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#1 2016-05-22 22:36:09

De Karan
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Le pourrissement des anges. ]Antoine[

HRP-Topic de transition entre le Lys et le Dragon.
Tout le monde est bien sûr libre de réagir (et invité à la fête). Néanmoins l'action se déroule sur Nefret, épicentre du Pays de Karan ; mesurez vos propos. ;p
300 mots maximum.-HRP

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De l'or.

Les femmes en avaient dans leurs cheveux. Il miroitait au fond des coupes remplies de vin pétillant. Les plats de viandes en étaient même saupoudrés.

De l'or, partout.

L'or était le cœur de Karan ; du Pays comme du Maître. De l'or pour graisser des pattes au Palais Royal. De l'or pour apaiser la fureur du Corps Expéditionnaire, quand celui-ci tombait aussi impitoyablement que la vérole sur un village de pêcheurs gundoriens. De l'or pour remplir les caisses... Mais également les vider. De l'or partout et n'importe comment. La débauche scintillante d'un pouvoir pourtant friable. Cinq compagnies de lanciers autour d'un bloc de marbre. La Banque était mieux défendue que les murailles de la citée...

De l'or, toujours. De l'or pour faire flancher l'oncle d'Antoine II de Samarie. De l'or pour racheter un serment. De l'or pour faire -encore- du Palais de Nefret un lieu de débauche sans précédent. Des femmes habillées en hommes. Des hommes habillés en femmes. Ici, personne n'entendait la sempiternelle complainte qui s'élevait du quartier des esclaves.

Seul maître à bord d'un monde déliquescent, Mazër de Karan se tenait en bout de table, levant son verre à la bouffonnerie d'un convive. Pâle sourire placardé sur un visage aussi froid qu'une pierre tombale.


Seigneur de Ténare ; Marquis de Falcastre
Maître du Palais ; Gardien du Trésor Royal
Chevalier au Léopard ; Chevalier de l'Ordre des Fondateurs royaux

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#2 2016-05-22 23:26:05

Zalfos

Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

Les os du comte craquèrent quand il se leva de sa table pour aller récupérer un nouveau verre : il n'avait décidément plus la jeunesse de ses vingt ans. Sa barbe commençait d'ailleurs à se teinter sérieusement de blanc. Jeune par contre, était Mazër de Karan, qui là bas, était en train de trinquer au Dragon.
Que penser du personnage ? Du vieux Bélial, il avait pu se faire une idée. Mais de Mazër... que penser de quelqu'un qui avait amassé de telles richesses tout en dilapidant son héritage aussi vite ? Le Lys s'était effondré, et à chaque seigneur sa faute. Quelle était celle de Mazër ? Il repensa à ce que lui avait dit, une éternité auparavant, le Duc Morgan : "Ambition et passion ne font pas bon ménage." S'il était désormais clair pour tout le royaume que de Karan avait su hériter de l'ambition et de l'intelligence de son aïeul, il ne semblait posséder ni sa patience, ni son tact en politique.

Le gamin court à sa propre perte, grommela le comte pour lui même en se rasseyant. Ses yeux passèrent sur les tapisseries, retissées par endroits. Jolies, quand on ignorait comment elles avaient été récupérées aux Österlichois. Cet endroit le mettait mal à l'aise désormais, malgré la musique assourdissante et le vin qui coulait à flots. Le plus tôt il serait rentré le meilleur : il avait un pèlerinage à préparer.
Pour autant, il avait fait le déplacement et bravé le détroit. De Karan ne pouvait pas avoir dépensé autant et amené tant de monde pour rien : le gamin devait avoir une déclaration importante à faire. Une annonce pour sa nouvelle faction. Quelque chose de plus important à dire aux grands seigneurs. En vieillissant, le comte était devenu curieux.

#3 2016-05-24 09:24:43

antoine
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Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

De l'or.

De l'or pour recouvrer la grandeur perdue de la Samarie, de l'or pour racheter un serment, de l'or, dont on avait tant besoin à l'Ouest.

En mariant sa fille unique, Alazaïs, au Duc Antoine Ier, Bertrand VI comte de Judée savait pertinemment qu'il ferait entrer la Judée dans le girons des Samaries. Cela lui importait peu.
La proximité de ses terres avec Träkbäläard, le péril constant que représentait leurs raids, et, il le reconnaissait amèrement, la perte de son seul fils avait depuis longtemps amendé son ambition pour la Judée.

Bertrand avait embrassé la destinée des Samaries depuis longtemps et c'est avec une certaine fierté qu'il était à présent à la tête de cette illustre famille, du moins le temps de la minorité de l'héritier Antoine II. Qu'importe il avait mêlé son sang avec les Samaries et leur grandeur était à présent aussi celle de sa fébrile Judée.

La grandeur vient avec quelques sacrifices, cela, il le savait.
Et c'est un grand sacrifice qu'il était venu accomplir en ces terres lointaines.

Les De Karan avaient été soumis aux Samaries sur le champ de bataille depuis si longtemps que personne ne se souvenait vraiment quand leur serment de fidélité leur avait été extorqué.
Fidèles et efficaces, un Karan avait toujours secondé un Samarie.
Ainsi allait le pouvoir dans l'Ouest.

Les temps changent, les hommes changent et les acquis doivent parfois être abandonné, sacrifiés sur l'autel de l'Histoire.
Tel était le prix à payer pour recouvrer la grandeur de la Samarie.
Un prix exorbitant, celui de la survie.

De L'or à flots, voilà ce que lui avait laissé entendre Mazër De Karan. De l'or à flots contre une servitude de 1000 ans aux Samaries. Ces chaînes qui avaient autrefois entravés le premier des leurs, un bout de ferraille, un symbole qui valait à présent des flots d'or.

Il avait fait le chemin avec son bout de ferraille, décroché pour l'occasion de la Grande Salle du Krak des Chevaliers et son escorte personnelle. Soucieux d'accomplir ce qu'aucun Samarie n'avait jusque ici envisagé, il restait impassible aux filles de joies qui pullulaient au Palais de Nefret. Soucieux et peut-être aussi impressionné de la fortune qui avait souris aux Karans. Il observait Mazër. Mordante, l'épée des Ducs de Samarie suspendue au dessus de la cheminée de marbre blanc de Sudord. Décidément la fortune avait diaboliquement souris aux Karans...

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Quand l'échange se ferait-il ? Il ne le savait, mais cela ne saurait tarder, il le sentait dans ses os usés par le trajet.


Marie, gouvernante du clan Samarie.
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#4 2016-05-24 12:36:17

Jeyangel

Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

"De Karan reste De Karan..."

Fut-il nimbé de pourriture et d'odeur de moisi, Bélial était un homme riche qui aimait à le montrer.
Aujourd'hui, Mazër se posait en digne successeur du vieil homme. La jeunesse et la vie avaient remplacé la moisissure et l'usure, mais le faste vous était exposé ostensiblement.

Le Dragon...
Cela faisait étrange de faire partie de ce "nouveau" Dragon, alors que pour lui, le Dragon était sa patrie et le symbole de sa puissance depuis des années!

Les convives festoyaient, mais beaucoup semblaient tendus, attendant la suite.
Antoine, notamment, semblait appréhender ce que Mazër allait dire.

Antoine de Samarie, le fondateur du Lys, avait été son mentor. Après avoir été son ennemi lors d'Arald, et suite à son retour, il avait finalement décidé de le rejoindre.
Puis Antoine l'avait placé sous la suzeraineté de Bélial, et Jeyangel n'avait pas réellement vu à quel point ils s'éloignaient.

Antoine n'était plus son "grand seigneur", et le Lys n'était plus son blason.
Ca, en revanche, il n'allait pas s'en plaindre: le Dragon retrouvait sa place légitime sur les écus et hauberts de ses hommes!

...et De Karan serait moins enclin à tempérer ses "préférences".

Dernière modification par Jeyangel (2016-05-27 11:27:58)

#5 2016-05-26 13:25:26

Zyakan

Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

De l'or, de l'or, de l'or, de l'or.

Vingt ans plus tôt, la tête lui en aurait tourné aussi violemment qu'après une rencontre avec un tonnelet de vin. La légère nausée qu'il sentait poindre aujourd'hui était celle d'un lendemain d'abus. Un écœurement devant l'abondance, trop forte pour avoir encore un sens. Oh, rien de bien méchant, pas jusqu'à la dégobiller, non, l'habitude était passée par là, mais juste une petite pointe désagréable sur l'estomac.

Ça ne l'empêchait pas de déchirer à pleines dents le cuissot de poularde qui avait atterri sur son assiette, ni de tâter distraitement l'autre cuissot qui s'était posé en travers de ses jambes. Il avait juste un léger malaise à l'idée de ne pas être sûr de ce qui se cachait vraiment sous cette robe en soie parfumée.

Le comte Zyakan fit fureter rapidement son regard alentour à la recherche de sa fille, sans la trouver. La question ne se posait plus, il avait mal fait de l'amener ici. Il avait quand même réussi à imaginer sincèrement que ce serait un banquet calme, où une adolescente puisse avoir un aperçu des voies diplomatiques. Mais bah. Elle avait un des jumeaux avec elle, et puis c'est comme cela qu'on grandit. 

En attendant la suite des événements, qui, au vu de la réputation des Karan, saurait être à la hauteur du reste, il leva son verre en souriant au comte Zalfos, adversaire victorieux de l'année passée.

Dernière modification par Zyakan (2016-05-26 15:37:19)

#6 2016-05-27 23:01:49

De Karan
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Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

Soudain, Mazër de Karan se cambra. Il agrippa la table de ses deux mains et soupira bruyamment. Puis il retomba au fond de son siège, visiblement éprouvé. Il le repoussa en arrière d'un bref mouvement du pied.

-Allez, va-t’en... Ordonna le Comte en remettant sa coquille, visiblement blasé.

La jeune femme se redressa, s'essuyant les lèvres sur le revers d'une manche. Mazër ne se souvenait plus de son nom. Une épouse, une sœur, peut-être une fille de noble. Pas une dame de compagnie ou une servante ; et en aucun cas une esclave. Au fond, il s'en fichait. Peut-être la reverrait-il plus tard, dans l'intimité de ses appartements. Peut-être pas. Geva d'Atem était toujours retenue captive, il avait donc de quoi s'amuser...

Pour l'heure, Mazër vida son verre de vin et se leva pour accueillir l'invité qu'il attendait le plus.

-Voici qu'arrive le Comte Bertrand de Judée, Grand Protecteur de Samarie. Karan n'avait pas élevé la voix, pourtant les troubadours firent silence. Ce qui incita imperceptiblement une partie de l'assemblée à faire de même. Pour les autres, Mazër se contenta de claquer dans ses mains avant de reprendre. Chers seigneurs, beaucoup parmi vous m'ont demandé la raison de ce banquet. Qu'avais-je donc à célébrer ainsi ?
-Ces putains du Gundor si étroites ! Beugla un seigneur joufflu, entouré de trois femmes aux poitrines nues.
-Le vin d'épice ! Renchérit un autre sous les rires grasseyants.
-Non ! Mazër cogna la grande table de son poing. Non. Je fête la résurgence. Karan décrocha Mordante de son socle et fit de grands moulinets autour de la table. Qui se souvient encore de la bataille des Plaines de Fer ? Gerald II de Samarie et ses six milles rescapés du Siège de Constantinople. Affamés. Malades. Gerald sacrifia la moitié de ses hommes et donna sa propre vie pour que tombe Karan dit ''Le Jeune''. Mon ancêtre. Fondateur de ma lignée. Mazër s'arrêta face à une jeune esclave, pointant Mordante sur sa gorge. C'est sur cette épée que le Serment fut scellé. Il abaissa la lame et se retourna vers la tablée. Le temps passa. Karan et les siens se civilisèrent. Les barbares se marièrent à des nobles, de mercenaires ils devinrent des seigneurs d'Okord et la Baronnie de Ténare vit le jour... Le Comte se rapprocha enfin de Bertrand, lui tendant Mordante à l'horizontale. Désormais, les choses changent. Car ce soir, devant vous, je confie la régence d'Antoine II de Samarie à son oncle bienveillant, Bertrand de Judée. Ce soir, la servitude devient l'amitié ; franche et égale. Ce soir renaît le blason libre et entier de la Maison de Karan.

Conformément à ses instructions, les tambourins annoncèrent les coffres. Il étaient larges et massifs, de la taille d'un enfant. Il y en avait cinq en tout, nécessitant deux porteurs chacun. Les trois premiers étaient garni de pièces d'or, aussi rutilantes que des vagues un jour d'été. Les deux autres contenaient des pierres ; diamants, rubis, améthystes, topazes et émeraudes de toutes sortes. Sans compter les autres petits coffrets de soie et d'épices qui suivirent.

Plus qu'une débauche. Un paiement sur un an. Un symbole pour signifier que l'on comptait.

Dernière modification par De Karan (2016-05-27 23:04:21)


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#7 2016-05-30 08:55:28

antoine
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Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

L'art de la mise en scène des Karan, voilà chose qui lui manquerait lorsque ceux-là seraient libre de l'influence des Samaries.

Tout était prévu, calculé, réglé à l'avance. Le montant de la servitude des Karan, les modalités de la régence d'Antoine II, la remise de Mordante. Des mois d'échanges diplomatiques et de rencontres interposées dans les tavernes du royaume.

Bertrand regardait Mazër s'agiter, lever la voix, fixer son auditoire, renverser les godets d'un revers de main... saisir les attentions, les manipuler pour qu'on ne retienne que les lames étincelantes et les pierres précieuses.

Amusé, Bertrand esquissa un sourire complice. Ce qui se jouait ici était bien plus important qu'une épée ou de l'or, quoique c'était cette nécessité qui avait précipité les choses. Ce qui se jouait ici c'était la libération d'un loup, l'envol d'un dragon. Libre de l'ambition moralisatrice des Samaries, qui pouvait prédire ce que les Karan deviendraient ? Mais cela c'était le problème de l'Est maintenant.

Perdu dans ses pensées, Bertrand n'avait même pas réalisé que Mazër qui s'était arrêté face à lui, lui tendant Mordante à l'horizontale.

Acte 1, scène 2.
Bertrand se leva et posa la main sur la garde, regardant fixement Karan, pour la dernière fois de haut.

- Je reprends Mordante, l'épée des Ducs de Samarie et vous libère de vos serments envers les Samarie.

D'un regard, l'homme assit à côté lui fit passer un objet métallique noircit par les siècles.

- Je rends les fers du Jeune, qui ont dévoré ses chairs jusqu'à sa soumission.

Il tendit les fers de l'autre main. Un symbole lourd de sens, une ère nouvelle pour la Samarie et le Pays de Karan.

"Puisse un Karan toujours épauler un Samarie".
"Hum, il faudra trouver une nouvelle devise", marmona-t-il en se demandant comment l'Histoire jugerait son acte.


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#8 2016-05-30 23:31:37

Amon

Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

Le faste. Un vomi constant, perpétuel d'or, d'éclats et de reflets. Autant de lances qui se plantaient dans les yeux de Merwynn, l'or la répugnait, la richesse la faisait ricaner, mais le déploiement sous lequel croulait Nefret l'intriguait grandement.

Et c'était bien la curiosité qui l'avait poussée à se rendre au Pays de Karan, dans cette citée aussi perverse qu’extravagante, débauchée et venimeuse. Ce n'était pas tant la nouvelle faction qui l'intéressait, mais les pièces que son dirigeant tissait sans cesse, les fils qu'il tirait, nouait, tranchait, avançant sans relâche vers son objectif. Une sorte de fascination malsaine.

Ainsi, la jeune femme couvait les réjouissances de ses prunelles émeraudes, scrutant les présents, leurs intérêts, leurs mots, tout en appréciant les mets entassés où que l’œil se posait. Un mince sourire satisfait étira ses lèvres lorsqu'elle les plongea dans un vin capiteux et épais. Le jugement déjà embrumé, elle secoua la tête, faisant tinter les fils d'argent se mêlant à sa chevelure. De quoi émousser son attention, et laisser vagabonder son esprit mais après tout, n'était-ce pas un festin ?

#9 2016-05-31 09:50:16

Jeyangel

Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

Le Dragon

Hum...
Qu'il était agréable d'assister à cela!

Bélial, ou peu s'en fallait, De Karan, sa "descendance", devenait enfin son propre seigneur.

Jeyangel ne prêtait allégeance à personne. Si Dracangia devait redevenir l'Empire qu'elle était, son empereur ne pouvait se soumettre.
Mais il jouait le jeu, suivant un seigneur de son plein gré, là où d'autres le faisaient par devoir.

Mais il était hors de question de devenir le "bouffon du cousin du roi"!
Il avait attendu son heure, et la liberté de De Karan le rapprochait de la sienne.

Il n'était plus, désormais, le vassal du vassal du Lys.
Il était le vassal du Dragon, Dragon lui-même, et fichtre que ce nouvel ordre annonçait de bonnes choses!

Le serpent
De sombres affaires se tissaient. Rien de bien original.
Certains seigneurs le savaient, d'autres en auraient bientôt la surprise, bonne ou mauvaise.
Un bon point de départ pour une nouvelle carrière!
Ürtis continua ses observations dans l'ombre

Le prêtre
Tss tss tss...
Tant de débauche pour si peu.
Les hommes en blason ne savaient vraiment pas se tenir.
Ce n'était que la continuité d'un tout. Un changement nécessaire, observé des Grands Protecteurs eux-même, et probablement un grand intérêt pour le Protecteur actuel.
Très peu ici, se souvenaient en ce moment, des véritables obligations du guerrier: discipline, vigilance et toujours se remettre en question.
O'chou Neen médita sur ces pensées.

#10 2016-06-01 17:17:44

De Karan
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Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

Les yeux de Mazër se réduisirent à deux fentes très minces. Imperceptible mouvement de recul. Les doigts aux ongles longs se crispèrent légèrement. Un étrange soupir s'échappa de ses lèvres. Il se saisit finalement de la chaîne, la brandissant au dessus de sa tête ; les deux cercles de fer rouillés pendaient de part et d'autre de son bras.

-Libre et désormais seul propriétaire de mes droits, j'annonce la création du Dragon. Le regard du Comte courut sur les invités, s'arrêtant brièvement sur le Baron Jeyangel. La surprise était loin d'être entière, les rumeurs courraient depuis un certain temps dans les autres cours. Mais les formes étaient les formes. Un ordre différent des autres obédiences okodiennes, remettant ses seigneurs au centre de tout et ayant une véritable vision pour le Royaume. Mazër baissa son bras puis se dirigea vers son siège. Certains crurent que la fin du Lys marqua la fin de mes ambitions. Ils avaient tort. Mazer décomposa chaque mot. Je suis déterminé à m'emparer de la couronne, à mettre fin à l'inertie des vieilles confréries d'antan et à guider vers la gloire ceux qui le désirent. C'est un appel que je lance à tous les seigneurs d'Okord.

La sédition. Il n'y avait pas d'autres mots. Mazër de Karan défiaient le Roi et tout ce qu'il représentait. Il se posait en adversaire, en conquérant et en prétendant légitime. Mais était-ce une vraie surprise ? Probablement pas. A croire que le Comte était sot. Ou fou.

-Que crève l'héritier du Bâtard !

Le plateau en argent tombant par terre sonna comme un terrible avertissement. L'esclave avait dans sa main un petit triangle de métal, aiguisé en deux tranchants. Sa main était déjà levée lorsque Mazër se retourna. Le Comte écarquilla les yeux. Cette surprise là, en revanche, était totale. Mécaniquement, il leva devant lui les chaînes de Karan Le Jeune. La main de l'agresseur dérapa sur le métal. La lame dessina un trait fin sur la joue de Mazër avant de déchirer son col. Au moment où il cogna la table rencontra son dos, la chaîne s'enroula autour du poignet menaçant et la lame s'échappa des doigts de l'esclave. Mazër repoussa l'assassin, qui demeura là, aussi stupéfiait que sa victime.

Plus de musique. Rien que la peur. Le Comte porta un index tremblant à son visage. Son beau visage, qu'il aimait contempler dans tout ce qui pouvait le refléter. La cruche en étain lui renvoya la ridule écarlate.

Kerberos s'était approché pour s'emparer de l'esclave. Mazër ne lui en laissa pas le temps. Il abattit l'un des lourds anneaux métalliques sur son crâne. L'homme en tunique de lin s’effondra sur le sol. Loin d'en avoir fini, le Comte s'installa à califourchon sur son torse et assena de nouveaux coups sur son visage. Folie vicieuse. Il n'était plus là. Il lui aurait été incapable de savoir s'il hurlait ou si les mots restaient enfermés dans son crâne. Le bras de Kerberos passé sous ses aisselles le ramena à la raison.

Le colosse le traîna en arrière tandis que d'autres gardes sortirent le cadavre sans tête de salle. Mazër se dégagea de l'étreinte.

-Qu'est-ce que vous regardez ? Le Comte s'empara d'une coupe de vin sur la table et la vida d'un trait, s'en reversant la moitié sur le torse. C'est la fête. Tout le monde s'amuse.

Il s'assit. La musique reprit timidement.


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#11 2016-06-01 18:04:15

antoine
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Re : Le pourrissement des anges. ]Antoine[

"Eh ben, au moins on est fixé" marmonna Bertrand.
Il avait un temps hésité sur l'avenir des Karans. Se souviendraient-ils de leur passé violent, si violent que la Samarie avait due payer le prix du sang pour l'apaiser.

Des siècles de servitude avaient-ils amendé les Karan ?
Les conseils de Samarie, les réunions du Lys, les adoubements emplis de bons sentiments. Des siècles de chevalerie avaient-ils apaisé le sang bouillant des Karan ?

Et ben, non.

Remettant Mordante dans son fourreau, Bertrand se dirigea vers la porte de la Grande Salle. Son affaire était faite.

- Comte de Samarie, vous nous quittez déjà ? lança un nobliau vêtu de soie, visiblement aviné. Les regards s'étaient tournés vers le jouvenceau, puis vers Bertrand, attendant une réponse.

- J'ai un Lys à replanter, je vous salue mes seigneurs. Il ne les saluait pas du tout, il n'avait que faire de ces lointains seigneurs, seul la Samarie et la renaissance du Lys lui importait... quitte à en changer à changer quelques méthodes. Le jeune Antoine II serait-il à la hauteur de son héritage ?

Il tourna le dos à l'assemblée et la musique repris de plus belle.

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