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"A dragon, dragon et demi..."
Ces derniers temps, ce nom semblait fleurir sur toutes les lèvres.
S'ils en étaient qui n'avaient jamais entendu parlé de Dracangia, il parlaient certainement de l'Ordre.
Et désormais, Dracangia avait rejoint l'Ordre.
"Dragonception..."
Il ignorait d'où ce mot lui était venu, mais il lui semblait approprié à la situation.
Il fallait admettre qu'au final, un reptile volant cracheur de feu survolait la Capitale du Grand Dragon qui avait rejoint l'Ordre éponyme.
S'il existait encore quelqu'un dans la province dont les rêves n'étaient pas hantés par ce mot, il devait être ermite!
Actuellement, cela faisait longtemps que Jeyangel ne s'était pas dégourdis les muscles dans une bonne bataille, et cela lui manquait.
Fort heureusement, l'Ordre du Dragon semblait suffisamment belliqueux pour y remédier.
Qui serait la cible? Cela n'était pas totalement décidé. Mais une bataille allait éclater, et il avait bien l'intention d'en être!
Depuis des jours, il parcourait provinces après provinces, envoyait parchemins sur parchemins afin de mettre en branle une véritable industrie militaire.
Dra'celes fourbissait épées et boucliers, Dra'ko aiguisait ses lances et nourrissait ses chevaux, Neir'ang crucifiait de malheureuses cibles, et la Cité Ancestrale baignait dans une aura mystique.
Dernière modification par Jeyangel (2016-12-02 18:38:07)
Mardor, 13-XII-16
"...J'te dis pas qu'on est foutus, j'te dis juste que notre armée n'existe plus!"
"Ah carrément! Genre toi, t'es un modèle de pensées joyeuses, c'est sûr...!"
"On dit "optimiste", et je ne suis pas pessimiste, du coup, mais pas aveugle non plus.
J'sais pas si tu t'es rendu compte, mais y'a plus un seul Neir'gar dans l'coin!"
"Euh, ouais...Et alors? Y sont juste partis, peut-être? Après tout, la bataille est finie."
"Bah sûr qu'elle est fini! Y'a p'u qu'nous! De vivants, j'veux dire... Ici, en tout cas.
Mais parait que sur les aut' champs d'bataille, c'est pareil: y'a pratiquement plus personnes à nous.
Mais c'que j'veux dire, c'est que j'sais pas si tu t'rappelle, mais les Neir'gar sont TOUJOURS les derniers à quitter un camp! Donc si t'en vois plus, c'est qu't'es encore là, mais pas eux. Donc qu'y y'en a p'u d'vivant...CQFD"
"Céku...quoi?"
"C'est cul efdé! C'est c'qu'on dit quand on explique un truc en l'expliquant."
"Ah bah oui... J'suis p't'être pas une tête, mais j'sais "qu'expliquer en expliquant", c'est une évidence! Et ça veut dire quoi ta phrase, là?"
"J'sais pas... Mais apparemment, faut finir avec ça. P't'être que ça ajoute à l'explication...?"
"Ouais bon, ben c'est pas tout ça, mais on fait quoi maintenant?
Paske de c'que j'ai entendu, le seigneur est capturé, les autres seigneurs sont en déroute, et nous, on est là, à veiller les morts alors..."
"Ben, on rentre, j'vois ksa. Pi comme on est juste une dizaine de vivants, faudra qu'on passe par les quartiers des "noirs" pour leur dire c'ki reste. Le rapport habituel, quoi."
"Habituel? T'as déjà survécu à une bataille pour le faire, toi?"
"Non, mais c'est c'qu'on nous a dit de faire si on est les derniers d'une bataille. Donc c'est c'qu'on va faire: on rentre à la Capitale, et on va faire not' rapport aux Neir'gar."
"Ouais... Ben y'a pu qu'à alors..."
Dernière modification par Jeyangel (2016-12-15 19:08:39)
Merkor, 14-XII-16
Devant les regards attentifs, le baron pesait ses mots. Dans sa tête se bousculaient frustration, désir de sang et pragmatisme. Un mélange qu'il était indispensable de diluer avant de prononcer le moindre mot.
"Disons...que ma capture n'était qu'une impondérable, même si cela n'est pas vraiment surprenant.
Admettons, que nous soyons battus avec tout ce qui nous était permis de donner.
Nous voici donc au 1er point: comment pouvions-nous donner la juste mesure de nos efforts, en ignorant de quoi le repaire avait besoin? N'eut-il pas été plus judicieux de sa part, de nous en référé par avance?"
Le conseil connaissait suffisamment son seigneur pour reconnaître la rhétorique dans ses nombreuses questions.
Aussi pas un de ses membres ne releva ni ne tenta de répondre.
"2ème point, et pas des moindres, les ressources.
Mestre Intendant, comment se fait-il qu'il ait fallu ost pour prendre connaissance du manque évident - que dis-je, ostentatoire! - de soldats et de ressources?
Pouvez-vous m'expliquer, sans circonvolutions fumeuses, où est parti l'or envoyé par la Capitale, ainsi que les sacs de grains, les armes et les fournitures?
Parce que, voyez-vous, il n'est rien de pire, en préparant une expédition militaire, que de se retrouver devant un parterre disparate de soldats, là où devrait se situer une armée fournie et rangée!
Vous savez qu'il y a encore peu, je vous aurais incinéré ou "absorbé" pour bien moins...?
Mais aujourd'hui...aujourd'hui je suis un homme d’Équilibre, s'efforçant de n'être ni bon, ni mauvais.
Aujourd'hui, je vous donnerais volontiers une dernière chance de vous rattraper..."
L'intendant eu un incontrôlable soupir de soulagement en entendant ces mots.
"...si seulement la mort de TOUTE mon armée n'avait rendu cela impossible...
Parce que dites-moi, Intendant, avez-vous dernièrement acquis la capacité de résurrection? de remonter le temps? ou d'inventer un système de communication entre les villes de Dracangia, peut-être?
Oh mais...attendez! Cela existe, il me semble! Je pense même que certains nomme cela "pigeons postaux"", conclut-il d'un air fortement contrarié, en fixant l'homme droit dans les yeux.
"Mais...sei....seigneur, cela ne se pouvait! Vous...vous étiez en campagne, et tous nos hommes mobilisés. Afin, de transmettre les ordres de bataille dans toute la Baronnie, et ce, le plus rapidement possible, tous nos pigeons furent envoyés! Et vous savez ce que c'est, une telle envolée, en continue, sur des heures, cela a attiré plus de rapaces qu'on n'aurait souhaités. Enfin bref, la plupart furent occupés à leur tâches, mais nous en avons perdus près d'un quart, Monseigneur!
Le temps d'attendre le retour de ceux partis, ou même d'en former de nouveaux, nous ne pouvions faire plus vite!"
"Etes-vous sérieusement en train faire cela, Intendant...?"
"Ce...cela, Monseigneur?"
"Oui: Êtes-vous réellement en train de tester ma "magnanimité" en me servant de telles excuses digne d'un plat dont même la vermine des marais ne voudrait pas!?
Êtes-vous donc déjà si las de la vie, que vous me tentez?
Rien de ce que vous baragouinez n'excuse le fait que jamais - JAMAIS! - je n'ai été informé d'une pénurie de ressources et d'équipement. Je n'ai JAMAIS su que la Baronnie souffrait d'un besoin de protection militaire. Et que pensez-vous qu'il m'ait traversé l'esprit?
RIEN!!!
Rien, parce qu'en absence d'information, j'en ai déduit que TOUT ALLAIT BIEN!!!"
Il avait tonné cette dernière phrase, plus qu'il ne l'avait dite.
Il prit une profonde inspiration, et continua, en regardant subtilement derrière l'homme.
"Alem Diliga, vous avez fauté de façon irrévocable, portant ainsi atteinte à la santé même de votre patrie.
Je vous déchois donc, de votre titre de Mestre Intendant de Dracangia!
Je vous bannis du Grand Conseil celesin, et vous retire tout privilège ainsi que tout accès au sein du Prisme Temple, sauf ceux de simple citoyen.
Mais surtout, pour votre responsabilité dans le manque de protection de la Baronnie, l'incapacité de cette dernière à fournir des effectifs décents à une ost et l'appauvrissement des ressources en découlant, je vous condamne à l'emprisonnement dans les geôles neir'gar, le temps que je jugerais nécessaire.
Que ce Conseil soit témoin de ma clémence, en se souvenant de ce que j'aurais pu vous infliger."
A peine Jeyangel avait-il commencé l'énoncé de la sentence, que les gardes derrière l'ancien intendant l'avaient encadré, et saisi. Ils le menaient désormais vers sa sombre nouvelle demeure, dont il ne sortirait peut-être plus.