Enquête sur la mort de Foulques

Rohan_Jezequel · 2016-02-17 12:09:18

image couloir caves
D'un pas forcé, le Seigneur Jezequel et Dame Vad Gonzack arpentaient le long dédale des couloirs de la cave du palais royal. Ces couloirs étaient crasseux et mal éclairés. A certaines embouchures, des odeurs pestilentielles venaient chatouiller le nez de nos deux comparses.

Mais où est donc cette foutue porte rouge ?!
Au fond à gauche, avait-il dit cet idiot. il aurait quand même pu nous y accompagner !

Quelques minutes plus tôt dans le hall du palais, l'enquêteur royal avait rencontré un capitaine de la garde. Ce dernier, après avoir étudié attentivement le manuscrit signé de la Reine, l'avait envoyé vers un large escalier de pierre qui semblait s'enfoncer dans les ténèbres.
"Vous trouverez Romuald en bas, dans ses ateliers, au fond à gauche, porte rouge."

Rohan lui avait alors indiqué que si quelqu'un le cherchait, lui ou un de ses hommes devait le lui amener.
Le capitaine avait accepté, non sans un soupire d'agacement.

Là ! dit soudainement Dame Vad Gonzack

Rohan frappa alors trois coups secs sur la lourde porte rouge en espérant ne pas avoir fait tout ce chemin pour rien.

Eugénée Anet · 2016-02-17 20:59:45

Après une longue et interminable minute d'attente, la porte rouge s'ouvre enfin dans un grincement. Dans l'encadrement, surgit un petit personnage au visage étriqué et aux épais favoris d'un brun délavé. Il semble passablement énervé qu'on vienne le déranger, et n'attend même pas que vous ayez fini de vous présenter pour vous arracher le papier royal des mains. Il prend de l'étudier sous toutes les coutures, comme soucieux de dénicher quelque chose qui puisse lui permettre de vous renvoyer.
Finalement, il vous rend le parchemin avec une moue désabusée, et vous fait signe de le suivre. L'intérieur de sa pièce est une ancienne prison, dont on a abattu les murs de plusieurs cellules et fermé les anciennes portes. L'endroit est sec, éclairé par des torches installées ça et là, et presque confortable pour l'intérieur d'une cave.

Je ne vous attendais pas de sitôt. Vous avez laissé traîner l'enquête pendant une éternité, et vous vous pointez deux jours après que Guyard l'ait annoncé ? Depuis quand la ponctualité est d'usage ?

Romuald vous amène jusqu'à une table sur laquelle est posée un large cercueil de bois pâle, dans lequel on a fait graver en toute modestie les armoiries de la maison d'Ambrivères.

J'allais faire enterrer ce brave intendant quand son successeur est arrivé ici avec une pile de parchemins sous la main, pour m'assurer qu'une enquête allait finalement être ouverte. Il aurait pu tarder un peu que je ne vous aurais pas eu sur le dos et que je m'en serais pas plaint. Hah, mais maintenant que vous êtes là, z'allez avoir ce qu'il reste de Foulques.

Le médecin, malgré sa petite taille, fait preuve d'une force impressionnante au moment d'ouvrir le cercueil. Une odeur de charogne s'en dégage vite, mais Romuald n'en semble pas vraiment embarrassé. Il prend malgré tout le temps d'aller jeter dans la torche la plus proche une poignée d'encens.
Le cadavre de Foulques est là, sous vos yeux. Il n'en reste à certains endroits que des os, à d'autres que de la chair en putréfaction. Il n'est pas beau à voir, mais dans la mort, aucun homme ne l'est.

J'ai pris soin de prélever ses yeux et de ses organes internes peu après la mort, mais vous vous doutez bien qu'ils sont complètement décomposés depuis le temps... j'ai bien peur que le reste du corps ne vous soit pas aussi utile. J'ai mentionné ça au roi-renard quand je l'ai eu à portée d'oreille, mais s'il m'a entendu il ne m'a pas écouté. Vous et Guyard allez payer les pots cassés...
Bon. Avec votre paperasserie, je peux pas vraiment vous jeter d'ici. J'ai examiné le corps, j'ai rien trouvé de particulier. Ha, mis à part le fait que l'intérieur de sa gorge et ses lèvres se sont noircies anormalement vite. Mais ça, quand on s'étouffe... il fallait pas manger aussi vite les plats de Karan !

Rohan_Jezequel · 2016-02-18 11:44:21

Rohan avait détourné ses yeux rapidement du cadavre, sans montrer de signes de dégoût mais plutôt de déception. Il écouta alors attentivement le médecin en faisant le tour de son atelier. Il s'arrêta soudainement en entendant les dernières phrases de Romuald.

Un étouffement, vous dîtes.
Meurt-on d'un étouffement en quelques secondes ? Le Sieur Foulques manquait-il d'air au point de mourir après quelques secondes d'apnée forcée ?

Sans attendre de réponse, l'enquêteur s'approcha du médecin.

Romuald, vous êtes le médecin royal. Qu'est ce qui vous fait penser à un simple étouffement ?
L'escarre noire qui monte de la gorge à la langue ne vous a-t-il pas fait pensé à une intoxication, à un empoisonnement, savamment dosé pour tuer ce pauvre bougre, en quelques secondes ?
Lorsque vous avez récupéré le corps, présentait-il des gonflements anormaux, des selles sombres ?
Avez-vous remarqué une putréfaction du corps plus rapide que la moyenne ?

Le Baron agita le manuscrit devant le petit homme.

Répondez à mes questions, Romuald, et je vous laisse tranquille.

Eugénée Anet · 2016-02-18 19:30:34

Hahaha, vous aimez bien ça, hein, l'idée de l'empoisonnement ? Vous êtes comme Guyard. Vous tenez presque le même discours, à croire que vous souhaiteriez que Foulques ait bel et bien été empoisonné ! Vous voulez que je vous dise ? Le duc Antoine de l'Ouest, un modèle d'énergie et une santé de fer... et bah emporté l'année dernière, par une toux hivernale. Je suis sûr qu'il y en avait aussi pour crier à l'empoisonnement !

Romuald ricane encore quelques instants de sa blague, et se renfrogne en voyant que vous ne goûtez nullement à son humour. Il reporte son attention sur le cercueil, et grommelle quelque chose dans sa barbe que vous saisissez comme "mieux fait de partir se battre" et "pas une affaire pour la noblesse". Après un long silence, le médecin finit par désigner le cadavre.

Guyard voulait que je regarde. J'ai regardé. Et bien Foulques s'est étouffé... cela à pris plus que quelques secondes, mais il semblerait qu'on ne se soit pas précipité pour l'aider non plus. Comme l'intendant insistait assez lourdement, j'ai cherché pour un poison, et je n'en ai pas trouvé. Après ça il a eu mieux à faire que de continuer à me harceler, et j'ai pu passer à autre chose.
Que voulez-vous que je vous dise ? Oui, c'est peu commun cette affaire de... sang qu'il aurait craché, mais pas forcément incompatible avec un étouffement. Le corps s'est en effet putréfié plus vite que la normale, mais pas non plus d'une manière inconcevable. Foulques n'était pas d'une santé flamboyante, loin de là, mais pas non plus affaibli par un poison d'Okord.

Romuald a un soupir de regret en reportant ses yeux sur votre parchemin. Il semble exaspéré par la situation, mais fait un effort visible pour rester calme. Sa voix est trépignante, et il montre rapidement dans son dos une étagère où s'empilent des livres poussiéreux. Le médecin royal secoue la tête.

Oui. Oui, on pourrait avoir utilisé un poison que je ne connais pas, qui causerait une suffocation rapide. On raconte qu'il en existe dans les contrées du sud. C'est une... possibilité car se procurer quelque chose de l'étranger, avec de l'argent et de bons contacts, c'est faisable. On pourrait aussi avoir récupéré quelque chose depuis Österlich, car je ne suis pas savant dans leur faune et leur flore. Ou alors Foulques s'est juste étouffé en se gavant de brioches et de vin ?

Rohan_Jezequel · 2016-02-19 12:23:54

L'enquêteur s'approcha de l'étagère en la dévorant des yeux, peut être allait-il tomber sur un "précis du parfait faiseur de succession". Tout en s'avançant, il continua à interroger son interlocuteur.

Admettez, Romuald, que rien ne prouve assurément l'étouffement ou l’empoissonnement. Admettez aussi que si une puissance a envoyé quelqu'un faire taire des documents en Ambrivières alors même qu'une cohorte royale s'y rendait.

Rohan se retourna vers le médecin.

Admettez, Romuald, que cette puissance serait tout à fait à même de vouloir faire taire Foulques, même si c'était dans les salons du palais royal !

Rohan observa un instant Romuald avant de continuer.

Je comprend que vous aimeriez être paisiblement affairé à vos tranquilles besognes au fond de votre cave. Mais voilà, Foulques s'est fait tué, ici, au dessus de votre tête. Et qui sait ? Demain le Chancelier ? Demain un Duc, un Prince ? Et pourquoi pas la Reine ?
Vous êtes impliqué, vous êtes le médecin royal. Au moindre doute, vous auriez dû anticiper ma venue et celle de Guyard, vous auriez dû, Romuald, prendre les devants afin de protéger la Reine.

Rohan pris une grande respiration avant de poser sa main amicalement sur l'épaule du médecin.

Romuald, vous m'êtes sympathique et je comprends votre exacerbation mais vous êtes le médecin royal, une responsabilité repose sur vos épaules.
A ce propos, quand vous dîtes "On raconte qu'il existe de tels poisons", pensez-vous à quelqu'un en particulier ?
J'ai demandé à la Vicomtesse Helyanor de venir au château. On me l'a décrite comme habile dans l'art de l'herboristerie.

Dernière modification par Rohan_Jezequel (2016-02-19 18:39:31)

Helyanor · 2016-02-20 18:27:42

Enfin, Helyanor Griseplume aperçut au loin les remparts de la cité royale. Elle avait chevauché depuis l'aube pour répondre à la convocation du nouvel equêteur Rohan Jezequel. Il était grand temps de s'intéresser de plus près à la mort suspecte de l'ex-intendant Foulques, en effet. Elle avait cru comprendre qu'elle ne serait pas seulement interrogée, mais que ses connaissances en matière d'herboristerie pouvaient être mises à contribution. Elle avait donc jugé préférable d'apporter avec elle ses traités et de quoi pratiquer des analyses et des expériences. Elle ne savait pas ce qu'elle allait trouver dans les laboratoires du palais...
Après avoir franchi les portes de la ville, elle se dirigea immédiatement vers le palais royal et se présenta aux gardes.
"Je suis Helyanor Griseplume, matriarche du Clan du Hibou. Je suis attendue par Messire Rohan Jezequel. Cela concerne l'enquête sur la mort de l'ex-intendant Foulques.
- Il est dans les caves, en train d'examiner le macchabée... Il paraît que ce n'est pas beau à voir. Vous voulez y aller quand-même ou vous préférez attendre dans un salon qu'il ait fini ?
- Trop de temps a déjà été perdu dans cette pénible affaire. Plus vite je pourrai répondre à ses questions et mieux ça vaudra. Conduisez-moi donc dans cette cave. Je prends mon matériel et je vous suis."
Helyanor récupéra deux lourdes sacoches en cuir rigide sur son cheval et s'engagea dans les couloirs à la suite du garde qui lui montrait le chemin.

Eugénée Anet · 2016-02-20 20:20:26

Quoi ? Vous êtes celui qui tire des conclusions hâtives ici. J'admets que la mort de Foulques puisse apparaître comme insolite, mais je vous dis ce que j'ai vu et je vous dis ce que j'ai fait. Et rien dans tout ça ne m'a permis de conclure à l'option "poison". Vous voulez que je vous dise ? Je n'y crois pas à l'empoisonnement, parce que je suis un homme de lettres, pas un superstitieux.

Romuald dégage son épaule et prend quelques pas de retrait. Il semble désormais mécontent, plus qu'exaspéré.

Ha... ne venez pas m'apprendre mon travail. Vous je ne vous dis pas comment trancher des têtes, si ? Moi je suis médecin, pas conseiller royal. C'est au roi de se protéger d'éventuels complots, pas à moi — moi je suis juste là pour le servir. Qu'est-ce que j'y peux si l'enquête a autant tardé ?

Romuald semble de plus en plus regretter que vous ayez le papier royal, et qu'il ne puisse pas simplement déclarer l'entretien comme terminé. Il laisse un regard au seigneur Rohan, qui a entre-temps reporté son attention sur l'étagère.

Vous voulez chercher un poison fantôme dans mes livres ? Libre à vous. Quand vous aurez fini de voir qu'il n'y en a pas, vous saurez que dans le sud, la faune et la flore est assez différente d'ici, et qu'il y a donc autant de poisons potentiels. Libre à vous aussi de chercher dans la masse. Ha... et puisque vous avez visiblement invité quelqu'un de plus doué que moi, je pense que vous n'avez plus besoin d'être ici. Prenez donc ce... cadavre et allez vous-en.

Deux coups donnent soudain contre la porte, et avant même que Romuald ne puisse contourner ses invités pour aller ouvrir, un robuste sergent de la garde écarte de battant pour laisser passer Dame Helyanor. Sans autre forme de procès, le soldat entre à son tour et referme derrière lui. Avec désormais cinq personnes présentes, il ne reste plus beaucoup de place dans la salle.

Ha. De mieux en mieux. Nous ne sommes pas dans une auberge, ici !

Rohan_Jezequel · 2016-02-21 16:12:35

L'enquêteur royal, exacerbé par l'attitude du médecin fit face à la porte lorsque les deux coups se fit entendre.
Le baron fit alors un geste de la main au sergent de la garde pour le remercier d'avoir conduit la dame jusqu'ici, dans les entrailles du château.

Vicomtesse Helyanor, je présume.
Enchanté de vous rencontrer, je suis le Baron Rohan Jezequel, missionné par son altesse la Reine pour étudier les circonstance de la mort de l'ancien Intendant. Nous avons déjà échangés par missives.
J'aimerais, tout d'abord, que vous participiez à la conversation que j'ai avec Romuald, le médecin royal, ... indiquant le médecin du bout du doigt... Nous parlions étouffement. Rohan afficha alors un large sourire en regardant en direction de Romuald.

Soudainement, la porte s'ouvrit violemment. Une main lourde de garde royal l'avait enfoncé avec une grande violence.
Dans l'encadrement de la porte se dressait maintenant en gaillard en armure légère semblant avoir des difficultés à retrouver sa respiration.
Ser... Sergent !
C'est la ... la Reine, Sergent !
Quoi la reine ? ...Demanda le sergent avec l'air inquiet.
Le garde pris une grande respiration.
La Reine a été capturée, le pouvoir a été pris par le Seigneur Galactique ... quelques chose.
En quelques secondes, le Sergent pris le garde par le bras et l'emmena en courant dans le couloir. Ils disparurent dans la pénombre.

Rohan, les yeux écarquillés, la main sur le pommeau de l'épée accrochée à sa ceinture, n'en croyait pas ses yeux. De son autre main, il tenait toujours le manuscrit de la Reine à moitié enroulé.

En jetant un œil sur les deux personnes en sa présence, il s'aperçu que le médecin ne décollait plus les yeux de ce manuscrit...

Rohan_Jezequel · 2016-02-24 22:37:52

L'enquêteur (royal... ou pas) pris délicatement le bras de la Vicomtesse en affichant un large sourire.

Madame, nous devrions repartir de ce cachot. Le Médecin que voilà ne semble pas désirer notre présence.
Pourriez-vous me suivre ? Le corps n'est pas en état de nous fournir quoi que ce soit de toute manière.

Rohan fit un sourire à Romuald.
Nous allons vous laisser, n'est ce pas ?

Helyanor · 2016-02-24 23:07:11

Helyanor avait entendu la nouvelle du coup d'état. Le plus urgent pour elle, désormais, était de rejoindre son suzerain et ses autres alliés, qui n'allaient pas manquer de tenter de libérer la Reine, mais elle s'était engagée à aider l'enquêteur royal et ne pouvait se soustraire à cette obligation.
"Certainement, Messire Jezequel. Cependant, je souhaiterais régler cette affaire au plus vite : en ce moment même, au vu des récents évènements, mon suzerain et ma Reine pourraient requérir mon assistance. Quelle suite prévoyez-vous pour l'enquête ?"

Dernière modification par Helyanor (2016-02-25 18:16:45)

Eugénée Anet · 2016-02-25 18:04:57

Romuald hausse les épaules.
Faîtes comme vous l'entendez. Ou restez là, maintenant que vous y avez mis les pattes. Si changement de souverain il y a bien eu, j'ai affaires à régler. Et pas les vôtres.
Le médecin se tourne ensuite vers les deux gardes.
Sergent, la sécurité de cet endroit est entre vos mains. Si d'autres personnes veulent me contacter... dîtes leur que je suis absent. Ca les tient à distance, généralement...

Sans autre forme de procès, Romuald se glisse entre Rohan et van Gonzack, bouscule volontairement Helyanor et s'esquive sans attendre hors de la pièce.

Helyanor · 2016-02-25 18:32:53

En passant la porte, le vieux médecin royal accrocha avec sa coiffe une belle toile d'araignée décorée de son occupante.
"Voilà qui tiendra compagnie à celle qu'il a déjà au plafond." pensa Helyanor.
Elle se tourna vers Messire Jezequel.
"Bon débarras ! Ce vieux rat desséché m'a tout l'air d'être un jean-foutre en plus d'un mufle. Il suffit de voir l'état de ce trou de taupe rempli de moisissure qui lui tient lieu de laboratoire. Alors, que décidez-vous ?"

Rohan_Jezequel · 2016-02-25 23:10:34

Vous avez raison, très chère Vicomtesse, et vous n'avez pas fait tout ce chemin pour rien.
Rohan fit quelques pas en arrière puis s'approcha du cercueil, resté ouvert.
Madame, voici notre ami Foulques d'Ambrivière, ou du moins ce qu'il en reste.
Vous pouvez jeter un coup d’œil mais j'aimerais d'abord que vous m'expliquiez ce qui c'est passé, précisément ce soir là.
Soudainement, l'enquêteur écarquilla ses yeux et couru dans l'encadrement de la porte, restée ouverte, elle aussi.
Romuald ! Une dernière question ! Auriez-vous les affaires du voleur d'Ambrivière qu'on a du vous apporter ?!
Sans attendre, apparemment gêné par la situation, il se retourna vers la Vicomtesse.
Veuillez m'excuser, Madame.

Dernière modification par Rohan_Jezequel (2016-02-25 23:25:27)

Helyanor · 2016-03-06 00:57:31

"Laissez donc filer ce vieux malotru, Messire Jezequel. A mon avis, on n'en tirera plus rien d'utile. S'il vous a remis un rapport d'autopsie ou qu'il l'a laissé traîner quelque part dans ce capharnaüm, on se débrouillera avec ce qu'on y trouvera.
Vous avez raison, il convient de commencer par mon témoignage. Juste après les faits, l'intendant Guyard Phauques a laissé entendre que tous ceux qui avaient approché Messire Foulques pouvaient être suspectés du meurtre. Or il se trouve que je fais partie des personnes qui l'ont interrogé pour préparer les missions d'exploration. Il est donc important d'établir les faits avant que je ne vous apporte mon aide pour l'examen des autres éléments de preuve."
Helyanor se tourna vers le garde.
"Votre capitaine a-t-il bien conservé le coffret que je lui ai remis ? Il est temps pour moi de le récupérer."
Le garde s'absenta quelques minutes et revint avec un coffret scellé et fermé par deux serrures, qu'il remit à Helyanor.
"Et la clef ?
- Remettez-la à Messire Jezequel."
Le garde obéit. Après avoir débarrassé une petite table pour y poser le coffret, Helyanor commença à expliquer :
"Quand j'ai compris que l'enquête ne serait pas ordonnée immédiatement, j'ai pris des dispositions qui me paraissaient indispensables : j'ai fait fabriquer ce coffret pour y consigner la sacoche que j'avais avec moi au moment des faits et tout son contenu, ainsi que mon témoignage écrit. Comme vous le voyez, il est fermé par deux serrures et deux sceaux. Celui-ci est celui du Roi Jacquouille, qui était au pouvoir à l'époque des faits. Le second est le mien. J'ai conservé une clef et remis l'autre au capitaine de la garde royale. Ainsi, nous sommes sûrs que le coffret n'a pas été ouvert jusqu'à aujourd'hui."
Une fois les sceaux brisés et le coffret ouvert, la matriarche détailla son contenu :
"Cette sacoche est un nécessaire d'herboristerie que j'emporte toujours en voyage. Elle contient différents remèdes."
Elle prit la sacoche, en sortit une par une les fioles qu'elle contenait et les aligna sur la table.
"Cet onguent sert à désinfecter les plaies, cet autre apaise les brûlures. Cette potion sert à supprimer la douleur en cas de blessure importante ou avant une opération. Elle s'administre avec ces aiguilles. Et enfin... Celle-ci plonge celui qui la boit dans une sorte de léthargie, et ralentit du même coup les effets de la plupart des poisons. Si j'avais pu l'administrer à temps à Messire Foulques, cela m'aurait peut-être laissé quelques heures pour trouver un antidote efficace... J'ai déjà utilisé cette méthode avec succès, autrefois."
Une dernière fiole se trouvait encore dans le coffret, enveloppée dans une petite pièce de tissu.
"J'allais oublier : ce flacon contient un poison hallucinogène que mon peuple utilise pour se défendre depuis vingt générations. On en verse quelques gouttes sur la lame de nos dagues ou de nos épées. Il n'est pas mortel, mais toutefois très efficace contre les bandits de grand chemin. Je ne le range jamais avec les remèdes."
Enfin, Rohan Jezequel prit lui-même les derniers objets restés dans le coffret : deux parchemins.
"Ces deux documents vous seront utiles pour l'enquête, je l'espère. Le premier est la retranscription de l'interrogatoire que j'ai mené dans la cellule de Messire Foulques. J'avais pris la précaution de demander à deux scribes royaux de se poster derrière la porte du cachot. Ils ont pu tout entendre par la grille d'inspection restée ouverte. Le second parchemin est mon témoignage, rédigé le jour même des faits. S'il vous paraît incomplet, je répondrai de mon mieux à vos questions."

Rohan Jezequel déroula le parchemin et se mit à lire :

En ce jour ont eu lieu les interrogatoires de Messire Foulques d'Ambrivières, ancien intendant du royaume sous le règne du Roi Godefroy, par les représentants de trois factions d'Okord.
J'ai procédé au premier interrogatoire au nom de la Confrérie de la Plume Noire, dans la cellule même de Messire Foulques. Les minutes de cet entretien sont consignées dans un second document rédigé de la main des scribes royaux.
L'ex-intendant Foulques s'est montré peu coopératif et arrogant, tentant sans cesse d'obtenir son retour en grâce en échange de bribes d'informations qui se sont révélées peu fiables. J'ai fini par perdre patience et j'ai mis fin à l'entrevue.
Pour les deux interrogatoires suivants, Messire Foulques a été conduit dans une salle du château où un banquet avait été servi à l'intention des seigneurs présents. C'est là que le Baron Gnap, de la Confrérie des Ombres, a tenté à son tour d'obtenir des informations. De mon côté, je me suis installée au fond de la salle pour observer la suite des événements.
Messire Foulques a eu, à peu de choses près, la même attitude avec Messire Gnap qu'avec moi. Il lui a toutefois concédé un peu plus d'informations, avant d'user sa patience à lui aussi.
La troisième personne à interroger Messire Foulques a été le jeune seigneur de Karan, de la Confrérie du Lys. Il a tout d'abord fait servir un repas à l'ex-intendant avant de commencer à lui poser des questions. Mais il s'est heurté à la même arrogance de la part de Messire Foulques, et il a fini par l'empoigner violemment avant de quitter la salle, visiblement furieux.
L'ex-intendant Foulques a été pris d'un violent malaise quelques instants après le départ de Messire de Karan. Quelqu'un a hurlé qu'il s'étouffait. Un attroupement s'est formé, et il m'a été difficile de me frayer un chemin jusqu'à lui. Quand j'ai enfin pu le rejoindre, il était déjà mort. Son visage avait bleui, et j'ai vu au sol ce qui semblait être des crachats de sang.
Toutes les personnes présentes semblaient être arrivées à la même conclusion : l'ex-intendant Foulques d'Ambrivière venait d'être victime d'un empoisonnement.

Dernière modification par Helyanor (2016-03-06 16:04:47)

Rohan_Jezequel · 2016-03-13 17:02:44

Très bien, Vicomtesse, je n'attendais pas moins de vous. Ce que je lis sur ces parchemins correspond parfaitement aux échos qui sont parvenus à mes oreilles sur votre rencontre avec Foulques.

L'enquêteur s'approcha de nouveau du corps.

Madame, si vous êtes, comme vous le dites si bien, dans la liste des suspects, vous êtes aussi pour le royaume une mine d'informations très importante vis à vis de vos connaissances en herboristerie.

Nous manquons d'érudits, Vicomtesse. Le jeune royaume d'Okord a besoin d'ordre, d'Universités et de développer ses érudits.
Mais aujourd'hui, c'est de vous qu'il a besoin.

Vicomtesse, connaîtriez-vous un poison si violent qu'il pourrait tuer en quelques secondes ?

Sa gorge et sa langue ont noircies et son corps à subit une putréfaction rapide.

Helyanor · 2016-03-15 23:24:26

Helyanor se dirigea vers ce qui semblait être le bureau du médecin : un écritoire encombré de parchemins entassés dans le plus grand désordre. Tout en fouillant le fatras de vieux documents à la recherche d'un éventuel rapport d'autopsie, elle répondit au baron.
"J'ai déjà fait quelques recherches à ce sujet, peu après les faits. Beaucoup de plantes et d'arbustes ornementaux cultivés dans les jardins d'agrément du palais sont toxiques. Certains d'entre eux peuvent provoquer une paralysie respiratoire si la dose est suffisante, mais la plupart n'ont pas une action aussi rapide. Toutefois..."
Elle récupéra un de ses sacs restés à l'entrée, en sortit le traité d'herboristerie qu'elle avait apporté avec elle, l'ouvrit, tourna quelques pages et pointa du doigt une illustration qui représentait une plante aux larges feuilles vertes striées de blanc.
"Cette plante-ci vient des régions chaudes situées au sud d'Österlicht. J'en ai vu quelques plants dans une serre des jardins royaux. Elle est très recherchée pour la beauté de ses feuilles et de ses fleurs, mais sa sève est très irritante et, en cas d'ingestion, elle provoque un gonflement de la langue et des muqueuses de la gorge, parfois jusqu'à l'obstruer complètement. L'empoisonneur a dû parvenir à en extraire la substance toxique et à la concentrer pour obtenir un effet aussi fourdroyant."
Enfin, la matriarche se dirigea vers le cadavre et l'examina brièvement.
"Quant à la vitesse de décomposition du corps, on peut exclure une quelconque action du poison : la mort est survenue trop rapidement pour qu'il ait eu le temps de se diffuser dans tous les organes. Il faut plutôt rechercher les causes du phénomène dans les conditions de conservation du cadavre, en particulier la température."
Elle pointa du doigt un poêle en fonte qui se trouvait dans un coin de l'officine, non loin de la table d'autopsie, et se tourna vers le garde.
"Cet engin de chauffage était-il allumé quand on amené le cadavre de Foulques ici ?
- Oui, ma Dame.
- Et le médecin a-t-il procédé à l'autopsie immédiatement ?
- Non, il nous a juste dit de poser le corps sur la table et qu'il s'en occuperait quand il aurait le temps.
- C'est-à dire ? Dans la journée ? Le lendemain ?
- Heuu... il a dû commencer deux jours plus tard.
- Commencer... Je vois. Pour un cadavre non embaumé et exposé à une source de chaleur pendant plusieurs jours, la vitesse de décomposition n'a rien d'anormal."

Rohan_Jezequel · 2016-03-17 11:57:11

Je commence à croire, Vicomtesse, que nous n'aurions pas du laisser partir le médecin. Le gredin est soit très mauvais, soit impliqué dans quelques chose qui le dépasse.
L'enquêteur s'approcha à son tour du garde.
Retrouvez-moi Romuald !
...se retournant vers Helyanor...
Voyez-vous d'autres plantes ou substances qui pourrait mener à une mort aussi rapide ?
Et cette serre, qui la gère ?

Helyanor · 2016-03-17 12:52:27

"Il est possible que notre empoisonneur ait mélangé la sève concentrée de cette plante à d'autres substances pour en augmenter les effets corrosifs. Le moyen le plus efficace d'en savoir davantage sur ce point serait de préparer nous-mêmes différentes compositions et de les tester sur des rats.
Mais dans tous les cas, identifier le poison ne nous aidera sans doute pas beaucoup à trouver le coupable : les jardins royaux sont ouverts à tous et peu ou pas surveillés. N'importe quel promeneur a pu cueillir quelques feuilles de cette plante, les glisser sous son pourpoint et repartir avec sans être vu. Sans oublier le fait que d'autres grand seigneurs du royaume peuvent aussi en avoir quelques plants dans leurs propres jardins d'agrément... Il faudrait interroger les jardiniers pour savoir si des plantes ont été abîmées ou partiellement arrachées à l'époque des faits.
Quant à ce Romuald... Vu la couche de poussière qui s'est accumulée sur ses livres, cela doit faire des lustres qu'il n'étudie plus rien. Il est sans doute devenu incompétent par paresse, au fil des années."

Rohan_Jezequel · 2016-03-23 11:51:42

Nous voilà peu avancé, très chère Vicomtesse. Pourrais-je abuser de votre sympathie pour vous demander d'essayer d'avancer sur le sujet ? Je dois voir d'autres témoins de la mort de Foulques.

Helyanor · 2016-03-23 12:04:11

"Si cela peut vous aider, je me chargerai d'interroger les jardiniers du palais. Je vais également tenter de savoir si d'autres grands seigneurs d'Okord font cultiver des plantes ornementales toxiques dans leurs propres jardins. Ensuite, nous verrons s'il est réellement utile de procéder à des expériences pour identifier le poison plus précisément."

Rohan_Jezequel · 2016-03-23 12:18:01

Merci Vicomtesse, je porterai votre coopération aux oreilles de notre Reine. Je dois désormais voir d'autres personnes. D'ailleurs, Que pensez-vous du Marquis Mazër de Karan et du Vicomte Gnap ?

Helyanor · 2016-03-23 12:30:17

"Le vicomte Gnap est très éloigné des intrigues de la cour. Je ne l'imagine pas une seconde en empoisonneur. Du reste, la réaction qu'il a eue en voyant l'ex-intendant s'effondrer suffit largement à le disculper : vous auriez dû voir l'expression de son visage quand il a recraché son vin...
Pour le jeune Marquis de Karan, je ne peux pas me prononcer. Je ne l'ai rencontré que très brièvement, à de rares occasions, et je ne sais presque rien de lui."

Dernière modification par Helyanor (2016-03-23 12:32:46)

Rohan_Jezequel · 2016-03-23 22:16:14

Bien, un grand merci Vicomtesse. Je vais de ce pas monter dans ses appartements. Il a apparemment résidence dans ce palais royal.
L'enquêteur passa le pas de la porte puis se retourna vers Dame Helyanor.
Ne m'oubliez pas, Vicomtesse, j'ai besoin de vous.
Il s'éloigna alors dans le couloir sombre.

Helyanor · 2016-03-30 22:15:48

Helyanor salua le baron d'un signe de tête puis s'adressa au garde.
"Avez-vous un endroit sûr où je pourrais déposer mon matériel ? Je voudrais éviter que le sieur Romuald y mette les pattes.
- Nous avons un coffre qui ferme à clef dans la salle de garde.
- Ce sera parfait, merci."
Après avoir confié ses bagages aux bons soins du garde, la matriarche remonta l'escalier qui menait au-dehors et se dirigea vers les jardins royaux. Elle emprunta une allée qui serpentait entre les parterres de fleurs puis traversa un labyrinthe végétal en direction des serres sans rencontrer âme qui vive. Enfin, elle entra dans la serre où elle se rappelait avoir aperçu la plante vénéneuse dont elle avait parlé à Messire Jezequel et commença son inspection. Il lui faudrait à présent trouver un jardinier au milieu de toute cette végétation luxuriante.

[HRP - question aux MJ : Pour la suite, allez-vous faire intervenir un personnage de jardinier ou dois-je l'inventer de toutes pièces ?]

Eugénée Anet · 2016-03-30 22:46:41

[HRP : Le jardin des châteaux n'est pas un jardin entretenu, Helyanor. Nous ne sommes encore qu'au Moyen-âge, dans un royaume plutôt rustre. Qui plus est, la capitale de Godefroy n'a pas vu le jour. Donc les jardins royaux n'ont personne d'attitré (et l'herboristerie n'est pas un truc très présent à la cour). Libre à toi d'amener un quelconque personnage pour s'occuper d'un éventuel jardin. Le cas présent, je répondrais à tes questions.]

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Enquête sur la mort de Foulques

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