne ressemblait plus en rien à la lame jadis maniée par les envahisseurs barbares. Lourde et clinquante, Aldegrin l'aurait fait fondre depuis longtemps si les apparences n'étaient pas si importantes.
Le Batteur suivit son maître à la rencontre de l’Émissaire.
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L'après-midi était bien avancé quand Estun Dodrio revint avec une escorte montée. Une petite centaine d'hommes, de serviteurs, de porteurs, se présenta à la porte de l'Auberge. Les Okordiens, parés de leurs plus beaux atours, furent accueilli avec le plus grand respect par les gens d'Abrasil. Rapidement, les bagages furent chargés et le groupe se dirigea vers la grande porte de l'enceinte du Palais.
La Cité-Sainte était vaste, elle s'étendait sur trois collines, une rivière coulant paisiblement en son sein. Le Palais-Pyramide de Torkson était au sommet d'un de ces monts. Selon certains, il s'agissait du plus bel ouvrage jamais bâti sur le continent. Toutefois, un oeil avisé aurait remarqué qu'il s'agissait avant tout d'une forteresse imprenable. Des tours, certes richement décorées, gardaient chaque porte. Les murs, peints avec des couleurs chatoyantes, ils n'en étaient pas moins larges de plusieurs mètres et haut comme 6 ou 7 hommes. Parfois, un rayon de soleil se réfléchissait sur l'armure d'un soldat patrouillant en haut des remparts. Une immense armée ne pourrait jamais pénétrer le Palais sans un long siège, voilà qui faisait la force de cet endroit.
La pyramide était recouverte de feuilles d'or pur, et chaque marche semblait chargée des richesses de l’Empire héritier d’Ohm. La brillance de l’or abimait les yeux, le soleil brûlant de l’Ouest se reflétant sur sa surface tiède. De chaque côté, une rangée de soldats se tenait immobile. Certains étaient lourdement armés et d’autres n’avait pour seule armure qu’un léger vêtement noir.
Il s’agit du Corps des Buveurs de Sang, les gardes d’élite de l’empereur, se confia l’émissaire. Ne vous fiez pas à leur apparente faiblesse : ce sont les hommes les plus meurtriers d’Ohm. Ce sont eux qui font la différence sur les champs de bataille et nous offrent nos victoires.
La Délégation et son escorte firent leur entrée par la porte du Soleil, qui tire son nom du fait que les premiers rayons matinaux frappe exactement cet endroit. La porte de bronze brille alors de milles feux et forme une sorte de bouclier lumineux. Fort heureusement, en ce début de soirée, le soleil était trop bas sur l'horizon pour éblouir les hommes.
Puis, suivant la longue route pavée, il se dirigèrent vers la cour principale. Une flopée de pages en tenue vinrent prendre les chevaux des Okordiens, l'escorte poursuivant sa route jusqu'à la caserne du Palais. Puis, suivant l'Emissaire, ils se dirigèrent vers la grande salle, salle que l'on pouvait facilement car la musique se faisait entendre.
A l'entrée de la salle, deux gardes se tenaient devant la porte. Derrière eux, un petit râtelier supportait une demi-douzaine d'armes, plus d'apparats que de véritables épées capables de tuer un homme.
Avec un fin sourire, Estun Dodrio déclara:
En présence de l'Empereur, nulle arme n'est tolérée. Veuillez confier les vôtres à ces gardes, ils veilleront dessus comme sur la prunelle de ...
Sachez que toute personne possédant une arme dans cette salle est sujette à une exécution sommaire. Trop de menaces pèsent sur la vie de notre Empereur, le risque n'est pas permis, surtout venant d'étrangers au Royaume.
Après avoir échangé quelques mots dans la langue d'Abrasil avec le maitre Intendant, Estun Dodrio se tourna à nouveau vers les Okordiens.
Afin de célébrer votre venue et l'acceptation de notre vassalité, Torkson 1er donne une réception avec les grands notables de l'Empire. Vous êtes libres de tous vous adresser, avec respect, à notre Empereur. Usez des mots "Empereur-Divin, mon Empereur, Divin Torkson, ou même Tout-Puissant" comme marque de respect.
Toutefois, sachez que vous vous adressez à l'homme le plus puissant de ce continent. Parlez lentement, car s'il maitrise votre langue, il n'a pas la même compréhension que moi de votre accent.
Polémarque, je vous suggère de vous adresser à lui dans un premier temps.
Et, le sourire aux lèvres, l'Emissaire passa la porte et entra d'un bon pas dans la grande salle.
MJ d'Okord.
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Le moment était venu. Le moment de rencontrer l'Empereur et, peut-être, d'avoir enfin un début de réponse à ses nombreuses questions.
Elverid venait de finir de se préparer quand on frappa à sa porte. Elle avait changé ses vêtements de lin et sa cuirasse pour des braies et une chemise en soie de Solède d'un blanc éclatant, des bottillons de cuir ouvragé et un pourpoint long de velours vert sombre orné de quelques broderies au fil d'argent. Une tenue un peu plus élégante qu'à l'accoutumée, mais sobre et confortable, et suffisamment ajustée pour qu'on vît bien qu'elle ne pouvait dissimuler aucune arme.
La veille, elle avait tenté vainement à plusieurs reprises de rencontrer Aymar de Bois-Maury pour s'entretenir avec lui. La première fois, elle l'avait entendu ronfler à travers la porte, et les suivantes, il n'avait pas répondu. Sans doute avait-il préféré se détendre en visitant la cité...
La matriarche prit une profonde inspiration avant de sortir de sa chambre pour rejoindre le reste de la délégation, en emportant l'ouvrage enluminé qu'elle comptait offrir à l'Empereur. Arrivée devant la porte de la salle de réception, elle laissa les gardes examiner le livre avec soin pour s'assurer qu'il ne contenait pas une dague ou un mécanisme caché.
Elle écouta attentivement les recommandations e l'émissaire. Ainsi, la cour d'Abrasil était un nid d'assassins que l'Empereur ne parvenait à dominer qu'en se montrant plus prompt qu'eux à faire couler le sang... Un Empereur qui se réclamait de droit divin, et utilisait donc la religion comme instrument de pouvoir. Cela n'augurait rien de bon...
La Polémarque allait bien sûr avoir l'honneur -et la lourde responsabilité- de s'adresser la première à l'Empereur... et de préparer le terrain pour les autres.
Dernière modification par Elverid (2017-09-12 10:37:53)
Eugénie regarda un moment Estun Dodrio, cet homme qui l'avait si souvent méprisée lorsqu'ils discutaient en Okord pendant la rébellion. Cet homme qui l'avait emmenée jusqu'ici, devant l'Empereur et qui maintenant lui demandait de remettre ses armes aux gardes. Doucement elle ota la ceinture de son fourreau et remis son épée de cérémonie, gravée de la croix d'Arald, à un des gardes.
" Une réception dites-vous ? Très bien ceci sera plus adéquate alors. "
Prenant son temps, elle enleva un à un chaque morceau de sa magnifique armure, les confiant aux gardes. Ses compagnons de la délégation découvrirent petit à petit la magnifique robe qui se cachait sous la tenue militaire. Une robe moulante sur le haut qui, chose n'est pas coutume pour Eugénie mettait en avant sa féminité. Enfin, dernière touche pour plaire à l'Empereur, elle détacha ses cheveux blonds qu'elle laissa tomber le long de ses épaules.
Sous la lumière environnante le corps d'Eugénie brillait d'éclats argentés. Miracle des traitements d'Elverid ou des maquillages, sa cicatrice sur la joue ne se voyait quasiment pas. Elle se tourna vers Estun Dodrio pour lui signifier qu'elle était prête à être maintenant présentée devant l'Empereur et elle lui emboita le pas.
Dernière modification par Eugenie Morgan (2017-09-11 12:01:56)
La musique s'arrêta brusquement, lorsque les Okordiens passèrent la porte de la Grande Salle. Comme à son habitude, à une extrémité, sur une estrade, siégeait Torkson 1er. Plus sobrement vêtu que lors de la première rencontre avec un Okordien, il portait une tunique noire, sertie de coutures en argent. Sa couronne magnifiait un visage dur, qu'une barbe poivre et sel encadrait. Toutefois, un sourire éclairait la figure du souverain, il semblait rayonner de joie et irradier de puissance. Peut-être que l'alcool aidait, car une coupe était posée à portée de sa main.
D'un pas rapide, Estun Dodrio alla à la rencontre de l'Empereur, posa un genou à terre, baisa sa main et se redressa. Puis, il déclara à grande voix.
Divin Empereur, voici la Délégation des Seigneurs et Dames de la province d'Estybril, que dans votre grande bonté, vous avez laissé nommer Okord.
Voici la Polémarque Eugénie Morgan, que vous connaissez déjà, accompagnée du Sieur Aydrox et du Comte Hans von Festung, pour représentera la populace barbare.
Dame Elverid, de la faction du Cygne, le sieur de Karan, qui accompagnent notre Prévôt, Achemond Bonh. Il semblerait que leur aide ait permis au Prévôt de mener à bien sa mission dans les plus brefs délais.
Le sieur Aymar, représentant du Sudord, que vous avez sommé d'explications. Il sera secondé par Dame Elverid, avec qui il possède quelqu'affinités.
Sire, ma mission est désormais achevée. Les Okordiens sont arrivés sains et saufs jusqu'à votre Grandeur.
Un signe de la main de Torkson mis fin aux diatribes de l'Emissaire, qui sembla se recroqueviller devant l'absence de gratitude. Aux yeux d'un homme tout-puissant, régnant sur des millions d'âmes, Estun Dodrio n'était qu'un vulgaire valet, rien de plus. Se redressant sur son trône, l'Empereur parla alors d'une voix de stentor, qui résonna dans les arcades de la Grande Salle.
Okordiens ! Vous êtes des sujets l'Empire d'Abrasil et du continent d'Ohm. A ce titre, vous êtes les bienvenus en ce Palais.
Dame Morgan, votre rébellion à l'égard du traitre Valyrien s'est conclue par une excellente décision. Me reconnaître comme votre Suzerain est une soumission qui ne vous plait guère, je le sais, mais je saurai me montrer juste envers vous.
Faites moi connaitre vos griefs et je vous ferai savoir quelles sont mes décisions.
Ensuite, j'entendrai le Surdorien, Surdoran, ou je ne sais quel nom il se donne, qu'il justifie sa traitrise et sa volonté d'indépendance ou qu'il périsse décapité, sort réservé aux rénégats.
Vous autres, parlerez ensuite. J'entendrai vos suppliques avec la bonté divine qui est mienne et selon vos demandes, j'y répondrai.
Buvant alors une lampée à sa coupe, l'Empereur se réinstalla dans son fauteuil, fit un signe aux musiciens qui se remirent à jouer plus calmement. Les nobliaux installés autour de la pièce reprirent leurs conversations. Malgré la rudesse de ses propos, Torkson avait à coeur de maintenir l'unité de son immense Empire. De droit divin, sa monarchie n'est restait pas moins fragile, face aux périls qui le menaçait. La proximité avec Déomul, cet encombrant voisin, que l'Histoire du continent d'Ohm avait un jour nommé frère, était ce qui occupait les affaires les plus présentes. Mais malgré la distance, la Grande Horde, si lointaine mais si proche à la fois, restait une menace grandissante dans l'Est lointain. Que se passerait-il le jour où cette dernière franchirait les cols et déferlerait sur les plaines d'Osterlich ?
Mais pour l'heure, des affaires autrement importantes occupaient l'esprit du monarque. Estybril, ou plutôt Okord, était fortement agité. Des explications étaient nécessaires.
MJ d'Okord.
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Eugénie plongea ses yeux dans ceux de l'Empereur, un instant. Puis elle baissa le regard et mit un genou à terre.
" Mon Empereur, je vous remercie de nous recevoir. La délégation d'Okord a fait un long chemin jusqu'à votre sainte cité dans l'espoir de vous faire mieux connaître une contrée bien différente de ce que vous connaissez ici. Nous avons vécu bien longtemps dans l'ignorance même de l'existence de votre Empire. Si des bribes subsistent dans nos plus vieilles archives sur nos origines, nous n'avions aucun contact avec quelque représentant de l'Empire. C'est sous mon règne que vous avez entendu les rumeurs d'indépendance de Valyria et que vous avez réclamé votre dû, notre allégeance.
Vous l'avez obtenue, et mon épée sera votre jusqu'à la mort. Je ne saurai avoir quelque grief que ce soit vis-à-vis de mon suzerain. J'ai bien des requêtes, pour permettre le rétablissement de l'ordre en Okord et je vous en ferai part. Mais je vais d'abord laisser la parole à mes compagnons de voyage."
Le Marquis Aymar de Bois-Maury s’avança vers l'Empereur afin de prendre la parole. Il avait pour une fois retiré sa vieille maille et enfilé un élégant pourpoint aux couleurs de sa maison.
Il ploya le genou devant l'Empereur et pris la parole lentement, sans pour le moment se permettre de lever les yeux vers l'Empereur.
Divin Empereur, Je suis le Marquis Aymar de Bois-Maury, premier Haut Seigneur du Sudord.
Le Marquis laissa ses mots résonner quelques secondes, "Divin Empereur". Si Frère Vashem apprenait qu'il avait prononcé ses mots, il aurait encore le droit à une longue réprimande lors de son prochain pèlerinage à Damas.
Si vous le permettez je souhaiterai commencer par lever un malentendu. La Confédération du Sudord, n'est en aucun cas un désir d'indépendance de notre part. Comme cela est mentionné dans l'article I de la Charte de la Confédération, La Confédération du Sudord est vassale d'Okord. Et donc de fait vassale de l'Empire d'Abrasil. Nous ne revendiquons aucune indépendance vis à vis de l'Empire. J'ai personnellement fait parti des seigneurs reconnaissant votre suzeraineté sur Okord. Nos épées restent donc à votre service et nos osts seront levés en cas d'agression sur l'Empire. Devoir, Honneur, Loyauté est la devise de ma maison.
Le Marquis marqua une nouvelle pause puis leva les yeux vers l'Empereur
Mon empereur, comme je sais que les actes valent mieux que les paroles, je m'engage personnellement à mettre à votre service un contingent de 5000 auxiliaires Sudordiens, prélevé sur mes propres troupes et commandé par mon propre connétable, le Sire Olivier de Clisson, un vétéran de nombreuses conflits okordiens. Je sais que cela semble peu à l’échelle de la puissance de l'armée impériale, mais cela représente une part importante de mes effectifs. De plus je vous propose de désigner parmi la noblesse d'Abrasil, un tuteur pour mon fils cadet, Alester de Bois-Maury, jusqu'à sa majorité dans 6 ans, afin que celui-ci soit élevés en Abrasil, selon les coutumes impériales, et qu'il soit la preuve de la fidélité de ma maison.
Le Marquis marqua une fois de plus une pause, afin de bien s'assurer que l'Empereur avait compris ce qu'il lui offrait... Un otage en quelques sorte ...
Ces concessions coutaient cher, à son orgueil surtout. Mais Dame Elverid lui avait conseillé d'être prêt à en faire... Des concessions... La peste soit de ce Dodrio, de la Polémarque et du Karanien.
Ces premières concessions faites, il allait maintenant pouvoir s'expliquer plus précisément sur la Confédération du Sudord
HRP : je laisse à Antoine le plaisir d'ajouter la fonctionnalité "envoyer des troupes à Abrasil". Je suis sur que tu t'ennuyais la
Dernière modification par Aymar (2017-09-13 16:33:24)
Après les quelques mots de la Polémarque, l'Empereur fit un signe de tête approbateur. La force des armées d'Abrasil ne laissait pas de place au doute. Se soumettre ou périr, voilà ce qui attendait tout ce qui s'opposait à la machine destructrice de l'Empereur. Toutefois, sachant qu'il ne gouvernerait pas sans l'assentiment de la population, Torkson savait se montrer magnanime. Il saurait concilier les souhaits des Okordiens avec ses intérêts.
Mais pour l'instant, c'était les propos du Marquis qui l'intéressaient le plus. Si des envies de séditions prenaient d'autres sujets de l'Empire, c'est l’œuvre d'une vie qui pourrait disparaitre !
Les sourcils de l'Empereur se froncèrent aux premiers mots d'Aymar. Les coutumes barbares des Okordiens le laissaient toujours perplexe. S'ils reconnaissaient comme Roi, désormais Polémarque, le plus fort d'entre eux, l'éducation qu'ils donnaient à leur descendance le troublait. Envoyer un fils comme otage ? En voilà une drôle de proposition...
Lui-même ayant de nombreux fils, il pouvait se permettre d'en envoyer un ou deux périr au loin, l'ainé resterait toujours auprès dans son ombre, pour apprendre et se faire adorer en temps que Prince héritier. En somme, la proposition ne valait rien. Quant à lui envoyer des troupes...
Okordien, Marquis.
Il est peut-être coutume chez vous d'envoyer un autre assurer l'éducation que vous êtes incapable de donner à vos enfants, mais ce n'est pas notre cas. Votre fils ne survivrait sans doute pas à l'entrainement militaire que reçoivent tous les jeunes hommes.
Assouviriez-vous vos envies de pouvoir en sacrifiant le sang de votre propre lignée pour y parvenir ?
Un sourire moqueur se dessina sur le visage de Torkson et il reprit.
J'apprécie les sacrifices que vous daigniez consentir pour me plaire. Mais, les soldats que vous m'offrez, ne sont-ils pas ceux qui ont fuit en voyant mes bannières arriver en Okord ?
Avant de parler de vos futures offrantes à ma gloire, expliquez moi pourquoi vous reconnaitriez mon autorité alors que vous n'en reconnaissez aucune sur vos terres à votre Polémarque ?
Il jeta alors un regard en coin à la Polémarque. Peut-être lui faudrait-il user de la force pour assurer à Eugénie Morgan la conservation du pouvoir ? Si elle venait à conserver sa place grâce à lui, son zèle n'en serait que renforcé !
MJ d'Okord.
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Aydrox était présent et observait la scène, plongé dans ses pensées, il ne savait pas quoi faire de ce qu'il détenait...
L'Empereur n'allait pas se laisser mener par un barbare tout comme la confrontation avec l'Emissaire. Que pouvait-il demander et comment allait-il s'y prendre...
De plus, il repensait aux nombreux ennemies d'Okord qui n'en ferait qu'une bouchée...
Le temps commençait à manquer, il fallait tenter le tout pour le tout...
"Divin Empereur...
Je me permets de prendre la parole, étant un sujet très loyal de la Polémarque Eugénie, je m'agenouille devant vous...
J'irai droit au but si vous le voulez bien, j'ai une requête à vous faire part mais aussi des informations capitales qui vous prouveront la loyauté d'Okord...
Pour commencer, je parlerai de votre Emissaire, je ne pense pas qu'il soit l'homme idéal pour vous représenter et maintenir Okord en Abrasil... Il crée plus de tensions qu'il n'en règle et je vous demande d'envoyer quelqu'un qui saura se comporter à la hauteur de votre personne.
Ceci était ma requête , désormais j'aimerai m'entretenir en privée avec votre Majesté ainsi que La Polémarque Eugénie si vous me le permettez. Les informations dont je dispose sont très importantes..."
Aydrox resta un genoux à terre attendant la réponse de l'Empereur en espérant avoir tenu sa parole en ne froissant pas ce dernier
Dernière modification par Tac-Tic (2017-09-13 21:11:19)
Cet Empereur est un con.
En entendant l'empereur balayer ses garanties de loyauté en quelques mots, ce fut les premières pensées qui vinrent à l'esprit du Marquis. La deuxième impliquait un escalier mais ce n'était pas le moment de se laisser distraire. Les mots avaient été durs, le Marquis avait senti un moment le découragement l'envahir. Comme prévu, il n'aurait pas l'empereur de son coté mais il restait à faire en sorte qu'il ne soit pas contre lui.
Divin Empereur, le Marquis eut une pensée pour Frère Vashem, nous reconnaissons votre autorité sur Okord et donc sur les terres de la Confédération du Sudord selon le serment féodal : Le suzerain accorde sa protection au vassal qui en échange offre assistance et conseil au suzerain. Quand toute la noblesse d'Okord vous a reconnu comme suzerain du Royaume, vous vous êtes engagé à conserver les coutumes okordiennes. Ces coutumes n'accordent que deux prérogatives au Roi ou au Polémarque : Lever l'ost royal et organiser un grand tournoi, et ces prérogatives, nous ne les remettons pas en cause. Pour le reste, chaque seigneur a tout pouvoir pour gouverner ses terres comme il l'entend. Il n'existe aucune loi en Okord qui donne plus de pouvoir au Roi ou au Polémarque.
Ces pleins pouvoirs que chaque seigneur okordien possède sur ses terres, nous avons choisi de les mettre en commun avec plusieurs seigneur du Sudord, afin de gouverner nos terres plus efficacement. Notre objectif n'est pas de nous rebeller, mais de moderniser nos terres et notre système de fonctionnement, d'instaurer plus de justice pour sortir de la barbarie et du chaos qui regne en Okord.
Pour le reste, nous ne faisons rien de plus que ce que tout seigneur okordien fait sur ses propres terres.
Le Marquis fit une pause, il était temps de finir sur une note plus positive, tenter de montrer qu'il n'était pas complètement fermé... Même si dans les faits....
Rien ne nous empêchera d'accorder plus de pouvoir à la Polémarque à l'avenir si elle se décide enfin à gouverner le Royaume, mais elle ou son successeur, ne pourra nous l'imposer selon les coutumes okordiennes.
Le Marquis avait exposé ses arguments, ils étaient simples et il se savait dans son bon droit. Mais face à un empereur étranger que valaient ses droits ? Peut être sa tête tout simplement ...
Connaitre et respecter son ennemi. C'était sûrement ce que pensait le Seigneur de Karan.
Il s'était placé aux côtés d'Eugénie, à l'opposé d'Aymar. Suffisamment éloigné pour respecter la Polémarque, mais suffisamment proche pour imposer son pouvoir aux yeux de ceux qui ne le connaissaient pas encore.
Agé de près de soixante dix ans, engoncé dans une armure aux couleurs du dragon karanien, il ne plia pas le genou mais inclina la tête. Son visage était aussi vénérable que son nom de famille.
Aldegrin regardait Torkson droit dans les yeux. Karan et Abrasil. Le premier avait été jadis un royaume barbare redouté, finalement vaincu par une noblesse naissante après des siècles de nuisance. Le second s'était fortifié,
résistant, guerroyant et assurant la pérennité d'un pouvoir désormais fait sien.
Quelle sombre rêve peuplait ses songes ? Qu'attendait l'Empereur de cette entrevue sinon les mêmes réponses qu'Estun Dodrio avait déjà entendu ? Torkson était un joueur estimant un échiquier qu'il ne pouvait comprendre. Okord et Abrasil ne pourraient jamais s'appréhender. Ils resteraient à jamais des animaux dissemblables. Parce que le risque d'assassinats de couloir était trop grand à la moindre marque de faiblesse, Torkson ne pouvait accepter l'autonomie du Sudord. Un puissant Seigneur d'Okord lui offrait pourtant son sang. La rudesse servit de réponse.
La notion de singularité n'existait pas en Abrasil. Le monde se peignait en noir et blanc, peuplé d'ennemis ou de serviteurs.
Aldegrin de Karan connaissait sa place au yeux d'Abrasil. Un pion bon à cultiver une richesse nécessaire pour un empire sur le pied de guerre. Aydrox ne semblait pas aussi lucide, comme si Torkson était un innocent ignorant tout du comportement d'un émissaire nommé par lui. Pour Aldegrin, l'Empereur n'était ni plus ni moins qu'un instigateur, semant le trouble pour mieux régner et -à l'occasion- évaluer si Okord baissait fidèlement la tête devant Abrasil ; peut importait le visage de l'homme qui s'adressait à cette lointaine région.
Pour ces raisons, et d'autres plus obscures,
le Seigneur de Karan ne demanda rien. Il ne se plaignit de personne. Ce fut à peine s'il prononça quelque mots, judicieusement choisis et prononcés aussi lentement que l'Empereur.
-Que Sa Majesté Impériale accepte volontiers les salutations de la Maison de Karan. Fidèles à Abrasil, nous ne cherchons qu'à participer à Sa puissance.
D'étranges fils se tissaient au fond des prunelles d'Aldegrin, au bout desquels dansaient le Ponobar, le Gundor, Déomul et les divins seuls savaient quoi d'autre...
Dernière modification par De Karan (2017-09-13 23:57:42)
Seigneur de Ténare ; Marquis de Falcastre
Maître du Palais ; Gardien du Trésor Royal
Chevalier au Léopard ; Chevalier de l'Ordre des Fondateurs royaux
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